Chapitre 18

Je relève brusquement la tête, m'attendant à voir Isaac, déjà prête à lui balancer tout ce que j'ai sur le coeur.
Sauf que mon regard ne plonge pas dans des yeux bleus mais noisettes.

- Alex ?

Je suis tellement étonner que son nom a plus ou moins été déformé lorsque je l'ai prononcé.
Ses blessures n'ont pas cicatrisées, mais au moins elles ont été désinfectées.
Je me relève rapidement et lui demande :

- Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je voulais venir voir comment tu allais.

Il sourit doucement et s'approche de moi, puis pose ses lèvres sur les miennes avec tendresse.
J'ouvre de grands yeux et plaque mes mains contre son torse avant de le repousser faiblement et de me mordre la lèvre inférieure.
Je ne suis pas sûre d'avoir le courage de faire ça.
Allez Taylor, un peu de cran !

- Alex... Je suis désolée. Je ne peux pas... Tu sais... Sortir avec toi alors que je ne suis pas sûre de mes sentiments. Ce ne serait pas loin de profiter de ta gentillesse et de ton affection envers moi.
- Tu ne ressens rien pour moi ?
- Si bien sûr, il y a quelque chose. Mais rien ne me prouve que c'est de l'amour.
Et puis... Il n'y a pas que toi...

Il fait une petite moue attristée et hoche doucement la tête.

- Je comprends, Taylor, et je ne t'en veux pas. Tu mérites toi aussi de ressentir pour quelqu'un ce que je ressens pour toi. Et si cette personne n'est pas moi, eh bien, tant pis. Tu mérites d'être heureuse.

Je le remercie d'un petit sourire et le prends tendrement dans mes bras.

- T'es génial, Alex, je lui murmure dans l'oreille.

Avec les deux poches de sang que j'ai bu ce matin, je n'ai pas soif, et donc le sang qui coule dans ses veines à quelques millimètres de ma bouche ne me fait ni chaud ni froid.
Il me sert fort comme pour se souvenir de mon corps contre le sien, puis me relâche avec douceur, lentement.
Avant de se retourner et de partir, il me dit en souriant :

- Prends soin de toi, Taylor.
- Toi aussi, Alex.

Il s'éloigne et après quelques secondes, je l'interpelle :

- Alex !

Il se retourne et m'interroge du regard.
Il faut qu'il le sache. J'ai besoin qu'il le sache.

- Mon premier baiser a été parfait, grâce à toi.

Il ouvre de grands yeux puis finit par me sourire.

- Merci, Taylor. De m'avoir dit ça.

Je lui fais un petit signe de tête et il recommence à s'éloigner.
Je ne voulais qu'il pense avoir été inutile dans ma vie, ou que ce qu'il ressent pour moi me laisse indifférente.
J'espère l'avoir aidé à se sentir bien.
Au moins un peu.
Je soupire en me rendant compte que je reviens au même point qu'il y a cinq minutes.
Je n'ai toujours nulle part où aller.

***

Mon téléphone vibre et je regarde l'écran. C'est Lydia.

J'avais complètement oublié qu'aujourd'hui toute la meute passe un test à l'école, d'ailleurs ils doivent déjà y être.
Je l'ai déjà passé alors je n'y vais pas.
Et toi tu n'as pas eu le temps de rattraper les cours, alors tu n'y vas pas non plus !

Je répons immédiatement :

Un test au lycée un samedi ?

Sa réponse fuse :

Oui c'est une sorte de test important.
Les résultats permettent aussi d'avoir une bourse.

Oh, d'accord.
Ce qui veut dire que Scott et Isaac...
YES !
Je vais donc pouvoir rentrer à la maison sans devoir éviter Isaac, puisqu'il est au lycée.
Hehe.
Je parcoure donc les quelques centaines de pas qui me sépare de chez moi et entre à l'intérieur.
Je monte directement les escaliers et me dirige vers ma chambre, afin d'essayer de dormir un peu.
Je suis vraiment fatiguée.
Et maintenant que je n'ai plus à me poser de questions sur la situation avec Alex, j'ai l'impression que le sommeil va arriver plus vite que prévu.

***

Mon téléphone sonne, me sortant brusquement de mon sommeil paisible.
J'ouvre les yeux et décroche.

- Allô ? je demande d'une voix endormie.
- Taylor ? C'est Lydia. Il faut que tu viennes au lycée. Genre maintenant !
Il s'est passé quelque chose.

Elle raccroche et je saute du lit d'un bond avant de courir dans les escaliers, soudain bien réveillée.
Dans l'entrée, je mets mes bottines rapidement et sors en claquant la porte derrière moi.
Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais le ton qui régnait dans sa voix me pousse à taper un sprint pour le découvrir.
Sa voix reflétait la peur.

