Chapitre 13 : La supercherie du Louisa et Basil

- Bienvenue parmi nous Madame Havelton ! Je vous en prie, installez-vous ! s'exclame une femme aux vêtements aussi colorés qu'un champ de fleur, ravie de me voir.

Face à moi se trouvent quatre femmes aux âges différents. Il y a pourtant 6 royaumes présents ici. Donc soit un des héritiers n'est pas venu, soit ce dernier est bel est bien à la réunion, mais il n'est pas accompagné. Cette femme qui vient de m'accueillir semble être celle qui dirige ce club. Sa coiffure est un enchainement de boucles brunes et blondes qui s'empilent pour faire un chignon qui s'apparente plus à une tour. Son visage beaucoup trop coloré cache la véritable couleur de sa peau et sans doute ses rides, et sa robe extrêmement extravagante est une simple anarchie de couleur sans logique esthétique. Je ne préfère pas connaitre son couturier de peur qu'il me transforme en barbe à papa vivante.

- Enchantée, je suis très heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, merci pour l'invitation. remercié-je tandis qu'une servante vient me servir une tasse de thé en m'indiquant une saveur qui m'est inconnue ―Je n'y connais rien après tout―

- Laissez-moi vous introduire chaque femme à cette table.

Elle se tourne vers celle qui est à ma droite, une petite asiatique aux cheveux roux droits comme des baguettes, ils sont si longs que même en les attachant avec un premier tour de chignon, ils frôlent le sol lorsqu'elle est assise. Son teint est mat lui ajoute cet exotisme qui manque à cette table. Elle porte un élégant kimono aux couleurs et motifs de carpe koï, et ses accessoires ne passent pas non plus inaperçu. Deux piques décoratifs plantés dans son chignon avec chacun pendentif se complétant, le Ying et le Yang, et des boucles d'oreilles imposantes reflétant le thème fleuri de ce club.

- Voici le comtesse Diem-Hin Chenza, fiancée du prince Grégory Judinty du royaume d'Ego-Palest. Il me semble qu'elle a le même âge que vous.

Elle fait un signe de tête en silence et je l'imite.

- Ensuite je vous présente la princesse Mélanie Cherenza de Sampit, elle est la femme du prince Aldjin Cherenza de Sampit du royaume Saharo.

Contrairement à sa tenue très oriental aux milliers de voiles blanc et or, cette femme de la trentaine avec un visage aussi pâle que la neige. Un voile légèrement transparent décoré de perles cache la moitié de son visage, de dissimulant pas pour autant son rouge à lèvre écarlate et ses yeux maquillés de la même couleur. Ses mains sont pourvues de très longs ongles au vernis irréprochable. Malgré les voiles qui la couvrent, on peut deviner grâce à quelques mèches sur son visage une chevelure d'un blond platine. 

Elle me salue de la même manière que Diem-Hin et nous passons à la troisième femme qui elle se trouve à ma gauche.

- Ici voici la princesse Lily Ash, femme du prince Kyle Ash du royaume de Krashner.
Ce qui me surprend n'est pas sa tenue qui est une combi décontractée que j'envie, ni ses cheveux bleu extravagants, mais plutôt son âge. C'est une adolescente qui a à peine l'âge de se marier. Autour de 17 ou 18 ans peut être.

- Hey ! me salue-t-elle.

Je lui offre en retour un « bonjour » poli et tourne mon attention vers la dernière qui n'a toujours pas été présenté, la maitresse de cette assemblée.

- Enfin, je me présente, je suis Elena Ravinski, reine du royaume de Russ aux côtés du roi Sebastian Ravinski.

- Ouah ! Vous êtes une reine ! m'exclamé-je sans avoir réfléchi avant de parler.

Elle me sourit fière de son statut royal et n'hésite pas à argumenter dessus.

- En effet très chère, depuis le triste de l'ancien roi, mon jeune mari a succédé au trône. Etant fils unique, il est donc le seul à pouvoir assister à ce congrès des héritiers des 6 royaumes.

- Cela nous a surpris lorsque nous avions appris que le prince c'était marié à une autre que notre chère Christine. déclare l'asiatique en buvant son breuvage.

Je fais de même pour pouvoir réfléchir un court instant à ce que je devais y répondre. Je ne dois pas me laisser dégonfler et montrer que « j'aime mon mari ».

- Avec Basil nous avons traversé de nombreuses péripéties pour pouvoir arriver à ce mariage tant attendu.

- Qui aurait cru qu'une simple roturière conquerrait le cœur de l'impitoyable prince aîné d'Aprent. ricane la blonde derrière son voile.

- C'est ce qui fait la beauté de l'amour voyons ! Pouvoir détruire la barrière sociale pour pouvoir s'aimer. soupira rêveuse la reine.

