❧ 𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟏𝟓 : Un don douloureux Partie 1
Dissimulé dans l'ombre au fond d'une cellule faisant face à celle d'Iris, Jacob observait silencieusement, prenant garde à ne pas se trouver dans la lueur de lumière projetée par les flammes des torches sur le sol. Situé derrière Ikar et Khaleb, il n'avait vu que sur la moitié de la scène, et ne pouvait qu'apercevoir la jeune femme qui luttait mentalement contre son geôlier.
Luttant contre l'envie d'intervenir et d'éloigner Iris de son supérieur, Jacob serra les poings quand la prisonnière cria à nouveau. Il ne fallait pas qu'il agisse, il ne pouvait pas lui venir en aide maintenant. Afin de rester à sa place, il dévia son regard sur les deux hommes devant lui. Khaleb se tenait contre la grille, sur ses gardes et semblait bizarrement regarder un point au-dessus de la tête d'Iris, sur le mur d'en face. Au contraire d'Ikar, placé un peu en retrait, le colosse imposait une certaine présence, d'une part pour sa carrure et son allure sombre, d'une autre par son expression qui ne laissait rien transparaître.
Pourtant en l'observant bien, Jacob aurait juré l'avoir vu resserrer sa poigne sur le trousseau de clefs qu'il tenait plaqué contre sa jambe. Et pour cause, Dagnir avait à nouveau entreprit de s'immiscer dans la tête d'Iris pour tenter de lui déclencher une vision, mais la jeune femme semblait avoir du mal à encaisser la douleur que cela lui provoquait, et l'énergie qu'elle utilisait afin de pouvoir le bloquer paraissait lui demander beaucoup d'effort.
À sa gauche, Ikar, lui, paraissait absorbé par la scène. Et, malgré le fait qu'il avait conseillé à son chef de faire preuve de prudence, l'homme avait l'air de s'intéresser aux impacts que se phénomène avait sur Iris, comme s'il portait son intérêt sur une expérience dont il essayait de comprendre le fonctionnement.
Jacob dû prendre sur lui pour éviter de l'attraper par le col de son blazer blanc avec l'idée de lui faire rentrer dans le crâne que les gens n'étaient pas des marionnettes dont lui et Dagnir avaient le droit d'en faire ce qu'il voulait.
Décidant qu'il n'était pas l'heure pour les règlements de compte et qu'il ne servirait à rien de faire tomber tous ses plans à l'eau, Jacob prit une inspiration et souffla un bon coup, cependant, il risquait de ne pas pouvoir supporter cette image très longtemps. Jacob attendit plusieurs minutes, caché dans le noir, refoulant sa colère, lorsqu'il se rendit compte qu'il n'entendait plus que le bruit des pas des trois hommes qui s'éloignaient. Le brun releva la tête vers la cellule qui lui faisait face et distingua Iris se relever de la banquette. la jeune femme vacilla légèrement, mais prit sur elle pour se précipiter vers la grille. Elle saisit les barreaux à deux mains et rappela Dagnir.
-A-attendez !
Jacob se figea en entendant le trio faire demi-tour et tenta de se fondre un peu plus dans l'obscurité - ce qui n'était pas chose aisée au vu de sa taille.
-Qu'allez-vous faire ?
Le chef du Corbeau l'observa quelques secondes avant de répondre.
-Puisque je dois les chercher moi-même, saches qu'une fois que je leur aurait mis la main dessus, je m'occuperai personnellement du cas de ton frère, déclara l'homme d'un ton froid, crois-moi, il ne sera plus le même.
Jacob observa le teint blafard d'Iris prendre une couleur plus pâle encore à la suite de ces mots.
-Ne lui faites pas de mal ! cria-t-elle en frappant un barreau de son poing, un éclair de colère traversant son regard.
-Cela ne tient qu'à toi.
-J-je vais vous dire ce que j'ai vu, prononça la jeune femme d'une voix tremblante.
Iris lui décrit ensuite sa vision d'une voix entrecoupée, sans parvenir à dissimuler son stress.
-S'il vous plaît, ne lui faites pas de mal, le supplia une dernière fois Iris quand elle eut fini.
