Chapitre XXXVII
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Paige Wells.
Arrivée à mon casier, mon coeur bat bien trop vite à mon goût. C'est comme si j'avais un peu recouvré de ma vivacité habituelle en tant que Paige et non pas en tant que Raven. Mais bon, il ne faut pas trop rêver, j'ai dis un peu. J'ouvre alors le casier en vitesse en profitant du retard de Cassidy et me met à fouiller dedans avec frénésie. Enfin je le trouve, le petit carnet de croquis de mon amie... Je l'ouvre comme si il s'agissait de la chose la plus précieuse que je possédais et tourne les pages avec délicatesse en admirant ses oeuvres. J'ai beau les avoir déjà vue, aujourd'hui je les contemple d'un oeil nouveau. Après cette rencontre que j'ai faites avec le tant admiré Spider-Man, je me renseigne sur son cas dès que j'en ai l'occasion. Il m'intrigue à un point que moi-même je ne comprends pas et en ce jour, la dernière chose que je peux redécouvrir est l'avis de Cassidy sur ce garçon, à travers ses dessins. C'est vrai qu'ils sont ressemblants, une silhouette fines aux épaules larges, l'air toujours très solennel et sérieux, prêt à accomplir sa mission à n'importe quel moment de la journée. J'ai entendu dire qu'on le connaissait pour ses sarcamses, les médias n'ont pas mentis. Ça fait une semaine à présent que chaque jours je le retrouve à l'endroit où nous nous sommes rencontrés et ainsi, nous partons à la chasse aux bandits. Parfois la justice de New-York appel le garçon à l'ordre pour régler une certaine affaire et depuis peu, il m'invite à le rejoindre. J'en profite volontier pour essayer de reconstruire mon image en tant que Raven qui n'était que très peu flatteuse. On ne me connaissait pas beaucoup mais assez pour dire de moi que je suis celle qui a assomé les cinq gardes d'une telle galerie ou encore braqué telle caisse pour finir avec l'acolyte de Nedra. Certainement mon surnom le plus connu. C'est étrange que Spider-Man n'ai pas encore fait le lien entre nous deux, si il est au courant alors je lui suis reconnaissante de ne pas mentionner cette facette de ma vie.
"Hey." résonne une voix qui s'approche, accompagnée par un bruit de talons claquant sur le sol carrelé.
Je sursaute et balance le carnet au fond du casier en le recouvrant d'autre cahier en quatrième vitesse, la panique me submergeant. Une légère sueur froide ruissele dans ma nuque quand je me retourne vers Cassidy qui m'observe d'un air interrogateur.
"Salut..."
"Qu'est-ce que tu faisais?"
"Je... Je panique un peu car je ne retrouve pas mon livre d'Histoire alors je le cherche partout." dis-je en espérant pouvoir justifier mon état.
C'est fou comme les derniers événements de ma vie m'ont appris à mentir, je pourrais faire avaler n'importe quoi à n'importe qui. Elle hoche la tête et je me décale pour la laisser passer. Pendant un instant je me prends à la regarder, puis baisse les yeux et tourne les talons. Ce froid est toujours aussi présent entre nous deux et si au début je n'y portais pas grande attention, à présent la situation commence à me blesser comme jamais. Alors je me hâte de sortir du bâtiment scolaire pour rejoindre mon nouvel ami en espérant pouvoir me défouler sur quelques imbéciles de voleurs, meutrier ou que sais-je encore.
***
"Qui peut bien se cacher là dessous?" dis-je en balançant mes jambes dans le vide.
Il rit en se posant à mes côtés sur le bord du toit de ce haut bâtiment où nous avons l'habitude de nous rencontrer.
"Peut-être que tu n'as pas envie de le savoir."
Je secoue négativement la tête.
"Plus le temps passe et plus ça me torture."
"Je t'en pris, ne pense pas à ça. Je ne peux pas t'en dire plus."
Il tourne la tête vers moi et c'est comme si je pouvais le voir sourire à travers sa cagoule rouge.
"Laisse moi essayer de deviner." dis-je sur le ton de la supplication.
Il hoche la tête et détourne les yeux en ricanant.
"Je crois que tu es jeune. Peut-être que tu as vingt ans?" je continue sans cesser de le regarder.
"Qu'est-ce qui te fait dire ça?"
"Je dirais ta voix. Quand on se parle, tu ne me fais pas penser à un vieil homme là-dessous."
"Et si j'étais une femme?" dit-il sur le ton de la moquerie.
"Ce serait assez inquiétant."
Il s'étire en riant à nouveau, j'aime parler avec lui, c'est agréable et distrayant.
"Oui, pour l'âge tu as raison. Je n'ai pas vingt ans mais disons qu'à un ou deux ans près tu y es."
"Physiquement, je te vois avec des cheveux sombres. Peut-être des yeux clairs et une mâchoire carrée?"
"C'est le cliché du beau-gosse ça, je me sens flatté et insulté à la fois. Peut-être que ce qu'il y a là-dessous ne te plairait pas."
