Chapitre XXXI

Paige Wells.

Lâchez les chiens, c'est ce qu'il vient de dire. Des chiens... Vais-je réellement me faire courser par des canidés? Je fronce les sourcils sans trop comprendre quand un crissement aigüe se fait entendre derrière moi. Je me retourne d'un bond et vois à travers la fumée étouffante planant dans la pénombre une grande grille s'élever dans le plafond. Ainsi je comprends immédiatement de quoi il s'agit, ça paraissait bien trop évident qu'ils me lâche seulement de bêtes chien dangereux. Non, il devait libérer des chiens dangereux et mutants. Six yeux verts luisent dans l'entre profonde qui les gardaient enfermés derrière des barreaux. Un grognement abrupt résonne suivi d'un deuxième et puis d'un troisième quand soudain la première bête bondit. Oui, six paires d'yeux et pourtant seulement deux bêtes; la première possède deux caboches apparement furieuses. Je reculte d'un pas quand s'approche la deuxième, celle-ci n'ayant qu'une seule tête, c'est vrai, mais pourtant deux rangées de dents acérées et deux queues battantes pour compenser. Ma peur est des plus visible que ce soit sur mon visage ou encore mon langage corporel. J'ai pu me battre contre des hommes sans pour autanr les tuer mais une bête... Une bête pareil n'est pas un homme, une bête pareille sera bien plus sauvage que n'importe quel banquier ou policier que j'ai jamais pu assomer. Et surtout, ils attendenr de moi que je tue ces deux chiens. Je réfléchis à une vitesse incroyable, je n'ai pas le temps d'attendre qu'ils me bondissent dessus sans rien faire, sinon je perdrais le peu d'estime que ces gens ont pour moi et surtout' je perdrai la vie. Alors je dégaine mes griffes en sifflant dans l'espoir de faire retomber un peu leurs ardeurs, ce qui marche pendant quelques secondes. Les deux bêtes baissent la tête en reculant d'un pas avant d'avancer à nouveau encore plus près, se sentant menacés. Je fends l'air en approchant d'eux malgré qu'au fond de moi, je sais que ce n'est pas la bonne solution. Se jeter dans le tas ne fera que ralentir le processus de ma mort douloureuse. Mais je cherche, je cherche cette solution qui ne vient pas. Elle est là, quelque part. Il me faut juste plus de temps... Je les contourne en essayant vainement de le gagner, ce temps, pour mieux visualiser l'espace qui nous entoure. Ne pourraient-ils pas allumer la lumière?! Mon coeur bat si fort, je sais qu'ils le sentent. En reculant de la sorte j'aperçois Fearless et les autres regroupés derrière une sorte d'onde violette luisante, ils nous toisent les bras croisés, aucune expression ne passe sur leurs visages, sauf évidement Nedra qui passe sa langue sur ses lèvres en se rejouissant du spectacle. Une idée me parvient; je me mets à courir vers eux dans un élan désespéré. C'est tout ce que j'ai. Alors en brandissant mes griffes, je les plante dans le dôme protecteurs en attendant qu'il se passe quelque chose. Et à la seconde ou j'entre en contact avec, je me retrouve secouer par une onde de choc des plus violente pourtant déjà atténuée par mes griffes. Je tombe au sol comme une loque mais le sourire aux lèvres; c'est absolument parfait. À l'intérieur, Nedra pousse un cri étouffé et l'homme tatoué de même. Les monstres grognent de plus belle et montrent les dents en se penchant vers l'avant en position d'attaque. Si mon plan fonctionne, je n'aurais pas trop à me salir les mains. Je fend l'air à l'aide de mes griffes en me remettant debout pour les attirer et pousse des cris en espérant les alerter. Ma tentative enfantine semble fonctionner.

"Allez mes toutous, venez donc voir Raven..."

La bête à deux tête semble réjouit d'enfin pouvoir me déchiqueter en pièces et nourrire ses deux gueules frémissantes. Je remarque au fur et à mesure qu'il s'approche qu'il est démuni de poils, ils n'a qu'une peau noire et visqueuse couvrant l'entièreté de son corps. Quand il s'apprête à bondir, je dévie à la dernière seconde et le griffe à fleur de peau; mon but premier est de l'enrager au possible. Le second arrive et faisant de même et je le décale, ainsi il fonce dans son compère. De mes deux mains je les griffes à deux et saute par dessus leurs corps quand ils tentent vainement de me bondir dessus à deux. Les pattes de l'un d'entre eux me fouettent en plein torse, déchirant mon sweat-shirt gris. J'ai peur, j'ai plus que peur mais il va falloir en finir au plus vite.

