☆꧁ 10. DURE VÉRITÉ
Son souffle était saccadé, hésitant entre la panique et le choc, alors qu'elle regardait ses mains bleues tendues devant elle. Ses larmes commençaient à lui voiler la vue et elle se sentit prise de violents tremblements. Elle regarda sans cligner alors que ses mains reprenaient lentement leur couleur d'origines.
— Tu l'ignorais ? Demanda Thanos à Loki, se délectant de la surprise sur leur visage. Après tout, tu as passé ta vie à croire que tu étais Asgardien. La vie est faite de mensonges...
Loki, le regard rivé sur la jeune femme, mais plongé dans le vide, se remémora la façon dont il avait appris la vérité sur ses origines. La terrible sensation que tout votre monde s'écroule, sur vos certitudes et vos rêves disparaissent, comme un château de sable s'effaçant sous les vagues. Il pouvait donc aisément imaginer ce que pensait Alleen en ce moment même.
— Je te laisse cinq jours, reprit Thanos, allant se rasseoir sur ton trône. Cinq jours pour mettre au point un plan. Nous nous retrouverons ici, à la même heure pour commencer notre invasion. Je compte sur toi Loki.
Il hocha la tête de façon absente mais son regard toujours vers Alleen. Il attendit que l'hologramme disparu et que les guerriers Chitauri s'en aillent, puis lorsqu'ils furent enfin seuls, il fit un pas vers la jeune femme.
Lorsqu'il la vit, complètement figée dans un état de choc, il sentit le besoin de courir vers elle. Sa peau brûlait, voulant la sentir dans ses bras, voulant la protéger de la douleur qu'elle ressentait et qui ne faisait que commencer. Mais Loki savait ce que ce genre de révélation pouvait faire sur une personne. Alleen était une bombe à retardement. Et le décompte arrivait à sa fin.
Un pas de plus vers elle et elle sembla soudainement sortir de sa torpeur. Son regard affolé se posa brusquement sur lui, le clouant sur place par la force de la colère qu'il pouvait lire en eux.
Et soudain, la bombe explosa.
— Tu es complètement fou ! Hurla-t-elle le plus fortement possible.
Sa voix aiguë résonna dans le désert de sable noir qui s'étendait à perte de vue autour d'eux. Mais Loki ne sursauta pas. Il se contenta de baisser le regard, honteux, sachant pertinemment qu'il l'avait déçu.
— Je te faisais confiance ! Continua-t-elle, tout aussi fort.
— Alleen, calme-toi... Tenta-t-il de l'apaiser, tendant une main amicale dans sa direction.
Mais Alleen fit un grand pas en arrière, son regard le fusillant sur place.
— Ne me dis pas de me calmer ! Hurla-t-elle.
Essoufflée, elle prit une grande inspiration avant de reprendre la parole, plus calmement. Mais, malgré son ton plus faible, ses mots étaient tout aussi fort et chaque d'eux avait l'effet d'un coup de poignard pour Loki, qui assistait à la destruction de la jeune femme.
— Tu ne comprends pas ? Demanda-t-elle la voix brisée par des sanglots refoulés. Ma vie entière est un mensonge.
Là, un autre coup de poignard. Un nouveau flash de souvenir.
— Je suis un monstre.
Loki la regarda alors que son corps bouillonnait de rage, d'incompréhension et de peur. Il était passé par là, il savait ce que cela faisait, de se sentir trahi et tellement seul. Il ne voulait pas qu'elle passe par les mêmes épreuves que lui. Il ne voulait lui infliger cette douleur invisible, qui vous ronge de l'intérieur et vous pousse à la folie. Alors, sans plus y réfléchir, il tendit la main et lui saisit le poignet. Il tira brusquement dessus lorsqu'elle tenta de se dégager de sa poigne. Ramené de force contre lui, Alleen le regarda et eu le souffle coupé lorsqu'elle vit sa peau bleue et ses yeux rouges. Loki n'osa pas la regarder dans les yeux immédiatement. Mais lorsque son silence était trop pesant, il plongea son regard rouge sang dans celui de la jeune femme. Il n'y vit ni peur ni effroi mais simplement de la surprise et des larmes.
— Nous sommes tous les deux des monstres, murmura-t-il.
Cette fois, Alleen sentit la dernière corde qui la rattachait à son sang-froid céder et les sanglots secouèrent violemment son corps. Dès que la première larme coula sur sa joue, Loki la prit dans ses bras et la serra fortement contre lui, voulant la protéger de la souffrance qui l'attendait.
Il ne sait pas combien de temps ils restèrent ainsi, enlacés au milieu de la plaine morte de cette planète sombre. Il ne sait pas combien de temps il tint son corps tremblant contre le sien, attendant que les sanglots cessent. Tout ce qui comptait était Alleen, alors qu'elle s'agrippait à lui comme un naufragé s'accrocherait à sa bouée de sauvetage, refusant de se noyer, mais fatigué de lutter contre la marée. Lorsqu'enfin la jeune femme ne trouva plus la force de produire des larmes, il lui prit la main et la guida vers la cabane qu'ils avaient brusquement abandonnée.
