02 - Le Padre
Avant même que Baptiste puisse finir sa phrase, l'homme lui saisit son col de chemise, le souleva de la chaise et le plaqua contre le mur. Le geste fut si rapide que Baptiste ne put réagir et si violent qu'il en eut le souffle coupé lorsque son dos heurta les briques de ciment.
Il tenta de se dégager, basculant ses jambes dans tous les sens, agrippant la main qui le tenait à la gorge sans succès.
Il grognait des paroles incompréhensibles alors que l'homme le regardait froidement.
- Tu ne la mérites pas. Tu ne mérites pas la vie qu'elle t'offre.
- On n'a pas gardé les cochons ensemble, connard ! De quel droit tu me tutoies ! Lâche-moi !
L'homme resserra plus encore sa prise autour du cou. Baptiste se crispa, tendit son visage, essayant d'échapper à cette poigne sans réussir. Sa gorge se noua, son souffle devint court, son cœur battait la chamade.
C'était qui ce type pour qu'il en sache autant sur sa vie ? Vêtu avec classe, le dominant autant par sa taille que par son regard, il avait de solides arguments, c'était indéniable, et la manière de procéder démontrait qu'il n'en était pas à son premier affrontement de ce genre.
Les pensées de Baptiste partirent vers l'altercation, il se souvint de ses dernières minutes de liberté.
Marchant dans la rue, sifflotant, tenant dans sa main un bouquet de fleurs, il venait de tourner au coin de la rue, s'apprêtait à les rejoindre, surtout elle, lorsqu'un malabar lui avait barré le chemin. Baptiste loin d'être petit et fluet, ne s'était pas laissé impressionner. Il avait fait un pas de côté, perdant son sourire. Puis un second en fronçant les sourcils. Il était resté poli en demandant de s'écarter. L'homme avait obéi mais l'avait entraîné avec lui dans son sillage. Il se souvenait d'une limousine noire, la portière qui s'était ouverte brusquement, avant d'être projeté sur la banquette arrière. L'intérieur était très luxueux, le moteur silencieux et deux paires d'yeux ne cessaient de le scruter.
Rapidement, Baptiste s'était énervé, avait saisi la poignée de la porte, menaçant de sauter même si la voiture avait repris sa route. Secrètement, il imaginait le faire au prochain feu rouge. Il n'était pas si courageux. Mais il interrompit son geste en voyant pour la première fois de sa vie un revolver pointer sur lui. En une fraction de seconde, il avait senti ses mains devenir moites, ses couleurs quitter son visage et son corps réprimer un frisson d'effroi. Tout s'était déroulé si vite qu'il n'avait pas eu le temps de réagir. A cet instant, il avait le sentiment d'assister à une scène de film, puis lorsque son esprit fut convaincu que tout ceci était bien réel, il s'était mis à réfléchir à vive allure.
Il avait repensé aux nombreuses conneries qu'il avait faites dans sa vie, mais aucune ne méritait un tel traitement. Que ce soit ses petites infractions sur la route, ou les tricheries lors de ses examens. Même si aujourd'hui ça lui arrivait de faire jouer ses relations pour obtenir un contrat, cela ne faisait de tort à personne. Du moins pas au point d'en venir à craindre pour sa vie. La seule qui avait une raison de lui en vouloir était son épouse, mais elle ne se doutait de rien, et ainsi ne souffrait pas.
Les minutes s'étaient déroulées en silence. La voiture avait circulé, sans que Baptiste ne regarde vraiment dehors. Il tournait le dos au chauffeur, les vitres étaient sombres et surtout il était obnubilé par le canon tourné vers lui. Tétanisé, même.
Face à lui une autre banquette en cuir moelleux accueillait le malabar ainsi qu'un homme très classe, à l'air hautain. Tous les deux l'observaient en silence.
Au bout de quelques minutes, Baptiste avait osé prononcer quelques mots en demandant ce qu'ils lui voulaient.
- Nous parlerons dans un lieu sûr, avait répondu froidement l'homme au costume que Baptiste appelait silencieusement le « padre ».
L'homme ressemblait au chef de gang dans des films de gangsters. Il avait la même attitude, la même classe et la scène était digne d'une telle parodie.
Une pensée un peu folle lui avait alors traversé l'esprit, lui redonnant de l'espoir. Ils avaient dû se tromper. Des hommes lui ressemblant, il y en avait des dizaines dans les rues de Paris. Brun, taille moyenne, yeux noir, vêtements de ville, chic et sportif. Même s'il avait un certain charme, il ne sortait pas vraiment du lot et n'avait rien de particulier. Il récoltait des sourires et flirtait par moment, mais c'était davantage grâce à sa tchatche qu'à sa belle gueule.
Mais le soulagement laissa rapidement la place à la panique. S'ils s'étaient trompés et qu'ils l'interrogeaient ? Puisqu'il ne savait rien... comment allait-il s'en sortir ? Il ne pourrait pas les bluffer longtemps. Et s'ils le maltraitaient ? Comment sa femme reconnaîtrait son corps si ces hommes le défiguraient ? Il n'avait aucune marque, aucune cicatrice, pas même un tatouage. Allaient-ils le torturer... le tuer... ses mots tournaient en boucle dans sa tête, tout comme des images issues des productions hollywoodiennes.
La panique l'avait alors repris et il avait supplié de le relâcher, les assurant qu'ils avaient fait une erreur.
Très calmement, le malabar avait secoué la tête en faisant claquer sa langue contre son palais « tzz tzz tzz. »
À l'abri des regards dans cette espèce de cave humide et loin des bruits extérieurs, le chef ou plutôt le « padre » plissa les yeux, sentit que Baptiste ne parvenait plus à reprendre son souffle ni à déglutir.
- Si j'obtiens ton accord, tu ne seras pas sali et dans un an elle te reviendra. Mais avant... j'ai besoin que tu me donnes ta parole, en signant ce foutu papier !
L'homme de main, resté en retrait jusqu'à présent, apparut dans le champ de vision de Baptiste et prononça des paroles qui firent froid dans le dos du prisonnier :
- Ne le tuez pas, Monsieur. Vous avez encore besoin de lui.
- Me... me tuer ? paniqua Baptiste.
L'homme sans changer une once de son expression, éructa d'une voix monocorde :
- Un coup sec, ta nuque se brise et ta femme se retrouve veuve. À toi de choisir !
Un éclair de rage traversa les pupilles de Baptiste alors que les secondes précédentes c'était la peur qui le tenaillait. Il le défia en silence, puis baissa les yeux et chuchota :
- J'accepte.
- Magnifique ! sourit l'homme en costume relâchant brusquement son adversaire.
Baptiste s'effondra au sol, toussant fortement, se tenant la gorge et essayant d'écarter le col de sa chemise comme s'il avait encore du mal à respirer.
********************
!!! ... ATTENTION ... !!! ... ATTENTION ... !!! ... ATTENTION ... !!!
Cette histoire a été envoyée à des éditeurs et une maison a dit OUIIIIIIIIIIIII
Léonard et Amandine sortiront en été 2021 <3
Vous êtes prêts.es à les suivre dans leurs aventures ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top