Je leur souris et me tient bien droite sur ma chaise. J'ai l'impression que Mélanie a tenté de me rabaisser. Côtoyer quelqu'un qui vient des basses classes sociales est peu flatteur en effet. Je pense qu'il y a une certaine retenue étant donné que je suis la femme de Basil. Mais son regard me laisse comprendre qu'à la moindre erreur, elle n'hésitera à dégainer sa langue de vipère...

- D'ailleurs... ajouta Elena en se penchant en avant avec un sourire malicieux, me donnant un vu profond sur l'intérieur de son décolleté aux seins retravaillés. Christine nous a vendu les mérites du prince, mais qu'en est-il de votre avis ?

Je scrute autour de moi rapidement et gracieusement, souriante, je lui réponds :

- Basil est un homme merveilleux et exceptionnel. C'est le genre d'homme qui excelle dans tous les domaines et qui saura sans aucune difficulté diriger son royaume.

Les quatre femmes qui m'entourent se mettent toutes à éclater de rire sans que je ne comprenne pourquoi. Mon regard se perd entre toutes ces bouches qui montrent une dentition parfaite, même les domestiques présente se retiennent de rire par politesse pour moi. Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Louisa, que vous êtes drôles. s'esclaffe la plus vieille.

Je ris nerveusement pour essayer pour ne pas perdre la face et la plus jeune à côté de moi essaye de me porter secours en éclaircissant le sujet.

- Louisa, les « mérites » dont Elena parle sont en réalité ses talents en tant qu'homme, au lit. Si vous voyez ce que je veux dire.

- Oh mon dieu ! m'exclamé-je rouge comme un fard.

Bon sang, doit-on réellement parler de ça ? Entre femmes sophistiquées ? C'est ce genre de sujets croustillants dont des femmes parlent ? Je ne m'attendais pas du tout à ça et surtout je ne sais pas quoi y répondre. Techniquement j'ai déjà couché avec lui, lors de notre nuit de noce. Mais comment dire que je n'en ai aucun souvenir. Et depuis, comme nous nous percevons comme des inconnus, ou du moins des connaissances à présent, nous n'avons jamais eu ce genre de relation physique.

- Vous n'aviez pas encore eu de sexe avec lui ? me demande surprise celle à ma droite.

Je réfléchis tellement que ce silence les fait douter de moi, je dois mentir, inventer quelque chose. Mon dieu que dire. C'est embarrassant et en plus je dois me laisser porter par mon imagination. Clairement, je vais devoir leur dire l'image que je me fais de lui au lieu de dire la vérité. Réfléchissons... Certes il est extrêmement attirant et sexy, mais jusqu'à présent, je n'ai jamais pensé à avoir une quelconque relation physique avec lui. Mon esprit est si confus que j'éprouve des difficultés à pouvoir mettre les choses sous forme de mots et de phrases.

- Mais si voyons. Avec Basil nous avons une vie sexuelle . . . épanouie. Il sait parfaitement me satisfaire. je réponds en essayant de calmer le feu de mes joues.

Question esquivée ! C'est une victoire pour Louisa !

- Mais racontez-nous plus de détails voyons ! On veut savoir comment il s'y prend ! insiste la leader.

Défaite de Louisa...

- Euh . . . C'est que . . . C'est assez embarrassant à raconter.

- Ne faites pas votre timide. Prenez exemple sur moi, je n'ai pas peur de dire que mon fiancé aime me prendre violemment en levrette avec mes mains attachées. renchérit Diem-him d'une manière séduisante dont elle a le secret.

Mes pures oreilles sifflent en entendant une telle description sensuelle. Sont-elles toutes comme ça ?

- Le mieux sera toujours un excellent missionnaire avec les mains liées à la tête de lit et les yeux bandés. Surtout quand il va bien au plus profond du vagin. se défend la plus jeune.

Mon dieu, à un si jeune âge elle fait déjà ce genre de chose obscène ?! Je ne sais plus où me mettre, je suis beaucoup trop pure pour elles. Je n'ai connu qu'un homme dans ma vie, et à cause de mon amnésie on peut considérer que je suis encore vierge.

- Les filles, laissez Louisa nous conter ses ébats amoureux avec ce séduisant prince. Interrompt Elena en demandant en levant sa tasse qu'on la remplisse à nouveau.

Une domestique derrière elle ne se fait pas attendre et rempli sa tasse avec cet excellent thé qui enivre la pièce.

Je vais tout de même devoir passer à la casserole. J'aspire une nouvelle gorgée du doux liquide dans ma tasse, recentre mes idées, images, fantasmes dans ma tête et me lance dans une description qui pourrait les satisfaire.

