16. Seulement toi
-Alors... Vous allez d'abord sur Newearth ou sur Neworld? Demande Luna.
-Je ne sais pas... soupiré-je. Je ne sais même pas comment faire.
-Explique leur ton plan. Ils auront peut-être des idées. Suggère Esteban.
Je relève les yeux vers lui, surprise. Je me retiens de dire que ce n'est pas mon plan, mais le nôtre. Mais je sais qu'il fait ça pour me mettre en avant. Et même si je ne veux pas de cette mise en avant, je ne dis rien.
-J'aimerai que les Neworld et Newearth soient comme ici. Que chaque personne puisse choisir l'endroit et la façon dont il veut vivre. Je pense que le gouvernement de Clarks et de Robert ne mérite pas de rester ainsi plus longtemps. Mais je ne sais pas comment on pourrait réaliser tout ça. J'ai l'impression que... tout cela est bien trop important pour moi. Que même si c'est l'œuvre de mes parents, que je ne suis eux et que je n'y arriverai pas.
-Même si c'est ambitieux, pourquoi ne pas essayer? Demande Samuel.
-Tu penses qu'on devrait essayer?
Il hoche la tête.
-Moi en tout cas, je te suis. Je suis d'accord avec toi.
-Moi aussi. Renchérit Sean.
Esteban entrelace ses doigts aux miens pour toute réponse.
-Je le suis aussi. Mais je ne veux pas retourner sur Neworld. C'est au-dessus de mes forces. J'ai trop de mauvais souvenirs. Je vous soutiens, vraiment. Mais d'ici. Dit Luna.
-Pas de problème, je comprends. Merci d'être là aussi.
Elle hausse ses épaules en évitant mon regard.
-Avant de commencer une guerre ou je ne sais quoi, je veux mettre ma famille à l'abri. La ramener ici. Ajoute Esteban.
Je hoche la tête.
-Je sais. Bien-sûr, il faut qu'on les emmène ici. Quelqu'un d'autre a une personne en particulier?
-Ma mère et mes deux petites sœurs. Dit Samuel.
-Mon père. Lâche Sean.
Luna elle ne dit rien. Quand elle comprend que nous la regardons, elle secoue la tête d'un air énervée.
-Arrêtez de me regarder. Je n'ai personne que je veux protéger. Laissez ma mère là où elle est. Et fichez moi la paix.
Je ne réponds rien, préférant changer de conversation. Sean me devance:
-On pourrait simplement les tuer. Les deux présidents, je veux dire. Je me chargerai volontiers de William Clarks.
-J'en ai parlé à Michael. On va faire sombrer les pays dans le chaos. Ça serait une catastrophe et quelqu'un en profiterait pour prendre le pouvoir.
-Ou bien... avance Samuel, on pourrait laisser ça au peuple...
Je me tourne vers lui, intéressée. Sam est celui parmi nous qui a l'esprit le plus méthodique.
-Comment ça?
-Si c'est une révolution. Si on commence à faire de la propagande, à soulever le peuple contre leur président, ça va faire du bruit. Clarks et Robert vont en entendre parler et prendre peur. Peut-être même qu'ils pourraient même essayer de s'allier ensemble contre la menace. Ça donne toute la population de Newearth et de Neworld contre deux hommes. On les livre au peuple et ils en font ce qu'ils veulent. Le gouvernement est libre. Il faut qu'Abby intervienne rapidement. Tu prends le pouvoir en attendant et tu fais des élections. Comme sur Everest.
Je hoche la tête. C'est un peu brouillon, mais ça pourrait le faire.
-Il faut qu'Abby soit alors déjà connue. Renchérit Sean. Qu'elle soit une tête familière pour que les gens lui fassent confiance. On pourrait mettre son visage sur les affiches de révolution. Comme un chef de guerre.
Je grimace. C'est effectivement, une bonne idée, mais suis-je assez forte pour tout ça?
-Tu me verrais chef de guerre? Demandé-je à Sean en haussant les sourcils.
Il hoche la tête en souriant.
-Ouais. Franchement, ouais.
-Tu te sens prête de faire ça? Me demande Esteban.
Je hausse les épaules.
-Je ne sais pas trop. Si vous êtes tous avec moi, peut-être. Mais il faut que j'y réfléchisse.
-Parles-en à Michael. Tu verras ce qu'il en pense. En tout cas, on est là et moi je suis prêt à venir avec toi. Il est temps que ça change. Dit Sean d'un ton ferme.
Je souris sincèrement avec l'envie de le serrer dans mes bras. Je sais que Sean est l'ami d'Esteban mais souvent, j'ai l'impression qu'il est le mien aussi. En tout cas, j'adorerai ça. C'est quelqu'un de courageux et de loyal.
-Merci. Ça serait génial de réussir un truc pareil.
-On aurait de quoi être fier de nous. Ajoute Sam.
-Vous y arriverez. J'en suis certaine. Dit Luna.
J'en suis étonnée. Parfois, je surprends cette partie de Luna, cette partie qu'Esteban devait aimer. Elle n'est pas simplement une garce et j'aperçois de temps en temps une autre fille derrière. J'espère juste qu'Esteban ne la voit plus.
Sean passe un bras autour de ses épaules et l'attire contre lui avant de lui ébouriffer la tête. Elle pousse un petit cri aigu en se débattant.
-Qu'est-ce-que tu racontes? Tu te la joue gentille maintenant?
-Lâches-moi!
Il la libère en riant.
-Elle a raison. Dit Samuel. Mais ce n'est pas «vous y arriverez». C'est «on y arrivera». T'es avec nous, Luna. T'es pas toute seule.
