8| L'accident
Je repasserai demain soir.
Seulement quatre mots, mais cela suffit pour qu'Esther sente son monde s'écrouler.
Comme si cela n'était déjà pas assez difficile, il fallait maintenant que le Ministère vienne s'immiscer dans ses affaires. Elle sortit sa baguette magique et scella, comme tous les soirs, les doubles-rideaux pourpres de l'entrée du chapiteau.
Il fallait qu'elle réfléchisse. Il fallait qu'elle mette ses idées au clair.
Elle se dirigea d'un pas rapide vers la salle de bain commune, salua distraitement les deux femmes qui se brossaient les dents et se déshabilla sans pudeur. En refermant le rideau blanc dans son dos, elle prit une longue inspiration. Puis, elle actionna l'eau. Un torrent d'eau glacial se déversa sur son crâne et dégoulina le long de son corps pétrifié, lui donnant le coup de fouet recherché.
Le débit de l'eau, tout comme sa température, n'était jamais constant et Esther s'était habituée à prendre des douches froides. Elle avait découvert que cela l'aidait à réfléchir.
Cependant, cette fois-ci, elle ressortit de la cabine de douche avec plus d'interrogations que de réponses.
Ses cheveux longs gouttant sur le sol, elle rejoignit le dortoir, où déjà, de nombreux ronflements se faisaient entendre. Elle se glissa dans son hamac et rabattit son épaisse couverture sur elle, puis elle jeta un coup d'œil au hamac en face du sien. Comme à son habitude, Credence était éveillé. Il ne s'endormait jamais avant que la nuit ne soit bien entamée.
Le jeune homme tourna son visage vers la sorcière, prêt à lui souhaiter une bonne nuit avec un sourire réservé, comme à son habitude, mais quelque chose le retint. Esther voulut détourner les yeux, mais Credence sortit de sa couchette et elle ne put s'empêcher de l'observer s'approcher d'elle. Les épaules voûtées, il frotta ses paupières puis s'accroupit à côté de la jeune femme. Une grimace tordit ses traits tandis qu'il basculait en avant. La sorcière le réceptionna de justesse.
— Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle en l'aidant à se stabiliser. Où est-ce que tu as mal ?
— À ma jambe droite, j'ai fait une mauvaise chute lorsque je nettoyais l'eau du Kappa.
— Tu veux que je te soigne ?
Credence refusa d'un hochement de tête. Ses cheveux courts ébouriffés et sa chemise beige froissée accentuaient l'air de fatigue qui encombrait son visage.
— Ça va passer, je n'ai pas besoin de magie, souffla-t-il en se frottant les mains.
Il jeta un regard au reste du dortoir avant de plonger son regard ténébreux dans celui d'Esther.
— Que se passe-t-il ?
La sorcière le dévisagea.
— Comment ça ?
— Quelque chose te tracasse, je le vois. Tu as...
Il hésita quelques secondes, puis fit glisser son index sur son front, créant une ligne imaginaire entre ses sourcils.
— Tu as un pli ici, tu ne l'as que quand tu es embêtée par quelque chose que tu n'arrives pas à résoudre, finit-il par avouer.
Emmitouflée dans sa couverture, Esther frissonna. Était-ce dû à la proximité du jeune homme, qui ne s'était jamais tenu aussi près d'elle auparavant ? Ou bien simplement l'horreur de constater qu'une personne qui ne la connaissait que depuis quelques semaines pouvait la déchiffrer aussi facilement ?
Grâce à son rôle d'intermédiaire avec Nagini, Esther avait longuement côtoyé Credence, mais jamais elle n'avait senti que le jeune homme s'intéressait particulièrement à elle. Du moins, pas au point qu'il puisse être capable de repérer ses tics et expressions langagières. Impressionnée, elle observa son interlocuteur d'un œil nouveau. Il était si proche qu'Esther pouvait voir l'ombre de sa barbe naissante et les gerçures de ses lèvres pleines. Son regard sombre l'agrippa, plaida pour une vérité qu'Esther ne put lui cacher.
— Un employé du Ministère m'a interpellé à la fermeture. Il te cherchait.
Une voile de panique obscurcit le visage de Credence qui écarquilla aussitôt les yeux. Esther s'empressa d'ajouter :
— Je ne lui ai rien dit, il ne sait pas que tu es ici.