Je hausse un sourcil et tend une main vers son visage pour effleurer le masque, la mine soucieuse.
"Je m'en fiche de ce qu'il y a là dessous en vérité. Ce que je veux surtout dire, c'est que j'ai réussi à t'apprécier pour ta personnalité et non pas ton physique. Peut-être que tout le monde devrait porter un masque, la société en prendrait un coup."
Il ne dit rien et pose une main sur la mienne qui est restée en suspens sur sa joue. Je me sens bien, reposée et détendue.
"Tu caches quelque chose?"
Il secoue négativement la tête et ma main glisse de sa joue pour revenir s'accrocher au bord de l'immeuble.
"Certaines personnes comme moi, oui. Ce n'est pas mon cas. Parfois ce sont de grands brûlés, des défigurés... Personnellement ce n'est que pour mon identité."
Je hoche la tête en affirmant, c'est aussi mon cas et je peux totalement le comprendre.
"À qui fais-tu allusion?"
Il se renfrogne et grogne en baissant la tête
"Ce type que personne n'a jamais vu mais qui contrôle tout le réseau des mutations. Un taré... C'est Fearless."
Je pousse un hoquet de surprise en sursautant et manque de tomber, heureusement qu'il m'attrape de justesse par la taille pour m'éviter une chute mortelle.
"Qu'est-ce qu'il y a? Tu le connais?"
Je le regarde, paniquée, sans osé lui en dire trop de peur qu'il ne m'abandonne. Si je lui avouais mon passé peut-être que plus jamais il ne voudrait que l'on travail à deux et ce seulement après une semaine. Après avoir retenu quelques secondes ma respiration, je me lance.
"Je... Bon, d'accord, oui je le connais."
"Tu l'as déjà vu?" dit-il dans un souffle avec une certaine hésitation.
Je hoche la tête en détournant le regard.
"Mais comment c'est possible?"
Peut-être qu'il est temps d'arrêter les mensonges et de mettre la vérité sur le tapis. Je regarde le vide, mes pieds qui balancent; si il ne me fait plus confiance je comprendrais. C'est un risque que je vais prendre volontier, quite à me retrouver seule à nouveau. Au moins, mon coeur sera peut-être moins lourd qu'avant.
"Tu te souviens que je t'ai dis que les gens de cette ville n'ont pas toujours aimé la personne que je suis?"
Il semble réfléchir un instant et puis hoche la tête. Je vois dans son attitude qu'il appréhende un peu la suite, tout comme moi.
"Pendant un moment, j'ai travaillé avec Nedra. Peut-être que tu as déjà entendu parler de moi en tant que son acolyte. Au bout d'un certain temps, elle m'a présenté à lui et à d'autres mutations... Il était là, il m'a fait passer une épreuve. Je l'ai réussie et ensuite il m'a proposé de signer un contrat qui me ferait prêter serment de fidélité envers lui. J'ai demandé à réfléchir et puis, Nedra a tué un innocent devant mes yeux alors que nous nous entraînions. Je ne l'ai pas supporté et je suis partie."
Il reste muette alors que je sens mes yeux s'humidifier. En énonçant ces faits à voix haute, je les sens comme tirés d'un rêve, comme si jamais je ne les avait réellement vécus. Pourtant c'est bel et bien la réalité, malgré mes regrets, mes culpabilités et tout autre sentiment négatif qui peut s'emparer de moi.
"Ils n'ont pas cherché à te recontacter?" dit-il au bout d'un moment.
"Pas encore." dis-je faiblement.
Je tourne la tête vers lui un instant et me mordille la lèvre pour ne pas qu'une larme coule sur ma joue en me faisant passer pour une faible.
"J'ai... J'ai peur." dis-je enfin.
Il s'approche de moi et enroule un bras autour de mes épaules. Touchée par son geste, je me blottis contre lui, plus rassurée que jamais. C'est la vérité, je suis terrifiée par l'idée qu'ils me cherchent, qu'ils me traquent pour me tuer.
"Tu en as pensé quoi quand tu l'as vu?"
"Je t'avoue que jamais je n'aurais imaginé qu'il ai autant d'influence. Il était si frêle, il n'était pas du tout effrayant pour le moins du monde."
"Si seulement tu connaissais la puissance de ses pouvoirs..."
Il semble penseur et anxieux, enfin, il me sert un peu plus contre lui et se met à me raconter ce qu'il sait et ce qu'il a vécu.
"La première fois que New-York à été attaqué c'était il y a deux ans. Je commençais seulement à devenir Spider-Man et c'était la chose la plus horrible que j'ai eu à vivre. Il y a eu plusieurs événements étranges, des attaques de créatures qui s'enchainaient... C'était une mince tentative de la part de Fearless, il essayait de détruire les bâtiments les plus importants, de tuer nos grandes personnalités publiques. C'est à ce moment là que je me suis lié à la justice. Au début ils me prenaient pour l'un d'entre eux, enfin ils ont compris que je voulais la même chose que la police et l'armée."
Je boche la tête en fermant les yeux.
