Séance nº16
Je suis là, les deux jambes droites comme des piquets, aux côtés d'une stupide pancarte d'autobus dans le froid hivernal, quand je le vois. Lui, mon sauveur.
Mon autobus.
Je rentrai dans celui-ci, heureuse de pouvoir enfin me réchauffer, et allai m'asseoir, la tête tournée vers le hublot.
Pourvu que l'on n'arrive jamais à destination.
*
Eh merde, je suis arrivée. Et donc je suis maintenant devant un gros bloc de briques rouges érigé pour faire souffrir des centaines d'élèves au cerveau ramolli.
Bien sûr, je ne suis pas une de ceux-là, mon cerveau se porte à merveille, merci.
Je posai un pied dans l'enceinte du collège, et déjà, j'entendis les chuchotements, qui j'imagine, sont portés sur moi-même.
Depuis la mort de mon petit ami, les rumeurs vont bon-train sur moi.
J'ai toujours refusé d'avouer son suicide, et donc tout le monde s'amuse à inventer des scénarios dans lesquels je l'ai tué.
Si ils savaient.
Je resserrai mon cartable sur mes épaules et marchai le plus vite possible, mes yeux bordés de larmes fixés vers la porte bleue qui n'attends que moi pour me mettre en sécurité de tout ces regard désobligeants.
Je rentrai dans le couloir et m'affairai à ouvrir mon cadenas qui reposait tranquillement sur mon casier.
« - Eh, grand schtroumpf ! »
Je fermai les yeux et accotai mon front sur la façade froide et lisse de mon casier, me mordant la lèvre inférieure.
Grand schtroumpf ; c'est ainsi que l'on m'appelle depuis la teinture de mes pauvres cheveux qui, d'après eux, s'apparentent au stupide bonnet rouge que porte le chef des schtroumpfs.
« - Quoi.
- Bah? Le schtroumpf est marabout aujourd'hui dit-donc!
- Va-t-en Liam, s'il-te-plait.
- Alleez, je voulais seulement te dire que je t'ai vu à la télé hier!
- Ah bon?
- Ouais, ça parlait des erreurs de la nature ! »
Je me tournai afin de me mettre dos à lui, pour ne pas qu'il voit mes pleurs (parce que je suis une susceptible de la vie) mais il m'agrippa le bras.
« - Ben! Tu comptes quand même pas partir sans m'avoir dit aurevoir tout de même ?
- Au-aurevoir. »
Je fermai mon casier en tremblant sous le rire agaçant de Liam et de tout ses amis.
Je pris mes livres d'une main et essuyai mes yeux de l'autre.
J'accélérai le pas, le coeur battant, jusqu'à la bibliothèque et m'y installai afin de lire un livre, alors que j'entendis une douce voix me chuchoter quelque chose.
« - Est-ce que ça va? »
C'était une fille de ma classe, Juliette je crois, sympathique, mais pas au point de vouloir traîner avec moi.
« - Euh, oui oui, c'est que mon livre est vraiment triste et euh...
- Ton livre parle de l'évolution des poney à travers le monde...
- Euh oui, eum merci, mais...bye. »
Je couru hors de la bibliothèque et, par chance, la cloche sonna.
Je me dirigeai vers ma place et écoutai le cours. (Enfin, écouter est un très grand mot)
« - Milady !
- Hein, quoi? »
La voix de mon professeur me sortit de mes rêveries et les rires des élèves de ma classe me réveillèrent pour de bon.
« - Je disais, peux-tu me donner la variable x.
- Euh, non... non je ne sais pas je...
- Bon sang Milady, je viens de la nommer!
- D-désolée. »
Je reposai mon regard sur un point imaginaire qui figurait sur mon bureau et restai concentrée dessus, jusqu'à la cloche qui annonça cinq minutes de pause.
Tandis que les élèves se bousculaient dans les corridors, je préfèrais rester sagement à ma place, attendant pour le prochain cours.
Ce que le temps peut passer lentement.
***
C'est le dîner. La pire partie de la journée vue des yeux d'une personne dépourvue d'amies.
Ce qui n'est pas du tout mon cas hein. Moi, j'ai PLEIN d'amies.
*hum cherche et trouve le sarcasme*
Je parcouru le grand réfectoire des yeux en avalant ma salive quand j'entendis une voix que je connaissais que trop.
Liam.
« - Eh, grand schtroumpf! Viens t'asseoir avec nous ! »
Des rires. S'est la seule chose que mes oreilles filtrèrent. Des rires, et des "oui, grand schtroumpf! " ou "ahahah ! On va bien s'amuser ! " ou "non, elle va tous nous tuer ahahah !".
Ma tête tourbillonne et je posai mon plateau sur un comptoir puis je me mets à courir en dehors de l'école.
Je n'ai pas mon manteau, mon chapeau ou mon foulard, mais pourtant, j'ai tellement chaud. J'halète, je ne peux plus respirer et seul mes reniflements fendent le silence de l'hiver.
Mes reniflements et mes pleurs qui coulent le plus silencieusement possible sur mes joues rapidement devenues rosées.
Je me laissai tomber à genoux dans la neige glacée, mais ça semble seulement accentuer mes souffrances.
