PDV Shawn :

Nous avons fait toute la route jusqu'à chez elle dans le silence le plus total. J'ai respecté le fait qu'elle préférait réfléchir même si, j'avoue, je me faisais chier. Mais je le fais pour Elsa alors, ça me va.

- J'espère que ça ne va pas trop monter dans les tours..., m'avoue-t-elle en soupirant.

- Courage, je dis en lui prenant sa main gauche et en l'enlaçant dans le mienne.

Elle marche dans le petit jardin, magnifique d'ailleurs, et s'arrête devant la porte.

- Si elle me cherche des noises je te jure que je vais exploser, me confie-t-elle.

Je ne réponds rien à ça. Quoi dire de plus ? Elle descend la poignée et entre prudemment dans la villa. Je n'étais jamais rentré chez elle, j'étais venu qu'une seule fois, pour la soirée, et j'étais resté sur la pas de la porte.

La dame qui m'avait accueilli la dernière fois, Maddie je crois, vient à notre rencontre. Elle me fait un bisou sur la joue avec enthousiasme. Je l'aime déjà cette dame !

Toujours nos mains enlacées, Elsa se dirige vers le salon où trois personnes sont assises sur les fauteuils. Elles se lèvent en nous voyant et je sens que la tension est palpable.

Elsa retire sa main de la mienne pour retirer sa veste mais aussi ses chaussures. Je l'imite et un blanc phénoménal s'installe. Tout le monde est mal à l'aise et personne ne semble le cacher.

- Tu ne nous présentes pas ? demande une femme qui doit sûrement être sa mère.

Elle brise d'un seul coup la glace et Elsa semble revenir à la réalité.

- Euh... Alors Shawn je te présente ma mère et euh... Bah maman, je te présente Shawn, un ami.

- Enchantée ! lance-t-elle à mon égard.

Elle tourne ensuite sa tête vers Maddie.

- Tu le connais déjà ? l'interroge-t-elle surprise.

- Oui, elle me l'a déjà présenté, il était venu la chercher pour aller... Au bowling !

« Pourquoi a-t-elle menti ? Je ne comprends pas. Sa mère n'était pas au courant de la soirée ? Pourtant Elsa avait l'air d'être une habituée... Il faudra que je lui en touche quelques mots », je pense.

Les deux autres personnes qui étaient en retrait s'avancent, et la jeune fille, qui est l'opposé physique d'Elsa, dit :

- Et nous Elsa ? Tu ne nous dis pas bonjour ? Tu ne nous présentes pas ?

Je vois très bien que sa mâchoire se crispe mais qu'elle essaie de garder son sang froid. Revoir son ex et sa sœur après des mois, des années d'absence et qui plus est, après une trahison, ça ne doit pas être facile !

Je m'avance vers eux en disant :

- Je pense que vous avez déjà compris que je m'appelais Shawn. Toi tu dois être... Laura, c'est ça ? je demande à cette dernière. Et toi... Tu es Julian ! Enchanté.

Leurs yeux s'ouvrent légèrement plus que habituellement.

- Je vois que tu n'as pas perdu de temps Elsa ! T'es allée raconter à tout le monde ce qui s'était passé ?! T'es contente ?

Je suis prêt à prendre la défense de mon amie à n'importe quel moment. Mais Elsa me devance :

- Et qu'est-ce que ça peut te faire Laura ? Tu ne sais pas ce qui s'est passé quand vous êtes partis ! Tu ne sais pas ce que j'ai vécu, tu ne sais rien de ce que j'ai fait !

Un sourire sadique se dessine sur les lèvres de la soeur d'Elsa. Et, à ce moment-là, je sais que ça va partir en cacahouettes total !

- Ce que je sais, c'est que t'as au moins pris quinze kilos !

J'ai compris, avec le temps, que parler de poids avec Elsa était source de douleur pour elle. Celle-ci sert les poings tellement fort que ses jointures en sont blanches mais ce qui me choque le plus c'est que leur mère ne fait rien. Elle reste impassible face à la situation. Quant à Maddie elle s'est éclipsée dans la cuisine, elle doit avoir l'habitude de ces soucis.

Elsa frappe d'un seul coup dans le mur avec son poing droit avec une telle force que tout le monde dans la pièce a sursauté, même en voyant l'action se faire.

Elle fonce d'un seul coup sur sa sœur et la poussant contre un des murs :

- Écoute-moi bien Laura ! Maman ne te l'a peut-être pas dit mais j'ai fait une dépression qui a duré un an ! Et je suis devenue anorexique. Tellement que pour un mètre soixante je faisais à peine quarante kilos ! Je me suis laissée mourir de faim, tu comprends ?! Sauf qu'après ça, quand j'ai arrêté de broyer du noir, je suis devenue boulimique, j'avais un besoin sans cesse de manger pour combler un manque ! Alors ne me juge pas, ne me juge plus ! Tu es pire que moi dans ce domaine, tu as tellement de choses à te reprocher, alors balaie devant chez toi avant de balayer devant chez les autres, ok ?

Elle relâche la pression qu'elle avait sur elle et marche en direction des escaliers, je suppose. Mais elle se retourne une dernière fois en furie :

- Ne t'avise plus jamais de m'adresser la parole ! Après ce que tu as fait et comment tu me traites en ce moment même, je ne vois même pas ce qui fait qu'on est soeur... Tu n'as pas changé en fait, Laura. J'avais espoir que, lorsque je te reverrai, tu t'excuserais, que tu me supplirais de te pardonner mais j'ai été bien naïve de croire qu'une peste comme toi pourrai changer !

Et elle monte définitivement à l'étage, nous laissant tous sans voix...