Chapitre IX

Paige Wells.

La semaine était passée à une vitesse ahurissante, je n'avais jamais autant pris de plaisir à aller à l'école. Il est vrai que j'ai pu remarquer certaines choses pas très comodes commes certaines tensions entres les élèves. Mais ce sont des choses que l'on peut observer dans tous les établissements scolaires du monde! Ici, tout se passe à merveille quand on fréquente les bonnes personnes et c'est totalement mon cas. J'ai l'impression que cette rentrée me change, que je deviens une meilleure personne, que mes pensées sont plus douces et plus belles; une sensation qui m'a tant manquée durant des années. Enfin, j'ai la sensation de vivre l'adolescence que j'ai toujours été censée vivre. Vient le weekend, je rentre chez ma grand-mère -ou devrais-je dire chez-moi?- avec bonne humeur. Elle est très heureuse de me voire arriver dans la cuisine dans cet état d'esprit, malgré tout, je sais pertinemment que la tristesse, la colère et l'incompréhension que j'avais dû affronter lors du déménagement soudain pour New-York l'inquiétait. Elle ne me le disait pas mais je comprenais facilement qu'elle voulait que je sois à mon aise et que je vive heureuse dans sa maison, que la grande ville de New-York qui en fait rêver plus d'un ne devienne pas un fardeau à mes yeux.
Je l'embrasse sur la joue, en une semaine j'ai appris à m'attacher à elle comme à la grand-mère que j'ai jamais eue. Je l'aime beaucoup et c'est réciproque; elle ferait tout pour moi et je lui en suis reconnaissante. C'est en partie grâce à elle que tout ne m'est pas inconnu et que je ne vis pas dans une permanente solitude. Peut-être que je m'emporte, peut-être que je vais trop vite, mais pour le moment, sans Flash, Cassidy, Peter et ma grand-mère je serais perdue dans un grand vide sans même plus savoir qui je suis réellement. Pour une fois depuis longtemps je me sens bien et en parfaite harmonie avec moi-même et ce grâce à un nouveau départ qui m'a révolté aux premiers abords. Au plus profond de moi-même, je remercie mon ancienne famille d'accueil pour m'avoir si bien logée et pour m'avoir guidée vers une avenir plus beau.

  J'aide tout d'abord Jody à ranger la vaisselle et à mettre la table pour nous deux et en lui donnant un coup de main pour la préparation de sa spécialité du vendredi; les fajitas. Elle les fait elle-même et je peux vous le confirmer, ce sont bien les meilleurs qui existent sur cette fichue planète. Je m'installe dans le canapé de la pièce voisine à la cuisine ou s'attarde Jody comme elle aime le faire, je n'aime plus m'enfermer dans ma chambre à tout bout de champs comme je le faisais avant et préfère tenir compagnie à ma grand-mère. Elle m'a dit qu'elle appréciait et je peux le comprendre; après avoir vécue seule des années on a beaucoup de choses à dire. D'un certain point de vue nous sommes plutôt similaires; nous avons toutes les deux perdues des êtres chère en sombrant dans la solitude par la même occasion. Notre rencontre est une bonne chose pour nous deux. J'allume le poste de TV et passe les programmes jusqu'à tomber sur son jeu télévisé favoris. Mon téléphone vibre dans ma poche, je m'empresse de lire le message;

[Cass:] Hey! Demain on se fait un bowling vers 17h?

Je réponds immédiatement, un grand sourire sur les lèvres.

[Paige:] Bien-sûr! On se rejoint où?

Le portable vibre et sa réponse est immédiate.

[Cass:] On viendra te chercher avec la voiture de Flash. Peter vient aussi, on sera tous les quatre. Ça te va si on vient vers 14h? Le temps qu'on se balade au parc et qu'on aille boire un café.

Je me mordille la lèvre, heureuse comme jamais à l'idée qu'ils m'invitent à leurs sorties. Malgré tout une question me ronge. Si Cassidy m'apprécie, c'est plutôt normale car nous sommes deux filles plutôt similaires et on s'entend assez bien pour se voir en dehors des cours. Du moins, pour ma part. Mais et les garçons? Ne serais-je pas un fardeau pour eux? J'envoie un message à Cassidy en espérant qu'elle soit honnête avec moi.

[Paige:] Ça me va. Mais les garçons sont-ils d'accord pour que je viennes avec vous?

