14| Invitation au cimetière

La disparition d'Irma pesa lourd sur les fuyards du cirque. Alors qu'ils s'étaient réunis au milieu de l'appartement et de la destruction de l'Obscurus, Esther, Credence et Nagini n'osaient plus parler.

Des yeux, ils cherchèrent le corps d'Irma, mais ils se rendirent vite à l'évidence que celui-ci avait disparu. Les épaules de Credence tremblaient, comme si elles étaient directement impactées par son chagrin.

Pendant de longues minutes, le jeune homme erra dans l'appartement, comme une âme en peine, effleurant certains objets avant de s'en détourner, faisant ses adieux muets à sa nourrice.

Esther l'aurait laissé faire son deuil aussi longtemps qu'il l'aurait souhaité si des exclamations à l'extérieur de l'immeuble ne commencèrent pas à se faire entendre. Les moldus, alertés par le chaos engendré par la destruction de la chambre de bonne, venaient enquêter et ils ne tarderaient pas à trouver le courage de monter au sixième étage. Il ne fallait pas que les trois compagnons y soient découverts ; cela prouverait leur culpabilité et compromettrait le plan d'Esther. Il n'était pas encore temps pour eux de fuir Paris. Alors la sorcière fit un signe de tête à Nagini et, d'un commun accord, elles se dirigèrent vers Credence.

— Nous devons partir, commença Nagini.

— Les moldus commencent à se regrouper, ils ne vont pas tarder à monter. Je vais nous transplaner ailleurs.

Credence caressa du regard son environnement détruit, son visage reflétant le vide abyssal qui l'habitait.

— Emmène-nous à l'extérieur, je veux rester encore un peu, répondit-il d'une voix vacillante en lui tendant une main tremblante.

Esther lui prit sa main ainsi que celle de Nagini et elle transplana en plein milieu de la rue Phillipe-Lorand, la précipitation l'obligeant à ne pas se soucier de son lieu d'arrivée. En apparaissant sur les pavés, elle s'assura tout de même qu'aucun moldu ne les avait aperçus, tout en soutenant Nagini, qui, une main sur la poitrine, repoussait un haut-le-cœur. Un simple coup d'œil alentour lui assura que leur arrivée fût discrète ; l'attention de tous les passants était rivée sur les appartements du numéro 18. Sans hésitation, Credence rejoignit la foule qui s'était formée devant l'ancien immeuble d'Irma, le visage levé vers le trou béant qui ornait désormais la toiture.

En silence, Esther et Nagini l'y rejoignirent et attendirent qu'il soit prêt à partir. Pendant longtemps, rien ne se passa. Les moldus, toujours aussi aveugles à ce qu'ils avaient juste sous leur nez, murmuraient entre eux, cherchant à comprendre la catastrophe. Les gens allaient et venaient, mais la foule ne dégrossissait pas. Elle s'agrandit même quand la police arriva sur les lieux pour inspecter les dégâts. Ils firent reculer les curieux de l'autre côté de la rue et plusieurs heures passèrent pendant lesquelles le trio ne fit rien d'autre qu'observer les allées et venues des agents français et de divers inspecteurs. Esther crut même apercevoir, en fin de matinée, des employés du ministère des Affaires magiques faire le déplacement. Ce fut à cet instant précis qu'elle estima qu'il était temps de s'éclipser et, alors qu'un clocher au loin sonnait midi, Credence accepta de retourner dans leur propre chambre de bonne.

Le retour dans leurs combles, sous la verrière brisée, fut une bénédiction pour Esther qui ne supportait plus la présence des moldus autour d'elle. Elle s'allongea dans son hamac, posant son avant-bras sur ses yeux pour cacher la lumière du jour. Elle ne voulait pas dormir, mais elle n'avait rien d'autre à faire. Credence s'était terré dans le silence depuis de nombreuses heures déjà et il était évident, à son regard toujours voilé, qu'il n'en ressortirait pas avant un moment. Quant à Nagini, elle s'était réfugiée sur le toit. La seule chose à faire désormais était d'attendre. Elle ne savait pas quoi, mais elle se doutait que Grindelwald le leur soufflerait, d'une manière ou d'une autre, quand le moment serait venu.