J'aperçois son regard sincère et je souris discrètement. Parce que j'ai des amis. Des amis qui ne laissent personne seul.
********
Prête à me coucher, je suis allongée sur le lit en train de lire le journal de mes parents quand Esteban sors de la salle de bain. Je lève les yeux vers lui. Ses cheveux sont encore mouillés, comme les miens. Il s'approche de moi et jette un coup d'œil à ma lecture.
-Tu apprends des choses?
Je hoche la tête. Ce carnet est un véritable trésor. Il est également très émouvant. Aujourd'hui, j'ai la certitude que mes parents m'aimaient de tout leur cœur.
-C'est génial de l'avoir. Si tu savais comment j'aimerais revoir mes parents.
Je referme le carnet et me penche vers lui.
-Merci au fait. Lui dis-je.
-Pour quoi?
-Pour être là. Pour me donner l'impression d'être importante. Que ce soit avec toi ou devant les autres.
-Tu es importante. Ce n'est pas une impression.
Son souffle caresse ma peau et des mèches de cheveux humides frôlent mon visage.
-Tu n'as besoin de personne pour être une héroïne. Souffle-t-il dans mon cou.
Je souris et l'attire contre moi et il tombe sur le lit au-dessus de moi. Mon cœur se gonfle d'amour et de reconnaissance. J'ai l'impression que nous sommes faits pour être ensemble. Je n'arrive pas à envisager ma vie sans lui.
-Pourquoi es-tu si parfait?
Il m'adresse un sourire goguenard.
-Aurais-tu succombé si facilement à mon charme?
Je l'embrasse pour toute réponse. Ça fait longtemps que j'y ai succombé, ai-je envie de répondre.
Ses lèvres se fondent aux miennes avec une perfection absolue et je remonte mes mains le long de ses bras, de son cou et caresse ses joues légèrement râpeuses. Puis, j'enfouis mes mains dans ses cheveux et attire son visage contre le mien. Il m'embrasse plus ardemment, enlaçant ma taille et pressant mon corps contre le sien.
Il s'écarte légèrement, juste pour plonger son regard dans le mien.
-Qu'est-ce-que tu veux Abby? Souffle-t-il.
-Toi. Seulement toi. Je te veux pour toujours. Avoué-je timidement.
Et à l'instant où je prononce ces mots, je réalise qu'ils sont complètement vrais.
-Pour toujours? Murmure-t-il.
Prise dans ma lancée, je continue:
-Je ne sais même pas où je vais, aujourd'hui. Encore moins dans un, deux ou dix ans. Mais je sais que je veux y être avec toi.
Devant son silence, mon cœur s'emballe. Lui ai-je fait peur? Peut-être qu'il n'est pas prêt... Peut-être qu'il n'en a pas envie... Peut-être qu'il n'envisage pas un avenir avec moi... Tous ces «peut-être» me blessent.
-Je... Tu... Enfin, ça ne te plaît pas? Bredouillé-je.
Il soupire et colle son front au mien. Ses doigts sont encore dans mes cheveux quand il murmure:
-Je t'aime.
Et je ne respire plus.
-Vraiment? Parvins-je à dire.
Il hoche la tête, un triste sourire naissant sur ses lèvres.
-Je suis amoureux de toi depuis longtemps, Abby. Il m'a juste fallu un peu de temps pour me l'avouer.
Je ferme les yeux. J'ai envie d'entendre encore et encore ces mots. De les imprimer sur mon cœur et sur ma peau. Je rouvre les yeux, caresse ses cheveux du bout de mes doigts. Il a l'air si vulnérable. Comme si ces mots lui avaient coûté bien plus que je ne l'imaginais.
Je me penche vers lui et l'embrasse doucement, tendrement. Puis, je goûte la peau de son cou et touche des lèvres sa pomme d'Adam. Celle-ci tressaute et je continue mon chemin. Quand je frôle le coton de son tee-shirt, je décide que celui-ci n'a plus sa place ici. Je glisse les mains dessous et je remonte le long de ses dos en caressant sa peau. Ses muscles se tendent au moment ou j'essaie d'enlever son tee-shirt. Il s'écarte quelque secondes de moi pour le retirer d'un geste souple.
Je fais alors courir mes mains sur son torse ferme, émerveillée par l'énergie qu'il dégage.
Sa peau est douce, comme du satin tendu sur du métal.
Quand je relève les yeux, j'aperçois qu'Esteban m'observe et une émotion intense me tord le ventre. Ses yeux s'embrasent, s'assombrissant légèrement.
Quand sa main trouve le bas de mon tee-shirt de pyjama et caresse mon ventre, mes poumons se vident de leur oxygène.
Je noue mes bras derrière sa tête et l'attire plus fort contre moi, le souffle court. J'en veux davantage. Je le veux tout entier.
Je glisse une main plus bas, sur son ventre mais la sienne se referme sur mon poignet, stoppant mon geste.
-Attends. Tu es sûre?
Sa voix est plus rauque que d'habitude. Je prends le temps de reprendre ma respiration avant de répondre. Quand j'y parviens, je ne murmure qu'un simple oui. Il ne se fait pas prier plus longtemps.
J'ai juste le temps d'éprouver une pointe de peur avant qu'il ne m'embrasse.
Et tous mes doutes et mes craintes s'envolent. Esteban les balaie d'un long et tendre baiser.
Nul besoin de mots. Nous pouvons tellement exprimer avec nos mains, nos yeux, notre cœur. Et je crois que je ne pourrais jamais me lasser de la sensation de sa peau contre la mienne, de la chaleur de son corps. Jamais je ne pourrais me lasser de son corps sur moi.
Car Esteban ne me rend pas seulement heureuse. Il me rend vivante. Il me rend libre.
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