- Basil n'est pas trop du genre à m'attacher ou me couvrir les yeux comme vos amants, mais il est plutôt doux au début de nos ébats. Débutant toujours pas un langoureux missionnaire. Cela me permet d'habituer mon corps à son sexe avant d'intensifier ses mouvements de bassins et de passer à d'autres positions avec plus de puissance. Il aime beaucoup embrasser, lécher les seins et surtout les saisir lorsque je suis dos à lui.

- Je ne pensais pas qu'il serait doux au début. dit Diem-hin sans doute en train de s'imaginer le prince en train de faire des cochonneries.

Après ce long discours, j'ai vraiment envie de m'enterrer six pieds sous terre. En fin de compte je suis contente que Léo n'ait pas été présent pour m'entendre dire tout ça. Mais il y en a une a qui a analysé la moindre faille dans mes mots et qui n'hésite pas à le pointer du doigt.

- C'est étrange car Christine ne nous a pas du tout raconté la même chose avec le prince Basil. remarque Mélanie en replaçant un voile derrière son épaule.

Elle a vraiment envie de me mettre des bâtons dans les roues. Et les hochements de têtes des autres filles ne m'aident pas du tout. Je tiens un discours différent et il faut que j'y trouve une justification qu'elles puissent gober sans problème. Mais qu'est-ce que je pourrai bien leur raconter ?!

- Cependant Christine n'était qu'une fiancée, et que cette relation avait un but politique. Basil m'a raconté qu'il n'y avait aucun sentiment entre eux et qu'ils ne couchaient ensemble que pour satisfaire ses propres besoins sexuels. Avec moi il fait preuve d'amour, ce qui fait toute la différence. souris-je en espérant avoir réussi à les berner.

Elena lève les mains au ciel comme si elle donnait une sorte de bénédiction à cette table. En plus d'être extravagante, elle est peut-être folle...

- L'amour ! L'amour change un homme ! C'est ça la beauté de l'amour ! s'extasie-t-elle les yeux plein d'étoiles.

Nouvelle victoire de Louisa !

La vipère ferme son clapet, ne pouvait rien dire pour contrecarrer mon bla-bla parfait. Anatole serait tellement fier de moi ! Il m'aurait sans doute dit quelque chose du style « Bien dit Louisa ».

- Et par quel miracle aviez-vous réussi à le séduire ? poursuit Mélanie comme si elle voulait absolument prouver quelque chose.

Est-elle au courant de mon amnésie ? Car j'ai cette forte impression qu'elle veut me faire perdre mes moyens à cause des lacunes Mais cela me semble peu probable étant donné que je ne la connais pas, c'est notre première rencontre il me semble. Léo ne m'a pas briefé dessus donc ça doit être parce qu'il n'y a rien à dire. Mais son comportement est étrange.

Le problème majeur est que je ne sais pas comment répondre à cette question. Tous mes souvenirs ne sont pas revenus et les seuls que j'ai ne sont pas complets. Il faut que je me rappelle ce qu'avait dit Anatole le premier jour, lorsqu'il nous a expliqué comment nous en étions arrivés à nous marier... Rappelle-toi Louisa ...

- Je n'ai rien fait en particulier pour tout vous dire. J'ai été admise en tant que servante du château, puis j'ai été nommé domestique attitrée du prince et nous avions fini par tomber amoureux l'un de l'autre.

C'est en voyant les visages satisfait de cette assemblée que je constate avec soulagement que mon histoire d'amour abrégée en quelques mots a suffi à les convaincre.

- On dirait une histoire d'amour comme on en trouve uniquement dans les romans à l'eau de rose. rêve l'adolescente en laissant tomber sa tête au creux de ses bras, affalée sur la table.

- Lily a raison, des histoires comme ça se font rares. Et grâce à cela nous avons le plaisir de vous avoir parmi nous. conclu la reine en indiquant à ses domestiques de nous servir à nouveau de sorte à ce que nos tasses de thé ne soient jamais vides.

La suite de ce rendez-vous féminin est moins oppressante que ce que j'ai pu vivre depuis que j'ai passé le pas de la porte. Hormis cette blonde qui n'arrête pas de m'envoyer des piques à chaque occasion qui se présente, elles sont toutes extrêmement gentilles, malgré leur ton trop sophistiqué pour une fille du bas peuple telle que moi. Cet interrogatoire centré sur moi se transforme à mesure de la discussion en une conversation « entre copine » qui parlent de trivialités qui me laissent indifférente. Des ragots sur des personnes que je ne connais pas, des séries télévisées que je ne connais pas car je n'ai jamais vu la télévision de ma vie, la taille du sexe de leur compagnon, etc...

