★ Chapitre 66 ★
Je soupire lentement. Mes pensées s'emmêlent. Je n'arrive plus à réfléchir normalement, clairement.
Toujours dos à dos, je demande doucement à Shawn :
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Et je continue :
- Pourquoi restes-tu là ? Je ne comprends pas...
Je ne perçois que lointainement ce que je raconte. J'ai l'impression de ne pas me contrôler, de ne pas savoir ce que je dis. Je suis épuisée.
- Tu sais, parfois le corps humain réagit bizarrement. Les impulsions nous poussent à faire de folles choses.
Intriguée par ses paroles, je me retourne. Et je sens son dos se décoller aussi du mien. Nous nous retrouvons assis par terre, face à face.
- Et mon corps me poussent t'aimer, Elsa.
C'est tellement beau. Jack avait entièrement raison. Je ne trouverai jamais quelqu'un m'aimant autant que Shawn lui-même. C'est impossible.
Et mes propres impulsions me poussent à faire quelque chose d'encore plus fou que lui. Je souris de toutes mes dents en passant mes bras autour de sa nuque. Et je me laisse tomber sur lui en plaquant mes lèvres sur les siennes. Nous tombons tous les deux, allongées dans l'herbe glacée. Mais peu importe, lorsque je suis auprès de Shawn, tous mes problèmes s'envolent en meme temps. Et nous restons là, l'un contre l'autre, à nous embrasser ou à rire sans raison.
- Tu es une jeune fille extraordinaire et pleine de valeurs, Elsa. Ne doute jamais de toi.
Il lève brièvement les yeux vers la Lune avant de les reposer sur moi.
- N'oublie jamais que je te prends avec tes défauts et tes qualités, avec ton passé et tes problèmes. Je te prends comme tu es car c'est ce qui fait de toi une personne formidable.
Et il rajoute, voyant mes yeux pétiller :
- Je t'aime...
Je souris de toutes mes dents et l'embrasse passionnément. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti autant d'affection pour une personne. Je ne pense pas être amoureuse, en tout cas, pas encore. Ça fait tellement de bien de se sentir vivante aux yeux de quelqu'un !
- Hum, hum, j'entends tousser derrière moi.
Nous nous arrêtons tous les deux pour lancer un regard noir à la personne à côté. Sarah.
Elle sautille dans tous les sens, complètement hystérique.
- Hihi, vous êtes ensemble ! Oh mon Dieu ! Vous vous êtes enfin embrasser ! Hihi je vous adore vous deux !
Et elle me claque un bisou sur la joue en m'obligeant à me relever.
- J'ai appelé ma mère ! Après ce qui s'est passé avec l'autre con, je ne veux pas qu'on reste ici.
Et puis se tournant vers Shawn :
- Ne le prend pas personnellement Shawn, mais voilà. Je ne veux pas rester dans la même maison que l'enflure de service.
Ils rigolent fort tous les deux, l'alcool y étant pour quelque chose.
- Bon et bien, je commence. Sarah, tu pourrais t'éloigner deux minutes que je puisse parler avec...
Je montre Shawn des yeux. Elle lève les mains au ciel, vaincue, et me prévient qu'elle m'attend de l'autre côté de la maison.
- Qu'est-ce qui se passe ? me demande-t-il les sourcils froncés.
- Je... Je voulais seulement te souhaiter une bonne nuit et que j'étais contente de ce qui venait d'arriver. Mais j'ai juste besoin d'un temps de réflexion. Je suis comme ça. Considère que nous sommes ensemble mais que rien n'est acquis. D'accord ?
- D'accord, mais tu devras être sure de ton choix dans moins d'une semaine.
- Ça marche !
Je le vois sortir un paquet de cigarettes de sa poche avant d'en prendre une pour me la tendre.
- Tu en veux une ?
- Non, je... J'aimerai ne plus toucher à cette saloperie.
- En voilà une bonne résolution, rigole-t-il.
- Et j'aimerai que tu en fasses autant, je dis le plus sérieusement du monde.
