☆꧁ 16. DERRIÈRE LES BARREAUX
On la poussa avec force, tellement de force qu'elle trébucha et tomba lourdement au sol, écorchant ses mains sur le bitume froid et humide. Elle n'eut pas le temps de se lever, la porte de sa cellule se refermait déjà avec un claquement assourdissant.
Alleen se retourna et vit le policer qui l'avait couverte de coups dans le véhicule qui la ramenait ici, l'observer à travers le judas dans la porte. Elle soutint son regard, refusant de montrer sa peur, jusqu'à ce qu'il disparaisse. Elle put alors souffler de soulagement et laisser les larmes couler librement le long de ses joues. Elle souffrait à l'intérieur comme à l'extérieur. Sa peau si pâle prenait une couleur violacée, ses muscles étaient meurtris mais c'est son cœur qui lui faisait le plus souffrir.
— Loki... Murmura-t-elle, avec la voix cassée.
Elle se rappela lorsque Thanos lui tendit le sceptre, son allure changeant brusquement. Ses muscles tendus par le stress de la situation se détendirent, son visage crispé laissa place à un sourire qui la hantait encore. Et ses yeux... Ses yeux qu'elle avait tant observés, ses deux émeraudes qu'elle aimait tant. Où elle avait vu souffrance mais aussi amour, où elle avait vu doutes mais aussi malice. Ils étaient maintenant emplis d'une folie meurtrière qu'elle n'avait imaginée que dans ses pires cauchemars.
Il l'avait abandonné, soumis à la volonté de Thanos, emprisonné dans son propre corps. Et pourtant, elle refusait de croire qu'il était perdu.
Elle s'allongea sur le sol de sa cellule, recroquevillée, les genoux contre sa poitrine, et ferma les yeux. Elle devait se reposer et reprendre des forces. Mais Alleen avait le cerveau en ébullition, elle préparait déjà un plan d'évasion. Elle fouilla dans sa poche et sortit discrètement une clef. Dans sa fuite, elle était parvenue à dérober la clef que le voiturier avait laissée tomber. Elle souffla, la rangeant dans sa poche, et prit le médaillon que Loki lui avait offert dans sa main, serra l'émeraude dans son poing, essayant de trouver une nouvelle détermination.
— Je viendrai te chercher, Loki... Murmura-t-elle avant de s'endormir.
Elle n'ouvrit les yeux que plusieurs heures plus tard. Son ventre gargouillait bruyamment dans la cellule silencieuse. Elle se mit assise et regarda la porte. Tout était calme dans la prison, il devait être la nuit. Elle ferma alors les yeux et se concentra sur la porte devant elle.
« Calme-toi, contrôle ta respiration »
La voix de Loki fit écho dans sa tête, souvenirs de leurs leçons de magie.
« Vide ton esprit, ne pense à rien. Ressens. »
Alleen prit une grande inspiration et se laissa guider par sa voix, vidant son esprit de tout stress, de tous doutes.
« Laisse ta magie te guider, elle sait quoi faire, elle te parle, écoute-la. »
Avec un sourire, elle sentit des picotements au bout de ses doigts. Elle visualisa la serrure qui maintenait sa porte de cellule fermée. Avec un geste de poignet, elle entendit un clic. Aussitôt elle ouvrit les yeux, retenant son souffle d'anticipation. Avait-elle réussi ou était-ce un policier qui revenait la tourmenter ?
Lorsque personne n'entra dans la pièce, elle se leva prudemment et silencieusement. Avec appréhension, elle posa une main sur le métal froid de la porte et après une légère hésitation, elle poussa. Avec un grincement léger, la porte s'ouvrit, n'offrant aucune résistante.
Un autre sourire ahuri se glissa sur ses lèvres. Alleen avait toujours du mal à croire qu'elle avait des pouvoirs et qu'elle savait s'en servir. Mais son soulagement fut de courte durée. À présent, elle devait trouver un moyen de sortir d'ici sans se faire repérer.
En tant que voleuse, Alleen avait vite appris à repérer les passages où elle pouvait fuir en cas de problème. Elle n'avait traversé ce couloir qu'une fois, poussée par des hommes brusques, mais cela lui était suffisant pour se souvenir d'une porte donnant sur l'extérieur.
Silencieusement, elle avança dans le labyrinthe qu'était le bâtiment, faisant appel à sa mémoire visuelle pour se souvenir du chemin. Elle s'en sortait plutôt bien, retrouvant peu à peu espoir, lorsque soudain, un homme apparu au coin d'un couloir.
Il se figea, tout comme elle, avant de réagir.
— Eh toi ! Hurla-t-il.
Alleen paniqua et se mit à courir. Elle n'était plus très loin de la porte de ses souvenirs, alors elle accéléra le pas, espérant y arriver avant qu'il ne la rattrape.
— La prisonnière s'échappe ! Hurla l'homme, toujours à ses trousses.
Son cri alerta ses camarades qui se mirent à apparaître à chaque coin de couloir. Alleen les évita avec soin, essayant d'atteindre son but. Il était trop tard pour faire marche arrière à présent, soit elle réussissait, soit elle mourrait.