Dans sa précipitation, Esther avait haussé le ton et Hector, qui dormait au-dessus d'elle, se retourna en grognant. Son hamac craqua et se distordit au point où la sorcière prit peur de se voir soudainement écrasée. Heureusement, il n'en fut rien et quand elle se tourna de nouveau vers son collègue, elle tomba sur son regard inquisiteur.
— Pourquoi ne lui as-tu rien dit ?
Esther haussa un sourcil, comme si sa réponse était évidente. Pourtant, elle ne l'était même pas pour elle. Deux raisons la poussaient désormais à ce comportement, mais seule une pouvait être partagée.
— Parce que je ne trahis pas mes amis, souffla-t-elle en se redressant sur son coude.
Elle déposa une main sur celle du jeune homme, qui ne chercha pas à fuir le contact. Il dévisagea son interlocutrice, à la recherche d'un mensonge qui ne transparaissait pas sur son visage, puis hocha la tête. Son pouce vint recouvrir celui de la sorcière, qui en fut temporairement distraite.
— Pourquoi le Ministère te cherche-t-il ? Finit-elle par demander, le souffle légèrement coupé.
— À cause de ce qui s'est passé à New York, répondit Credence en baissant les yeux.
Esther fronça les sourcils.
— Que s'est-il passé à New York ? L'interrogea-t-elle, même si elle connaissait déjà la réponse.
Credence se tendit.
— Je ne peux pas t'en parler ici.
— Alors, sortons.
Esther s'extirpa de son hamac, avec une assurance gagnée au fil des jours. Credence ne l'en empêcha pas, mais son expression était incertaine.
— Il va revenir, l'homme du Ministère. Il veut parler à Skender. Je vais faire tout ce que je peux pour l'empêcher de te trouver, mais je dois savoir la vérité, Credence. Je ne peux pas t'aider, si je ne sais pas ce qu'il s'est passé.
— Très bien.
Credence inspira profondément avant de l'inviter à le suivre. Leurs pas les amenèrent jusque sur la Place Cachée, à l'ombre d'un immeuble de six étages et éloigné de toutes sources de lumière. Leurs deux corps étaient dans la pénombre la plus totale, Esther distinguait à peine la lueur du regard de son interlocuteur. Elle ne se rattacha qu'à sa voix étrangement douce, si opposée à l'être qu'il recelait et qu'il lui révéla en termes hasardeux.
Esther réalisa que Credence lui-même ne savait pas entièrement ce qu'il était réellement, l'étrangeté de ce qu'il avait en lui, mais il ne lui cacha rien. Esther entendit, de ses propres lèvres, tout ce qui lui avait déjà été révélé par des bouches étrangères.
Elle avait réussi. Elle avait gagné sa confiance.
Pourtant, loin de jubiler, Esther se sentit confuse.
Cela ne l'empêcha pas de trouver les mots justes pour rassurer Credence, pour lui confirmer son soutien et son investissement pour le plan qui lui avait été partagé. Que rien de ce qu'il venait de lui révéler ne changeait quoi que ce soit.
Ils partiraient tous les trois : Credence, Nagini et elle. Très bientôt.
Esther n'attendait qu'un signal.
Elle promit à Credence de revenir vers lui avec une date de départ aussi vite que possible. La sorcière savait que le jeune homme ne laisserait pas longtemps cet aspect de leur plan indéterminé, surtout maintenant qu'il se savait recherché.
Esther n'avait pas beaucoup de temps devant elle. Déjà, alors qu'ils rejoignaient leur couchette, elle aperçut un éclat de détermination dans le regard de Credence, ainsi qu'une dureté qui n'y était pas auparavant.
Il se préparait mentalement aux événements à venir et Esther allait devoir faire de même.
La nuit n'en fut que plus courte et la journée qui suivit, ardue. Rien ne put distraire les pensées d'Esther, que ce soit les taquineries d'Harish, le rêve illogique que lui raconta Fredrick ou bien la compagnie de Credence au déjeuner. Elle ne pensait qu'à ce Pierre Colin et à sa venue imminente.
Elle allait devoir l'éloigner, mais sans éveiller ses soupçons, et elle ne voyait absolument pas comment effectuer ce tour de magie sans avoir à utiliser la manière forte. Surtout que le temps lui filait entre les doigts. Déjà, le cirque Arcanus ouvrait ses portes.
