★ Chapitre 70 ★
Je pars au lycée d'un pas ferme, tout sourire. Malgré le mot de ma mère, ce matin, je suis enfin heureuse de vivre. Lorsque je passe les grilles de mon établissement, le proviseur m'arrête et m'emmène dans son bureau, comme prévu. Se trouve avec lui la psychologue. Seulement elle.
- Je vais oublier l'incident de vendredi dernier, Elsa. Mais en échange, tu devras nous révéler ce que tu te donnes tant de mal à cacher.
Je le fixe d'une intensité extrême, le regard de braises. Je m'installe alors à côté de la psychologue avant de commencer :
- Je vais vous dire ce qu'il s'est passé, mais sachez que c'est terminé. J'ai conscience qu'un week-end c'est court, mais je vais beaucoup mieux. Je dirai même que je reprends vie.
Je croise les jambes en continuant :
- J'étais mal, c'est un fait. Plusieurs incidents personnels sont survenus au même moment et je n'ai pas su gérer tout cela. J'ai été lâche et ai laissé les émotions l'emporter.
- Que s'est-il passé pour que tu te retrouves dans cet état-là ? me questionne gentiment la psychologue.
- Des problèmes familiaux, des problèmes amicaux et des problèmes venants d'en haut, je dis en pointant ma tête du doigts.
Je crois entendre de loin ma conscience se plaindre mais je l'ignore. À partir de maintenant, elle n'aura plus aucun contrôle sur moi. Ni sur ma vie. C'est terminé. Son petit jeu s'arrête ici.
- Je vois..., murmure le proviseur. Et comment se fait-il que tu ailles mieux au jour d'aujourd'hui ?
- J'ai pris conscience de certaines choses. Par exemple, j'ai compris que la vie était un cadeau précieux et qu'il fallait que j'arrête de la gâcher à coup de cigarettes et de tequila.
Un petit sourire pointe le bout de son nez sur les lèvres de mon proviseur. Inhabituel. Je ne l'ai jamais vu sourire en quatre ans dans ce lycée. Il doit voir que je suis bel et bien sincère.
- Je suis heureux que tu t'en sois sortie, Elsa. Vraiment. Personne ne mérite de vivre tristement.
- Merci beaucoup, je réponds respectueusement. Merci de vous être préoccupé de moi, même si, au premier abord, ce n'était pas l'impression que je donnais. Désolée pour mon attitude de vendredi.
- C'est passé, balaie-t-il d'un revers de la main.
Je frotte nerveusement mes mains sur mes cuisses.
- Bon et bien, je suppose que cet entretient est terminé, tranche le proviseur.
- Je suppose, je réponds en récupérant mon sac.
Je lance un sourire à la psychologue ainsi qu'à mon proviseur et m'en vais en direction de la vie scolaire. Un surveillant me donne un billet de retards et je m'en vais en cours. J'entre dans la salle en ignorant la marée d'élèves, les yeux rivés sur moi. Je m'assois à côté de Sarah et lui sourit en sortant mes affaires. Notre professeur de mathématiques reprend son cours tandis que ma meilleure amie entame la conversation.
- Alors ? Comment s'est passé l'entretient ?
- Rapide, tout simplement, je réponds en haussant les épaules. Tu sais, depuis que nous avons parlé, samedi, je suis beaucoup mieux dans ma tête et dans mon corps.
- Mais tu es parfaite, ma chérie.
Ses lèvres étirées me font le plus grand bien.
- Sinon, continue-t-elle, quel est ton programme de la journée, hormis les cours, bien évidemment ?
J'attrape un stylo dans ma trousse et fais semblant d'écouter notre professeur.
- Ce midi, je vais sûrement aller manger un petit encas au café de Nash, il voulait qu'on se voit. Ensuite, je finis à dix-sept heure. J'ignore si je vais aller au coin ou rentrer chez moi régler mes comptes avec ma mère.
- Ah oui, d'ailleurs, comment va-t-elle ? s'enquit-elle.
- Elle ne s'est pas réveillée hier mais ce matin elle m'a laissée un mot.
