5. Présence innatendue
Dimanche matin, qu'est-ce que j'aime le dimanche matin ! Se disait Hermione qui venait de profiter du fait qu'il n'y ait pas cours pour faire une grasse matinée ce qu'elle ne faisait jamais.
— Il y a beaucoup de chose que j'ai faite cette semaine qui ne me ressemble pas, murmura-t-elle en soupirant
— Hermione ? demanda Ginny en se redressant légèrement un air surpris sur le visage. Tu es encore au lit ?
- Eh oui...
— C'est une première.
Hermione souffla de nouveau. Elle se rendait compte a qu'elle point ne pas se lever pour aller travailler à la bibliothèque de bon matin faisait un bien fou. Elle ne savait pas quand de telles habitudes avaient commencé, mais elle savait qu'elle voulait s'en débarrasser. Elle aimait lire certes, elle aimait étudier certes, mais en ce début d'année tout venait se chambouler, se mélanger et elle commencer à apprécier ce relâchement.
La réalité, la vérité, son passé, bâtit sur des mensonges, son présent bâtit sur... Elle ne savait pas sur quoi son présent allait se bâtir puisqu'elle n'avait plus de fondement.
— Hermione, fit Parvati en débarquant dans la chambre telle une tornade. Blaise Zabini fait un remue-ménage pas croyable devant notre tableau pour que quelqu'un te prévienne qu'il t'attend depuis cinq minutes.
— Il m'attend ? Pourquoi...
Elle s'arrêta net avant de soupirer en laissant tomber son buste en arrière. Zabini... Le devoir de potion... J'avais complètement oublié, se disait-elle.
Une demi-heure plus tard, elle était prête. Elle avait pris son temps pour coiffer ses cheveux rebelles en un beau chignon bien qu'un peu fouillis. Elle s'était vêtue d'un jean slim simple à remonter en deux petits ourlets et un sweatshirt aux couleurs et au blason des Gryffondors. Elle descendit jusqu'à la salle commune où elle croisa Harry, Ron et Neville. Harry l'interpela, mais elle fit comme ci elle ne l'avait pas entendue puis elle se dirigea droit vers la sortie.
— Ce n'est pas trop tôt Hermione ! s'exclama Zabini.
— Hermione ? Je ne nous savais pas si ami, fit la belle Gryffondor un rictus aux lèvres.
— Et bien moi non plus figure toi, s'étonna le Serpentard. C'est sorti tout seul. De toute façon, ce serait bien arriver un jour ou l'autre, dit-il en commençant à marcher.
Elle le suivit silencieusement, jusqu'à ce qu'il se retourne pour lui ordonner de marcher plus vite. Hermione le rejoignit à son niveau.
— Tu as avancé sur le devoir ?
— Pourquoi je me serais avancé ? demanda Hermione un air fâché au visage.
— Tu es plus dans le genre "je m'avance dans mon travail, je m'instruis lorsque j'ai une minute à moi et je me vante de mon savoir", lâcha Blaise un air amusé au visage.
Hermione s'arrêta de marcher lorsqu'il eut fini sa phrase.
— Tu veux parler de ce que j'étais avant que je ne sèche une année entière de cours à cause de vos conneries de mangemort et de Voldemort ?! Avant que je me retrouve sans famille ? Avant que je ne découvre que...
Elle se tut avant de trop en dire.
— Bien des gens ont changé Blaise après ce qu'il s'est passé il y a seulement quelque mois. Ce château bien qu'entièrement reconstruit renferme un immense sentiment de peine, des gens bien, des élèves sont morts ici à cause de vous ! Je doute que quelqu'un soit encore un tiers de ce qu'il était avant d'avoir vécu ce grand massacre qu'était l'année dernière. Je fais partie de ces personnes-là.
Le visage de Blaise s'était assombri. Les paroles d'Hermione venaient de le toucher comme un sabre en plein cœur. Beaucoup d'élèves s'étaient tus et retournés vers eux, car Hermione avait un peu trop élevé la voix.
— Que veux-tu dire par "vous" ? demanda Blaise le ton grave.
Hermione plongea ses yeux dans les yeux du Serpentard. Elle voulait qu'il comprenne rien qu'en la regardant qu'elle parlait bien évidemment des élèves notamment de Serpentard qui ont fermé les yeux sur ce qu'il se passait pendant que ça se passait. Eux qui avaient contribué à une quelconque sorte d'aide aussi petite quelle soit pour l'intérêt de Voldemort.
