Boston, le labyrinthe
Daphnée est finalement arrivée à Boston, malgré la partie en elle qui voulait à tout prix retourner chez ses parents. Maintenant, il est officiellement trop tard pour faire demi-tour. Elle s'aventure dans les rues de cette grande ville, heureuse d'avoir plutôt écouté la voix de sa conscience, mais son progrès est aussitôt mis en pause par le trafic présent dans les rues. Plus rien n'avance, les coups de klaxon résonnent en arrière-plan et bientôt une ligne de voitures se forme dans la rue. Daphnée n'a d'autre choix que d'user de sa patience, alors aussi bien passer le temps en observant autour d'elle.
Les routes ne sont pas les seules à être bondées, puisque les trottoirs sont également occupés à pleine capacité. Même qu'il y a tellement de piétons que certains se voient obligés de marcher dans la rue. Partout où elle regarde, il y a des gens; certains semblent visiter la ville, d'autres ont l'air de faire les magasins. Ces derniers sont d'ailleurs bien gâtés, puisqu'il semble y avoir autant de magasins sur le bord des rues qu'il y a de taxis à New York, c'est-à-dire beaucoup. Il y a aussi tant de diversité; comme des magasins de vêtements, de maquillage, de cafés et à peu près tout ce qu'une personne peut souhaiter acheter. Nommez-le et c'est à peu près certain que cette rue a un magasin qui en vend. Et ce n'est probablement pas important de le mentionner, mais les magasins de café sont à chaque coin de rue que Daphnée a pu voir jusqu'à date. Un peu plus et deux Starbucks se font compétition tant ils sont installés proches l'un de l'autre. Et que dire de tous ces Dunkin' Donuts ?
Daphnée continue son observation de la ville de Boston, encore plus émerveillée par tout ce qu'elle découvre. Cette ville semble si... vivante. Tout semble être en action, à part évidemment pour les voitures qui n'avancent toujours pas d'un pouce. Puis, contre toutes ses attentes, dès lors où cette remarque atteint ses pensées, la ligne recommence à avancer. Tranquillement d'abord, puis elle se remet à fonctionner à plein régime.
Il ne reste plus qu'à trouver son appartement maintenant. Si seulement Daphnée pouvait trouver cette carte routière que ses parents lui ont fait amener par précaution... En manque d'autre solution, elle s'arrête dans un stationnement et se met à chercher plus minutieusement pour cette carte, qui lui serait fort utile en ce moment. Daphnée finit par abandonner cette chasse à la carte et opte pour la solution facile; appeler ses parents. Elle trouve que c'est plutôt pitoyable d'avoir à appeler ses parents à la rescousse après seulement cinq heures d'indépendance, mais que peut-elle bien y faire ? Elle compose le numéro de la maison sur son cellulaire et entend la sonnerie d'appel.
« Allô, ma chérie ! Es-tu déjà arrivée chez toi ? retentit la voix de sa mère.
- Oui et non. Je suis arrivée à Boston, mais j'ai un petit problème technique et j'espérais que tu puisses m'aider.
- Ne me dis pas que tu t'es déjà perdue, se moque son père à l'autre bout du fil .
- Arrête de te moquer, papa. Je ne trouve pas la carte routière que je me suis fait imprimer, alors je ne sais plus comment me rendre à l'appartement.
- Ne sois pas surprise de ne pas la trouver, chérie, tu l'as laissée sur ta table de chevet », intervient sa mère.
Comment peut-elle avoir oublié quelque chose de si important ? Elle a pourtant pris la peine de tout noter et surligner les endroits à retenir, comme l'université et l'appartement, et aussi de la mettre bien en vue juste à côté de sa valise.
« Tu oublies toujours tout, Daph !
- Je retiens ce trait de personnalité de toi, maman.
- Je sais, mais ça me fait tout de même rire à chaque fois... Te rappelles-tu de la fois où tu as oublié d'apporter des vêtements de rechange lorsque nous sommes allés au camping ? C'était hilarant ! Tu as dû porter le même linge pendant trois jours !
- Je ne m'en rappelle que trop bien, se remémore Daphnée avec un sourire. Pendant la troisième journée, j'avais dû m'enrouler d'une serviette parce que mon linge était tout mouillé et qu'il devait sécher sur la corde à linge. Il ne me restait que mes sous-vêtements ! »
Les deux filles rient ensemble en se remémorant toutes ces drôles de péripéties. Il s'est passé bien des choses depuis l'enfance de Daphnée.
