Chapitre VII
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Paige Wells.
Je regarde la porte d'entrée se fermer derrière moi alors que j'ajuste une dernière fois mon sac sur mon épaule d'un mouvement nerveux. Bien, il ne me reste plus qu'à me rendre à pied à mon nouveau lycée; Le Hudson High School. Un nom bien original, je le sais. Alors que par la fenêtre je vois ma grand-mère me saluer avec deux poêles à frire en main, je lui souris poliment avant de me remettre en route. Cette Jody Grimmey est un cas, il n'y a pas de doute. Et malgré tout c'est une femme attachante je dois l'avouer, bien qu'elle ne sache pas s'y prendre avec les enfants, c'est un fait. Mais ça me change les idées, elle ne me dorlote pas comme elle ne m'ignore pas. Elle et moi, nous sommes plutôt comme deux copines colocataires. Je vois bien qu'elle est perdue et qu'elle ne sait pas quoi faire de moi mais qu'en tout cas, profite de ma présence. Elle se sent seule, je le vois. Alors avec moi dans les parages ses maux de solitude sont apaisés; je suis contente d'avoir pu lui apporter quelque chose de bien dans toute cette histoire. Hier soir, je suis allée faire une marche à pied avec elle pour pouvoir me rendre seule au lycée le lendemain et prendre connaissance du chemin à emprunter; durant cette balade elle m'a laissé en apprendre plus sur elle. Apparement, elle a eu mon père le jour de ses trente ans. Son mari s'appelait John Grimmey, un type bien d'après elle qui ne cessait de lui porter des louanges. C'est de lui que tiendrait mon père sa passion pour la science, car cette obsession ne serait rien de plus qu'un humble héritage. Si seulement... Non, je ne dirai rien. Les choses sont telles qu'elle le sont et se morfondre sur le passé ne me fera pas avancer. Je ferme un instant les yeux quand j'arrive au coin de la rue et prend le tournant en soufflant, tirant les manches de mon gilet vert foncé et baissant la tête pour laisser mes cheveux courts cacher du mieux qu'ils le peuvent mon visage. Il est vrai que là tout de suite, on peut me donner une apparence de personne fermée avec ma capuche sur la tête et mes écouteurs enfoncés dans les oreilles... Ce que j'étais il y a peu et ce que je serai certainement à nouveau en entrant dans cette école. Le passage à ma nouvelle vie est brutal et je n'ai jamais fortement apprécié le changement. Pourtant, il arrive que certaines situations ne nous laissent pas le choix, et ce surement pas dans mon cas.
Il fait plutôt chaud, surtout pour la saison, je regrette immédiatement d'avoir enfilé ces grosses bottines noires et les échangeraient volontier contre une paire de baskets.
Non loin, j'aperçois mon nouveau lycée. Un grand établissement banalement cliché comme tous les lycées américains que nous avons un jour pu voir dans un film ou une série. Pas besoin de description, allumez votre poste de TV et tout y sera! Je soupire. Serais-ce de soulagement car au moins je ne suis pas tombée sans un endroit sordide ou de dépit car me revoilà qui dégringole en plein cliché? Peu importe de toute évidence, en ce moment je ne sais reconnaître mes émotions, comme si tout ce que je ressentais était indéchiffrable. C'est... Très étrange, je vous le dois. Mais tant que je me comprends! Au moins les lieux sont très accueillants. Je tire ma capuche vers l'arrière et m'efforce d'adopter une allure plus détachée pour montrer à ceux qui m'entourent que je ne suis pas le boulet renfermé à absolument éviter. Mes doigts passent dans mes cheveux noirs fins pour les remettre derrière mes oreilles et entre autre, pour ouvrir mon visage; les magazines de jeunesses disent que dégager son visage et lever le menton vous donne une allure déterminée et inspire la confiance en nous-mêmes aux autres. Bien, je l'inspire peut-être aux autres mais personnellement, je ne me sens pas confiante pour un sous. Ce qui compte actuellement -et malheureusement- ce sont les apparences. Alors je trace dans les sentiers de pavés, de cailloux et de terrains verts impeccablement tondus pour arriver à la grande Fontaine devant l'entrée. Je gravis les marches où sont assis un couple en train de se baver dessus et plusieurs étudiants qui lisent ou discutent en groupe pour enfin pousser les portes du bâtiment.
Il ne me reste plus qu'à trouver le secrétariat pour acquérir mon horaire et mes clés de casier.
Une fois cette étape barbante que je vous passe volontier faite, je me dirige à mon casier, le 457 précisément pour aller déposer mes affaires. Je commencerai par le cours de français pour continuer avec sciences et histoire des religions. Ce n'est pas trop mal bien que les cours ne m'aient jamais intéressés plus que ça. Il fallait réussir alors je le faisais... Mais sans grand entrain. Alors que je me perdais à nouveau dans mes pensées, je me retrouve à heurter une jeune fille qui se retourne vers moi juste à ce moment. Sur le coup je me vois faire tomber plusieurs de ses bouquins, alors je me précipite vers ceux-ci pour l'aider à tout ramasser en ne cessant de m'excuser. Mais quelle belle entrée en matière!
