La nuit n'est pas encore tombée au moment où j'arrive chez Cameron. Le grand portail de sécurité est exceptionnellement ouvert pour la soirée. Je rentre d'un pas lent mais ferme. Mes talons de dix centimètres qui claquent sur les pavés ne me font pas souffrir une seule seconde et tout est à mon avantage pour que je passe une bonne soirée.

Lorsque j'entre dans la maison, sans frapper, évidemment, une vingtaine de jeunes sont déjà là. Je sais que beaucoup d'autres vont arriver dans les prochaines minutes.

Je cherche du regard mon seul ami de la soirée et je le trouve finalement en train de discuter avec un garçon que je n'ai jamais vu. Je m'avance alors à leur rencontre :

- Hey, Cameron ! Ça va ?

Il me claque la bise en me répondant à l'affirmatif pendant que la personne à côté nous dévisage. C'est un garçon qui, je dirai, doit avoir un ou deux ans de moins que moi. Il est brun avec une mèche qui lui retombe sur le visage. Mais ce sont ses yeux qui m'interpelle. Je les ai déjà vu, mais où ?

- Tu nous présentes ? je demande à Cameron.

- Euh... Ouais ! hésite-il.

Je ne comprends sa réaction qu'au moment où il me dit :

- Elsa, voici Hayes, le petit frère de Nash... Euh... Hayes, voici Elsa, une très bonne amie à moi.

- Pour ne pas dire "petite amie" ? demande-t-il en imitant des guillemets.

Il balaie la réponse d'un revers de main. Quant à moi, je fixe toujours le petit. Je ne m'attendais vraiment pas à faire la connaissance du frère de Nash. Enfin bref, ce n'est que son petit frère !

- Tu connais Nash ? m'a demandé Hayes, presque excité.

Je lance un regard à Cameron qui a l'air de se marrer de la situation.

- Euh, oui, on va dire...

- Et tu l'aimes bien ?

« Mais il va arrêter de me gonfler avec ses questions ?! ».

- Non. Non, on se déteste.

Ça lui a cloué le bec. Il nous a alors souhaité une bonne soirée et est parti vite fait bien fait.

- Bon débarras ! je m'exclame.

- T'es méchante ! me reproche-t-il en me mettant un coup de coude dans les côtes. Il est vraiment gentil Hayes, il n'est pas du tout comme son frère.

Je lève les yeux au ciel.

- J'espère ! Parce que deux erreurs de la nature, ça fait beaucoup !

Il explose de rire et moi aussi en le regardant. Son rire est épique !

Les gens continuent d'affluer dans la maison et nous devons au moins être cinquante à présent.

- Ta maison commence déjà à sentir la sueur, Cameron. C'est horrible !

- Je suis habitué tu sais !

Je souris et il m'entraîne au niveau du bar où il nous commande deux cocktails alcoolisés.

« Après ce verre, j'en prends un autre et c'est terminé pour l'alcool ! », je me dis pour éviter d'oublier.

Le barman nous donne nos verres et nous nous asseyons sur les chaises qui bordent le bar.

- Hum... Dis-moi Elsa, je ne te l'ai jamais demandé mais... Est-ce ce que tu as eu beaucoup de petits copains par le passé ?

Je hausse un sourcil en regardant dans sa direction.

- Pourquoi tu veux savoir ? je demande en espérant changer de sujet.

- Comme ça. Ça fait plusieurs mois que nous sommes amis et je ne t'avais jamais posé la question alors...

- Et toi ?

- On ne répond pas à une question par une autre question, me sermonne-t-il en souriant.

Je soupire et lui réponds :

- J'en ai eu. Combien, je l'ignore mais oui, j'en ai eu plusieurs.

- Et t'as déjà été vraiment amoureuse... ?

- Euh... Écoute Cameron, je t'aime bien mais il y a des choses dont je ne peux pas vraiment te parler...

Il a l'air déçu et me demande :

- Je suppose que Shawn est au courant, lui...

Il me fait à moitié la gueule et ce comportement puéril que peuvent avoir certains comme Cameron me met hors de moi ! Je me lève alors de la table sans qu'il ne m'y retienne et ça redouble ma rage.

Le nombre de personnes présentes à la soirée a doublé. Je veux me rendre dans le jardin qui borde la maison de Cameron mais pour cela, il faut traverser la piste de danse. Mon cocktail à la main, j'entreprends de passer à travers cette fichue piste de danse. Mais lorsque je la traverse, un abruti de service me rentre brutalement dedans. Malheureusement pour lui, tout mon cocktail est tombé sur lui...

- Putain, mais tu ne pouvais pas faire attention ! je rage en relevant la tête.

Je déglutis légèrement en voyant la personne en face de moi.

« L'heure des problèmes a ENCORE sonné ».