13| Irma Dugard
La matinée ne faisait que débuter lorsque Esther, Credence et Nagini longèrent les quais de Seine bondés. Une brocante s'était installée sur le trottoir et une centaine de moldus flânait entre les étals, cherchant à dépenser leur argent durement gagné.
Dans la foule, le trio aurait dû passer inaperçu, mais Nagini sortait du lot. La jeune femme, vêtue de sa longue robe bleue décolletée, dénotait parmi les passants parés d'écharpes et de fourrures. Esther avait pourtant proposé un manteau à la Maledictus avant leur départ, mais cette dernière, ne craignant pas le froid, l'avait refusé. Elle marchait donc la tête haute, fixant de son regard inflexible tous les moldus qui posaient les yeux sur elle. À ses côtés, et tout à l'inverse, Credence marchait le visage baissé.
Esther avait mis du temps à réaliser que la posture du jeune homme n'était pas liée à de la gêne ou à un mal-être, mais qu'au contraire, elle servait un but spécifique. Il avait fallu qu'elle l'aperçoive récupérer discrètement des graines pour oiseau d'un sac ouvert pour les cacher dans sa poche de pantalon pour comprendre qu'il avait les mains baladeuses. La sorcière se retint bien de le lui faire remarquer sur l'instant ; elle l'observa continuer son numéro sur de longs mètres, l'imitant parfois quand elle le jugeait intéressant, puis attendit qu'ils soient suffisamment éloignés de la foule et des vendeurs pour lui donner un coup taquin sur l'épaule.
Avec un sourire de confidence, qui fit briller ses yeux bleus, elle lui montra une belle pomme rouge. Son propre butin personnel dérobé à un moldu à la moustache fournie.
— Je te l'échange contre la tienne ?
Le grand brun ne comprit pas immédiatement sa remarque. Alors qu'il jaugeait la pomme d'Esther d'un œil confus, la sorcière glissa sa main dans la poche de pantalon de son ami et y récupéra une pomme verte similaire à la sienne. Credence eut un air contrit à la vue de son larcin.
— Tu as des doigts bien habiles pour un simple employé de cirque, lui souffla Esther avec un clin d'œil.
Sa remarque eut le mérite de détendre Credence, dont le regard s'illumina brièvement.
— Tu n'es pas en reste, souffla-t-il en récupérant sa pomme des mains d'Esther. (Il la donna à Nagini, qui n'écoutait que d'une oreille leur conversation.) Je ne suis pas particulièrement fier de le faire, mais, certains jours, c'est la seule manière de pouvoir se nourrir.
Esther acquiesça, même si elle ne pouvait pas réellement comprendre cette situation qu'elle n'avait jamais vécue. Elle avait appris à voler pour s'amuser, pour découvrir ses limites, pour faire un pied de nez à ses parents adoptifs, mais jamais pour se nourrir.
— Tiens, tu peux prendre ma pomme, proposa-t-elle. Je n'ai pas très faim.
Credence refusa d'un signe de tête. Une étincelle de ruse dans le regard, il sortit une deuxième pomme de sa poche de pantalon.
— Je l'avais prise pour toi.
Esther laissa échapper un petit rire surpris.
— Et moi, j'avais pris la mienne pour toi. Échangeons-les.
Leur repas frugal leur tint compagnie jusqu'à ce qu'ils quittent les abords de la Seine pour se plonger dans l'animation parisienne. Esther, qui connaissait bien la ville, pour y avoir grandi, les guida jusqu'à la rue Philippe-Lorand, leur destination. La demeure d'Irma Dugard.
L'immeuble qui se trouvait au numéro 18 ne payait pas de mine ; sa façade était assombrie par les décennies et les intempéries. Son entrée, délimitée par une double porte en bois, était grande ouverte et donnait sur une cour intérieure. Le trio s'y glissa en silence, observant les six étages de l'immeuble avec attention. Ce fut Credence qui repéra le premier ce qui les intéressait.
— Elle est chez elle.