[Cass:] Si ça peut te rassurer, c'est Peter qui à proposé qu'on aille au Bowling avec toi. ;)

J'en laisserais tomber mon téléphone de mes mains tant je suis surprise par cet aveu qui me touche énormément. Je pose mon téléphone sans savoir quoi répondre et souris comme une idiote, le coeur battant, je me lève en direction de la cuisine.

"Jody? Des amis de l'école m'ont proposé d'aller au Bowling demain avec eux. Je serais absente de 14h à 21h plus ou moins. Vous n'aviez rien de prévu?"

Ma grand-mère avec ses cheveux bleus vifs toujours aussi surprenants me sourit tendrement.

"Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse que tu aies fait de belles rencontres. Je n'avais rien de prévu, non, alors fonce et profite bien! En attendant je veux bien que tu serves le repas pendant que je vais chercher des boissons à la cave."

Je lui souris en retour en la remerciant et m'exécute, humant l'odeur alléchante de sa préparation. Elle revient avec une bouteille de Canada Dry, elle connait déjà bien mes goûts concernant les boissons fraiches. Le diner se passe à merveille ce soir là, nous terminons la soirée dans le salon avec une série policière qu'elle affectionne particulièrement et dans laquelle je me plonge immédiatement.

***

  Depuis la fenêtre de ma chambre qui commence doucement à prendre forme, je vois arriver la voiture de Flash. Comment la louper avec la musique de sa radio qui résonne dans toute ma rue? Je souris en replaçant correctement mon sac sur mon épaule. Pour l'occasion je me suis même un peu maquillée en laissant de côté le style sombre que j'arborais à Londres. Un peu de mascara et de baume à lèvres suffisaient à me transformer en adolescente présentable et pleine de vie. Par contre, mes cheveux... Je devais recouper tout ça sans tarder avant que les gens ne se posent des questions tant ils poussent vite. Je les rabats sur mes épaules et descends quatre à quatre les escaliers en m'arrêtant à l'encadrement de la cuisine où est attablée Jody.

"Mes amis sont là, je vais y aller. Vous êtes sûre que tout va bien pour vous?" dis-je en culpabilisant de la laisser seule après seulement une semaine dans sa maison.

Elle rit et me sourit en croisant les mains devant elle.

"La seule chose que je ne comprends toujours pas c'est que tu me vouvoies encore après tout ce temps, Paige."

Je rougis en baissant les yeux, m'appuyant contre le mur d'une épaule.

"Je n'arrive pas à m'y faire. C'est encore trop tôt. Mais je changerai cette habitude c'est promis." dis-je en lui souriant avec affection.

Un klaxon retentit dans la rue et je comprends qu'il m'est adressé.

"Allez, va et amuse toi bien!"

Je hoche la tête en m'apprêtant à sortir mais finis tout de même par caler. Je me retourne et vais rejoindre ma grand-mère pour l'enlacer en souriant quelques secondes et m'en vais enfin vers la porte pour quitter la maison. Cassidy m'ouvre la portière arrière depuis l'intérieur en souriant.

"Paige! C'est à dire que tu t'es faite toute belle pour l'occasion!" dit-elle en me laissant m'engoufrer dans la vieille voiture rouge à la peinture écaillée.

"Tu insinues qu'en temps normale elle ne se soigne pas, c'est ça?" dit Flash qui est au volant en se retournant vers nous.

Je lève les yeux au ciel quand il m'adresse un clin d'oeil avant de se retourner face à la route.

"Mais enfin je n'ai rien insinué du tout!" s'insurge Cassidy en fronçant les sourcils.

"Pas de soucis Paige, peu importe ce que cette sorcière dise tu es ravissante chaque jour qui passe."

Je fronce à mon tour les sourcils en lâchant un rire gêné alors que Cassidy se met à pouffer dans son coin.

"Hey, détend toi. C'est une plaisanterie pour détendre l'atmosphère. Bien que tout ce que je dis soit absolument vrai."

"Bon, t'as fini de roucouler? Qu'on démarre un peu." Coupe Peter assis à l'avant.

Je soupire de soulagement quand Flash n'ajoute rien à mon propos et que le moteur de la voiture se met à vrombir.

***

  À dix-sept heures précisément nous arrivons au bowling comme prévu après avoir passé la journée à flaner dans la vaste ville de New-York. Les chaussures enfilées, la piste choisie et la partie payée, nous commençons en nous installant confortablement.

"Laissez faire Flash Thompson, roi de la quille." dit-il en allant se pavaner sur la piste, saisissant une boule verte parfaitement lustrée.