Dans l'attente d'un signe, Esther dut s'endormir. Quand elle rouvrit les yeux, le soleil entamait déjà sa lente descente sur l'horizon. L'après-midi s'était écoulé sans la déranger et la soirée l'accueillait à bras ouvert. Les yeux collés par le sommeil, la sorcière se tourna doucement vers la pièce, laissant la lumière déclinante la réveiller. Au milieu de la chambre, elle aperçut Credence, assis par terre. Il se tenait face à une caisse en bois et son pantalon était recouvert d'une fine couche de poussière. D'une main qui ne tremblait plus, il nourrissait un minuscule oisillon des graines volées le matin même.

Espérant que son ami soit remis de ses émotions et enclin à parler, Esther se leva et vint s'asseoir en face de lui, la caisse et l'oisillon gazouillant se tenant entre eux.

— D'où est-ce qu'il vient ? Demanda-t-elle, les yeux rivés sur le minuscule oiseau.

— Je l'ai trouvé ce matin, quand tu dormais. Je pense qu'il a dû tomber de son nid, mais je ne l'ai pas trouvé, répondit Credence en quittant l'oisillon des yeux le temps d'observer les poutres en bois qui soutenaient le plafond.

— Il est si petit... frémit Esther en se mettant, elle aussi, à chercher des yeux le nid fantôme. Est-ce qu'il peut vraiment survivre sans sa mère ?

Credence eut un sourire fragile, mais confiant tandis qu'il utilisait ses dents pour briser la coque d'une graine.

— Je vais m'occuper de lui, il ira bien.

Esther lança un sourire rassuré en direction de son ami. Elle était heureuse de le voir en paix et de retrouver son regard doux. Il semblait s'émerveiller à l'idée de pouvoir sauver une jeune vie. Cela la fit hésiter. La dernière chose qu'elle souhaitait était de l'importuner avec les souvenirs funestes de la matinée, mais elle avait besoin de lui poser la question qui tourmentait son esprit depuis des heures.

— Est-ce qu'il est mort ? Le sorcier qui nous a attaqués ?

Esther se retint bien de prononcer le prénom d'Irma. Elle n'en eut pas besoin pour faire apparaître une ombre sur le visage de celui qu'elle cherchait tant à protéger.

— Non. Il est parti avant que... Il est parti.

— Est-ce que tu le connaissais ?

— Je ne l'avais jamais vu avant. Mais je n'oublierai pas son visage.

Sa menace emplit le silence, faisant hésiter Esther. Elle se mordilla la lèvre avant de continuer son interrogatoire. Elle avait besoin de savoir ce que Credence soupçonnait.

— Pourquoi est-ce qu'il est venu nous attaquer ? Que voulait-il ?

Cette fois-ci, Credence se contenta de hausser les épaules. Il donna une nouvelle graine à l'oisillon avant de baisser les yeux sur ses mains.

— Je pense que c'est lié à la note. Il devait nous attendre.

Esther soupira. Elle le pensait aussi. Mais jamais il ne devait apprendre de qui provenait réellement cette note. Si Grindelwald avait ordonné la mort d'Irma, alors elle ne doutait pas une seconde qu'il ait eu une bonne raison de le faire.

— Tu penses que l'un des ministères est derrière tout ça ?

— C'est possible. Le MACUSA a tenté de me tuer l'année dernière.

— C'est pour ça que tu as rejoint le cirque, compléta Esther en observant l'oisillon qui engloutissait les graines avec appétit.

— J'avais besoin d'un endroit où aller, répondit Credence en lançant un regard incertain à Esther.

Credence semblait douter de la mémoire de la sorcière, mais c'était bien mal la connaître. Un sourire éclos sur ses lèvres à l'évocation du souvenir que Credence faisait remonter entre eux ; celui de leur première réelle discussion, sur les bords de la Tage, le cirque dans leur dos et Lisbonne en toile de fond.

Le clapotement du fleuve résonnant encore dans son esprit, le regard bleuté d'Esther se retrouva verrouillé aux pupilles sombres de Credence. Un courant inattendu les traversa tous les deux, les relia, et la sorcière ne put retenir son cœur qui s'emballa. Elle n'avait qu'une envie : se rapprocher de Credence et sentir sa chaleur effleurer la sienne. Elle aurait tout donné pour avoir une bonne raison de le prendre de nouveau dans ses bras.