"Désolé de ne pas faire durer le spectacle plus longtemps." dis-je en me tournant vers Nedra et son groupe.

Elle penche la tête sur le côté, elle ne m'a certainement pas comprise. Je lâche un ricanement et me retourne à temps pour voir les deux chien s'élancer vers moi comme deux furies. C'est le moment; je m'abaisse d'un coup et me lance le plus loin possible vers l'avant en retombant à plat ventre sur le sol, quelques mètres plus loin, le choc derrière moi retentît et des frétillements électriques se propagent partout autour de moi. Une odeur de brûlé s'élève en se mélangeant à la fumée de la femme qui se dissipe peu à peu. En me relevant, des milliers d'étincelles mauves et violettes brillent et grésille partout sur le sol de béton fendu. Et les deux bêtes sont au sol, secouée de spasmes. Je me précipite vers eux en ignorant les coups de jus que je me prends à chaque fois qu'une étincelle me touche. Alors je me penche vers les deux bestioles qui grognent et geignent à la fois et sors à nouveau mes longues griffes. C'est l'heure; je plante dans leurs cous mes index et souhaitant plus que tout les voir morts. J'imagine en fermant les yeux, les cadavres inertes sur le sol de façon à ce que se soit le plus réaliste possible. Jamais je n'ai utilisé la deuxième fonction du venin de mes indexs. Je m'en suis souvent servie pour paralyser d'autres hommes, jamais pour tuer. J'espère sincèrement que ça marchera.

Alors j'ouvre les yeux et les geignements ont cessés. Il n'y a plus une seule étincelle sur le sol et la lueur violette a disparue. Le groupe de Nedra est exposé et ils me toisent tous.

"Vérifie qu'ils soient mort." dit-elle dans un souffle.

"Je n'arrive pas à faire ça."

"Bien sur que si."

Elle lève les yeux au ciel et s'approche de moi pour saisir mon poignet et diriger ma main vers le torse d'une des bêtes. Je tremble et me laisse faire.

"Ferme les yeux."

Je m'exécute.

"Ecoute son coeur, sens le battre au creux de ta main."

Alors je me concentre pour essayer de percevoir le moindre battement. Une gémissement s'échappe entre mes lèvres quand je le perçois, mon coeur s'emballe, j'entends ses battements de coeur comme si il était dans ma propre tête. Pourtant, doucement, les battements réguliers deviennent de plus en plus lents et finissent par s'estomper totalement.

"Ils sont morts."

L'Homme tatoué au bras de métal s'avance vers moi et me tend sa main humaine.

"Bienvenue dans l'équipe Raven."

"Dans l'équipe?"

Il hoche la tête et je saisis sa main pour me relever. Là, à l'écart des autres, Fearless me toise, les bras éternellement croisés.

"On peut dire que tu as fais tes preuves. Tu gagnes notre respect Raven."

Je hoche la tête en lachant le tatoué et continue de porter mon attention sur le Patron.

"Il ne reste plus que ta signature. Pour faire partie de notre équipe, il faut faire ses preuves et ensuite signer un contrat à l'aide duquel tu prêteras serment de fidélité envers... Moi."

Je le regarde un instant, c'est vrai que là, tout de suite, je perds ma langue d'adolescente qui d'habitude aime discuter.

"Je peux réfléchir avant?"

Fearless lève le menton pour me regarder -du moins je suppose- d'un air suspicieux. On ne doit pas souvent lui demander ce genre de choses.

"Si tu n'avais pas abattu ces chiens de la sorte, je te pulveriserai sur place." dit-il en lachant un rire, "mais je t'aime bien, t'as du potentiel. Alors tu as jusqu'à demain."

Je hoche la tête en m'inclinant et me tourne vers Nedra en attendant la suite des événements.

"Va l'entrainer à l'usine et change lui les idées." dit-il à la blonde. "Et surtout... Convainc là."

Il dit ces derniers mots plus bas en espérant certainement que je ne l'entende pas. Sur ce, Nedra salue tout le monde avec affection et tourne les talons en me priant de la suivre.

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