L'air frais lui chatouillant les joues, la sorcière leva la tête. En haut de l'immeuble, dans ce qui devait être une chambre de bonne, deux fenêtres étaient grandes ouvertes. Des rideaux blanc immaculé battaient au vent.
Sans Nagini pour reprendre la tête, Esther serait probablement restée plus longtemps, le regard en l'air, à chercher le courage de faire le premier pas. Elle laissa la Maledictus ouvrir la porte d'entrée de l'immeuble, de sa main fine et pâle, avant de se retourner vers Credence. Le jeune homme avait toujours les yeux rivés sur les fenêtres du sixième étage. L'expression lointaine qui l'habitait poussa Esther à lui prendre délicatement la main et à serrer sa peau calleuse entre ses doigts pour le ramener à la réalité. Le regard de Nagini se fit perçant contre la nuque de la sorcière.
— Tu viens ? Chuchota Esther.
Credence ne lui répondit pas, mais il la suivit. Son regard était dorénavant inquiet, agité par diverses pensées qui le faisaient assurément remettre en question tout ce qu'il avait tenu pour acquis. Les doigts toujours entrelacés, ils suivirent la Maledictus à travers l'entrée de l'immeuble et gravirent les marches branlantes d'un escalier en bois, vieux de plusieurs décennies. Le passage se resserra à partir du cinquième étage pour finir par déboucher sur un couloir étroit au silence oppressant. D'un côté du couloir, les fenêtres qu'ils avaient aperçues d'en bas, de l'autre, des cloisons vitrées opaques qui délimitaient un espace de vie.
Ils approchaient du but. Esther sentit sa respiration s'accélérer et sa main devenir moite contre celle de Credence. Nagini marchait toujours devant eux, déterminée et sûre d'elle, tandis que Credence suivait, d'un air perdu. Esther n'imaginait que trop bien le cocktail d'émotions qui devait batailler à l'intérieur de lui à l'idée même de retrouver sa mère après tant d'années à la rechercher. Il devait sûrement être tiraillé par l'appréhension et la peur, mais être aussi rempli d'un immense bonheur qui n'attendait qu'une minuscule confirmation pour exploser à l'air libre. Ou se retourner contre son porteur et se transformer en une déception dévastatrice.
Esther observa le visage de Credence. Ses traits fins et harmonieux, sa peau à l'aspect si douce et son regard profond. Elle ne voulait pas le voir se briser.
Elle ralentit l'allure et laissa Credence, de son pas pourtant lent, la dépasser. Elle relâcha sa main et se tint en retrait, préférant se focaliser sur les vitres opaques. L'intérieur de la chambre de bonne était entièrement camouflé. Esther ne pouvait voir que l'ombre de rideaux ou d'objets de formes diverses à travers les vitres.
Aucune forme humaine ne lui apparut.
Devant elle, un grincement retentit tandis que Nagini entrouvrait la porte d'entrée de l'appartement. La curiosité poussa la sorcière à rejoindre ses deux compagnons au moment où une voix féminine s'éleva de l'intérieur de la pièce :
— Qui est là ?
La présence d'une femme dans la chambre de bonne sembla convaincre Nagini de pénétrer entièrement dans la petite pièce. Credence, sur ses talons. La personne qui leur avait parlé était camouflée derrière une ribambelle de rideaux blancs, certains opaques, d'autres transparents, qui paraissaient délimiter la zone de repos du reste de l'appartement.
— C'est votre fils, madame, répondit Nagini dans un français correct, en agrippant l'avant-bras de Credence pour le forcer à avancer.
Esther, l'estomac noué, faillit retenir Credence. Elle n'aimait pas cet endroit, ni l'atmosphère qu'il y régnait.
— Qui est-ce ? Redemanda la voix, dont le timbre oscillait entre celui d'un enfant et celui d'une personne âgée.
— Êtes-vous Irma ? Êtes-vous Irma Dugard ? Demanda Credence, dont la voix tremblante prit de l'assurance à mesure qu'il parlait. Pardon, mais... on m'a donné votre nom. Je pense que vous êtes ma mère. Vous m'avez donné à l'adoption. Vous savez de quoi je parle ?
