15

Maman est venue avec moi m'acheter un beau costume pour le bal. Elle voulait probablement me rendre service mais je ressentais plus cela comme un fardeau. Non pas pour elle mais plutôt pour moi.

Depuis la fois où elle m'a clairement rabaissé et qualifié de tarlouze, je n'ai plus vraiment envie de passer du temps avec elle.
J'ai en permanence l'impression que son regard est faux et que les quelques sourires qu'elle m'envoie ne sont que foutaise.
Je ne me sens plus à l'aise en sa présence, comme si elle m'avait trahi dans mon dos et que j'étais au courant sans qu'elle ne le sache. Ce sentiment est horrible et me rend malade.

Néanmoins, je l'ai suivie jusqu'à l'énorme magasin chic où se vendaient de magnifiques costumes de soirée. Évidemment, je n'avais aucune envie de porter ce genre d'habits mais je n'avais pas non plus envie de faire tâche dans la foule et de plus, j'avais accepté l'invitation de Morgane alors je ne devais pas la décevoir.
On m'avait répété plusieurs fois qu'elle craquait complètement pour les noeuds papillons et les chemises. Cela a toujours hérissé les quelques poils que j'ai au bras mais j'ai décidé de réellement faire un effort.

Après trois heures d'emplette dans un silence de plomb, j'ai trouvé mon bonheur, ou du moins, quelque chose dans lequel je me sentais encore à mon aise. Nous avons donc pu rentrer à la maison et retourner vaquer chacun à nos occupations.
Le bal se passait la semaine suivante mais Morgane m'a directement fait comprendre qu'elle porterait une robe verte olive, pour que je puisse trouver un accessoire assorti.

Une fois à la maison, je me suis empressé de ranger mon nouvel achat dans un endroit fermé afin que j'évite de le voir chaque matin ou chaque soir et que je me rende compte davantage que mon corps ne me plaisait pas, que je ne me sentais pas bien du tout en tant que Romuald.

L'après-midi que j'avais passée au milieu de vêtements pour hommes et d'hommes épanouis m'avait donné davantage envie de tout quitter, de recommencer à zéro, de ne plus jamais être considéré comme étant Romuald.
Mes pensées me faisaient mal, énormément de mal alors j'ai attrapé ma paire d'écouteurs et l'ai directement attachée à mon portable. J'ai sélectionné une musique que j'aimais beaucoup et qui était capable d'ôter de mes pensées toutes les merdes qui y étaient.

J'ai essayé de me reposer afin de me calmer légèrement car, malgré tout, le fait d'avoir passé autant de temps avec Maman m'avait fait monter la tension et m'avait énormément énervé, ce qui n'était vraiment pas bon si je voulais passer un bon week-end.

A peine réussissais-je à fermer l'oeil que la porte de ma chambre s'est légèrement ouverte. Un fin filet de lumière est apparu et ne m'a pas donné envie d'ouvrir les yeux. Pourtant, une fois la porte fermée à nouveau, j'ai levé la tête et ai remarqué que Clara s'approchait de mon lit.

-Romuald, je peux venir près de toi?, m'a-t-elle doucement questionné alors qu'elle était déjà en train de le faire.

Je me suis un peu poussé vers le mur et ai levé la couverture pour qu'elle comprenne que je l'accueillais, peut-être pas les bras grands ouverts mais je l'accueillais.
Elle est délicatement venue se coucher à côté de moi et n'a pas quitté le plafond des yeux, comme si quelque chose y était et retenait son regard.

J'étais mort de fatigue mais étais également d'une curiosité ingérable: j'avais envie, j'avais besoin de savoir la raison pour laquelle elle se trouvait là à cet instant.
Je n'ai parlé à aucun moment mais lui ai fait comprendre de par mon regard que j'étais tout ouïe à ce qu'elle avait à me dire. Durant un instant, elle a repris sa respiration avant de se sentir prête.

-Je viens de descendre et Maman m'a raconté l'après-midi que vous avez passé, a-t-elle commencé. Elle m'a dit que tu avais trouvé un costume et ça m'a fait mal au coeur.

J'avais peur de ne pas comprendre où ma cadette voulait en venir.
Franchement, je trouvais que ses paroles n'avaient aucun sens mais je m'en suis gardé de le faire remarquer.
Néanmoins, Clara s'était arrêtée là et n'avait pas l'air de vouloir continuer avant que je n'émette un signe de vie.
Enfin, j'en étais persuadé jusqu'au moment où elle a brisé le silence qui planait au-dessus de nos têtes.

-C'était sincère, ce que j'ai écrit dans mon petit calepin, Romuald, a-t-elle lancé de but en blanc. Je pense vraiment le fait que tu es bien meilleur en tant que fille, ou du moins, beaucoup plus épanoui. Je n'ai plus envie de te voir malheureux ou pas à ton aise à cause d'un bout de tissu que l'on t'oblige à porter.

