❧ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟓 : Un don douloureux Partie 2
Comme l’avait décidé le chef du Corbeau, les quatre hommes attendirent une demie heure sans rien dire, n’ayant que pour fond sonore le bruit régulier provenant de la machine.
—Tout à l’air d’aller, annonça Ikar.
Quand le bip se mit soudain à s’affoler.
—Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda Dagnir en fronçant les sourcils.
—Je ne comprends pas… commença Ikar en passant une main sur sa barbe, il n’y avait aucun problème pourtant…
Le regard fixé sur les statistiques affichées à son écran, le second du Corbeau releva vivement la tête.
—À moins que…
—À moins que quoi ? le pressa Dagnir.
—À moins qu’elle n’ait une autre vision, répondit Ikar.
Son supérieur se dirigea alors vers le lit d’Iris. Il posa deux doigts sur son front et ferma les yeux. Il eut à peine le temps d’apercevoir le contour d’un objet rond, que son esprit se heurta soudain à un obstacle et se retrouva projeter hors de ses pensées. Iris avait ouvert les yeux.
—Qu’est-ce que c’était ? la questionna-t-il sans attendre qu’elle émerge davantage.
—Quoi ? De quoi vous parlez ? marmonna la jeune femme en prenant conscience d’où elle était.
Elle essaya de se relever, sans succès.
—Qu’est-ce que je fais ici ? Et pourquoi m’avez-vous attachée ? demanda-t-elle d’une voix inquiète.
—Qu’est-ce que tu as vu ? l’interrogea l’homme sans prendre la peine de répondre à ses questions.
—Je... Détachez-moi ! exigea Iris avec un air perdu.
—Pas le temps que tu n’auras pas répondu à ma question.
—Alors je ne dirais rien.
—Tu as dit la même chose toute à l’heure, et pourtant…
La jeune femme lui adressa un regard noir, quoique légèrement déstabilisée, mais ne répondit rien.
—Dans ce cas, on va réessayer par la manière forte.
Dagnir l’attrapa alors par l’avant bras, au-dessus du bracelet, prêt à retenter de lire dans son esprit.
—Attendez ! le héla Ikar, vous n’allez pas recommencer, j’espère ?
—Et pourquoi pas ? répliqua-t-il sans la lâcher.
—C’est bien trop épuisant pour elle, elle n’a pas l’habitude d’avoir autant de vision. Et votre méthode ne l'aide pas à récupérer. On ne sait pas comment elle pourrait réagir.
—Ça n’a pas l’air de la déranger plus que ça, puisqu’elle ne veut pas répondre.
—Je vous préviens, c’est mon dernier avertissement. Si vous réutiliser vos pouvoirs et qu’elle a un malaise ou autre, c’est vous qui vous en occuperez. Je ne tiens pas à être tenu pour responsable, répliqua Ikar.
—Entendu.
Ce qui ne l’empêcha d’agir quand même.
L’homme libéra une vague d’énergie afin de pouvoir connecter son esprit à celui d’Iris, et parvenir à briser la barrière mentale qu’elle s’évertuait à dresser contre lui.
La jeune femme eut un léger sursaut quand elle sentit cette énergie percuter un mur invisible, et qui ne parvint qu’à faire surgir une image dans sa tête, tirée de sa dernière vision. Celle-ci représentait un bâtiment ancien dont l’architecture était semblable à un temple abandonné, envahit par la végétation.
Iris eut à peine le temps de le détailler davantage que l’image s’effaça aussi vite qu’elle était apparue. La jeune femme tourna des prunelles violettes vers l’homme à ses côtés, inquiète de savoir qu’elle n’avait pas réussi à le retenir aussi longtemps que la première fois. Iris en vint même à se demander s’il n’avait pas eu le temps d’apercevoir le bâtiment abandonné l’espace d’une seconde.
—Qu’est-ce que c’était ? demanda-t-il à nouveau d'un ton brusque.
—Un... un temple ? répondit Iris, maintenant persuadée que Dagnir l'avait vu.
L'homme plissa les yeux et détourna un instant le regard, cherchant à se rappeler ce qu'il avait vu, lorsqu'il se remémora quelques détails : des statues. Il y avait des statues de dragon devant.
—Pas un temple, un sanctuaire, corrigea-t-il en arborant un air victorieux qui ne rassura pas la jeune femme.
Dagnir se souvenait maintenant avoir déjà entendu parler de ce sanctuaire. Ce nouvel élément allait lui être utile dans ses projets futurs. Seulement il y avait un léger problème, il ne savait pas où il se trouvait et il manquait d'information. Il allait devoir réaliser des recherches sur le sujet. À moins que...
—Où se trouve-t-il ? questionna Dagnir en reportant son attention sur Iris.
Mais elle n'en avait aucune idée. Iris n'avait jamais vu ce lieu, et la végétation tropicale alentour ne lui parlait pas du tout.
—Je n'en sais rien, avoua la jeune femme en espérant qu'il verrait qu'elle ne mentait pas.
Le chef du Corbeau la fixa plusieurs secondes, cherchant à déterminer s'il devait la croire ou non. Iris ne réagit pas et soutint son regard malgré son inquiétude.
—Très bien. En revanche, tu pourrais peut-être m'éclairer sur autre chose, ajouta Dagnir d'un ton qui ne lui laissait pas vraiment le choix. Quel était l'objet que tu as vu tout à l'heure ?
Iris l'observa sans comprendre, quand une image lui revint. Celui-ci ressemblait à un pendentif rond qui contenait une pierre bleue et violette qu'elle ne connaissait pas non plus. Autour était gravée une inscription dans une langue qui lui était étrangère.