Dagnir la dévisagea une seconde, avant de répliquer :
-Ça, il aurait fallu s'en assurer avant... Et puis, pourquoi devrais-je t'écouter ? ajouta-t-il d'un ton froid.
Jacob serra les dents, Iris n'aurait pas dû lui dire. Elle ne pouvait pas lui faire confiance, personne ne le pouvait.
La jeune femme soutenait toujours le regard du Corbeau. Bien que la fatigue et l'angoisse se lisaient sur ses traits, le brun voyait qu'Iris luttait pour ne pas flancher devant Dagnir qui se détourna d'elle pour faire face à ses hommes de main. La jeune femme s'accrochait désespérément aux barreaux qui la retenait prisonnière, tandis que ses jambes tremblaient. Prise d'un nouveau vertige, Iris relâcha soudainement ses prises et chancela avant de s'effondrer sur le sol s'en parvenir à se retenir. Jacob failli s'élancer en avant pour lui venir en aide, lorsqu'il se rappela qu'il ne pouvait pas révéler sa présence. Jurant dans sa barbe, il se mit à maudire le chef du Corbeau et ses agissements.
Au bruit de sa chute, Dagnir se retourna vivement. Khaleb et Ikar portèrent alors leur regard dans la même direction que lui et découvrirent Iris inconsciente.
-Et merde. Fait chier, jura Dagnir en levant les yeux au ciel, fallait vraiment que ça arrive ?
-Je vous avais prévenu, osa affirmer Ikar d'un air suffisant.
Son supérieur lui adressa un regard noir. Il n'avait pas besoin de faire de commentaire pour lui faire comprendre que son avertissement n'avait en aucun cas laisser entendre qu'il devrait gérer ce genre de situation.
-Vous n'allez quand même pas la laisser là, si ? questionna Khaleb avec prudence, ne tenant pas à s'attirer les foudres de son chef.
-Non, répondit Dagnir, ce qui surpris Jacob. Autant en profiter pour l'emmener en salle de test. Ikar pourra en plus s'assurer que tout va bien.
Jacob tressaillit et serra les poings, près à bondir en avant. Il ne pouvait décidément pas espérer quelque chose de bien venant de cet homme. Jacob détourna un instant son attention des trois individus, inquiet de savoir ce que comptait vraiment faire Dagnir dans cette salle d'examen.
- Bon, quelqu'un va se décider à m'ouvrir cette porte ? s'agaça le chef du Corbeau comme personne ne réagissait.
- Tout de suite... commença Khaleb.
Cependant trop impatient pour attendre, Dagnir saisit les clefs des mains de Khaleb et ouvrit lui-même la grille. Il s'en débarrassa vivement en grommelant :
-Il faut vraiment tout faire soi-même...
Puis prit la jeune femme, toujours inconscient, dans ses bras.
Jacob attendit que les trois homme s'éloignent pour les suivre à bonne distance, se tenant prêt à se cacher dans n'importe quelle cellule à la moindre alerte. Avançant le plus silencieusement possible, il remonta ensuite les escaliers en colimaçon et suivit ses prétendus complices dans plusieurs couloirs sombres, tapissés de tapis bordeaux et seulement éclairés par des torches. Les trois hommes s'arrêtèrent à une quinzaine de mètres devant lui, près d'une porte grise acier.
Jacob cherchait un endroit où se dissimuler lorsque, sans s'y attendre, il croisa le regard d'Ikar au moment où celui-ci ouvrait la porte.
-Tiens, bonjour Jacob, lança ce dernier avec un sourire en coin, persuadé de l'avoir pris la main dans le sac, en train de les épier.
Jacob se raidit d'un coup, embêté, et ne prit pas la peine de lui répondre, trop occupé à chercher une excuse pour expliquer sa présence.
-Qu'est-ce que vous faites ici ? ne manqua pas de lui demander son chef, en se retournant vers lui d'un air à la fois étonné et suspicieux. Vous nous espionnez, c'est ça ?
Le questionna Dagnir en le dévisageant.
-Non, bien sûr que non. Je voulais juste... Enfin vous savez... Le rapport, balbutia-t-il en réfléchissant à toute vitesse, une goutte de sueur perlant sur son front.