Esther avait pris place à son poste. De là, elle avait une vue dégagée sur la place et sur les sorciers qui s'y affairaient. Si l'Auror était dans la foule, alors Esther serait la première informée.
Cependant, elle ne pensait pas que cela l'aiderait beaucoup. Si l'homme revenait au guichet pour prendre un billet, elle ne pourrait rien faire d'autre que de lui en fournir un.
Ce ne fut que lorsque la première représentation toucha à sa fin et qu'Esther se trouvait seule au guichet qu'elle le vit. Pierre Colin portait un long manteau noir et déambulait parmi les passants et les attractions. Il observait chaque jongleur et chaque cracheur de feu avec un regard d'acier. Il s'arrêtait parfois pour échanger quelques mots avec eux ; à chaque fois, la coupure de journal sur laquelle apparaissait Credence leur était montrée. Et à chaque fois, la personne interrogée secouait la tête d'un air désolé. Esther n'avait rien eu à dire. Ils mentirent tous effrontément, sans sourciller. Jamais il n'aurait vendu l'un des leurs, mais cela rendrait Credence plus anxieux, plus impatient de quitter le cirque.
L'Auror finit donc par revenir au guichet. Esther faisait entrer les spectateurs de la deuxième représentation et, cette fois-ci, elle fut bien incapable de lui refuser l'entrée. Il lui sourit poliment.
— J'espère que le spectacle est aussi exceptionnel qu'annoncé, lui dit-il d'un ton léger.
Esther lui sourit en retour. Elle ne put se résoudre à répondre. Elle lui tendit son ticket et l'Auror se fondit parmi les spectateurs. Elle aperçut tout de même son chapeau alors qu'il s'installait au premier rang des gradins. De l'autre côté de la piste, Skender se préparait à reprendre son laïus.
Pour la première fois depuis son arrivée au cirque Arcanus, Esther fut prise d'inquiétude. Elle n'avait rien dit à Skender et elle ne savait pas ce qu'il révélerait quand l'homme se mettrait à lui poser des questions.
Peut-être avait-elle eu tort de mentir à l'Auror ? Peut-être aurait-elle dû se débarrasser de lui hier soir, lorsqu'ils n'étaient que tous les deux et que personne ne l'avait encore vu fouiner ?
Elle soupira puis jeta un coup d'œil vers les coulisses, qu'elle apercevait depuis le bout de la piste. Credence était hors de vue, comme ils en avaient convenu.
Quelques minutes plus tard, Nigelle entra en piste. Elle serait la première d'une longue série qui ne se terminerait que par Nagini, le clou du spectacle.
La vision de la Maledictus, tournant dans sa cage en métal, soutenant avidement le regard de Skender puis se transformant en serpent, fut difficile à regarder. La fin était proche et tout reposait sur les prochains instants.
Le flux de spectateurs impressionnés se leva en applaudissant tandis que Nagini serpentait en direction des coulisses, laissant le reste des sorciers se demander si elle pourrait reprendre forme humaine le moment venu.
Pendant ce temps, l'homme du Ministère se leva et se dirigea vers Skender. Esther, bloquée par la foule qui quittait le chapiteau, attendit derrière son guichet. Son impatience se traduisit par le tapotement de ses ongles contre le bois. Dès que le dernier client fut sorti, elle ferma les doubles-rideaux d'un coup de baguette et se dirigea, d'un pas qu'elle espérait calme, en direction de Skender et de l'Auror.
Mais elle arrivait trop tard.
— En effet, je le reconnais, c'est Credence, il nous a rejoint il y a quelques mois. Qu'est-ce qui vous amène à le chercher ? Demanda Skender en lissant sa longue barbe.
Esther s'empêcha de jurer en descendant les dernières marches des gradins. Elle aurait voulu fusiller Skender du regard, mais elle se reprochait plutôt à elle-même cette bévue. Elle savait que Skender ne jouait que selon ses propres règles et elle imagina que cette confession qu'il accordait au sorcier signifiait qu'il espérait une récompense en retour.
— Hélas, je ne peux pas en discuter avec vous, mais, s'il s'avère que le jeune homme présent sur cette photographie est bien ici, alors vous serez bien évidemment récompensé pour votre collaboration.
— Je n'en doute pas, siffla Skender, ravi. J'imagine que j'aurais aussi droit à un dédommagement si les choses venaient à déraper ?