Cependant l'objet était un peu trop gros pour que ce soit un simple bijoux.
Devant son silence, le chef du Corbeau pressa davantage son bras.
—Alors ?
La brune ne répondit rien, se demandant à quoi servait cet objet et quelle importance il pouvait avoir pour qu'il lui apparaisse ainsi.
—Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, se décida-t-elle à prononcer.
La réaction de Dagnir ne se fit pas attendre. La jeune femme sentit une nouvelle décharge aussi puissante que la précédente la parcourir. Serrant le poing, elle se concentra pour bloquer son esprit.
Iris parvint cette fois à le retenir, mais l'effort lui provoqua une douleur dans le crâne qu'elle n'avait jamais expérimentée. Son geôlier profita de cette faiblesse pour réitérer son geste, et réussi pendant une seconde à percevoir l'objet convoité. Avant qu'Iris ne le repousse brusquement hors de sa tête avec les dernières forces qui lui restait, l'empêchant d'en apprendre plus sur l'inscription qui l'entourait.
La brune reporta son attention sur Dagnir. L'homme semblait avoir perdu patience.
—Je n'ai pas toute la journée devant moi ! tonna le chef du Corbeau, tandis qu'un ruban de fumée noire venait de s'enrouler autour de sa main gauche. Alors dis-moi ce que c'est, qu'on en finisse !
—Je ne peux pas... répondit Iris d'une voix essoufflée, en repensant au sanctuaire.
Les deux devaient avoir un lien.
Une claque retentit alors dans le laboratoire et manqua de faire sursauter Khaleb et Jacob.
Sentant sa joue rougir sous le coup, Iris ne dit rien pendant quelques secondes, le souffle coupé par le geste de Dagnir.
—Je...je ne sais pas, souffla-t-elle, bien décidée à ne pas lui expliquer sa pensée.
—Menteuse ! hurla-t-il, furieux.
Le filet de magie noire s'épaissit et se mit à danser autour de sa main, formant peu à peu un globe parcouru d'éclairs tout aussi noirs. Hors de lui, le Corbeau leva la sphère au-dessus d'elle et la jeta sur Iris.
À son contact, un sentiment oppressant l'enveloppa et les doigts de la jeune femme se crispèrent sur les bords du lit. Iris sentit son corps se tendre d'un coup, envahit par une douleur insoutenable qui la lançait dans chaque membre et se répartissait ensuite dans chacune de ses cellules. Elle hurla, se tordit dans tous les sens, essayant de se débattre de cette emprise invisible qui la faisait tant souffrir.
Cette torture dura encore plusieurs minutes sous le regard imperturbable de Dagnir. Ikar ne réagit pas plus que lui, tandis que Khaleb et Jacob s'échangeaient des coups d'oeil hésitants.
Iris serra les poings sous la souffrance, les larmes aux yeux. Elle avait l'impression qu'une masse pesait sur elle, lui comprimait les poumons, tandis que des décharges lancinantes la parcourait comme si on la frappait. La jeune femme sentit les larmes roulées sur ses joues, alors qu'elle peinait de plus en plus à respirer, la douleur la faisant suffoquer.
Ne pouvant supporter ni de la voir pleurer, ni de l'entendre hurler, Khaleb s'écria :
—Ça suffit ! Arrêtez ça !
Dagnir fit comme s'il n'avait pas entendu.
Ce n'est que lorsque le bipeur de sa machine se mit à manquer des battements que Ikar commença à lancer des regards rapide entre Iris et la machine. Il fronça les sourcils, s'affola devant le rythme cardiaque qu'affichait son écran et, voyant que Dagnir ne semblait pas réagir aux bruits alarmants, se décida enfin à réagir.
—Stoppez ça immédiatement ! s'exclama-t-il en se précipitant pour repousser son chef sur le côté et détacher la jeune femme.
—J'arrêterai quand je le voudrais et quand elle aura décidé de coopérer, riposta Dagnir, les sourcils froncés.
—Vous allez finir par la tuer ! C'est ce que vous voulez ? répliqua Ikar.
Mécontent, le Corbeau ne répondit rien et lui adressa un regard noir, furieux, mais cessa d'utiliser son pouvoir sur Iris.
—Non. Alors maintenant, vous la laissez tranquille. Et tant que je n'aurais pas décider qu'elle sera en état, vous n'êtes pas autorisé à venir la voir.
—C'est encore moi qui décide de ce que j'ai le droit de faire ou non ! s'énerva à nouveau Dagnir. Tu n'as aucun pouvoir sur moi, et cette discussion n'est pas terminée !
Ikar croisa les bras et sans se démonté répliqua :
—Peut-être, mais en attendant je sais mieux que vous ce qu'il convient de faire. Peu importe votre rang, j'ai quand même mon mot à dire. Alors jusqu'à nouvel ordre, interdiction de l'approcher. Ça vaudra mieux pour tout le monde. Elle ne nous sera d'aucune aide si vous la tuer.
—Fais attention à ce que tu racontes. Ou nous serons vite fixer sur qui sera le prochain à proclamer un ordre..., le menaça Dagnir.
Toujours à l'écart, Jacob suivi distraitement les deux hommes se disputer à propos de non respect d'autorité, de menace et de pouvoir. Désintéressé de leur querelle, il porta plutôt son attention sur Iris qui récupérait silencieusement de son côté. Jugeant qu'elle était hors de danger pour l'instant, suite aux paroles d'Ikar, Jacob profita de l'inattention de ses supérieurs pour s'éclipser hors de la pièce.
Il fallait vraiment qu'il trouve une solution pour faire sortir Iris d'ici, avec ses monstres sans cœur dans les parages, il en allait de sa vie.
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