Je lui montre le papier en questions que j'ai glissé plus tôt dans la journée dans ma poche. Elle le lit rapidement et remarque :
- Ta journée ne va pas être de tout repos, je suppose. Tu vas devoir comprendre des sortes d'indices pendant la journée. C'est trop bizarre.
- Je te le fais pas dire, je déglutis.
- Et tu as essayé de l'appeler ? me demande ma meilleure amie.
- Non, elle ne décrochera...
Mais un énorme bruit me fait sursauter. Le professeur a fait claquer son livre sur son bureau.
- Sarah, Elsa, je n'ai pas le temps avec vos bavardages. Alors, soient ils cessent, soient vous sortez.
Mais j'avais trop besoin de rester avec Sarah et de lui parler. Alors, avec un regard entendu, on prend nos affaires et on sort de la classe. Le prof ne nous fait pas accompagner, pour une raison que j'ignore, et nous restons toutes les deux dans la cour. Comme au bon vieux temps.
- Essaie de l'appeler, ta mère, me conseille Sarah en s'asseyant sur les marches d'un escalier.
- Elle ne répondra pas, elle travaille comme une forcenée.
Je prends malgré tout mon téléphone et passe un coup de fil à ma mère. Mais comme je l'avais prédit, elle ne décroche pas.
- Mais tu penses qu'il s'est passé quoi pour qu'elle boivent autant ? m'interroge-t-elle en s'attachant les cheveux.
Je me prends sa queue de cheval blonde dans le visage et râle.
- Elle a dû apprendre une nouvelle. Elle sait quelque chose qui l'a fait rechuter.
- Oui, c'est vrai que tu m'as dit, hier, qu'elle avait déjà été dans cet état.
- Et comment ! j'enchaîne. Tout le monde était au courant, sauf moi. J'ai halluciné.
Je passe une main sur ma mine désespérée.
- J'ignore ce qu'il s'est passé mais d'après son papier, ce soir, je serai au courant de tout. Je suis anxieuse mais pressée.
- Tu m'étonnes !
Sarah me raconte ensuite quelques détails de sa vie, comme le fait que Cameron est venu lui parler ce week-end malgré ce qu'il s'est passé à la soirée. Elle ne lui parle plus, elle non plus.
- Et sinon, dit Sarah, comment ça se passe avec Shawn ?
- Nous nous sommes envoyés quelques messages, hier. Mais j'ai réfléchi à ce que j'allais faire avec lui.
- Que vas-tu faire ?
- Profiter, tout simplement, je dis en rigolant. Je veux dire, Shawn m'aime vraiment pour qui je suis, alors, pourquoi ne pas tenter l'expérience ?
- Tu as raison, ce serait mieux. Vous êtes mignons, ensemble.
Je souris, heureuse de l'entendre dire. Je mérite un peu de bonheur après tout ce qui m'est arrivé.
- Il est en cours, là, Shawn ? me questionne Sarah, innocemment.
- Non, il ne commence que dans deux heures.
- Viens, on le réveille !
Ca me rappelle la belle époque. Lorsque l'on s'amusait à appeler notre entourage, simplement pour les réveiller de mauvaise humeur. De bonnes heures de rigolades si vous voulez mon avis.
Je cherche donc le numéro de Shawn dans mon téléphone et l'appelle en numéro inconnu. C'est plus drôle !
- Allô ? marmonne-t-il encore ensommeillé après six sonneries.
- Je recherche un jeune homme en couple, je fais en prenant des airs supérieur.
Il rigole et son rire me fait chaud au cœur. Il est mignon comme tout.
- Ce jeune homme n'est pas ici. Il n'y a que des célibataires dans cet appartement.
Je sais qu'il se moque de moi, néanmoins, j'ai une pointe de colère qui arrive.
- C'est pour rire, ma belle. Alors ? Quel bon vent t'amène ?
- Rien, je réponds en haussant les épaules, je voulais simplement te réveiller et raccrocher. Ce que je vais faire et...