Tout ceci prend fin lorsqu'un domestique frappe à la porte en annonçant la fin de la réunion du jour de nos maris. Le rituel de ce club est d'attendre un peu pour pouvoir sortir et découvrir leur mari les attendant devant l'entrée de la salle où nous nous trouvons. Je suis le mouvement et sors en même temps qu'elles. Elles rejoignent toutes leur amant et c'est ainsi que je peux enfin identifier chaque phallus à chaque visage, ce qui n'est pas très glorifiant. Le roi de Russ est en fait beaucoup plus jeune qu'Elena, alors qu'elle devait avoir la quarantaine, lui devait avoir le même âge que la plupart des hommes présent, c'est-à-dire la vingtaine. Lily est mariée au plus jeune du groupe ce qui me rassure un peu. J'avais peur qu'elle soit mariée à un vieux crouton. Le mari de Mélanie correspond beaucoup plus à leur code vestimentaire qu'elle, une peau bronzée, une courte barbe qui ondule et des yeux noirs. Diem-Hin représente également un couple mixte car contrairement à son habit asiatique, les vêtements de son mari au visage occidental sont un simple costume noir et blanc avec à la limite une cravate aux motifs plus en accord avec elle.

Basil a joué le jeu, et aux côtés de Léo, il m'attend patiemment. Extrêmement bien habillé dans son costume sur mesure, je ne peux m'empêcher de le trouver plus sexy ainsi. Inconsciemment je repense à mon rêve où il me fait une déclaration implicite ainsi qu'aux descriptions obscènes que j'ai dû faire de lui. Mes pommettes commencent à rosir et j'arrive à empêcher cet afflux de sang en reprenant mes esprits, ce qui est une épreuve en soi.

Je m'approche de lui, faisant mine d'être heureuse de le revoir, et son jeu d'acteur lui oblige à faire de même. Il passe ses bras autour de ma taille, frôlant du bout de ses doigts mes hanches et mes fesses et m'embrasse langoureusement. Je n'ai pas le temps ni le droit de paraître surprise. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il joue son rôle à ce point-là. Ses lèvres sont toujours une extase. Je m'y perds, je me laisse porter, leur douceur, leur ferveur m'envoient dans un monde rempli de tendresse. Ce baiser est radicalement différent de celui que nous avions échangé à Aprent, il se fait plus passionné, et même plus amoureux, ou du moins quelque chose qui y ressemble.

Après ce long contact qui avait attiré l'attention de tous ceux qui sont présent, son visage s'éloigne du miens avec un doux sourire et un regard attendrissant.

- Bonjour ma chérie, as-tu passé un bon moment ?

Sa voix est rauque, presque granuleuse, rendant chacun de ses mots plus sensuels les uns que les autres.

- Ou-Oui . . . je réponds timidement.

Léo attire notre attention en se raclant la gorge et il n'hésite à nous faire remarquer que nous ne sommes pas seuls. Basil s'éloigne de moi et saisit ma main.

- Mesdames, Messieurs, permettez-moi de prendre congé avec ma tendre épouse.

Personne ne dit un mot pour tenter de nous retenir et nous nous dirigeons vers le fond du couloir où se trouve un ascenseur. Nous entrons à l'intérieur et à l'instant où les portes se ferment, Basil lâche ma main et souffle soulagé que tout ceci soit fini.

- J'ai cru que je n'allais jamais pouvoir le faire. dit-il en passant une main dans ses cheveux.

- Vous aviez été parfait tous les deux. C'était même mieux que mes attentes. nous félicite Léo en nous applaudissant.

J'ose à peine regarder Basil dans les yeux. Alors que j'avais tenté de rassembler des idées claires et saines, il m'a embrassé avec une telle intensité que j'en ai perdu la tête. Même si ce n'était que pour tromper l'œil de nos spectateurs, cela semblait si réel. Je ressens encore la chaleur de sa bouche plaquée sur la mienne, les muscles collés contre ma poitrine, ses mains posées dans le creux de la taille, son regard tendre.

- C'était ton idée le baiser ? demandé-je timidement.

- Bien sûr que non, jamais je n'y aurai songé. Tout était scripté de A à Z par Léo, de nos retrouvailles jusqu'à notre départ pour l'ascenseur. explique-t-il en reprenant ses airs de prince fier et droit.

- Je n'étais même pas au courant.

- Normal, tu étais en train de papoter autour d'un thé. Léo a eu le temps d'élaborer ceci quand il est venu me chercher et que nous avions suivit les autres princes.

- Bien sûr. Léo pense à tout . . . dis-je tout bas.

C'est étrange, mais au fond de moi, je ne peux pas m'empêcher de me sentir déçue que cela ne vienne pas de propre initiative. Pourquoi donc . . . ?

******

Hey ! Voici donc la présentation du club hortensia. Vous vous en doutez, l'une d'elle ne va pas être tendre avec Louisa, mais ce n'est que le début des ennuies. En attendant je vous laisse sur cette fin où Basil et Louisa vont partie en « rendez-vous galant » ! À la prochaine ! Prochain chapitre, il y aura un nouveau personnage important que j'adore ! Je le love tellement !!!

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