"Ça sonne complètement faux." fait remarquer Peter, un sourire moqueur visible sur son visage.

Cassidy et moi acquiesçons en riant alors que le blond nous fait une grimace enfantine qui lui fait perdre le peu de crédibilité qu'il possédait. En même temps, en se surnommant le roi de la quille... Il s'avance alors d'un air concentré en mettant de côté toute remarque sarcastique à propos de son surnom ridicule et d'une main experte, il lance la boule qui file sur la piste. Malheureusement le strike n'est pas à l'ordre du jour et pourtant, il s'en tire avec un bon score.

"Qui c'est qui sonne faux maintenant?" dit-il en entamant une petite danse de la victoire.

"On verra bien qui rira le dernier." annonce Peter en faisant craquer ses doigts avant d'aller prendre la place de son ami.

Il s'empare à son tour d'une boule bleue aux différents reflets colorés et se place face au jeu de quilles. Avec une immense concentration jamais vue jusque là et ce même pas durant les cours, il plisse les yeux, cale son bras vers l'arrière et tire. Alors que la boule bleue file à une vitesse incroyable que je ne pensais pas possible, les quilles se renversent en une fraction de secondes.

Et c'est le strike.

Et bien, il va falloir se tenir à carreau. Quoi que, je saurais déjà énoncer le nom du gagnant si ce coup d'envoi n'était pas le fruit du hasard, alors à quoi bon se battre contre un joueur de bowling professionnel ?

"Alors le roi de la quille? Tout baigne?"

"Mouais, va nous chercher des boissons au lieu de ta la péter Parker." répond Flash avec un faux air boudeur.

Le brun lui lance un clin d'oeil et prend notre commande alors que je me laisse tenter par un cocktail Bora Bora sans alcool. Du jus d'ananas, de fruit de la passion, de la grenadine et du citron. Quoi de plus rafraîchissant ? Alors que Cassidy et moi sirotons nos boissons en discutant et en observant les gens autour de nous, Flash tire la chaise de Cass vers l'arrière et Peter la mienne. Nous poussons des cris de surprise alors qu'ils nous poussent vers la piste en ricanant.

"Bon les gonzesses, il serait temps de jouer!" annonce le blond en tendant une boule à la rousse.

"Ben, en fait..."

"Discute pas, lance." dit-il en lui barant la route.

Elle hausse les épaules et se tourne vers la piste. Concentration... Cassidy doit porter la lourde boule à deux mains pour arriver à la soulever. Non sans grâce, elle la lance sur la piste avec un bruit infernal. La boule de bowling roule lentement sur la piste, très lentement pour enfin rejoindre la rigole.

Peter éclate de rire alors que le blond se passe une main sur le visage en ronchonnant.

"Cassidy, ma belle, tu vas devoir faire mieux que ça."

"Bien, alors apprends moi, roi de la quille." dit-elle sur le ton de l'ironie.

Pourtant Flash prend ça au pied de la lettre et commence à lui faire tout un cours bien structuré sur comment lancer une boule comme Flash le professionnel ou bien comment renverser des quilles comme Flash renverse les filles.

Peter et moi les regardons en pouffant alors qu'en me retournant, je le vois avec une boule mauve entre les mains et un grand sourire aux lèvres.

"A ton tour." dit le brun en me la tendant.

Je fais la grimace en reculant.

"C'est pas trop mon truc de faire du mal à des pauvres quilles innocentes."

"Pas de soucis, elles ne sentiront rien. Elles me l'ont dit. Avant j'étais comme toi, je ne voulais pas les blesser... Alors j'ai été leur demander si ça faisait mal." ajoute-t-il avec un grand sérieux.

"Ah! Et depuis elles te sont reconnaissantes de te soucier d'elles et elles se renversent toute seules pour te laisser gagner!"

Il m'accorde un clin d'oeil en mettant la boule entre mes mains contre mon gré.

"Bien vu. Ne le dis pas à Flash."

Je ris et m'avance vers la piste en lançant la balle avec le plus de force possible. Malheureusement ce ne sont que trois petites quilles qui tombent à la renverse. Pourquoi certains jours j'arrache des lavabos alors que d'autres je ne suis même pas capable de lancer une boule de bowling? Je me retourne vers mon ami en haussant les épaules.

"Tu pourrais aller dire à tes copines que moi non plus je ne leur veux pas de mal. Peut-être qu'elles m'accorderaient quelques strikes."

"Certainement pas! Viens par là." dit-il en me faisant passer devant lui.