"Et qui est Fearless?"
"Le plus grand de tous. Du moins, le plus puissant. C'est un ancien prisonnier. Il y a plus de cinq ans, la télévision et les médias ont diffusé partout la grande expérience scientifique de New-York qui pouvait tout boulverser. Les scientifiques ont eu le droit d'étudier la peur sur les prisonniers destinés à la peine de mort ou à la prison à perpétuité. Ce n'étaient pas des petits voleurs ou des apprentis meurtriers, non... Ils venaient de la prison de haute sécurité sur une île au milieu de l'océan, à des kilomètres de la ville. Ils voulaient faire sur plusieurs d'entre eux des expériences sur la peur humaine, poussée à l'extrême. On en parlait partout... Ça allait révolutionner les études sur le fonctionnement de l'esprit des Hommes et sur la psychologie. Mais il faut croire qu'ils ont poussé leurs expériences un peu trop loin sur lui. Ils l'ont torturés psychologiquement avec des images dont on ne se doute pas et depuis, son esprit est complètement meurtri. Il a résisté, c'était un miracle. Mais il a développé des capacités imprévisibles pas et qui relevaient de l'impossible. Si il porte ces bandages dont on parle tant, c'est car son visage est totalement défiguré... Il s'est infligé des coups lui-même dans l'espoir d'en finir et ses lunettes, on dit que quand il vous regarde dans les yeux il vous transmet les visions d'horreur qu'on lui a fait voir."
Il me regarde à nouveau, son silence me laisse imaginer l'expression de son visage, tous les mauvais souvenirs qui lui reviennent et les souffrances de cette époque noire. Mais aussi tout ce que ça lui a apporté, le courage, la force et le fait qu'aujourd'hui il soit devenu le rêve de tous les petits garçons du monde.
"C'est tellement irréaliste, comme si tu me racontais une simple légende." dis-je dans un souffle.
"C'est un peu ça. Toi et moi on vit les légendes de demain. On rêve les yeux ouverts."
"Parfois ce sont plus des mauvais rêves qu'autre chose..."
Il prend mon menton entre ses mains pour me faire lever les yeux vers lui.
"Quand on se réveille d'un mauvais rêve, qu'est-ce qu'il nous arrive?"
Je le regarde sans trop comprendre en sentant le vent souffler sur mon visage avec bien plus d'intensité sous cet angle.
"On a peur. On tremble. On se dit que ce n'était pas la réalité, que c'est terminé."
Il hoche positivement la tête sans me quitter des yeux, du moins, j'imagine.
"Et quand on acquière une certaine maturité, en se réveillant d'un cauchemar, on oublie le côté négatif de cette mauvaise nuit et on se sent inspiré par ces visions. On en tire des leçons pour le futur, on apprend à les utiliser pour avancer."
Je le regarde avec un air ébahis, jamais je n'avais pensé à tirer quoi que ce soit d'un cauchemar. Et si il disait vrai? Et si on pouvait ressortir gagnant d'une défaite grâce à ce qu'elle nous enseigne? Je voudrais pouvoir penser comme lui, ça me parait si compliqué... Peut-être ai-je encore bien plus à apprendre que prévu. Je porte une main à son cou, enroule mon bras autour de sa nuque et avance mon visage vers le siens. En me redressant légèrement, je dépose mes lèvres sur son masque, au niveau des siennes en les pressant légèrements. Il ne bouge pas, restant là sans trop savoir quoi faire et enfin, je sens la pression me parvenir en retour avec légèreté. On ne peut faire mieux avec ce masque. De toute évidence, ça pourrait paraitre complètement idiot d'embrasser un total inconnu, même à travers un masque, mais c'est ainsi. C'est comme si je ne me voyais pas faire autre chose en ce moment même. Je me retire et le regarde, je me demande comment sont ses yeux, si il me regarde aussi et surtout quel gout ont ses lèvres. Il me sert contre lui et pose son menton sur le haut de mon crâne.
"Comment tu t'appelles?" dis-je dans un souffle en posant mes mains sur son torse.
"Hm... Appelle moi P." [Prononcé PI]
"Je ne sais pas pourquoi j'ai fais ça, excuse-moi." dis-je en riant nerveusement, me sentant rougir.
"Ne t'excuse pas. J'en avais envie aussi, seulement ce masque m'embête." il répond en riant.
"Je ne sais même pas qui tu es..."
"Et moi, je le sais peut-être?"
Il caresse mes cheveux et je siffle avec apaisement.
"Peut-être que c'est bien comme ça, si on ne se connait pas mutuellement." je renchéris. "Mais... Est-ce que tu as quelqu'un qui t'attend chez toi? Dis le moi honnêtement."
"J'aurais pu, mais c'était une attirance qui n'était pas réciproque."
Il rit jaune.
"Je suis désolée."
"Arrête d'être désolée."
Je secoue négativement la tête. Je ne peux pas arrêter d'être désolée si mes culpabilités me rongent avec une telle intensité, quand alors le visage de Peter se dessine dans mon esprit.
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