***

J'arrive devant le lycée à bout de souffle.
Je suis arrivée en moins de deux minutes, alors que je ne connaissais même le chemin.
C'est sans doute mon angoisse et mon instinct qui m'ont conduit jusqu'ici.
De plus en plus inquiète, je m'approche doucement du lycée.
Devant le bâtiment, des tas de voitures de police et de pompiers sont garés, des officiers courent dans tous les sens en lâchant des ordres, et les gens sont bloqués par des policiers les empêchant d'entrer.
Je repère une chevelure rousse sur ma gauche et me précipite vers elle.
À peine suis-je arrivée à sa hauteur que instinctivement,  je la prends dans mes bras, heureuse qu'elle aille bien.
Elle a l'air un peu effrayée.

- Lydia ! Lydia, qu'est-ce qui se passe ?
- Ils... Un virus circule dans le lycée et ils l'ont mis en quarantaine.
Des élèves ont des marques noires qui s'élargissent sur les bras et leur état se dégrade...

Je fronce les sourcils. Pour qui s'inquiète-t-elle le plus ?
Scott, Kira, Malia, Isaac ou... Stiles ?
Elle me donne la réponse à ma question quand je n'ai à la lui poser.

- Ma mère... C'était elle la professeur qui devait surveiller le test. Elle est à l'intérieur.

Elle fixe la porte d'entrée du lycée distraitement et je pose ma main sur son épaule.

- Ça va aller. Elle va bien, j'en suis sûre.

Elle me remercie d'un petit sourire rapide puis se dirige vers le Shériff en se faufilant discrètement.
Je lui siffle :

- Lydia ! Qu'est-ce... Lydia !

Elle ne se retourne même pas et cours vers le Shériff.
Il discute avec elle sans même la renvoyer avec les autres.
Je soupire et cours à sa suite.
Le Shériff dit d'une voix inquiète :

- Ils sont tous à l'intérieur....
- Shériff.. Quelque chose ne va pas.
Quelqu'un va mourir si on ne fait rien.
J'en suis persuadée... Je le sens.

***

Lydia et moi, on s'assoit, vraiment inquiètes et fatiguées au possible, même si je viens tout juste de dormir la moitié de la journée.
Au bout d'un moment, assises sur les marches, je m'assoupis sur son épaule.

***

Je sens une main me secouer doucement l'épaule et j'ouvre les yeux dans un petit sursaut d'inquiétude, me remémorant la raison de notre présence au lycée.
Je sens aussi Lydia remuer doucement à côté de moi, émergeant elle aussi de sa petite sieste improvisée.
La première chose que je vois après avoir cligné des yeux plusieurs fois pour revenir dans le monde réel, ce sont de petits yeux noirs plissés appartenant à la jolie Kira.
Elle nous murmure :

- Les filles, c'est fini. On est là.

Lydia se jette dans les bras de notre amie quelques secondes, puis se relève promptement et court comme une folle jusqu'à la porte de l'établissement, dans lequel elle entre.
On la suit lentement, intriguées, puis nous arrêtons devant la porte et voyons notre amie dans les bras d'une femme de la quarantaine. Sa mère. 
Elles rient doucement d'émotion et restent dans les bras l'une de l'autre.
Je souris doucement avant de me tourner vers Kira, les sourcils froncés.

- Où est mon frère ?

Elle hausse les épaules.

- Sans doute avec Stiles. C'est grâce à lui qu'on a été sauvés, sinon on serait morts dans la chambre forte en ce moment même.

Je l'interroge du regard et elle m'explique :

- Le virus était destiné à tuer les créatures surnaturelles, plus particulièrement les loups et les renards.
On a d'abord perdu la vue, puis nos forces nous ont quittés petit à petit... Stiles est sorti chercher de l'aide et ta mère a appelé en disant que l'antidote était dans la chambre forte, avec nous. C'était un bocal rempli de champignons reichi. Ça nous a sauvé.

Je hoche la tête doucement et la prends moi aussi dans mes bras.
Puis je m'écarte et cherche mon frère des yeux.
Je le vois près d'un camion de pompiers, dans les bras de Stiles, en train de lui donner une accolade en le remerciant, Malia pas très loin d'eux.
Je décide de ne pas les interrompre et reste immobile à côté de Kira, toujours en train de regarder avec douceur Lydia et sa mère, le sourire aux lèvres.
Je refuse de me l'avouer, mais mon subconscient cherchait aussi une tête bouclée parmi la foule.
Taylor, je te l'interdis.
Je t'interdis de penser à lui.
Surtout pas maintenant.
Pas aujourd'hui.

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