Zabini agrippa le bras d'Hermione et il l'entraina dehors jusqu'aux grandes pierres près de chez Hagrid. La belle brune s'était laissé faire, car elle savait qu'il avait fait ça pour qu'ils puissent exprimer tout ce qu'ils pensaient en toute intimité. Elle se demandait comment tout cela avait commencé.
— Je ne vais pas t'expliquer pourquoi beaucoup d'entre nous ont fait ce que tu ne comprendrais visiblement pas...
— Je comprends Blaise ! s'exclama Hermione. Je ne suis pas idiote ! Je sais pourquoi vous avez fait ça, je sais les circonstances dans lesquelles vous étiez impliqués dans tout cela, mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous n'avez rien fait pour stopper cette tragédie.
— J'ai essayé...
— Menteur ! l'interrompit-elle en hurlant. Comment peux-tu dire cela après avoir essayé de nous arrêter Harry, Ron et moi dans la salle sur demande quelques mois plutôt, hein ? Soyez un peu honnête envers vous-même et arrêtez de minimiser les choses !
— Je n'essaye pas de ...
— Si tu le fais ! Arrêtez de vous voiler la face ! Ce que vous avez fait est mal !
Même après ça, nous t'avons sauvé la vie, à toi et à Malefoy ! Et comme des lâches, vous avez fui Blaise. C'est tout ce que vous êtes, des lâches. Tout ce que vous savez faire, c'est fuir et tout ce que vous deviendraient, c'est de minables sorciers Zabini.
— Tu ne comprends pas Hermione ! Nous n'avions pas le choix hurla Blaise qui commencer à être à bout face aux remarques de la jeune femme.
— C'est toi qui ne comprends pas ! Même si vous pensiez n'avoir eu aucun choix, vous l'aviez parce qu'on a toujours le choix de faire la bonne chose, cria-t-elle. On a toujours le choix comme j'ai eu le choix d'effacer la mémoire à mes parents pour leur sécurité... Tout ça à cause de vous ! Des milliers de gens se retrouvent seuls, sans famille, ni amis et tout ça c'est de votre faute Blaise, quoi qu'il en soit, peu importe les circonstances.
La jeune femme était à bout de souffle. Elle venait de sortir quelque chose qu'elle avait tant envie de dire depuis son retour à Poudlard. Elle voulait le sortir à Malefoy ce jour-là dans la réserve. Elle n'était pas si en colère que ça contre Blaise, elle l'était contre le monde entier. Hermione voulait pleurer, voulait crier, voulait quitter le château qui en soit renfermé des souvenirs trop douloureux, en plus de ceux qu'elle avait découverts pendant l'été. À présent, les Granger l'avaient oublié et ses véritables parents étaient morts, elle ne s'était jamais sentie aussi seule.
Quand elle pensait que les Granger étaient ses parents, elle se disait qu'au moins ils étaient en vie et en bonne santé. Mais maintenant qu'elle savait qu'ils n'étaient même pas ses vrais parents, elle avait l'impression de ne plus avoir de réel repère, malgré tout l'amour qu'elle leur portait. Ses yeux arborés, un filet de larmes qui ne demandait qu'à rouler le long de ses joues.
Elle voulait extérioriser sa peine, dire qu'elle allait mal, faire savoir au monde entier qu'elle allait mal, faire savoir au château entier à quel point elle était perdue et a qu'elle point ça la désolait d'être dans cet état. Elle voulait dire qu'elle ne savait plus qui elle était, qu'elle ne sût plus où elle devait aller ou ce qu'elle devait faire pour la première fois de toute sa vie, mais rien ne voulait sortir. Rien ne voulait sortir du tout.
Elle sentit soudainement des bras l'entourer, ce qui la surprit. La jeune fille savait que c'était Blaise, mais pourquoi ? Après ce qu'elle venait de dire, ne devait-il pas partir ou se faire petit ? Elle s'attendait à ce qu'il parle, à ce qu'il dise quelque chose, à ce qu'il lui explique pourquoi est-ce qu'il se conduisait ainsi, mais tous deux restèrent silencieux et au bout du compte, elle préférait cela.