Il me tend une autre boule, rouge cette fois-ci, et se place derrière moi. Il saisit mon poignet avec lequel je tiens la balle et de son autre main il attrape ma hanche. Je rougis soudainement, soulagée d'être devant lui; avec un peu de chance il ne verra rien.

"Positionne toi comme ça. Voilà." dit Peter en m'aidant à me placer. "On y va à trois. 1... 2... Et... 3!"

Nos bras balancent dans le vide et je lâche tout en regardant filer la balle sur le centre de la piste. Des étoiles dans les yeux je vois arriver le stike avec la petite sonnette d'alarme qui va avec.

"Ouais! On a fait un strike!" je dis, toute contente.

"Tu as fais un strike. Je n'y suis pour rien." il se retourne, les mains dans les poches pour finalement s'emparer de sa cannette de coca.

"Hey, championne ici. C'est pas comme cette rouquine désespérée qui me sert d'amie." dit le blond en soupirant.

"La rouquine désespérée elle va se servir de ta tête pour faire tomber les quilles. Et peut-être que là, je ferai un strike!"

"C'est grâce à Peter. Il m'a tout montré." dis-je en le vantant.

"Ah! Prend exemple sur lui, tête de chiotte." dit Cassidy en croisant les bras et visant Flash avec un regard noir.

Les piques sarcastiques se lancent jusqu'à la fin de la soirée, accompagnées de crises de fou rires dont on ne se lasse pas. Un véritable sentiment de pleinitude s'emparer de moi et à partir de cet instant, je souhaite qu'il perdure à jamais.

***

  Je rentre chez moi le sourire aux lèvres; cette soirée était mémorable. Jamais je ne suis sentie aussi légère, j'ai cette envie de recommencer, de les revoir encore et encore, de pssser le même genre de moments indéfiniment.

Mais c'est en rentrant chez moi que tout dégénère.

Je passe devant le fauteuil de ma grand-mère qui s'est endormie devant la télévision et remonte dans ma chambre en souriant. Je passe par la salle de bain pour me débarbouiller et démêler mes cheveux que je couperai demain. Mais en me baissant pour attraper ma brosse à cheveux, je ressens une douleur fulgurente le long de ma colonne vertébrale et panique de plus belle en entendant un bruit de craquement suspect. Je pousse un cri étouffé de douleur en tombant au sol, les yeux grands ouverts. Je respire mal, mon dos me fait atrocement souffir; je n'ai plus le contrôle de quoi que ce soit. Mon corps se laisse aller sur le carrelage en ne supportant plus rien du tout. La douleur s'atténue mais je ne peux faire aucun mouvement sans réveiller des sensations désagréables dans mes muscles et dans mes os. C'est comme si ils étaient tous en train de se briser un par un. Je ferme les yeux en plaquant une main sur ma bouche pour ne pas hurler et essaye de me calmer. Ma respiration se fait plus lente, j'essaye de bouger les doigts au bout d'une dizaine de minute. Et enfin je me lève à nouveau en prenant appuie sur le lavabo. Mais je me sens si mal... Mon ventre me fait mal, mes dents me donnent l'impressionnde se déchausser, ma vue se brouille... Je sors de la salle de bain en rejoignant ma chambre baignée dans le noir et me poste à la fenêtre pour prendre l'air quand je ressens subitement des démangeaisons sur toutes les parcelles de ma peau. Je me gratte le bras, la nuque, les poignets, les jambes. Je pousse des grognements tant c'est désagréable en restant la tête à l'extérieur; l'air frais me fait du bien. Mais bon sang! Ma peau est toute sèche! Ce n'est pas normal... Je vais allumer la lampe en continuant de me gratter et me poste devant le miroir.

Et j'y trouve un véritable cauchemar.

Je vois mes bras dénudés recouvert de morceaux noirs, verdâtres, jaunes et brillants qui me font manquer de pousser un cri d'horreur. Mais comme avant, aucun son ne sort de ma bouche. La majorité de mon corps est recouvert de ces espèces d'écailles brillantes jusqu'au dessus de mes seins, et puis plus rien. Mon visage est presque normal hormis mes yeux verts. Je panique comme jamais, je nage en plein cauchemar. La pièce tangue autour de moi. Je m'approche un peu plus du miroir pour regarder mes yeux.

Mes yeux dont la pupille est réduite à deux fentes.

La pièce tourne, tourne encore. Et puis plus rien. Je m'écroule au sol et c'est le trou noir.

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