"Excuse moi! Je suis sincèrement désolée. Quelle idiote, ça doit me faire une bonne première impression."
Heureusement que je viens de renverser une jeune filles aux allures sympathiques et non pas une des pimbêches que j'avais l'habitude d'entendre me rabattre.
"Ne t'inquiète pas, ça m'arrive souvent personnellement. Tant de fois que je me suis mise à espérer un jour tomber sur un beau garçon qui m'aiderait à ramasser mes livres. Tu vois? Comme dans les films... Et bien la plupart du temps on marche sur mes cahiers et les gens tracent leur chemin." dit-elle en m'aidant à tout reprendre en main.
Je souris et lui tends ses affaires.
"Et bien, je ne suis pas le beau gosse tant attendu mais au moins je n'ai marché sur aucun de tes livres."
Elle me sourit et fait une pirouette en poussant un cri de surprise pour aller ramasser une dernière feuille lui appartenant qui traine encore sur le sol.
Je regarde par dessus son épaule par curiosité; il s'agit d'un croquis absolument merveilleux d'un homme qui m'est inconnu. Il est de dos et porte une espèce de combinaison alors que ses cheveux courts flottent au vent, le tout en noir et blanc.
"C'est très joli. C'est toi qui as fait ça?"
Elle lève ses yeux verts de son dessin en sursautant comme si elle venait seulement de se rendre compte que j'étais encore là.
"Oh, oui c'est moi. Merci." dit-elle avant de ranger le dessin rapidement dans un de ses cahiers au hasard.
"Si je peux me permettre, qui étais-ce sur le dessin?"
Elle baisse le regard en laissant apparaître un léger sourire sur ses lèvres pulpeuses maquillées de rouge.
"C'est..."
"Cass-Cassidy est de toute beauté aujourd'hui!" lance une voix grave derrière moi alors que le garçon qui vient de prononcer ces mots vient poser ses mains sur les épaules de la jeune fille.
"Flash! S'il te plaît!" dit-elle en riant et se dégageant de l'étreinte du jeune homme.
Les yeux du garçon se posent sur moi alors que son sourire s'efface lentement le temps qu'il me détaille, ensuite, il revient à la charge. Il arbore un de ces sourires moqueurs qui vous laisse à chaque fois le doute sur le sens de ses paroles. Cassidy se racle la gorge et hausse les épaules.
"Bon et bien, je te présente Flash, moi c'est Cassidy comme tu as pu l'entendre. Flash je te présente..." elle s'arrête net en se rendant compte qu'elle ne connait pas encore mon nom. "Je te présente la personne qui n'est pas le beau gosse que j'attendais mais qui ramasse tout de même gentiment mes livres."
Je ris timidement.
"En effet. En réalité je m'appelle Paige. Paige Wells."
Le jeune garçon est vraiment très grand et d'une musculature plutôt imposante. Ses cheveux blonds sont coupés à ras et ses sourcils, très épais. Il est du genre à être le type sportif qui ne quitterait sa salle de musculation pour rien au monde.
"Bien, je ne comprends rien à ce que vous dites mais passons." dit-il en s'avançant vers moi. "Flash Thompson pour te servir, toi qui n'est pas le prince charmant de Cass."
Je serre la main qu'il me tend et regrette immédiatement. Je ne m'étais pas trompée sur sa musculature, il broie littéralement ma fine ossature. Je la retire en lui lançant un sourire crispé pour camoufler mon envie de crier.
"Dis moi, tu as le casier 457?" interroge la jeune fille rousse.
Je hoche la tête en serrant mes livres contre ma poitrine, sentant encore ma main me faire légèrement mal.
"C'est tant mieux! Je partage celui-ci avec toi."
"Parfait!" je m'exclame avec sincérité.
Je suis contente de devoir partager mon casier avec une personne qui me paraît déjà sympathique aux premiers abords. Flash m'interroge sur mes prochains cours et il se trouve que nous avons tous rendez-vous en français à la prochaine sonnerie, nous voilà tous en route vers le local alors qu'il m'indique où se trouve celui de sciences et de l'histoire des religions en passant.
"On se retrouve également tous les midis sous l'arbre à l'arrière du bâtiment." m'informe Cassidy. "Ça te dirais de te joindre à nous?"
"Avec plaisir!" dis-je d'un ton enjoué. Nul ne peut partager le bonheur qui m'envahit en ce moment à l'idée de m'être fait de nouvelles connaissances.
"Prends un plat à emporter alors. On se dit à dans trois heures." flash entre dans le local suivi par la rousse et moi après m'avoir lancé un clin d'oeil amical.
Chacun prend sa place alors que je gigote légèrement sur ma chaise en attendant le professeur.
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