*
Une heure après, ils étaient toujours dehors, mais cette fois assis sur les marches. Il n'avait pas parlé et Hermione se doutait qu'il dût être en train de réfléchir. Les oiseaux faisaient du bruit autour d'eux et un petit vent soufflait légèrement, emportant des feuilles vertes au sol qui regorgeaient de vie.
— J'en souffre tous les jours.
Hermione leva sa tête vers Blaise.
— Certains de mes camarades sont morts, certains de mes amis le sont aussi. Je regrette, si tu savais à quel point. J'aimerais le crier sur les toits, le crier au monde entier, j'aimerais que tout le monde sache que toute cette peine en moi me fait souffrir. Pourtant, je vis avec depuis maintenant quatre mois. J'apprends de jour en jour à gérer mes émotions et à faire face au regard critique des autres élèves, des professeurs... Mon monde à changer, tout a changé Hermione, mais on doit vivre avec. On doit faire avec. On est obligé de le faire sinon on restera bloquer dans le passé attristé par les évènements qui s'y sont produits.
— C'est tellement dur, dit-elle en baissant la tête une larme coulant sur sa joue.
Les paroles de Blaise venaient de la toucher en plein cœur, comme s'il était au courant qu'elle avait été adoptée, comme s'il été au courant qu'elle n'avait plus personne, comme s'il savait tout et comme s'il pouvait ressentir, absorbés ou apaiser sa douleur.
— Je sais.
— Si dur, dit-elle de nouveau, mais cette fois-ci en le regardant.
— Je sais, lui répondit-il en tournant lui aussi la tête vers elle.
Elle se mordit les lèvres pour éviter d'en dire plus et pour éviter de continuer de laisser ses larmes couler. Blaise et Hermione se regardèrent longtemps dans les yeux et elle pouvait voir un filet d'humidité couvrir ses iris noirs. Est-ce qu'il ressent la même peine que moi ? Est-il aussi malheureux que je le sois ? pensait-elle.
Les lèvres de Zabini se posèrent sur celle d'Hermione à sa plus grande surprise. Elle ne s'était pas rendu compte à quel point ils étaient proches l'un de l'autre, car il n'eut pas de peine à atteindre sa bouche. Zabini glissa sa main derrière la nuque de cette dernière et elle pouvait sentir la main du jeune homme trembler. Souffrait-il à ce point ? Souffrais-je moi-même à ce point ? Que sommes-nous en train de faire ? Il se détacha d'elle après de longues secondes.
— Excuse-moi, murmura-t-il en postant son regard vers l'horizon après l'avoir longuement scruté.
— Faisons comme si ça ne s'était jamais produit, fit Hermione avant de se lever. Faisons comme si nous n'avions jamais eu une telle conversation. Oublions tout. Juste... Allons à la bibliothèque avancer sur notre devoir.
Le Serpentard sourit faiblement à la jeune femme avant de se lever à son tour.
— Tu as intérêt à tenir parole Granger. Ce serait regrettable si tu venais à tomber amoureux de moi, fit Blaise d'un faible humour.
— Cause toujours, c'est toi qui m'as embrassé.
— Petit moment de flottement, se défendit Blaise. Ça arrive de temps en temps. C'est que tu es de plus en plus jolie ces temps-ci, qu'est-ce que tu fais à tes cheveux ?
Les deux élèves entamèrent une discussion comme si rien ne s'était passé. Comme s'ils avaient déjà tout oublié.
*
Drago venait d'assister à quelque chose qu'il aurait aimé ne jamais voir. Sur ces escaliers près des grandes pierres le long du chemin vers la maison d'Hagrid. Il aurait aimé ne jamais avoir vu son meilleur ami embrasser celle qu'il détestait tellement. À ce moment-là, pour une raison qui lui échappa, son cœur se resserra dans sa poitrine. Il avait beau se dire que c'était parce qu'il se sentait trahi par son meilleur ami, mais il savait que ce n'était pas ce genre de sensation qu'il éprouvait.
Son cœur se sentait trahi, trahit par quelque chose d'autre, par quelqu'un d'autre, trahit d'une façon incommensurable. Quelque part, son cœur se mit à saigner. Il n'avait jamais ressenti une telle chose et le jeune homme, dans l'ignorance totale, décida de mettre cette sensation sur le compte de la colère ressentie envers Blaise. Assurément, une sensation telle qu'elle ne pouvait être infligée par cette godiche de Sang de bourde, pensait-il.
Chapitre corrigé avec Antidote.
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