Aucun mot ne fut échangé, ni lorsqu'il la conduisit vers une chaise, ni lorsqu'il la couvrît d'une couverture. Elle resta silencieuse même lorsqu'il lui apporta un verre d'eau ou lorsqu'il vint finalement s'asseoir à côté d'elle, jouant nerveusement avec ses mains, l'observant comme si à tout moment, elle allait exploser.
Le silence résonna aux oreilles de Loki. Le temps passa sans qu'aucun d'eux ne fasse le moindre bruit, le moindre geste. Puis finalement, elle prit la parole.
— Alors, Loki est ton vrai nom.
Sa voix était rauque, usée par les cris et les pleurs. Cela donnait faux aux oreilles de Loki, qui était habitué à sa voix enjouée, pleine d'espoir et de raison. La voir si éteinte le faisait tellement souffrir. Et il ne pouvait s'empêcher que tout était de sa faute. Il aurait dû partir quand il en avait l'occasion, il aurait dû être plus persuasif lorsqu'il lui avait demandé de rentrer, il aurait dû mentir sur le contenu de la lettre. Peut-être qu'il aurait pu lui éviter toute cette douleur.
Il releva les yeux vers elle et remarqua qu'elle entendait toujours sa réponse. Ne trouvant pas la force de parler il se contenta de hocher la tête.
Le silence enveloppa à nouveau la pièce. Puis soudain, Alleen se leva, tenant fermement la couverture sur ses épaules, et vint se placer à genoux devant Loki. Surpris et gêné, il l'observa avec de grands yeux, mais ne sut pas quoi dire.
La jeune femme leva les yeux vers lui et tout ce qu'il avait en tête, les excuses, les explications, s'envolèrent soudainement. Elle semblait si jeune, alors qu'elle se tenait devant lui, perdue et effrayée.
— Je suis fatiguée de tous ces mensonges. On m'a menti toute ma vie, commença-t-elle dans un murmure. Aujourd'hui, j'ignore qui je suis réellement, alors j'ai besoin de savoir qui tu es. Si tu tiens à moi, dis-moi qui tu es.
À ce moment, il n'y avait plus de marché, d'accord. Il n'y avait plus de plan pour partir en se servant de ses connaissances et de ces talents de voleuse. Il n'y avait plus que lui et elle. Un simple jeune homme perdu et une jeune femme, en quête de réponses. Alors sans hésitation, il les lui donna.
— Je m'appelle Loki. Je viens d'Asgard. J'étais un prince il y a quelques mois. Mais comme toi, j'ai appris que la vie était un mensonge et que j'étais le fils de Laufey, le chef des Géants des Glaces.
Alleen posa une main sur son genou et lui offrit une petite impulsion, montrant silencieusement son soutien.
— Aveuglé par la colère et la jalousie, j'ai détruit Jotunheim. Mais Odin ne m'a pas compris... J'ai chuté du Bifrost et j'ai erré dans l'obscurité avant d'atterrir ici. C'est là que tu m'as trouvé.
Elle hocha la tête, prenant le temps d'assimiler toutes les informations qu'il venait de lui donner.
— Je ne comprends pas pourquoi tu as accepté de travailler pour cet homme, finit-elle par dire.
— Il m'offre l'occasion de me venger de mon père, de mon frère.
— En tuant des milliers d'innocents ?
Sa compassion s'envola brusquement et il sentit de nouveau la colère brûlée en lui. Il se leva rapidement, bousculant la jeune femme qui se trouvait toujours à ses pieds.
— Ne comprends-tu pas ? N'es-tu pas en colère ? Demanda-t-il en haussant le ton.
— Bien sûr que je suis en colère ! Hurla-t-elle.
— Alors ne peux-tu pas te réjouir pour moi ?! C'est ce que je voulais depuis le début ! Je vais enfin pouvoir avoir ma revanche sur l'homme qui a gâché ma vie.
Sa voix résonna un moment dans la pièce et il regarda Alleen se relever, un regard empli de tristesse.
— Mais... tu vas devenir un meurtrier ! Et tu n'en es pas un.
Son regard la foudroya sur place et elle sentit son sang se glacer face à sa colère si puissante.
— Tu ne sais rien de moi.
Il tourna les talons et sortit de la cabane, claquant la porte derrière lui. Alleen reste sans voix un moment, contemplant le vide, le silence... l'absence.
Il était parti. Il l'avait abandonné. Comme tous les autres avant lui. Elle savait que cela ne devrait plus lui faire autant mal, mais ses larmes s'échappèrent contre son gré. Avant qu'elle ne puisse contrôler ses émotions, elle éclata en sanglot et se laissa tomber à genoux en hurlant de douleur et de tristesse.
Elle était un monstre. Et les monstres restent seuls.
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