Je pleure, je pleure, je pleure. Et peut-être que j'ai honte, peut-être que j'ai honte de ne pas avoir pu sauver Jake. Peut-être que j'ai honte d'infliger mon comportement de névrosée à ma mère. Oui, peut-être que j'ai honte de vivre.
Ou peut-être que j'ai seulement besoin de parler, de quelqu'un pour me sauver.
Harry.
***
Je couru à travers l'établissement où travaille Harry et cognai de toutes mes forces à la porte de bois, qui ne tarda pas à s'ouvrir sur un Harry qui, déconcerté, regardait sa montre.
« - Milady ? Mais je ne vous attendais pas avant cinq heures! Vous êtes dans un bien sale état...
- Harry, Ha-Harry j'ai besoin d'ai-aide!
- Allez ne restez pas là, entrez. »
***
Harry tente désespérément de parler de Jake, de savoir ce qui me manque chez lui, qu'est-ce que je pourrais remplacer de lui.
Et moi je suis là, assise sur une stupide chaise de bois, la tête tournée vers le mur comme si celui-ci serait le seul à ne pas juger mes pleurs presqu'inexpliqués.
Je mords ma lèvre et bientôt, un goût de sang amer envahit ma bouche tremblante.
Oui, je suis là, assise sur ce siège en tentant comme je peux de ravaler ces larmes si gênante quand tout-à-coup, Harry plaque ses mains sur ses cuisses. Et ce simple élément de pure distraction suffit à faire évacuer le flot de tristesse qui vivait dans mon intérieur.
Et "j'en peut plus!", "je veux le rejoindre", "il me manque" ou "je veux être toute seule" semblent être les seuls mots qui ont survécu à l'avalanche dans mon pauvre cœur meurtri par l'absence de pulsions.
Jake donnait à mon cœur l'énergie nécessaire pour se battre encore et encore, mais maintenant qu'il n'est plus là, ce pauvre organe démuni ne sait plus quoi faire de sa vie.
Et il va ralentir.
Ralentir jusqu'à ce que le compteur soit à zéro.
Mais des fois je me demande si il ne serait pas plus simple de couper le moteur au lieu de me fatiguer ainsi.
« - Comment vous sentez-vous, Milady? »
Comment je me sens? J'ai presque envie de rire.
Je tourne la tête et laisse échapper un rire rauque.
« - Comment je me sens? »
Répétai-je, comme si s'était une blague tandis qu'Harry acquiesça, plus ou moins sur de lui.
« - Morte. Je me sens morte, vide, bonne à rien. »
Harry parut réfléchir quelques secondes.
« - Avez-vous fait l'exercice que je vous ai conseillé? Celui avec le miroir? »
Je le regardai de mes yeux bordés de larmes et je sens ma lèvre inférieure trembler.
« - Oui.
- Et alors? Cela a-t-il porté fruit?
- J'ai chercher très longtemps, Harry. Assise devant un miroir, face à moi-même.
- Et alors? Demande-t-il, impatient
- Je n'ai rien trouvé. Tout ce que je voyais, s'était cette fichu graisse. C'était mes cernes, ma peau horrible, ma taille de naine ! »
Harry fit glisser ses doigts le long de son arrête nasale et leva à peine les yeux vers moi.
« - Vous n'avez rien trouver de positif chez vous?
- Rien.
- Vos magnifiques cheveux? Vos yeux bleus grands et pleins de vie? Votre petit nez? Vos rougeurs au niveau des joues? N'est-ce pas beau tout cela?
- Harry...
- Milady, réfléchissez un peu et focalisez sur vos atouts ! Et personnellement, je trouve les personnes de petite taille très mignonnes.
- Votre femme doit être comblée... »
Putain qu'est-ce que je dis? Sa sonne vieilles techniques de drague foireuses... Genre : votre femme doit vous adorer! "Je suis célibataire" - Marions nous alors !
Ouais.... Ou pas.
« - Je ne sais pas si ma femme est comblée, dit-il riant, mais je l'espère fort bien ! »
Je souris.
« - Comment s'appelle-t-elle ?
- Écoutez Milady, ce genre d'information est trop personnelle.
- Oh c'est vrai, on peut pas faire "copain-copain", ici. »
Il ria encore.
« - Bon alors mademoiselle, je vous inviterais poliment à rentrer chez vous car je suis déjà en retard, ma femme doit m'attendre. »
Pfff mon cul "poliment", dans mon putain de langage sa veut dire : dégage salope, j'ai d'autre choses à faire que de t'parler.
Putain je fais partit d'une classe à part en faite.
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POUAHAHAHAHAHAHAHAH J'ARRIVE PAS À CROIRE QUE J'AI MÎT NOUNOURS LIAM DANS LE RÔLE DU MÉCHANT POUAHAHAHAHAHAHAH
CHAPITRE COMPLÈTEMENT TROP TROP TRISTE À NOUVEAU JE SUIS TROOOOOOP DÉSOLÉE.
Cette longueur de chapitre vous convient-elle? Trop long? Trop court?
JE VOUS AIMES QUE TROOOOOP <3
- 4everlovingyou
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