Amusé par le désarroi de l'homme, le chef du Corbeau finit par lâcher un rire, sous le regard perplexe de son second, qui ne comprenait pas sa réaction.
-Ne vous inquiétez pas comme ça ! Je vous taquine, ajouta Dagnir, ce qui ne le rassura pas vraiment.
Ikar haussa un sourcil, il ne saisissait pas ce qui amusait son chef. À ses yeux, il était évident que Jacob les suivait. Pourtant il ne dit rien.
Jacob émit un rire sans joie. Il tenta de paraître plus serein, se tenant prêt à inventer un faux rapport qui suffirait à convaincre Dagnir.
-Nous parlerons de votre venue plus tard, si vous le voulez bien. Nous avons un... détail plus important à régler.
Dagnir lui désigna Iris du regard, toujours inconsciente, puis s'engouffra dans la pièce suivante sans attendre de réponse, talonné par Ikar et Khaleb.
Jacob s'empressa de les rejoindre, déterminé à surveiller Iris tout le temps qu'il le pourrait. Il pénétra alors dans une salle aux murs et au sol blanc cassé qui détonnait par rapport à l'obscurité du couloir précédant. Des tables avaient été poussées contre les murs qui eux-mêmes comportaient de nombreuses étagères. Celles-ci étaient remplies de bocaux, de fioles ou bien de tubes à essai qui contenaient plusieurs liquides de différentes couleurs, tandis que les tables étaient couvertes de feuilles de brouillon et de toutes sortes de matériaux servant à réaliser de nombreuses expériences. Au centre de la pièce se trouvaient quatre lits semblables à ceux que l'on pouvait trouver chez les médecins - mis à part qu'ils possédaient des bracelets en métal contenant un mécanisme d'ouverture et de fermeture - ainsi qu'une machine sur roulettes comportant un écran et plusieurs boutons dont Jacob ne comprit pas le but.
Alors que Dagnir allait déposer Iris sur le lit le plus proche, Jacob jeta un coup d'oeil à Ikar puis relança un regard rapide autour de lui avant de marmonner :
-Il n'y a pas de doute, cette pièce représente bien l'univers de ce psychopathe.
Il observa ensuite l'homme aux cheveux argentés appuyer sur un bouton vert qui referma les bracelets métalliques sur les poignets d'Iris. Après cela, le second de Dagnir alla fouiller dans ses affaires et revint avec une seringue, un liquide bleu et un tuyau en plastique très fin relié à une petite aiguille.
Jacob fronça brusquement les sourcils. Il lorgna Khaleb du coin de l'oeil, avant de se tourner vers Dagnir en dissimulant son air inquiet.
-Qu'est-ce qu'il va lui faire ? demanda-t-il d'une voix légèrement soucieuse.
-Rien de bien méchant, lui assura son supérieur, il va juste l'endormir, le temps qu'elle récupère un peu, et s'assurer qu'elle va bien.
-Et vous avez besoin de l'attachez pour ça ? questionna-t-il en haussant un sourcil.
-C'est au cas où il y est des complications, répondit simplement Dagnir comme explication.
Ne trouvant rien à redire, Jacob regarda, d'un oeil inquiet, Ikar insérer le liquide dans la seringue qu'il planta ensuite en-dessous de l'épaule de la jeune femme. Puis, l'homme relia le tuyau à sa machine et plaça l'aiguille au bout de son index. Un léger bip régulier se fit alors entendre.
-Ça peut prendre quelques minutes, le temps d'être sûr qu'il n'y a aucun problème, indiqua Ikar.
-Très bien. Nous allons attendre dans ce cas.
-Où vous pourriez simplement revenir plus tard, se risqua à dire jacob, ne tenant pas à rester dans cette situation qu'il jugeait malaisante.
Il n'aurait pas aimé se retrouver dans une pièce inconnue, endormi à son insu et qui plus est, observé par quatre personnes qu'il ne connaissait pas non plus.
-Aussi. Mais nous pouvons très bien patienter ici, répliqua Dagnir d'une voix sans appel.
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