Quand il porta une nouvelle graine à ses lèvres charnues pour la briser, Esther sentit son esprit vagabonder. Elle se mit à imaginer toutes les choses qu'elle pourrait faire à cette bouche si elle le pouvait. Si elle se donnait le moyen et la volonté de le faire. Si elle n'était pas interrompue par les gazouillis impatients d'un oisillon quémandant son repas.

Esther relâcha une profonde expiration et baissa les yeux. Si elle était le genre de personne à rougir, alors ses joues auraient trahi sa gêne, mais, par chance, son visage resta aussi pâle qu'il l'avait toujours été. Ses mains, en revanche, tremblaient, et elle les occupa en jouant distraitement avec une mèche de cheveux.

Jamais elle n'avait ressenti un sentiment aussi puissant auparavant. Un sentiment qui la fasse dérailler ainsi. Elle n'aimait pas du tout cela, ni la direction vers laquelle son cœur souhaitait l'emmener. Elle espéra qu'une seule chose : que Credence n'ait rien remarqué.

La jeune femme prit le temps de recouvrer ses esprits, ainsi qu'une contenance, avant de reprendre la parole. Elle opta pour un sujet plus sérieux. Un sujet qui ne pourrait pas lui faire perdre pied.

— Peut-être que nous avons tout faux, peut-être que ce n'était pas toi qui étais visé. Pourquoi le sorcier ne t'a-t-il pas attaqué quand il a vu qu'il avait tué... la mauvaise personne ?

Esther garda le regard obstinément rivé sur la caisse, mais, du coin de l'œil, elle aperçut Credence se figer, réfléchissant à cette possibilité qu'il n'avait pas imaginée. Qu'Irma puisse être la cible de l'attaque et non pas une victime collatérale, ayant gravité trop près de son Obscurus.

Esther se détesta pour la phrase qu'elle allait prononcer, mais elle avait besoin d'éloigner Credence de toute suspicion pouvant tomber sur Grindelwald :

— Tu penses qu'elle a... enfreint des règles ou quelque chose comme ça ?

— Non. Non, je ne pense pas.

— On ne peut pas vraiment le savoir, on ne la connaissait pas.

— C'est vrai, mais le sorcier n'a pas eu l'air surpris quand il m'a vu, sous ma... forme... Il me connaissait.

— Je ne suis pas sûre que ça veuille dire grand-chose. S'il travaille pour un ministère, il est fort probable qu'il ait entendu parler de toi à un moment, non ?

— Je suppose, oui.

Credence soupira et se remit à nourrir l'oisillon qui pépia de bonheur. Esther hésita à profiter de cette pause dans la discussion pour y mettre fin et ainsi fuir la gêne qui la tiraillait depuis que ses pensées s'étaient égarées. Néanmoins, elle sentit qu'il n'y aurait pas meilleur moment pour redorer le blason de son mentor.

— Tu as réfléchi à ce que tu allais faire maintenant ?

Le grand brun fit un simple non de la tête, le regard las.

— J'ai cherché une piste pendant si longtemps, je ne sais plus quoi faire.

— Peut-être qu'on pourrait demander de l'aide à d'autres personnes ?

— Qui pourrait nous aider ?

Cette fois-ci, Esther dut se résoudre à relever la tête, mais elle préféra suspendre son regard aux mains de l'Obscurial plutôt qu'à ses yeux. Ses mains noueuses, parsemées de petites cicatrices. Esther s'humecta les lèvres avant de proposer :

— Tu n'as jamais pensé que, peut-être, Grindelwald pourrait t'aider ?

Credence ne répondit pas, mais elle le vit ralentir ses gestes et elle sentit imperceptiblement son regard sombre tomber sur son visage. Alors, elle prit son courage à deux mains et elle le regarda de nouveau. Puis, pour occuper son esprit, elle se remit à parler :

— Il a cherché à te connaître à l'époque, il y a sûrement une raison. Peut-être qu'il connaît l'identité de tes parents. Ton identité à toi. (Elle déglutit face au regard intense de l'Obscurial.) Je pense que ça peut valoir le coup d'essayer de le contacter.