— Assurément, répondit le sorcier, d'un ton agacé.
Skender, satisfait de l'échange, avisa Esther. Il prit un air amusé et tendit le bras dans sa direction.
— Dans ce cas, ma guichetière, ici présente, va vous amener à Credence. Elle le connaît bien. Elle n'aura aucun mal à le trouver.
Le fameux Pierre Colin se tourna vers Esther. Il sembla surpris de la trouver derrière lui, mais ne dit rien en ce sens. Il se contenta de remercier Skender et de lui serrer la main.
— Credence ? Pour quelles raisons voulez-vous le voir ? demanda Esther quand l'Auror lui fit face.
— Je veux simplement lui parler, répondit aimablement le sorcier en venant se poster face à Esther. Je vous suis.
L'expression austère de l'homme indiqua qu'il ne répondrait pas à plus de questions. Quant à Skender, le sourire ravi qu'il arbora sous son horrible moustache indiqua tout ce qu'Esther avait besoin de savoir.
Il tenait sa revanche. Esther s'était toujours doutée que Skender ne se laisserait pas si facilement dominer par une gamine deux fois plus jeune que lui, qu'il trouverait un moyen de lui faire payer la complaisance qu'elle avait montrée lors de leurs premiers échanges. Et ce moment était venu.
Après tout, il ne se souciait guère de Credence, qui n'était qu'une petite main de plus dans son cirque. Il pensait sans doute qu'en jetant le jeune homme en pâture au ministère, il allait blesser Esther, mais il ne connaissait pas les enjeux de la mission de la jeune femme. Ce qu'il venait de faire pourrait s'avérer bien plus catastrophique que la perte potentielle d'un ami ou d'un amant, comme il semblait le penser.
Elle inclina la tête et se mit en marche, l'Auror sur ses talons.
Elle l'emmena jusqu'au hall labyrinthique, puis, de là, se dirigea vers le couloir qui amenait aux créatures. Si Skender les suivait, il n'y verrait que du feu : Credence passait la majorité de son temps dans cette pièce pour nettoyer les cages.
Esther sentit une boule se former dans son estomac tandis qu'elle soulevait le rideau de velours rouge qui obstruait l'entrée des coulisses lors des représentations. Elle n'avait aucun plan. Elle avançait à l'aveugle et estimait son taux de réussite à un bon dix pour cent.
La première bonne nouvelle fut que la zone qui contenait toutes les créatures était d'un calme absolu. La plupart des créatures étaient encore à l'extérieur, dans leur cage, pour distraire le public, et ne seraient pas ramené ici avant une bonne heure. Credence n'était pas en vue et Nagini était endormie dans sa cage, sous sa forme de serpent. La respiration de la Maledictus était forte et rapide et trahissait l'éreintement du spectacle qu'elle venait de donner.
Cela contribua à calmer l'anxiété qui menaçait Esther et lui fournit une idée.
Elle contourna la cage suspendue des Dragfeux, qui crachèrent des étincelles dans sa direction, et se dirigea vers le fond de la pièce, où la cage immense du Zouwu se trouvait.
— À mon avis, il doit être en train de nettoyer les cages, expliqua-t-elle au sorcier en regardant par-dessus son épaule.
L'homme la suivit, le regard inquisiteur. Esther le vit ralentir au niveau de Nagini, sans savoir s'il était juste curieux ou s'il souhaitait s'assurer qu'elle allait bien.
Esther ralentit, elle aussi, afin de lui permettre de la rejoindre et de marcher côte à côte.
— Le jeune homme sur la photo, vous pensez que c'est Credence ? Fit-elle pour tâter le terrain.
Le dénommé Pierre se contenta de hausser les épaules.
— Je ne pense pas que ce soit lui, ils ne se ressemblent pas du tout, dit-elle d'un ton catégorique.
— Cette ressemblance n'est pour l'instant que supposition. Je la confirmerai quand je le verrai.
— Je pense que vous perdez votre temps, M. Colin. Credence est la personne la plus gentille que je connaisse. Il ne ferait pas de mal à un elfe de maison. Il n'a sûrement rien à voir avec votre recherche. J'espère que vous ne comptez pas l'arrêter ? S'exclama-t-elle subitement en s'arrêtant net.
— Mademoiselle, s'il vous plaît, s'impatienta le sorcier.
— Pardon, pardon... De toute façon, nous y sommes.
