15. Tel père, telle fille
ABBY
-Pourquoi tu n'as jamais raconté ce qui se passait avec Ben? Chuchote Esteban en faisant glisser un doigt sur ma tempe.
Nous sommes allongés dans mon lit, moi pelotonnée contre lui. Il doit être trois ou quatre heures du matin et la fête m'a épuisée. L'alcool me fait tourner la tête et mes paupières tombent sans mon accord. Je me force à ouvrir la bouche et déclare d'une voix pâteuse:
-J'avais peur de lui. J'ai toujours peur de lui, d'ailleurs.
-Tu ne t'es jamais dit que quelqu'un aurait pu t'aider?
Je baille à m'en décrocher la mâchoire.
-Non. Dans mes quartiers, c'est chacun pour soi. Et quand quelqu'un nous aide ou nous rends un service, on a une dette envers lui.
-Même à ton orphelinat?
-L'orphelinat où j'étais était bondé, le personnel dépassé par des dizaines d'enfants. Chaque jour, il y avait des nouveaux arrivants. Quand l'orphelinat parvient à placer un enfant, ils ne le reprennent pas: ils ont réussis à s'en débarrasser.
Esteban ne répond rien et je sens son doigt continuer son parcours, caresser ma joue, suivre la ligne de ma mâchoire et s'arrêter sur ma lèvre inférieure. Je ferme les yeux, l'esprit apaisé. Je me sens bien.
-Je suis désolé que tu ais été seule si longtemps.
Je hoche la tête avant de la caler contre son épaule.
-Bonne nuit. Murmure-t-il après un long silence.
-Bonne nuit. Marmonné-je, l'esprit brumeux.
Serrée ainsi contre lui, contre son corps chaud, j'ai l'impression que rien ne pourrait m'arriver. Mon cœur bat paisiblement, mon esprit se repose et mes paupières sont fermées sans craindre de devoir s'ouvrir en sursaut. Pour la première fois depuis très longtemps, je me sens complètement en sécurité.
Alors que je tombe dans les bras de Morphée, j'entends Esteban murmurer quelque chose. J'essaie de revenir à la réalité mais le sommeil est plus puissant que ma volonté. J'aurais juré qu'il disait quelque chose que je rêve d'entendre.
Quelque chose comme «je t'aime».
********
-J'ai une bonne et mauvaise nouvelle. Annonce Michael d'un air soucieux.
-Dites la mauvaise en premier.
-Harry Gerald est vivant.
Je plaque une main sur ma bouche, sous le choc.
-Quoi?
-Il a essayé de me joindre. Je viens de recevoir un message qui me demandait de l'informer si des naufragés arrivaient ici. Il a ajouté qu'il n'avait pas pu me le dire avant car il avait été souffrant mais qu'à présent, il était rétablit. Bien entendu, je n'ai pas répondu.
-Oh mon Dieu. Soufflé-je.
Je croyais cet homme mort. Je croyais qu'il ne pourrait plus me faire du mal. À présent, quand nous retournerons sur Neworld, nous le croiserons peut-être. Il pourrait s'en prendre à moi. À Esteban. À la famille d'Esteban... Je passe une main sur mes paupières. Un problème de plus à ceux de la liste. Une liste déjà longue.
-Nous trouverons une solution. Me réconforte Michael. En attendant, voilà la bonne nouvelle: j'ai discuté avec plusieurs personnes du fait que tu souhaites retourner sur les îles. Après mûres réflexions, nous pensons que c'est possible. Il va juste vous falloir quelques entraînements et un plan sûr.
-Merci beaucoup Michael. Merci de nous aider et pour tout le reste.
Il hoche humblement la tête.
-Ne t'en fais pas. On va gérer tout ça. On va établir un programme. Vous devez décider qui va sur les îles et pour aller chercher qui exactement. Ces personnes-là devront être formées à savoir se battre et manier une arme à feu. Puis, vous pourrez partir.
-Dans combien de temps pensez-vous que nous serons prêts?
-On va essayer de faire ça en moins d'un mois. Je pense que c'est faisable.
-Je voulais aussi vous parlez de quelque chose... de plus... grand. Ça révolutionnerait la planète. Avancé-je, hésitante.
Michael fronce les sourcils et jette un coup d'œil aux gardes du corps derrière moi.
-Pouvez-vous nous laisser s'il-vous-plait?
Ils nous laissent seuls et je prépare mon petit discours.
J'ai peur de l'inquiéter. Qu'il pense que je suis folle et que j'ai des idées bien trop irréalisables. Pourtant, je me jette à l'eau:
-William Clarks, Paul Robert... ce sont des dictateurs, ni plus ni moins. J'aimerais... Enfin j'aimerais beaucoup trouver une solution pour que les deux îles soient libres. J'aimerais beaucoup finir ce que mes parents avaient commencés. Je pense que les gens ont le droit d'être heureux.
Il sourit et secoue la tête d'un air amusé. Étonnement, il n'a pas l'air moqueur.
-Tel père, telle fille. Marmonne-t-il.
Je ne dis rien même si cette phrase me réchauffe le cœur.
-Vous pensez que c'est possible?
-Tout est possible Abby. Mais comment veux-tu t'y prendre?
-J'espérais que vous auriez une idée...
-Je vais y réfléchir et en parler autour de moi mais... Est-ce-que tu as pensé aux conséquences? Tu veux renverser les gouvernements mais qui va prendre la tête de tout ça après? Ça serait l'anarchie. Le chaos. Il faut un nouveau dirigeant. Mais, durant le chaos, certains en profitent pour prendre le pouvoir. Et au final, ça devient pire que ce que c'était avant.
-Vous! Vous pourrez prendre le gouvernement des trois îles si elles sont rassemblées.
Il secoue la tête.
-C'est bien trop important. Je ne veux pas être ça. Ici, être un petit président qu'on appelle par son prénom et qui vit sur le bord de l'océan me plait. Je ne veux pas plus.
Je baisse les yeux, déçue. Mon plan tombe à l'eau.
-Ne baisse pas les bras, Abby. Réfléchis. Et reviens me voir dès que tu as mieux.
Je me lève et le remercie. Juste avant de quitter la pièce, Michael me rappelle:
-Abby?
Je me retourne.
-Tes parents auraient été fiers de toi.
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Salut!
Désolée du retard, je galère vraiment à écrire en ce moment... J'espère que ce chapitre vous a plus quand même, laissez moi vos avis et un petit vote ;-)
Bon week-end à tous,
Love,
Séléna. <3
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