1 . LMG


Assis sur la pente en face du fleuve, le vent caresse tendrement nos visages et ébouriffe nos cheveux. L'herbe sous nos mains est humidifiée par la fraîche rosée du soir. J'apprécie le contact de cette sensation sous mes doigts et je souris en jetant la tête en arrière.

Je souris. Ça fait longtemps que je n'ai pas souris je crois.

- Le ciel est étoilé ce soir.

Je me retourne vers toi, Hyung. Toi et ton visage souriant. Contrairement à moi, tu souris tout le temps. Je ne sais pas comment est ce que tu y arrives. Comment tu fais pour être toujours heureux ?

- C'est parce que je pense toujours à toi Tae. Je n'ai besoin que de ça pour sourire.

À chaque fois, c'est la même chose. Je ne parle pas, pourtant tu réponds à mes interrogations. Comme si tu lisais dans mes pensées.

Ton épaule frôle la mienne et je soupire. J'aime sentir ton corps frôler le mien. Ça me rappelle tellement de choses. Tellement de souvenirs.

Les souvenirs.

Je n'aime pas leur concept. Parce qu'il signifie que le moment qu'on a apprécié est déjà passé, et qu'il ne se reproduira sûrement pas. Je préférerais n'avoir aucun souvenir. Je préférerais être une coquille vide. Ça serait moins douloureux.

- Non Tae, les souvenirs sont importants. Ils te permettent de te rappeler qu'il y a de belles choses dans ce monde qui méritent d'être vécues. Ils te permettent de ne jamais abandonner, de ne jamais lâcher prise, de te sentir vivant.

Je me retourne vers toi, et me noie dans tes yeux sombres. Tu as encore répondu à ma question muette. Pourquoi est ce que tu peux lire en moi comme ça ? Je n'ai jamais réussi à lire en toi, moi.

- Dis Hyung, tu te rappelles toi ?

Tu rigoles doucement et pose ta main sur la mienne. Tes doigts caressent ma paume légèrement entrouverte. La sensation est presque imperceptible, lointaine, tellement lointaine. Pourtant je la sens quand même.

- Parfois oui, parfois non. Tout dépend de toi Tae.

Tout dépend de moi.

Je n'ai pas envie d'avoir ce genre de responsabilités. Je veux que tu te rappelles, tout le temps. Si moi je me rappelle, tu dois te rappeler aussi. Si j'ai mal, tu dois avoir mal aussi. Je n'ai pas envie de souffrir seul, je n'aime pas être tout seul.

- Je sais Tae, je sais.

Ta main se resserre un peu plus fort sur la mienne et un sourire triste s'étend sur la commissure de tes lèvres. Je n'aime pas quand tu es triste non plus. C'est encore pire en fait. Ça me fait mal. Mon cœur me fait beaucoup trop mal quand tu es triste. Souris moi, comme d'habitude.

Tes lèvres se retroussent un peu plus et dévoilent timidement les hauts de tes dents. Je préfère ce sourire. Tu es beau quand tu souris. Tu es vraiment beau. Je t'ai toujours trouvé beau. Dès que je t'ai vu, je t'ai trouvé beau.

- Toi aussi tu es beau Tae. Alors souris pour une fois. Fais le pour moi.

Une larme glisse le long de ma joue et je renifle en l'essuyant.

- Mais c'est dur de sourire maintenant.

Ta main libre vient se poser délicatement sur ma joue et ton pouce écarte le flot de perles salés qui s'écoule désormais de mes yeux.

- Je sais Tae. Mais tu dois quand même essayer.

Tes doigts quittent mon visage et tu te relèves en rompant notre étreinte. Je te regarde t'avancer au bord de l'eau calme. Le ciel étoilé se reflète sur le liquide frais tandis que les rayons de la lune éclaire ton visage. Tes paupières se ferment alors et tu souris, encore une fois.

J'avance lentement vers toi avant de me stopper à ta hauteur. Ma main accroche timidement la tienne.

- Dis Hyung, est ce que ça fait mal ?

Tu soupires en reportant ton regard vers moi. Tu n'aimes pas quand je parle de ça. Tu me l'as déjà dit, pourtant c'est plus fort que moi. J'ai besoin de savoir. J'ai besoin que tu me répètes encore et encore la même réponse.

- Non Tae. Je te promets que ça ne fait pas mal.

Ça t'énerve quand je pense à ça. Moi ça me fait du bien quand tu me dis que ça ne fait pas mal. Je crois que ça apaise légèrement la mienne, de douleur.

Je renifle une nouvelle fois et serre ta main dans la mienne, fort. Aussi fort que je le peux.

- Alors pourquoi moi...

Tes doigts sur mes lèvres m'empêchent de finir ma phrase. Comme d'habitude, tu m'arrêtes à cet instant précis. C'est tellement répétitif.

À chaque fois, je sais ce qu'il va se passer, pourtant, à chaque fois, je refais exactement la même chose. En fait, j'espère juste que la scène se déroule différemment. Que, pour une fois, tu me laisses faire. Que tu me laisses réussir ce que j'ai entrepris.

- S'il te plaît Tae. Tais toi. Je t'en supplie, tais toi.

Maintenant, tu pleures. Je te fais encore pleurer. Je fais pleurer beaucoup de gens en ce moment. Mais il n'y a que tes larmes qui me font mal à ce point. Il n'y a que tes larmes qui peuvent avoir raison de moi.

Alors comme à chaque fois, j'abdique devant ton visage triste et je ferme les paupières pour les rouvrir aussitôt tandis que ta main quitte la mienne.

La lumière au dessus de moi agresse mes yeux et le bip incessant des machines à côté de mon corps faible résonne horriblement dans mon crâne.

Puis finalement, je pleure enfin. Je ne suis plus obligé de faire semblant d'être bien alors que j'ai mal. Je ne suis plus obligé de te sourire alors que je n'en ai pas envie.

Tout simplement parce que tu n'es pas là. Parce que tu es parti. Depuis trop longtemps déjà.

Pourquoi est ce que tu tiens tellement à ce que je me réveille à chaque fois ?

Je suis prêt pourtant. Prêt à te rejoindre.

Pourquoi est ce que tu ne comprends pas qu'un monde sans toi n'a aucune espèce d'importance pour moi ?

Pourquoi est ce que tu ne comprends pas que je ne peux tout simplement pas vivre dans un monde où c'est moi qui suis l'unique responsable de ta disparition ?

S'il te plaît, Namjoon Hyung, la prochaine fois, laisse moi partir.

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