-C'est adorable, ce que tu me dis, Clara, ai-je sincèrement souri, mais j'ai fait le choix de porter des habits normaux pour un garçon de dix-huit ans.

J'étais fatigué et n'avais pas envie de faire des phrases à rallonge donc je me contentais de répondre le minimum.
Pourtant, après que j'aie dit cela, ma cadette s'est rapprochée de moi et a commencé à promener sa main dans mes cheveux. Ça me donnait davantage envie de dormir.

Tout d'un coup, elle s'est levée sans rien dire et a quitté ma chambre en laissant la porte ouverte. J'ai failli hurler pour lui demander de faire demi-tour et de la fermer mais je me suis contenté de me cacher sous la couverture.

J'ai entendu des brides de conversations qui venaient du couloir; je ne parvenais seulement à dire que ça se passait entre Clara et Léonard, mais je n'avais aucune idée de ce qu'ils se disaient.

Mon frère a été le premier à rentrer dans ma chambre- je l'ai reconnu au son de ses pas- mais n'a prononcé aucun mot.
J'ai deviné qu'il attendait contre le mur avec son téléphone en main. Il n'en avait pas grand chose à faire de Clara ou de moi mais notre soeur lui avait certainement obligé de venir me voir avec elle.

Cette dernière a débarqué quelques instants plus tard et a fermé la porte derrière elle. Elle tenait quelque chose en main mais j'aurais été incapable de dire ce que c'était.
Elle a bousculé son jumeau et son portable est tombé, alors je l'ai entendu râler.

-Léo, tu te rappelles la raison pour laquelle je t'ai demandé de venir?, l'a-t-elle questionné avec hargne. Alors, lâche ça et aide-moi.

Il a rangé ce qu'il avait en main dans la poche de son pantalon- je l'ai remarqué parce qu'il n'y avait plus de lumière au plafond- et ma soeur lui a alors tendu quelque chose avant de s'approcher à nouveau de moi.

-Tu ne veux pas te lever, s'il te plaît? J'ai quelque chose à montrer.

En vérité, je n'avais aucune envie de me lever mais je l'ai fait, avec l'espoir que ce qu'elle avait besoin de me montrer rendrait ma journée meilleure.
Au moment de tourner la tête, j'ai remarqué que Léonard tenait une longue robe rouge. Elle était magnifique mais je ne comprenais pas pourquoi l'on m'avait réveillé pour me montrer cet habit.

-C'est quoi le problème?, me suis-je tourné vers Clara. Tu as besoin de fric pour rembourser les parents?

Ma petite soeur avait un sourire indescriptible collé sur les lèvres et ne me quittait pas des yeux, comme si elle n'avait pas écouté mes paroles.
Léonard a, lui aussi, bêtement souri à ce que j'avais dit. Je comprenais alors que j'étais complètement à côté de la plaque.

-C'est un cadeau, de ma part et de celle de Léo pour te dire que l'on t'aime, que l'on est tristes que tu nous quittes l'année prochaine pour l'université, a clamé la seule fille de la fraterie.

J'ai remarqué que mon frère opinait à moitié ses dires mais ça me faisait plus rire qu'autre chose.

-C'est adorable, mais pourquoi vous m'offrez ça maintenant, alors que nous sommes seulement en juin?, ai-je tenté de récolter plus d'informations.

-Pour ton bal, Romuald, a simplement lâché Léonard, toujours appuyé contre le mur.

Je les ai alors remerciés en leur avouant sincèrement que je la trouvais magnifique et que j'aurais aimé la porter, mais que je n'avais pas envie de faire polémique.

-OK, a directement accepté ma soeur, mais alors, mets-la maintenant.

Maman a appelé Léo, d'en bas des escaliers et malgré le fait que j'en voulais à cette femme, je lui étais, pour le coup, reconnaissant, car je n'aurais pas osé porter un vêtement si féminin en la présence de Léonard.
Je suis resté seul avec Clara, qui a été jusqu'à m'enfiler la robe suite à ma résistance.

Une fois habillé de la longue robe rouge, je me suis senti bien, comme si tous mes soucis s'étaient envolés. J'avais envie de prendre ma soeur dans mes bras et de la faire tournoyer.

-Je t'aime bien comme ça, a-t-elle simplement dit. Je te trouve même mieux quand tu es ainsi.

J'ai souri et ai commencé à me demander si ce n'était pas une bonne idée de porter cela le soir du bal.



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Je suis vraiment en retard et m'en excuse vraiment...
Je me dépêche à publier la suite, en espérant que ce chapitre vous ait plu!
[20.03.2017]

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