Chapitre 3

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis qu'Emilia avait surpris le jeune homme dans son appartement. Celui-ci n'avait pas repris sa forme humaine depuis, mis à part lorsqu'il était certain que la brune était absente pour un bon moment. Pour l'aider, celle-ci avait affiché son horaire de cours et de travail sur le réfrigérateur et il le suivait à la lettre. D'ailleurs, depuis ce fameux jour, même lorsqu'il était sous sa forme animale, il n'avait plus osé s'approcher d'elle comme il le faisait avant l'incident, de peur de l'effrayer à nouveau. Il lui laissait son espace à contre cœur, car qu'il n'avait qu'une envie, c'était de se poser sur son épaule ou dans la capuche de son pull comme il le faisait habituellement. Cela avait duré deux semaines jusqu'à ce qu'une nuit, Emilia ne se réveille en pleine crise d'anxiété, la respiration erratique, s'étouffant presque tant elle pleurait. Le vacarme qu'elle faisait avait réveillé le petit phalanger qui, sans réfléchir, sauta de son perchoir pour atterrir sur le lit de la jeune femme. Il grimpa rapidement le long de son bras tremblant et se posa à plat sur sa tête, ne sachant que faire d'autre. D'habitude, lorsqu'il le faisait, cela faisait rire Emilia et elle le laissait faire. Pourtant, cette fois-ci, il crut qu'elle allait le jeter par terre lorsqu'elle le prit dans sa main. Mais au lieu de ça, elle le posa sur son oreiller alors qu'elle s'allongeait à nouveau, indiquant au petit animal qu'il pouvait revenir se pelotonner contre elle. La brune se mit alors à caresser son petit compagnon d'une main distraite et peu à peu, tomba à nouveau dans le sommeil.

Le lendemain matin, Emilia se leva sans faire de bruit et sorti tout aussi discrètement de son appartement après s'être préparée et avoir pris un petit déjeuner rapide. Elle n'avait pas cours puisque nous étions samedi, mais elle avait décidé d'aller acheter des vêtements pour le jeune homme qui squattait son domicile. Évidemment elle le laissait rester, mais s'il pouvait arrêter de se promener uniquement avec une serviette autour de la taille, ce serait une bonne chose. Elle se rendit alors dans une petite boutique de vêtements non loin de chez elle. A vrai dire, il était à peine à 100 mètres de là. Lorsqu'elle entra dans le bâtiment, elle scanna rapidement son environnement et se dirigea immédiatement vers le rayon contenant des vêtements qui semblaient relativement confortables et choisit quelques pièces aux couleurs basiques soit blanches, noires et grises. Emilia se dirigea ensuite vers la caisse où elle aperçut une jeune femme qu'elle reconnaissait de sa fac. Elle savait uniquement qu'elle était dans la même année qu'elle et qu'elle s'appelait Maya. Elle la salua et s'apprêta à payer ses achats lorsqu'elle sentit une main se poser sur son épaule et la serrer avec force. La jeune femme vit volte-face pour se retrouver face à son ex petit-ami, Alex.

_ Qu'est-ce que tu veux Alex ?! Demanda-t-elle d'une voix tremblante de peur.

_ Tu pourrais juste me dire bonjour... Répondit-il d'une voix mielleuse tout en lui caressant la joue.

Heureusement pour Emilia, la vendeuse se rendit compte du malaise ambiant et menaça le nouvel arrivant d'appeler la police.

_ La police ? Ricana-t-il. Mon père y travaille. Ils ne viendront pas !

_ Et mon père est lieutenant. Tu peux en dire autant du tien ? Demanda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

Le jeune homme souffla de rage et sorti de la boutique en claquant la porte mais ne s'éloigna pas pour autant, bien décidé à mettre la main sur Emilia lorsqu'elle sortirait.

_ Merci, mais je ne suis pas certaine que ça suffira... Soupira Emilia en se massant les tempes.

_ Tu n'as personne à appeler pour venir te rejoindre ici ?

La brune réfléchit. Elle aurait dû dire que non, que personne ne pouvait la rejoindre à la boutique et pourtant, quelqu'un lui vint à l'esprit. Elle hésitait à composer le numéro de son propre téléphone fixe pour demander à son squatteur de lui venir en aide.

_ Peut-être... Je vais essayer. Après tout, elle n'avait rien à perdre.

Elle se saisit de son téléphone portable et composa le numéro de téléphone de son appartement et attendit patiemment, espérant de tout son cœur que le jeune homme ose répondre. Après six sonneries, une voix douce retentit à l'autre bout du fil.

_ Emilia ? Tout va bien ? Demanda-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.

_ Je... Non... Je suis dans une boutique de vêtements pour hommes pas loin de l'appart' et je...

Silence... Elle ne savait pas comment amener la chose.