Aucune réponse ne leur parvint. L'espoir de Credence était palpable. Il agrippa le cœur d'Esther et l'empêcha de bouger.
— Vous m'avez confié à Mme Bellebosse, à New York, souffla Credence, sa voix se fêlant en nommant sa mère d'adoption.
La sorcière aurait souhaité le rejoindre, mais elle resta obstinément bloquée à côté de Nagini. À l'inverse de Credence, qui, ne voyant pas de réponse venir, sembla mue d'une volonté soudaine. Laissant les deux femmes derrière lui, il traversa la double rangée de rideaux d'un pas lent pour rejoindre Irma Dugard.
Le cœur battant à tout rompre, Esther observa le moment fatidique arriver. Un rideau fut soulevé et une femme apparut. Une femme au regard bon et tendre. Une femme au sourire ému. Mais une femme petite. Trop petite pour être entièrement humaine et dont la voix ressemblait trop, maintenant qu'Esther y pensait, à celle d'un elfe de maison.
La sorcière sentit sa gorge se serrer. Elle sut ce qui allait arriver au moment où Irma reprit la parole, dans un anglais approximatif :
— Je ne suis pas ta mère. J'étais une domestique.
Elle prononça ces mots compliqués à entendre d'une voix douce et pleine d'affection, qui poussa Credence à s'agenouiller pour lui faire face.
— Tu étais un si beau bébé. Et maintenant, tu es un si bel homme, lui souffla-t-elle avant de l'étreindre doucement.
Esther serra les poings. Entendre ces mots la confronta à ses propres pensées, et elle refusa d'admettre qu'elle partageait le même avis que cette Irma Dugard.
— Je ne voulais pas te laisser là-bas, continua Irma, tout en berçant Credence, dont la tête reposait sur son épaule.
Leur étreinte était douce et réconfortante et Esther jalousa presque son ami. Elle ne se souvenait plus de la dernière fois que quelqu'un l'avait prise ainsi dans les bras, d'une manière si maternelle. À cet instant, ses parents lui manquèrent tellement qu'elle manqua s'étouffer de peine.
— Pourquoi n'ont-ils pas voulu de moi ? Questionna Credence dont la douleur faisait vaciller sa voix. Pourquoi est-ce votre nom que l'on m'a fourni ?
— Je t'ai emmené chez Mme Bellebosse parce que... elle devait s'occuper de toi.
Cet instant tendre n'aurait pas dû être troublé, pourtant un cri de détresse interrompit ces retrouvailles. Irma, Credence et Esther se tournèrent en direction de Nagini, qui avait déjà disparu, comme aspirée par la tapisserie qui recouvrait les murs du couloir.
Le moment avait été trop beau. Esther aurait dû se douter que cela n'aurait pas pu être aussi facile.
Cette infime seconde de choc l'empêcha d'agir lorsqu'un homme portant un chapeau noir apparut, comme propulsé du mur du couloir. Le souffle de son sort projeta la jeune femme en arrière et elle s'écrasa contre un meuble en métal. Alors qu'elle retombait sur le parquet, comme un jouet cassé, un éclair de lumière verte illumina la pièce.
Dans un recoin de son cerveau, Esther comprit le sens funeste de cette lumière, tout comme elle perçut le sifflement d'un serpent, le bruit d'un corps qui tombe au sol et le claquement de pas sur le parquet. Cependant, la sorcière eut rapidement d'autres préoccupations que son environnement quand un sanglot fit trembler tout son corps et provoqua une douleur aiguë au niveau de son abdomen. Esther en eut le souffle coupé et, pendant une infime seconde, elle craignit de ne pas réussir à respirer de nouveau. Ses poumons, comme transpercés par mille aiguilles en feu, lui arrachèrent une grimace de douleur à chaque inspiration.
Sur son visage pâle, un liquide chaud se répandait, obstruant partiellement sa vue. Esther était blessée, gravement, et sa respiration laborieuse l'empêchait de se mouvoir. Sa seule échappatoire était sa baguette, mais elle se rendit vite compte qu'elle l'avait perdue.
Elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait pas se protéger. Elle ne pouvait pas protéger Credence de l'homme au chapeau. Elle ne pouvait même pas venger Credence si jamais c'était lui qui avait succombé au sortilège de la mort.
Elle laissa échapper un grognement profond et se força à ouvrir les yeux, à chasser les taches sombres qui obscurcissaient sa vue. Elle put alors découvrir un appartement dévasté, dont le plafond avait été remplacé par un magnifique ciel bleu, constellé de débris en tout genre. Ils voletaient au ralenti, comme hors du temps, jusqu'à ce qu'un râle sonore et vibrant éclate. Esther sentit le souffle la frapper, son corps être aspiré sur de nombreux mètres. Elle hoqueta de douleur. Ses narines étaient assaillies par la poussière, ses oreilles rendues sourdes à tout autre bruit que le cri déchirant qui emplissait la chambre de bonne détruite.
La sorcière tenta le tout pour le tout.
— Acc--io b--ague--tte, souffla-t-elle d'une voix étranglée.
La douleur la rendait incapable de prononcer son sort d'une traite et au bout de deux essais, Esther dut s'arrêter pour tenter de reprendre son souffle. Elle n'avait jamais été capable de maîtriser les rudiments de la magie sans baguette et, même si elle l'avait pu, elle doutait que sa formule ait pu fonctionner. Chaque mot prononcé était noyé dans le râle enivrant qui continuait de résonner tout autour d'elle, prenant Esther aux tripes.
L'attaque qui avait lieu à quelques mètres à peine de la sorcière redoubla d'intensité. Esther sentit le parquet se mettre à vibrer sous son corps fêlé, accentuant la douleur de son abdomen et faisant tomber à flot les larmes de ses yeux. Le râle n'était plus qu'un cri, presque humain. Le cri de Credence, amplifié par son Obscurus.
Cet être dont il lui avait révélé l'existence à peine quelques jours plus tôt, sans pouvoir le nommer. Esther aurait pu le faire pour lui, elle qui s'était renseignée sur cette entité magique avant de se lancer dans sa mission. Pourtant, aucune de ses recherches n'aurait pu la préparer à la puissance que ce parasite pourrait avoir, ni à l'humanité déchirante de son râle.
Son cri était si dévastateur à entendre, si profond et omniprésent qu'il emplit tout le corps d'Esther de sa souffrance.
Jusqu'à ce qu'il s'arrête entièrement et qu'une pluie de débris et de poussière tombe sur le corps de la sorcière.
Un silence de plomb s'installa dans l'ancienne chambre de bonne, qui était désormais dans l'ombre d'un immense nuage noir. Léger, funèbre et harmonieux à la fois, il flottait et se mouvait comme du sable en constant mouvement.
Cette version teintée de Credence émerveilla Esther plus qu'elle ne la terrifia. Elle en oublia temporairement ses blessures. Puis, elle retrouva son écrin de ciel bleu et la douleur lancinante qui paralysait son corps.
Elle ne put retenir un sanglot de peine, qu'elle regretta amèrement tant la douleur lui coupa le souffle. Elle ne ferma les yeux que quelques secondes, mais quand elle les rouvrit, son ciel bleu fut remplacé par le visage humain de Credence et elle se demanda si ce serait la dernière chose qu'elle ne verrait jamais.
Elle saurait s'en contenter. Ce visage, elle l'avait longuement observé au fil des jours. Un si beau visage, aurait pu dire Irma, si elle était encore en vie. Car si Credence était devant elle, cela voulait dire que c'était Irma qui avait succombé au sortilège du sorcier. Esther en aurait été soulagée si Credence n'arborait pas un regard aussi blessé.
Agenouillé à côté d'elle, il n'osait pas la toucher. Il n'osait pas parler. Il ne savait que faire et Esther lisait dans ses yeux qu'il redoutait de perdre un autre être cher.
— Credence, murmura Nagini.
Son ami ne répondit pas, alors la Maledictus tendit le bras et la baguette d'Esther apparut devant ses yeux. Un éclair d'espoir traversa son regard et elle remua la main. Credence se pressa de lui remettre sa baguette, mais la jeune femme n'avait pas la force de bouger son bras.