« Je m'en souviens également, enchaîne son père. Cependant, nous n'avons pas le temps de discuter de tout ça maintenant. Ton rendez-vous avec la propriétaire est dans une demi-heure seulement.
- Ton père a raison, ma chouette. Dis-nous comment nous pouvons t'aider.
- Je suis rendue sur l'Avenue du Massachusetts et je ne sais plus où aller à partir de là.
- Mets ton cellulaire sur haut-parleur et nous allons te diriger au fur et à mesure de ton trajet », dit son père.
Daphnée suit alors toutes les instructions de son père et le chemin se fait sans encombre jusqu'au bloc-appartements.
« Bonne journée, chérie ! Et n'oublie surtout pas de nous appeler pour nous tenir au courant des ragots croustillants.
- Oui, maman. Je vais tout vous raconter comment se passe ma vie en solo et à l'université. C'est promis, seulement je ne vais vous appeler que de temps en temps. J'ai peur d'être bien occupée avec tous les cours que j'ai à mon horaire.
- Bien évidemment, ma puce, ajoute son père.
- Cependant, la sermonne sa mère, si jamais j'apprends que tu rencontres un garçon et que tu ne m'en parles pas; tu vas passer un mauvais quart d'heure, ma grande. Est-ce que tu as bien compris ?
- D'accord, maman, mais ne tiens pas trop de faux espoirs. Je ne sais pas si j'aurai du temps pour les garçons. Je te l'ai déjà dit, je vais être très occupée à l'université.
- Cesse d'être rabat-joie comme ton père, Daphnée ! L'université est faite pour s'amuser, sinon pour quoi d'autre auraient-ils inventé une autre étape après le secondaire ? Et puis, tout le monde a du temps pour vivre une histoire d'amour !
- Si tu le dis... Je dois y aller maintenant, car c'est bientôt l'heure de mon rendez-vous. On se parle une autre fois, d'accord ?
- À plus, ma chérie.
- Fais attention à toi, la salue son père, ainsi qu'aux garçons »
Elle raccroche et se laisse tomber sur son dossier. En voilà une conversation bizarre à avoir avec ses parents. D'un côté, sa mère lui dit de se préparer à vivre une histoire d'amour et d'un autre, son père lui conseille de se méfier des garçons. Qui doit-elle écouter ? Est-ce mieux d'ouvrir son cœur ou de le protéger ?
De toute façon, ce n'est pas un questionnement qui a lieu d'être pour le moment. Elle se cassera la tête plus tard avec les conseils de ses parents. Pour l'instant, elle doit y aller. La propriétaire et l'agent immobilier l'attendent. Elle peut déjà les voir debout à l'entrée du bloc-appartements. Il ne manque plus qu'elle pour que la réunion commence. Alors, elle sort de sa voiture et se dirige la tête haute vers les deux adultes.
La propriétaire est à première vue une femme de la cinquantaine. Elle a les cheveux châtains remontés en queue de cheval et quelques mèches blanches rebelles qui s'échappent de l'élastique, ainsi qu'une présence rassurante qui met immédiatement la jeune fille à l'aise. Alors même qu'elle se tient debout dans cette chaleur torride de fin du mois d'août, elle arbore un grand sourire sur son visage à peine ridé et se présente chaleureusement à Daphnée :
« Je suis Josée, la propriétaire de ce bloc-appartements. Je suis ravie de te rencontrer, Daphnée.
- Je suis également ravie de faire votre connaissance, madame, répond-elle avec un sourire.
- Je t'en prie, tu peux me tutoyer. Je ne suis pas si vieille que ça, quand même ! Appelle-moi Josée »
C'est alors que l'agent immobilier se joint à la conversation. Daphnée tourne la tête vers lui pendant qu'il se présente. Il porte un costume et promène un attaché-case noir, pareil comme les chefs de mafia dans les films américains; seulement le look n'est pas complet sans les lunettes noires et le chapeau assorti. Il ne se détache pas de son visage sérieux et n'a pas l'air de suer dans son costume en cette chaude journée.
« Je suis Richard White, l'agent immobilier avec qui vous avez communiqué pendant les dernières semaines. Je suis heureux d'enfin faire votre connaissance, mademoiselle Wilson.
- Pareil pour moi, monsieur White.
- Pouvons-nous commencer la visite ? », enchaîne Josée, sans se départir de son éternelle bonne humeur.
Les trois se dirigent vers l'intérieur et montent les marches jusqu'à l'appartement 3A. Une fois qu'ils sont rendus devant la bonne porte, Josée sort un trousseau de clés de sa poche et débarre la porte, laissant passer Daphnée devant elle. Cette dernière entre dans l'appartement.
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