|| Prologue ||

La nuit avait enveloppé les royaumes et les villages environnants depuis maintenant quelques heures.

Une pluie froide battait le sentier menant à l'un des nombreux villages sur la côte, formant d'épaisses couches de boue et des flaques transparentes.

L'eau ruisselait sur les toits, produisant un bruit apaisant berçant les villageois dans leur sommeil.

L'orage ayant produit une panne d'électricité, le village des Cornans était plongé dans l'obscurité la plus profonde. Seul quelques éclairs zébraient le ciel nocturne, éclairant les rues désertes. Quelques mètres plus loin, le lac se déchaînait sur la rive, apportant déchets et boue sur le sentier déjà bien endommagé.

Tous les villageois dormaient sous cet orage incessant. Et même si ce n'était pas le cas, personne n'aurait pu distinguer parmi le rideau de pluie la silhouette de cette personne encapuchonnée, bravant l'eau et la boue.

L'homme grogna en observant ses bottes s'enfoncer dans la boue épaisse. Il mit sa main en visière et essaya de distinguer la demeure du chef du village. Il l'eut vite trouvée étant donné qu'elle était légèrement en surplomb.
Un mauvais rictus étira ses lèvres tandis que l'eau s'infiltrait dans ses vêtement le trempant jusqu'aux os.

L'eau ruisselait sur ses épaules tandis que la flamme vaillante de sa lanterne s'éteignait.
Furieux, l'homme la jeta dans la boue et tendit sa main paume au ciel.

Une vive flamme en jaillit éclairant son visage et les maisons environnantes.

Arrivé à la maison du chef, il éteignit la flamme d'un geste gracieux.

Lorsqu'il s'approcha de la porte en bois, il remarqua qu'elle était fermée grâce à un verrou métallique.

Il réfléchit quelques instants : il aurait aisément pu brûler la porte grâce à sa maîtrise du feu, mais il souhaitait passer plus inaperçu. Il claqua des doigts, produisant une petite étincelle. Elle se logea dans le verrou, faisant fondre le métal qui céda.

S'assurant que la capuche le couvrait bien,  l'homme pénétra la maison.

Il parcourut du regard la petite pièce : la table couverte de livres, de parchemins et de bibelots divers donnait sur une bibliothèque plus ou moins remplie.

L'homme marcha le plus silencieusement possible sur le parquet pourri, craquant sous ses pas.

Des qu'il fut arrivé devant son but, il commença ses recherches.

Les éclairs produisaient suffisamment de lumière pour éclairer l'étalage, ce qui contribua grandement à la découverte du bon livre.

L'homme passa ses doigts sur les couvertures anciennes des livres, secouant la fine couche de poussière qui s'était accumulée avec le temps.

Bientôt, il trouva le seul livre qui n'était pas couvert de poussière. Trépignant d'impatience, il se dépêcha de tourner les pages vieillies par le temps jusqu'a ce qu'une carte atterrisse à ses pied.

«-Trop facile ! pensa-t-il.»

Il avait observé pendant quelques jours les villageois des Cornans :
Leur chef avait en sa possession une carte sur laquelle était inscrite l'emplacement d'une pierre de lune. Il l'avait cachée dans un vieux livre dans l'espoir qu'Auxor ne tombe jamais dessus.

Auxor était un sorcier qui pouvait maîtriser un élément : le feu. Sa puissance destructrice pouvait anéantir un village en un claquement de doigts. Auxor était cruel et assoiffé de pouvoir. Il était craint par tous, et s'il mettait la main sur cette pierre, il pourrait sans doute créer une arme dévastatrice.

Malheureusement pour eux, il se trouvait que le maître du feu, masqué d'une capuche, avait pénétré à l'instant dans la maison du chef.
Un éclair illumina à nouveau la carte tandis que les gouttes de pluie léchaient les vitres. Il consulta la carte qui lui montra un temple dans la forêt, loin des regards indiscrets. Maintenant qu'il connaissait la disposition des gardes protégeant la pierre de lune, il pourrait aisément la dérober pour en arriver à ses fins.

Entendant un parquet craquer, Auxor n'attendit pas une seconde de plus pour quitter la maison. La pluie l'accueillit comme une amie, le cachant à nouveau sous son rideau gelé.

Le sorcier attrapa une lanterne neuve au passage et alluma une petite flamme vacillante.

Bravant la tempête à nouveau, il quitta définitivement ce village, un sourire vainqueur sur les lèvres.

