9. Tears


Après un dîner copieux et une bonne douche, je suis Bianca à l'étage. J'adore sa maison. J'adore les cadres qui décorent le mur de l'escalier, les plantes un peu partout et les tas de courriers sur la commode de l'entrée. Ça respire la vie. Cette maison me fait penser à celle des Torres. Je m'y sens bien. C'est tout ce que je n'ai jamais connu.

-Merci encore pour tout Bianca. Dis-je en grimpant l'escalier à sa suite.

-Tout le plaisir est pour moi ma belle. Si tu savais comme je suis heureuse d'avoir enfin du monde ici! C'est tellement vide depuis le départ de mes enfants!

-Vous en avez combien?

-Six!

-Six? M'exclame-je, stupéfaite.

Elle éclate de rire.

-En effet, six enfants! C'est pourquoi, vous aurez la chance d'avoir tous une chambre individuelle!

Je la suis en jetant un coup d'œil au mur de l'escalier ou des dizaines de cadres encadrent des visages. Je me promets d'y revenir et de regarder plus tard.

J'entre à sa suite dans une grande chambre aux murs blancs et bleus. Un lit deux places est posé juste sous une grande fenêtre et j'adore ça. La chambre est lumineuse et apaisante.

-C'est parfait. Dis-je en posant mon sac à dos.

Elle sourit gentiment.

-Si tu as besoin de quoi que ce soir, dis-moi. Et fais comme chez toi.

Je hoche la tête en faisant abstraction du pincement au cœur que je ressens. Je n'ose pas lui dire que je n'ai pas de chez-moi. La plupart du temps, je l'oubli. Mais parfois comme aujourd'hui, cela me rappelle à moi et c'est plus douloureux que ce que je prétends.

Je décide de changer de sujet et de poser des questions puisque je suis seule avec elle. Luna est sous la douche et les garçons sont dans le jardin avec Anthony, notre hôte.

-Vous connaissez bien Michael Count? Demandé-je en me rappelant la familiarité dont elle a fait preuve avec lui tout à l'heure.

Sur les îles, les présidents font partie d'un autre monde, d'une autre élite.

Elle sourit encore.

-Oui. Très bien même. En fait, il a épousé ma fille.

J'écarquille les yeux.

-Ah bon? Oh, je... Je ne savais pas, désolée.

-Il n'y as pas de mal, tu fais bien de poser la question! Et ils ont une fille, aujourd'hui c'est presque une femme. Je la vois toujours comme une petite-fille et pourtant... aujourd'hui elle manie des armes à feu. Marmonne-t-elle, plongée dans ses pensées.

-Pourquoi? Je veux dire pourquoi elle manie des armes à feu?

-Elle s'occupe des frontières. Elle surveille l'entrée et la sortie d'Everest.

Je hoche la tête en comprenant soudainement qui est sa petite fille.

-Elle s'appelle Shana?

-Oui! Comment le sais-tu? S'exclame-t-elle.

-Nous l'avons rencontrée en arrivant. Dis-je en souriant.

Ainsi, Shana est la fille du président? Jamais, je n'aurais pu le soupçonner.

-Ah, d'accord, je comprends mieux! En tout cas, je la trouve bien trop jeune pour cette tâche... Mais comme depuis toujours, Michael l'élève comme un garçon et ma fille ne s'en rend pas compte, et puis elle ne m'écoute pas et... Oh pardon Abby, je ne veux pas t'embêter avec tout ça. N'écoute pas les ronchonnements d'une grand-mère amère!

Je souris sincèrement, amusée. Elle me fait penser à ma grand-mère. Je suis sûre qu'elle aurait été du même style. Penser à ma grand-mère décédée par ma faute me fait mal mais j'essaie d'oublier la douleur.

-Bref, installes toi, prend une bonne douche. La salle de bain est au bout du couloir. Vous avez tous l'étage rien que pour vous.

-Merci beaucoup Bianca. Dis-je en jetant un coup d'œil à la pendule et en constatant qu'il est tard. Ne vous inquiétez pas pour nous. Bonne nuit.

-Bonne nuit Abby. Reposes-toi bien. Et tutoie-moi, je t'en prie!

********

Allongée au milieu du lit, les bras en croix, je ne trouve pas le sommeil. Comme presque tous les soirs, je pense à tout ce qui s'est passé. Chaque soir, je me hais un peu plus. J'apporte la mort partout où je passe.

Mes parents sont morts en voulant me protéger. Mélissa est morte devant mes yeux. J'ai blessé Ben. Et au fond de moi, j'ai espéré l'avoir tué. Suis-je un monstre pour avoir espéré une chose pareille? J'ai aussi tué Tom et ma grand-mère.

Mes parents me manquent. J'aurais tant voulu avoir une grand-mère. Mélissa me manque. Tom me manque tellement.

J'éclate en sanglot et me roule en boule dans un coin du lit.

Si j'avais su... Si j'avais su que Tom mourrait rapidement à cause de moi... Je lui aurais dit que je l'adorais. Qu'il était mon meilleur ami, celui qui me donnait envie de vivre.

Si j'avais su que Mélissa serait tuée, je l'aurais prise dans mes bras, je lui aurais dit que je l'aimais. Je ne l'aurais jamais laissée se faire punir à ma place.

Après tout, c'est ainsi que ça fonctionne non? On se rend compte de la valeur de quelqu'un quand elle s'enfuie de notre vie.

Je plaque une main sur ma bouche pour étouffer mes pleurs et m'efforce de faire le moins du bruit possible. Mes larmes coulent le long de mes joues et de ma gorge et bientôt, j'ai chaud, je suis sur le point d'éclater.

Respire.

Mélissa me répétait ça pendant ce qui me semblait des heures. Plus petite, je faisais des crises de panique régulièrement. Elle était toujours là. Elle me berçait et m'encourageait à respirer. Aujourd'hui, je n'en fais plus. Je ne dois pas replonger.

Je m'efforce à respirer lentement, et à compter mes respirations comme ma grande-sœur de cœur me l'a appris.

Alors que je commence à sentir l'air rentrer à nouveau dans mes poumons, deux coups discrets sont tapés à ma porte. Je sursaute, ramène les draps autour de moi et retiens mon souffle.

-Oui? Chuchoté-je.

Ma porte s'entrouvre doucement et je distingue Esteban grâce à la lumière de la lune. Dès qu'il me voit, il referme la porte derrière lui et se précipite vers moi.

-Abby? Qu'est-ce-qui se passe?

Dès que ses bras entourent mon corps, je suffoque à nouveau et mes larmes se remettent à couler.

-Rien... R...Rien.

Je me rends soudainement compte que je suis encore en train de l'embêter avec mes pleurs et mes soucis et m'excuse:

-Je... Je s...suis désolée. Tout... Tout va bien.

Sa main caresse mes cheveux et me serre contre lui. Il s'allonge avec moi sans me lâcher.

-Chuuuut. Ne te retiens pas. Pleure.

Dès que j'ai l'autorisation, je lâche les vannes.

Je sanglote durant ce qui me semble être des heures mais Esteban ne se plains pas, ne bouge pas, ne pars pas. Ses bras restent autour de moi.

Et je reste ainsi, blottie contre lui, jusqu'à m'endormir d'épuisement.

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Hey les amis, 

Donnez moi vos avis. Un chapitre plus triste, mais vous pouvez voir que Abby n est pas insensible à tout ce qui s'est passé... 

merci de voter, de me suivre, de m'encourager ♥

XOXO

Séléna ♥♥♥

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