Credence absorba les mots d'Esther sans broncher, mais sans lui donner de réponse non plus. Finalement, et au soulagement de la sorcière, il baissa les yeux et s'enfonça dans une réflexion qui permit à la jeune femme de souffler.

Elle ne savait pas si son discours allait avoir un quelconque impact sur lui. Elle ne connaissait pas les tenants et aboutissements du passif entre les deux hommes, ce qui s'était passé exactement à New York l'année d'avant. Elle ne savait donc pas si Credence éprouvait beaucoup de réticence à l'idée de rencontrer Grindelwald de nouveau. Elle espérait simplement que ce ne soit pas le cas. Credence pourrait tant grandir et évoluer en compagnie du grand sorcier. Peut-être pourrait-il même maîtriser son Obscurus et développer une véritable magie ? Ou en tout cas, faire grandir l'éclat de magie qui brillait en lui et qu'Esther pouvait jurer avoir senti le matin même.

Credence l'avait-il ressenti lui aussi ?

Alors qu'elle posait un regard incertain sur lui, une ombre les plongea tous les deux dans la pénombre. Ils levèrent la tête au même moment, cherchant la source de cette obscurité soudaine, et ce que vit la sorcière à travers la verrière la poussa à se lever sans attendre et à se précipiter en direction de l'échelle menant au toit.

Elle ne sortit que son buste à l'extérieur et laissa la vue des immenses rideaux noirs qui flottaient dans le ciel et recouvraient, petit à petit, tous les immeubles de la ville garnir ses traits d'un immense sourire. D'un aspect soyeux, ces rideaux sombres volaient au gré du vent dans un savant mélange de magie et de talent dont la beauté était indéniable. Le fin tissu noir recouvrit brièvement leur propre toit, faisant apparaître aux yeux de la sorcière plusieurs phrases succinctes ainsi qu'un aigle argenté aux ailes déployées.

C'était une annonce.

Esther soupira de ravissement. Enfin, Grindelwald les appelait.

Ils allaient se rassembler.

Le tissu s'envola doucement de leur immeuble et s'éloigna, avec d'autres, vers l'horizon. Vers le lieu du rassemblement. Le ciel gris reprit sa place au-dessus de Paris et le calme régna.

Le regard de la sorcière tomba alors sur Nagini, assise sur le toit, et cela gâcha aussitôt son plaisir. Esther savait désormais où trouver Grindelwald et, même si la Maledictus n'avait encore rien dit en ce sens, elle savait qu'elle combattrait l'idée de se joindre à l'assemblée qui se préparait le soir même. Surtout après la débâcle avec Irma. Mais ce dont Esther avait réellement peur, c'était que Nagini découvre le pot aux roses. La Maledictus était futée et n'était pas aveuglée par l'émotion comme Credence ; elle en devenait plus redoutable. Esther devait donc être vigilante à partir de maintenant. Bien choisir ses mots et ses actions, jusqu'à ce qu'il soit temps d'abandonner Nagini à son sort.

La Maledictus choisit cet instant précis pour se retourner vers Esther. Les yeux écarquillés, elle se leva d'un coup sec. La sorcière craignit d'avoir parlé à voix haute, mais le regard de Nagini ne se posa pas sur elle, mais sur un point dans son dos.

— Bonsoir, mesdemoiselles.

La voix masculine et profonde fit frissonner la sorcière, qui tourna docilement la tête dans sa direction. L'homme qui venait de parler se trouvait derrière elle, assis sur la toiture en zinc. Tout de noir vêtu, il s'adossait nonchalamment contre l'immeuble voisin, un sourire poli sur les lèvres.

Esther gravit les dernières marches qui la séparaient du toit pour rejoindre Grindelwald, mais elle s'arrêta dès que ses pieds furent sur le zinc. Ils n'étaient pas seuls. Nagini venait dans leur direction.

La Maledictus rejoignit Esther, sans quitter des yeux le nouvel arrivant. Ce dernier attendit que les deux femmes lui fassent face pour reprendre la parole :

— J'aimerais m'entretenir avec Credence, s'il est disponible.

Nagini se tendit. Esther se pencha pour lui murmurer à l'oreille :

— Je sais ce que tu en penses, mais il faut au moins le prévenir. Il voudra entendre ce que Grindelwald a à dire. Va le chercher.