***

A des kilomètres du village endormi, trois gardes de nuit jouaient aux cartes près de l'entrée du temple gardant la pierre de lune.
«-J'ai gagné ! Hurla l'un d'eux.

-Chuuut, rétorquèrent les deux perdants.
-Vous êtes jaloux parce que je gagne tout le temps !

-La ferme Jarred, grinça le deuxième.

-C'est pas comme si tu étais une lumière hein, renchérit le dernier. Tu es le plus lent de nous tous ! Je parie que si un jour Auxor nous tombes dessus, c'est toi qui va...

Toutes les lumières des bougies  s'éteignirent d'un coup, sans raison apparente.

Paniquant légèrement, Jarred ralluma une lanterne de secours et son visage se détendit.

-C'est bizarre, commenta le deuxième garde, c'est de la magie ? Vous pensez quand même pas que c'est le maître...

-Eh, il y a quelqu'un qui va aller dans le temple, coupa Jarred qui n'avait pas suivit le monologue de son compagnon.

La silhouette d'un homme se distinguait dans l'orage. Grande mais discrète, tout le monde comprenait qu'il tentait de passer inaperçu.
Les trois gardes se levèrent comme un seul homme et, munis de la lanterne à la flamme vacillante, ils allèrent à la rencontre de l'intrus.

-Hé vous ! Arrêtez-vous ! Vous n'avez pas le droit de venir ici.

L'inconnu ne pipa mot et ne ralentit même pas la cadence. Le garde accéléra le pas et empoigna la capuche. Il tira dessus et ce fut à cet instant que l'homme fit découvrir son visage :
Des cheveux noirs charbon encadraient un visage aux traits durs et cruels. Des yeux noirs perçants étaient accompagnés d'un nez légèrement tordu et les sourcils froncés dans une expression de colère accentuaient l'air démoniaque de ce dernier. Le plus surprenant était sans doute ses tatouages : un croissant de lune se trouvait sur son front ainsi que des spirales de motifs divers encadraient le croissant ainsi que ses tempes. Le tatouage était rouge sang, signe qu'il était un maître du feu.

-Auxor ? Dit l'homme apeuré, reculant de quelques pas. Mais...

-Je suis là pour la pierre de lune voyons !
Répondit le concerné d'une voix moqueuse mais sèche.

-Les bougies qui s'éteignent, c'était pour faire diversion et voler la pierre ? Demanda Jarred d'une voix tremblante.

Ces hommes-là étaient pétrifiés. Fier de cet effet qu'il produisait, un sourire machiavélique étira les lèvres du sorcier.

En une fraction de seconde, les gardes se trouvèrent propulsés par un jet de feu endiablé, créant une lumière ainsi qu'une chaleur vive, transperçant la pluie et le froid.
Sans plus de cérémonie, Auxor pénétra le temple.

Sur un piédestal, une petite pierre en croissant de lune reposait, au centre. Une vitre au-dessus laissait deviner que la lune éclairait la pierre pendant les belles nuits étoilées.

N'attendant pas une seconde de plus, Auxor s'empara de la pierre. Il la posa sur son tatouage et la pierre s'absorba dedans. Son esprit fut comme transporté dans une dimension parallèle. Il le savait, c'était maintenant qu'il devait le demander, maintenant qu'il obtiendrait son armée.
Puissant dans sa maîtrise du feu et grâce  à la pierre de lune, le sorcier récita une incantation complexe tandis que des créatures prenaient vie.

Elles avaient l'apparence humaine, sauf que leurs yeux vides de toute humanité étaient la preuve du contrôle qu'Auxor exerçaient sur eux.

«- Les Noctis, vaillant combatants du mal, vous serez mes serviteurs jusqu'à la mort, vous serez mes yeux et mes oreilles et vous assisterez à l'ascension de mon pouvoir, récita Auxor d'une voix majestueuse qui se répercuta sur les murs du temple. Vous m'obéirez au doigt et à l'œil, semant la destruction sur votre passage. Aujourd'hui et à jamais, vous serez miens. »

Quand plus d'une centaine de créatures furent créées, le monde parallèle dans lequel était Auxor disparut.

La pierre de lune tomba à ses pieds, comme un vulgaire bijoux. La translucidité lunaire et l'éclat de magie avaient disparu, laissant un simple caillou derrière eux.

Un rire diabolique s'éleva dans la nuit agitée, marquant le début d'une guerre sans merci.

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Voici le prologue. J'espère que ça vous a plu! N'oubliez pas de voter ou de donner votre avis, ça me ferait plaisir ❤️