Un pli vient se fendre au milieu de son front. Il me demande alors :
- Et qu'est-ce qui t'a soudainement fait changer d'avis sur la cigarette ?
Je me raidis aussitôt. Je ne peux pas lui parler de Nash. J'ignore comment il le prendrait. Je ne veux pas lui faire du mal, il ne mérite pas ça. Mais comment je peux faire pour entamer une relation alors que je lui mens encore ? Je ne suis qu'une conne !
- J'ai vu une émission à la télévision. Enfin... Je vais devoir y aller, maintenant.
Il s'avance lentement vers moi, sa cigarette non allumée dans le coin de sa bouche, un petit sourire en coin. Il la retire pour venir m'embrasser une dernière fois et me prévenir qu'il réglerait son compte, à Cameron.
- Tu ne devrais pas, je... Je m'en chargerai. Plus tard.
Il ne dit plus rien après ça et me laisse partir. Je ne me retourne pas après ca. Je suis tellement perdue en ce moment. Il se passe tellement de choses.
Je rejoins Sarah qui est déjà dans la voiture de sa mère. Nous parlons un peu de la soirée, de la vie. Elle voit que sa fille est un peu saoule et s'étonne que je sois sobre.
- Je me demande comment je dois le prendre ?! je dis à la mère de Sarah en riant.
Nous arrivons assez rapidement chez elles et nous montons directement dans la grande chambre de ma meilleure amie. Il n'est que vingt-deux heures quarante cinq. On s'allonge sur son lit et commençons à parler de tout et de rien. À ce moment-là, j'ai vraiment envie de tout lui avouer. Tout. Que mon père est porté disparu, que j'ai replongé, que je cache ma perte de poids sous mes gros vêtements, que je vais mal, que je vois Nash et qu'entre moi et ma sœur, rien ne va plus. J'aimerai tout lâcher, d'un seul coup. Mais ce serait une bombe. Une énorme bombe pour elle.
Alors je fais semblant. Je ris, je me confie par rapport à mes relations avec Shawn, on parle de Cameron. Je me voile la face.
- Bon, allez, à la douche ma belle ! me lance-t-elle en rigolant à pleines dents.
Heureusement, la bonne isolation des pièces de la maison nous assurent de ne pas réveiller son frère et sa sœur, ainsi que ses parents.
Je me rends alors dans la salle de bain de Sarah, adjacente à sa chambre. Je ferme la porte, mais pas à clef. On ne sait jamais. Je me déshabille lentement, sans me presser. Mais une fois nue, je me tourne vers le grand miroir mural. Je me vois entièrement. Et je plaque violemment une main devant ma bouche, étouffant un cri.
Je suis horrible. C'est le mot. Horrible. J'ai maigris de partout, mais en mal. J'ai des parties du corps complètement creusées, mes formes sont en train de disparaître. Certes, je voulais maigrir, mais pas comme ça. Je voulais m'embellir, pas m'enlaidir. J'ai des cicatrices partout, certaines ce sont rouvertes. Mais je n'arrive pas à me contenir. Alors j'éclate en sanglots en tombant par terre. J'explose.
Sarah arrive en courant vers la porte et me demande :
- Elsa ?! Elsa ?! Que se passe-t-il ?! Je peux entrer ?
Mais elle n'attend pas ma réponse avant d'ouvrir violemment la porte. Mais j'entends, soudain, simplement le bruit de mes pleurs. Sarah reste la, sur le palier, sans bouger. Elle me regarde, nue, pleines de marques.
Qu'elle me voit nue ne change rien, on est meilleure amie depuis des années. Mais ce sont les marques qui la choquent, on le voit à son expression.
- Elsa...
Elle vient doucement vers moi et me prend les mains.
- Des explications. C'est tout ce que je te demande.
- Tu... Je... Je vais te décevoir ma belle... Encore...
Elle pose un doigt sur mes lèvres.
- Chut. Viens, relève toi, rhabille toi et viens. On va parler un peu toutes les deux.
Et comme guidée par ses douces paroles, je me relève, et obéis. Nous nous installons toutes les deux sur son lit. Une longue nuit d'explications m'attend...
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