- Attends, crie-t-il de l'autre côté du combiné. On se voit au coin, ce soir ? Comme d'habitude.
- Oui, pourquoi pas, j'acquiesce après quelques secondes de réflexions. On se retrouve là-bas ce soir.
- J'ai hâte. Bisous.
- Bisous, Shawn.
Il raccroche et je vois le sourire beat qu'esquisse Sarah en me regardant.
- Range ce sourire dans ta boîte aux mauvaises intentions.
Elle prend un mine offensée.
- Moi ? Mais je n'ai jamais de mauvaises intentions, voyons.
- Mais bien sûr !
Nous rigolons et partons vers notre prochain cours, attendant la sonnerie.
La journée s'est déroulée sans encombre. Ce midi, j'ai mangé dans le café de Nash et celui-ci a calé sa pause déjeuné avec la mienne pour que nous puissions parler. Je lui ai raconté l'état de ma mère, son petit mot de ce matin, ma relation avec Shawn, mon explication avec Cameron ainsi que mon rendez-vous chez le proviseur. Juste lui parler m'a fait un bien fou. Plus qu'avec Sarah, même.
Je suis ensuite retourner en cours et là, je subis ma dernière heure de la journée. Je pense juste au moment où je vais aller rejoindre Shawn, j'ai hâte. Mais alors que ma professeure d'histoire part faire des photocopies pour quelques minutes, je sors mon portable. J'ai plusieurs messages de Sarah :
« Je viens de comprendre quelque chose sur toi, Elsa ».
« Tu ne vas pas en croire tes oreilles ! »
« Ou plutôt tes yeux. Tu ne vas pas croire ce que je suis en train de voir »
« Je reste finalement jusqu'à dix-sept heures pour voir ta réaction »
Je regarde alors soudainement l'horloge murale. Il ne me reste qu'un quart d'heure de cours. Je ne réponds pas à Sarah et laisse les minutes défiler, la boule au ventre. Mon stress est à son comble. La professeure revient, nous distribue son paquet de feuilles et termine son cours.
Lorsque la sonnerie retentit, je la vois comme une libération. J'attrape le peu d'affaires que j'ai sur ma table, les fourre dans mon sac et pars presque en courant de la salle. Lorsque j'arrive dans la grande cour, je ne vois pas Sarah. Je marche tout en la cherchant, mais c'est elle qui me trouve en venant vers moi, tout sourire.
- Sarah, mais qu'est-ce qui se passe, à la fin ? je hurle en déboulant vers elle, nerveuse.
- J'ai compris ce qu'a voulu dire ta mère, ce matin. Le fait que tu allais tout comprendre par rapport à la situation.
Je suis perdue. Complètement. Alors, pour couper court à mes pensées, Sarah me tire le bras et m'emmène vers l'entrée du lycée.
- Ta surprise t'attend devant le grand portail. Je te laisse y aller seule.
Et juste avant de partir définitivement, elle se retourne une dernière fois en me lançant :
- J'annule ton rendez-vous avec Shawn, tu vas vite comprendre pourquoi.
J'ai soudain l'impression d'être jetée dans une grande arène, seule. J'ignore ce qui m'attend au portail. Mais qu'est-ce qui se passe à la fin ? Puis, je tourne à l'angle et me retrouve en face du portail. Il n'y a pas beaucoup d'élèves à cette heure de la journée.
Mais d'un seul coup, je tourne la tête et là, mon sang ne fait qu'un tour. Mon corps se bloque et mon cerveau s'arrête. Un homme. Grand, beau, en uniforme de l'armée, se tient là, à quelques dizaines de mètres de moi. Mon père est toujours vivant.
*******************************
J'ai mis beaucoup trop de temps à vous pondre ce chapitre, j'en suis désolée 😰 surtout qu'on arrive bientôt à la fin ! Il reste encore quelques nouveaux rebondissements (des bombes, plutôt !) mais on approche de la fin quand même 😏 je vais quand même essayer d'écrire, même au bord de la mer 🤗
Bisous à vous et merci d'être encore la à lire cette fiction ❤️
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top