-Romuald, viens m'aider!

J'ai déposé mon crayon à l'entente de mon prénom et me suis dirigé vers la chambre de ma petite soeur. Cette dernière était en train de faire je ne sais quoi avec sa garde-robe.
Je voyais bien qu'elle avait du mal avec toutes les caisses qui traînaient au sol, devant la grande armoire appartenant à notre arrière-grand-mère.

-Qu'est-ce que tu fais, Clara?, ai-je demandé.

-J'étais en train de chercher après une robe et tout d'un coup, toutes les caisses sont tombées.

Je l'ai rapidement aidée afin de remettre les choses en place.
Au début, Clara essayait tant bien que mal de remettre en place tout ce qui traînait à terre mais le fait qu'elle soit petite rendait sa présence plus encombrante qu'efficace. Je lui ai donc demandé d'aller s'asseoir et de me laisser faire seul.
Elle ne s'est pas faite prier et est directement descendue près de Maman et Léonard, notre autre frère.

Ayant envie d'en finir et de retourner dans ma chambre pour terminer mes listes de vocabulaire d'espagnol, je me suis pressé et ce qui devait arriver arriva lorsqu'une caisse lourde et remplie de toutes sortez de futilités se retourna sur moi.
J'ai rapidement ramassé les quelques cahiers afin de discrètement les remettre à leur place initiale sans que ma soeur ne le remarque.

Jusqu'à ce que je vois un petit carnet de couleur bleue ciel sur lequel il était inscrit "Mon Muro".
Cela m'a interpellé. Elle parlait de moi, c'en était une certitude. Elle avait juste inventé ce surnom afin que je ne m'en rende jamais compte.
J'ai été très surpris car jamais je n'aurais imaginé qu'elle dédie un cahier contenant plus de quarante pages à moi, Romuald.

J'ai très vite tout rangé et ai replacé les choses correctement avant de rejoindre ma chambre avec le calpin bleu.
J'ai fermé la porte de ma chambre mais vu que mes parents n'ont jamais accepté de nous donner des clés, j'ai placé une petite armoire devant la porte pour bloquer tous passages.

Je me suis installé à mon bureau afin de pouvoir attraper une feuille de cours si quelqu'un arrivait à déplacer le grand meuble.
J'étais effrayé à l'idée que Clara me voit avec son carnet en mains mais je n'aurais pas pu m'empêcher de le prendre. Je voulais vraiment savoir ce qu'elle avait écrit à mon propos.

A peine l'ai-je ouvert que je voyais déjà une photo représentant ma petite soeur et moi collée sur la première page. Cette photographie était plutôt vieille, j'en avais même oublié son existence. Un sourire s'est plaqué au creux de mes lèvres et je me suis empressé de tourner cette première page afin de commencer ma lecture.

-J'ai décidé d'écrire dans ce livre à propos de mon grand frère, Romuald. Ça doit certainement paraître bizarre que je lui porte autant d'intérêt mais Romuald est étrange et super intéressant à la fois, ai-je commencé à lire. Il a bientôt seize ans et est si différent des autres garçons de l'école.

J'ai deviné qu'elle avait écrit cela l'an dernier étant donné qu'à l'heure actuelle, j'avais dix-sept ans.
Après m'être fait cette réflexion, j'ai continué ma lecture tout aussi vite.

-Avant, c'était un garçon, un vrai. Il ne s'habillait que de sweat-shirt que Maman lui achetait et il ne râlait jamais à ce propos. Maintenant, il dit qu'il se sent mal dans ce genre d'habits. Ça doit paraître bizarre mais je le sais depuis longtemps, je l'ai toujours senti. Pourtant, comment expliquer que je trouve cela étrange malgré tout?

Les choses sont devenues intéressantes à partir de cette phrase car je savais que j'allais apprendre des choses qu'elle ne m'aurait jamais dit en face. Elle devait certainement avoir peur que je m'énerve, si elle venait à me dire ça.
Néanmoins, j'étais prêt à lire le pire. J'ai repris ma lecture en espérant au plus profond de moi qu'elle ne me démolisse pas entièrement.

Durant plus de deux heures, je suis resté cloisonné dans ma chambrette et ai attentivement lu la quarantaine de pages que Clara m'avait dédiées.
J'ai fini par pleurer. C'était stupide mais jamais je n'aurais imaginé que ma cadette pensait des choses si gentilles à mon propos.
Elle m'avait qualifié de la personne la plus impressionnante et courageuse de son entourage.

Une phrase m'a véritablement marqué, retourné l'estomac d'émotion positive.
Celle-ci disait: "Romuald est mon frère. Il est parfois la personne que je déteste le plus et souvent, je veux le tuer mais j'espère que jamais nous nous disputerions au point de couper les ponts comme Maman l'a fait avec sa soeur. J'espère au plus profond de mon coeur, qu'il arrive à être heureux et ne soit plus jamais obligé à porter des pulls dans lesquels il ne se sent pas lui-même. Je veux à tout prix que mon frère sourisse avec sincérité et qu'il vienne me dire qu'il est maintenant lui-même. Parce que je l'aime".

Cela était étrange venant de ma soeur. Elle ne m'avait jamais encore porté de l'intérêt, ou du moins, pas au point d'écrire cela.
Souvent, elle souhaitait même ma mort à cause d'une porte que j'oubliais de fermer.

Au début, j'avais envie de rester silencieux et qu'elle ne soit jamais mise au courant quant au fait que je m'étais permis de lire ce carnet.
Pourtant, lorsque ma lecture était terminée, j'avais envie d'aller l'embrasser et de lui dire mille fois merci.
Je savais que cette idée était minable mais je n'ai pu m'empêcher de débarquer dans sa chambre, le livre à la main.
Clara l'a tout de suite remarqué et me l'a violemment attrapé des mains.

-Pourquoi est-ce que tu as lu ça, toi?, a-t-elle craché.

Je n'ai pas répondu à sa question. J'étais trop heureux que pour m'énerver sur elle.

-Merci, Clara. J'espère aussi que tu seras heureuse.

J'ai simplement dit cela avant de quitter la chambre, un sourire sur les lèvres.
Cette nuit-là, je me suis endormi avec les mots écrits par ma soeur se bousculant dans mon esprit.
Et pour une fois depuis un long moment, j'ai vraiment bien dormi.

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Cette histoire vient moins rapidement que "Un corps pour deux"...
Pourtant, je prends beaucoup de plaisir à l'écrire.
J'espère qu'elle vous plaît.♡