Elle inspira profondément, grimaça à s'étirer la peau, puis souffla :
— Ai--de-m--oi. Ti--ens--moi--main.
Son regard, noyé par les larmes, rendait son monde flou, mais elle sut que Credence l'avait compris quand elle sentit son bras remuer. Un voile noir tomba sur ses yeux, mais elle se força à resserrer son emprise sur sa baguette magique et la pointa sur son abdomen. Elle n'avait pas besoin de voir. Elle avait simplement besoin de parler. Elle devait se concentrer sur sa tâche, si elle ne voulait pas mourir ici.
Elle s'imprégna de la formule qu'elle voulait prononcer, la fit rouler sur sa langue et tourner dans son esprit, jusqu'à ce qu'elle devienne une extension d'elle-même. Puis, elle la prononça à voix haute, chaque syllabe devenant un défi insurmontable.
— Vul--ne--nera--, Vulne--ra Sa--sa--nentur.
La main tremblante, Esther sentit la baguette lui échapper, mais Credence enveloppa la main de la sorcière de la sienne, renforçant ainsi son emprise sur le bois glissant. Malgré cela, rien ne se produisit. Esther continua à marmonner sa formule, de manière de plus en plus hachée, sa respiration de plus en plus sifflante, jusqu'à ce que finalement, comme par miracle, la douleur qui déchirait ses côtes se mette à reculer. Esther eut bientôt suffisamment de force pour suivre sa blessure de la baguette, les doigts chauds de Credence la suivant avec elle. Alors que sa respiration devenait de moins en moins laborieuse, Esther entendit la voix du jeune Obscurial murmurer les mêmes mots qu'elle. Vulnera Sanentur traversait ses lèvres à intervalles réguliers. Les yeux plissés par la concentration, il n'aperçut pas immédiatement Esther le dévisager.
Il ne se rendit pas compte qu'elle avait arrêté de parler, qu'il était désormais seul à tenir le sort. Esther sentit la douleur dans son abdomen s'amenuiser, jusqu'à disparaître et eut un mouvement de recul involontaire.
— Je t'ai fait mal ? S'enquit Credence, les traits troublés par la culpabilité.
La sorcière répondit d'un signe négatif de la tête. Elle essuya les larmes qui stagnaient sur ses paupières et s'assit sans quitter son ami du regard. Il semblait perdu, tout comme Esther.
La douleur l'avait-elle fait divaguer ? Était-elle réellement en train de penser que Credence venait de la soigner ? Qu'il possédait de la magie en lui ? C'était inconcevable... Non ?
Pourtant, en passant les mains sur son abdomen, elle devait bien admettre qu'elle était guérie et qu'il était fort peu probable qu'elle ait pu faire cela toute seule. Elle inspira profondément pour repousser les idées incohérentes qui polluaient son cerveau et pour profiter d'un air qu'elle avait brièvement pensé ne plus pouvoir respirer. Une légère brûlure se réveilla sur sa tempe et lorsqu'elle y passa les doigts, elle les retrouva tâchés de sang. Elle se soigna d'un coup de baguette, sans chercher à réfléchir plus longuement à la chance qu'elle venait d'avoir de se sortir de cette situation indemne. Puis, elle croisa le regard de Credence de nouveau, empreint de remords si déchirants qu'elle ne fut pas étonnée quand il murmura :
— Je suis désolé. Je ne voulais pas te blesser... Je suis vraiment désolé.
Esther sentit de nouveau les larmes lui monter aux yeux. Elle secoua la tête.
— Ce n'est pas toi qui m'as blessé. C'est le sorcier. C'est lui qui m'a fait ça. (Elle sécha une larme qui était tombée sur sa joue.) Et c'est moi qui suis désolée. Pour Irma.
Credence baissa la tête et Esther ne put s'en empêcher. Elle le prit dans ses bras à son tour, en espérant que son étreinte serait aussi douce que celle qu'Irma avait pu lui offrir avant sa mort.
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