La Maledictus quitta Grindelwald des yeux le temps d'observer l'expression d'Esther. Ce qu'elle y vit sembla la convaincre, car elle accepta d'un hochement de tête et se dirigea vers l'échelle. Elle y avait à peine posé un pied qu'elle leva un regard inquiet vers Esther.

— Descend avec moi, ne reste pas seule avec lui, chuchota-t-elle.

Esther ouvrit la bouche, déconcertée.

— Ça va aller, tu n'en as pas pour longtemps.

Nagini hésita avant de descendre les marches pour prévenir Credence. Esther, sans bouger de son emplacement, tourna de nouveau son visage vers l'homme qui lui avait tant enseigné. Après tant d'années à ses côtés, elle se sentait toujours profondément chanceuse quand il lui accordait un regard. Et quand il lui sourit et qu'elle crut déceler une once de fierté dans ses yeux, tout son corps vibra.

Sa présence lui avait manqué, il avait passé trop de mois dans cette prison infâme des États-Unis. Elle devait lutter pour ne pas rejoindre son mentor et rester, bien sagement, où elle se trouvait. C'est-à-dire à une distance raisonnable d'un sorcier considéré, à tort, comme dangereux par certains de ses pairs. Ils ne comprenaient simplement pas ses plans, son ambition. La véritable portée de ses idées et tout le bien qui pouvait en découler.

L'arrivée de Credence brisa le silence. Il vint se placer aux côtés d'Esther, allant même jusqu'à se mettre légèrement devant elle. Nagini le suivait de près. Esther chercha à attirer le regard de Credence, pour lui souffler que la présence de Grindelwald était une chance inouïe, mais son ami ne souhaitait pas quitter les yeux vairons du sorcier. Son expression méfiante et son visage fermé hérissaient Esther, mais elle avait bon espoir que cette attitude disparaisse bien assez vite.

— Que voulez-vous ? Demanda-t-il, sans ciller.

Il était rare que Credence soutienne aussi longuement et intensément le regard d'une personne. Esther ne put dire si cela était un signe de bravoure ou bien une façon d'attirer l'attention sur lui pour détourner les regards des deux jeunes femmes qui l'entouraient. Même si Esther n'avait pas besoin d'être protégée, elle appréciait de le voir essayer.

— De toi ? Fit Grindelwald. Rien. Pour toi ? Tout ce que je n'ai jamais eu. Mais toi, que veux-tu mon garçon ?

— Je veux savoir qui je suis, répondit Credence, sans hésitation.

Esther observa Grindelwald avec attention. Avec espoir, aussi. Elle voulait croire qu'il savait réellement qui était Credence et qu'il pourrait lui fournir cette information. Elle souhaitait que Credence puisse vivre pleinement son futur en leur compagnie, sous sa véritable identité et sous la protection de Grindelwald.

Le sorcier eut un sourire en coin. Il tourna son regard en direction des toits de Paris en se relevant.

À ses côtés, Esther entendit la respiration de Nagini s'accélérer et crut même la voir reculer discrètement.

— Là, reprit Grindelwald en levant sa main droite, un papier plié entre les doigts. Tu trouveras la preuve de ta véritable identité.

D'un geste subtil du poignet, il fit s'envoler le papier jusqu'à eux.

— Viens au Père Lachaise ce soir et tu découvriras la vérité.

Alors que la feuille tombait au sol, à leurs pieds, Grindelwald transplana. Esther tourna aussitôt toute son attention vers Credence, qui ramassait le papier. Avec ce que venait de lui dire Grindelwald, elle avait bon espoir que son ami souhaite suivre le sorcier ce soir et que Nagini devienne, par la même occasion, moins difficile à convaincre.

La sorcière se pencha vers Credence, leurs épaules s'effleurant, pour regarder ce qui ressemblait à un plan du cimetière du Père Lachaise dessiné en détail sur la feuille. Au milieu des chemins, à côté d'un cercle, se trouvait un aigle noir. Le même aigle qu'Esther avait aperçu sur le tissu noir qui lui avait recouvert le visage, peu avant l'arrivée de Grindelwald.

C'était là qu'il voulait qu'ils aillent. Ce serait donc là qu'ils iraient. Esther ne pouvait pas le décevoir aussi près du but.

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