Esther s'arrêta devant la cage du Zouwu. Mesurant plus de deux mètres de haut et cinq de large, c'était la plus grande cage de la pièce. Elle servait de lieu de vie à la créature étrange, qui ressemblait à un immense chat multicolore. Recouverte à moitié d'un drap abîmé marron, elle était quasiment entièrement plongée dans le noir.
Le Zouwu se trouvait recroquevillé dans le coin le plus éloigné de là où se tenaient les deux sorciers. Sa longue queue cachait son corps et sa tête. Esther espérait que la créature ne dormait pas.
— Il y a de grandes chances pour qu'il soit dans cette cage. C'est toujours sa dernière sur sa liste, mentit-elle.
Elle se pencha pour prendre la clochette, qui se trouvait en bas de la cage. Elle avait déjà vu Credence l'utiliser pour repousser le Zouwu, même s'il n'en avait pas besoin dans la majorité des cas.
Quand la clochette tinta, le Zouwu releva la tête. Dans le noir de la cage, Esther ne vit que l'éclat des loupiotes se refléter dans les pupilles immenses de la créature.
À ses côtés, l'Auror tressauta.
— Alohomora, chuchota Esther en pointant sa baguette sur la serrure de la cage.
Le verrou se défit en grinçant et la porte de la cage s'entrouvrit. Esther se pencha par l'ouverture :
— Credence ? appela-t-elle en faisant tinter la clochette.
Sa seule réponse vint du Zouwu, qui se recroquevilla contre les barreaux en feulant. La sorcière se retint de reculer.
La créature s'était toujours montrée difficile à gérer ; un instinct sauvage la poussait constamment à chercher sa liberté. Cependant, son tempérament s'était aggravé depuis la veille et personne n'avait pu pénétrer dans sa cage pour la nettoyer ou pour lui amener de la nourriture sans se prendre un coup de pattes ou de queue. Même Credence, qui arrivait habituellement à apaiser la créature, avait failli y perdre un bras. Pour la sécurité de tous, et malgré le mécontentement de Skender, le Zouwu avait gagné un jour de repos. Il n'avait pas été exposé de la journée, ce qui arrangeait bien Esther.
La sorcière ouvrit en grand la porte de la cage, afin que l'Auror se trouve lui aussi dans l'entrée. Pour la première fois, il émit une protestation.
— Je ne pense pas que la personne que nous cherchions soit ici, fit-il d'un ton qu'il avait dû vouloir autoritaire, mais fut contrecarré par le tremblement de sa voix.
Le regard fixé sur la créature en face de lui, l'homme ne faisait plus attention à Esther.
C'était le moment. Elle recula d'un pas et pointa sa baguette sur le dos de Pierre Colin.
— Confundo, murmura-t-elle d'une voix pratiquement inaudible.
Un jet grisâtre sortit de sa baguette pour frapper le sorcier, qui frissonna. D'un coup de pied sur les fesses, Esther le poussa dans la cage du Zouwu et claqua la porte derrière lui.
L'Auror s'immobilisa après quelques pas. Sans rien dire, il fronça les sourcils, perdu. De l'autre côté de la cage, le Zouwu commençait à se relever en grognant. Lentement, ses grands yeux dorés passaient de l'intrus dans sa cage à la clochette que tenait Esther dans sa main. La sorcière recula de quelques pas et posa la clochette au sol. Le petit objet doré avait à peine touché le sol que le Zouwu s'emporta.
La fourrure hérissée, il poussa un grognement rageur avant de s'élancer sur l'intrus. Pierre Colin disparut derrière la longue queue rosée de la créature, des étincelles de feu volant de la crinière de l'animal. Tout ne fut que confusion et feulement. Esther ne voyait que l'animal, qui tournait de manière erratique dans la cage, se cognant contre les barreaux à intervalles réguliers.
La crise de folie de l'animal ne dura pas plus d'une minute. Alors qu'il se frappait une nouvelle fois contre un barreau, le Zouwu ralentit sa course et, en boitillant, retourna se lover dans un coin de sa cage.
Esther quitta des yeux la créature pour rechercher l'Auror.
Pierre Colin était étendu sur le sol. Son abdomen était zébré de quatre grandes lacérations et une flaque de sang grandissante encadrait son corps.
Esther n'avait pas besoin de prendre son pouls pour savoir qu'il était mort.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top