Avec ses dernières forces, elle accéléra encore son rythme et vit enfin la porte devant elle. Alors que cinq hommes courraient après elle, elle dévala la cour qui la séparait de la sortie. Elle escalada la grille qui entourait la prison, mais hurla lorsqu'elle sentit une douleur vive dans son bras. Elle regarda sa chair brûlée et se tourna pour constater que les hommes lui tiraient maintenant dessus avec des blasters.
Elle grimaça de douleur mais continua son ascension. Une fois arrivée en haut, elle sauta et atterrit lourdement au sol avant de reprendre sa course. Elle entendit les tirs des blasters et l'alarme de la prison, mais tous ces sons paraissaient si loin par rapport aux battements frénétiques de son cœur. Elle vit enfin la chance lui sourire lorsqu'elle s'arrêta devant un air speeder, une moto anti-gravité. Sans réfléchir, elle l'enfourcha et mit les gaz en direction de la ville.
Le calme revint et elle put enfin reprendre son souffle. Mais son répit ne fut que de courte durée. Elle entendit une sirène au loin et se tourna juste assez de temps pour voir un véhicule la poursuivre. Elle accéléra sa vitesse et pria pour arriver à tant. Son bras la faisait souffrir mais elle ne devait pas faiblir.
Lorsqu'elle vit le casino en vue, elle ne s'arrêta pas. Elle ferma les yeux d'anticipation et fonça vers la porte vitrée de l'entrée. L'air-speeder passa au travers dans un fracas assourdissant. Les clients du casino crièrent de peur et de surprise et tous s'écartèrent sur son passage. Elle regarda derrière elle pour voir que le véhicule de police n'avait pas pu la suivre. Avec un sourire, elle sauta de sa moto et courut en direction des hangars.
Lorsqu'elle vit le vaisseau, l'espoir la saisit à nouveau. Elle y était presque, plus que quelques mètres et elle serait libre, libre de partir de cette planète, libre de retrouver Loki. Mais son sourire s'effaça et laissa place à un hurlement déchirant. Une douleur intense se répandit dans toute sa jambe gauche et elle tomba au sol, laissant tomber la clef du vaisseau.
Elle regarda derrière elle et vit les policiers courir vers elle.
— Elle est là ! Cria l'un d'entre eux.
— Bien joué, les gars. Elle ne nous échappera pas cette fois, s'exclama un autre.
— Non... Murmura Alleen, les regardant s'approcher.
Elle lutta et puisa dans ses dernières forces pour se lever. Elle ignora le fait qu'elle était couverte de sang et sa jambe refusant de porter son poids. Elle ramassa la clef et boita vers le vaisseau. Elle monta à l'échelle avec un cri à chaque pas. Elle tomba au moment où elle entra dans le vaisseau, il lui fallut ramper jusqu'aux commandes. À la force de ses bras, elle se hissa sur le siège du pilote. Elle inséra la clef et mit le moteur en route.
La panique la saisit à nouveau lorsqu'elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais piloté de vaisseau et qu'elle ne savait pas comment faire fonctionner cet engin. Un tir fit un ricochet sur la carrosserie, la faisant sursauter avec un cri de surprise et Alleen oublia ses doutes. Elle appuya sur plusieurs boutons jusqu'à ce qu'elle sentît le vaisseau s'élever dans les airs.
Le véhicule trembla alors qu'elle saisissait fermement le volant. Avec plusieurs soubresauts, elle fit face aux policiers qui tiraient toujours sur elle. Elle appuya sur plusieurs boutons jusqu'à ce qu'elle trouve la commande de tir. Le cœur battant, elle tira à de nombreuses reprises, essayant de les faire fuir. Cherchant frénétiquement sur le tableau de commande, elle appuya sur un bouton qui ressemblait à une fusée. Un autre soubresaut lui arracha un cri de surprise, lorsque soudain, le vaisseau avança à grande vitesse. Elle traversa le mur du hangar, hurlant de peur et de panique. Alleen tenta de reprendre le contrôle du vaisseau en maintenant du mieux qu'elle pouvait une trajectoire linéaire avant de s'élever dans les airs et de rejoindre l'espace.
Elle put souffler lorsqu'elle quitta l'atmosphère de Kitson. Avec un sourire, elle regarda par la vitre la planète s'éloigner.
— J'ai réussi ! S'exclama-t-elle, surprise et heureuse.
Mais son sourire disparut aussitôt que la douleur se rappela à elle. Elle regarda sa jambe gravement blessée et sentit sa tête tourner.
— Oh là... Murmura-t-elle.
Elle prit une grande inspiration par le nez et ferma les yeux, essayant de faire cesser ce tournis. Mais le vertige ne fit que s'intensifier. Elle sentit ses membres la picoter et soudain, toutes ses forces la quittèrent. Avant qu'elle ne puisse faire quoique ce soit, elle s'effondra sur le sol, inconsciente.
Sa jambe appuyait sur la tige en métal qui portait le volant du vaisseau. Avançant à l'aveugle, le véhicule continua sa course à travers l'espace, jusqu'à ce qu'une cité apparue à l'horizon. Toujours inconsciente, Alleen n'entendit pas les alarmes hurler dans l'habitacle alors que le vaisseau entamait sa descente rapide sur la terre ferme.
Sans personne pour l'en empêcher, son vaisseau s'écrasa avec violence dans une cour fleurie. Au loin, un homme vêtu d'une cape rouge fut témoin de la scène. Il attrapa son marteau et se mit en route pour voir ce qu'il se passait.
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