_ Tu veux que je vienne te rejoindre ? Offrit-il gentiment.

_ S'il te plait...

_ D'accord mais par contre euh... Je ne vais pas sortir en serviette...

Évidemment, elle n'y avait pas pensé. Elle lui indiqua qu'il y avait quelques vêtements d'homme dans son armoire et qu'il pouvait en prendre. Le jeune homme la remercia et lui promit qu'il ferait au plus vite. Emilia raccrocha et soupira de soulagement. Mais l'était-elle réellement ? Elle n'aurait su le dire. Elle était perdue dans ses pensées lorsque soudain, elle s'aperçut du regard surpris que la jeune vendeuse avait posé sur elle.

_ Oh euh... C'est mon nouveau colocataire, il est arrivé de l'étranger et ils ont perdu sa valise à l'aéroport. Se justifia-t-elle en se grattant l'arrière de la tête.

_ Je vois ! Dit-elle d'un air amusé. En tout cas, ne t'inquiète pas, tu peux attendre ici qu'il arrive.

_ Tu travailles ici depuis longtemps ? Demanda Emilia après quelques secondes de silence.

_ Assez oui, ma mère est la propriétaire de la boutique ! Expliqua-t-elle en arborant un large sourire.

_ Oh ! Je ne savais pas. Admis Emilia avec un petit sourire.

_ Eh bien, il faut avouer que tu ne sais pas grand-chose sur qui que ce soit puisque tu n'as pas l'air d'aimer te mêler aux gens.

Emilia aurait pu prendre cette réflexion pour une moquerie et pourtant, le ton employé par sa camarade de classe semblait bien veillant.

_ Oh ce n'est pas une mauvaise chose ! La rassura-t-elle. Ca permet d'éviter les mauvaises rencontres... Parfois.

Parfois. C'était le bon mot. Avant qu'Emilia n'ait pu répondre quoi que ce soit, la clochette reliée à la porte de la boutique retentit, indiquant que quelqu'un était entré dans le bâtiment. La brune se retourna vivement pour apercevoir le jeune homme qu'elle avait appelé à l'aide quelques minutes plus tôt. Il salua brièvement la jeune vendeuse avant de se concentrer sur son humaine en lui jetant un regard inquiet. En arrivant devant la boutique, il avait vu son ex petit-ami et avait immédiatement compris la raison de son appel alors que clairement, vu le regard qu'elle lui lançait en ce moment-même, elle se méfiait toujours de lui.

_ Il t'a fait du mal ? Demanda-t-il immédiatement.

Emilia secoua la tête, provoquant chez le nouvel arrivant un soupir de soulagement. La brune se tourna ensuite vers Maya, prit le sac qui contenait ses achats tout en la remerciant et suivit le jeune homme qui se dirigea calmement vers la porte en verre de la boutique qu'il poussa en lançant un regard en biais à l'indésirable qui n'avait pas bougé depuis tout à l'heure. En passant à côté de lui, la jeune femme ne put s'empêcher d'agripper la main de son sauveur et de le suivre de près. Comme ils n'étaient pas loin de l'appartement, le trajet ne dura que peu de temps. Une fois à l'intérieur de son appartement, Emilia lâcha la main du jeune homme et sans un seul mot, alla mettre les vêtements qu'elle avait acheté dans la machine à laver.

_ Ca t'arrive souvent d'acheter des vêtements pour homme ? Demanda-t-il, curieux.

_ Non. Répondit-elle dans un sursaut. En fait c'est pour toi... Histoire que tu ne te ballades plus uniquement en serviette dans l'appart'.

Le jeune homme afficha un sourire gêné avant de grommeler un petit « merci » entre ses dents. Il l'observa faire et se rendit vite compte qu'elle avait envie de lui dire quelque chose et malgré sa curiosité maladive et son envie de savoir, il ne la pressa pas.

_ Est-ce que... ton bras va mieux ?

_ Ca va, je n'ai plus rien. La rassura-t-il en remontant sa manche. C'est un des avantages lorsqu'on est un hybride. Expliqua-t-il devant son air choqué.

La brune acquiesça avant de se frayer rapidement un chemin pour aller jusqu'à la cuisine. Le jeune homme la suivit mais se dirigea vers la salle de bain.

_ Je vais me changer... Je pense que tu m'as suffisamment vu pour aujourd'hui. Dit-il, une pointe de tristesse dans la voix.

_ Attends ! Attends... Je vais faire à manger. Tu en veux ?

_ Mets-moi une assiette au frigo, je la mangerai plus tard. La remercia-t-il d'un signe de tête.

_ Au fait, comment tu t'appelles ? Histoire que je puisse t'appeler par ton vrai prénom et pas...

_ Et pas Sungie ? Continua-t-il d'un air amusé. Tu n'étais pas loin. Je m'appelle Jisung. 

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