Chapitre 40

« C'est une blague ? »

Quand on parle du loup...

Johnson s'approcha de nous et me tira violemment loin des bras d'Alex. Il releva celui-ci et jeta le contenu d'une bouteille d'eau qu'il avait à la main afin de le dessoûler. Il me poussa derrière lui et s'approcha de manière si rapide et menaçante que j'eus peur pour Alex.

« Putain mais pourquoi t'as fait ça ! s'écria Alex de manière complètement audible.

-Histoire que tu reviennes à la réalité peut-être ! T'es vraiment qu'un connard enfaite ? Tu te rends pas compte du mal que tu lui fais ? Être bourré ne te donne pas le droit de lui faire croire à des choses qui n'arriveront jamais. Parce que t'es soudain pris de nostalgie tu crois que tu peux venir comme ça, la prendre dans tes bras ? Tu trouves pas qu'elle a assez souffert ? Demain quand t'auras zappé tout ce qui vient de se passer, elle elle s'en rappèlera. Toi tu continueras à vivre ta pauvre vie sans te soucier une seconde de ce que t'as bien pu faire la veille. Elle ou une autre, quelle différence hein ? Sache une chose je ne te laisserai plus lui faire du mal. Je refuse de la ramasser en miette encore une fois parce que tu seras reparti. »

Je ne savais pas si Alex avait assimilé le moindre mot du monologue de Johnson. Il avait parlé tellement vite. Mais moi je l'avais compris et ces mots m'avaient heurtée de plein fouet, en particulier parce que je savais qu'il avait raison.

« Allez vient Madison. Je te ramène à la maison. »

Je ne discutai pas et le suivis, jetant un dernier regard à Alex qui était resté planter au même endroit. Je n'avais aucune envie de le quitter, je voulais finir cette nuit comme celle des brownies, dans ses bras à dormir paisiblement. Mais je ne le ferais pas, tout simplement parce que je savais que Johnson ne me le pardonnerait pas. Je lui avais promis que je ne laisserai plus personne me faire du mal comme il m'en avait fait. Je ne briserai pas cette promesse pour une simple nuit avec Alex.

Une fois dans sa voiture, Johnson se défoula complètement sur moi.

« Putain Madison je croyais qu'on était d'accord !

-Tu crois que j'avais prévu ce qui s'est passé ?

-T'imagines si c'était Jonathan qui était arrivé à ma place ? Tu lui aurais dit quoi ?

-Je ne sais pas Jo, je ne sais pas. »

Je pensais à Jonathan. Il n'avait aucune idée que j'étais parti, sa sœur encore moins. Je n'avais prévenu aucun d'eux, et aucun d'eux n'avais essayé de savoir où j'étais passée. Si l'un des deux nous avait surpris je n'aurais jamais pu expliquer pourquoi nous étions dans cette position. Johnson avait raison, il ne fallait plus que je laisse Alex m'atteindre ainsi.

« Je suis désolé Johnson. »

Il m'attrapa et la serra dans la sienne.

« Je suis désolé aussi. Tout ce que je veux c'est qu'il ne t'arrive rien. »

Le reste du trajet se passa en silence et nous montâmes tous les deux à la maison. Il était à peine une heure du matin, les autres ne rentreraient pas avant quelques heures, c'était certain. Au moment où Johnson s'apprêtait à s'en aller, je le retins.

« Reste avec moi. S'il te plaît. J'ai pas envie d'être seule. »

Il acquiesça et vint s'asseoir près de moi. Je me couchai sur ses jambes et il alluma la télévision.

« Jo ? lui demandai-je.

-Hm ?

-Pourquoi t'es toujours là pour moi ? Je fais toujours tout de travers, je suis tête en l'air, je ne sors presque jamais...

-Tu sais très bien pourquoi Madison, soupira-t-il. »

Je me tus pendant un instant et puis me relevai pour lui faire face.

« C'est toujours le cas ? Tu m'avais dit que tu n'y pensais plus.

-Ce n'est pas si facile d'oublier ses sentiments pour quelqu'un, t'es bien placé pour le savoir. Et ne t'en fais pas, je ne me fais pas d'idée, tu m'as bien fait comprendre que je n'avais aucune chance, ria-t-il. Mais je serais surtout toujours là pour toi parce que t'es ma meilleure amie et que je n'ai personne d'autre que toi.

-Johnson, je t'ai déjà expliqué des milliers de fois que je n'avais pas envie de gâcher notre amitié. Ce n'est pas que tu n'as aucune chance... »

Il posa sa main sur ma joue et me sourit.

« Arrête d'essayer d'inventer des excuses pour que ça fasse moins mal Maddy. On sait toi comme moi que ce n'est pas vrai. Alex était bien ton ami, tu es quand même tombé amoureuse de lui. Regarde, jusqu'à présent à chaque fois que tu le regardes tes yeux brillent.

-Ce n'est pas vrai Jo.

-Si c'est vrai ! s'exclama-t-il cette fois. Arrête de me mentir, ce n'est pas notre amitié qui te bloque. Tu as préféré Jonathan à moi c'est tout !

-C'est parce que avec toi... commençais-je en me relevant.

-Avec moi ? dit-il en se levant à son tour.

-J'ai eu peur qu'avec toi j'oublie vraiment Alex. »

Mes mots semblèrent provoquer l'effet d'une bombe sur mon ami. Je n'avais dit que la vérité. J'avais véritablement aimé Johnson, j'avais eu peur de l'aimer à nouveau. Je ne l'aurais pas certes pas aimé autant qu'Alex mais j'aurais pu. Et ça me terrifiait. Sans que je ne m'en rende compte, il avança, plus rapidement que jamais et m'embrassa, d'abord tendrement plus aussi passionnément qu'il le pouvait. Sans même comprendre ce qu'il se passait je lui rendis son baiser.

À cet insta j'avais à nouveau seize ans. J'étais à nouveau éperdument amoureuse de Johnson.

Revenant à la réalité je le repoussai un peu.

« On ne peut pas Jo. Il y a Jonathan et...

-Et tu aimes encore Alex. Je sais. »

Il me ré-embrassa tout de même et je le laissai faire. Je le regretterai sûrement, ou peut être que non. Comment avais-je pu me mettre dans un pétrin pareil ? Mon petit-ami était à une fête, accompagné de mon ex petit-ami que j'aimais encore malgré tous mes efforts et j'étais en train d'embrasser mon premier amour qui m'avais brisé le cœur. Je me dégoûtais moi-même, comment pouvais-je leur faire cela à tous ? Sans le vouloir je leur faisait du mal. Sans le savoir ils m'en voudraient tous. Je refusais d'être ce genre de fille, je ne jouerais pas sur tous les tableaux. J'aurais dû choisir Johnson dès le début, maintenant c'était trop tard et je devais l'assumer.

Johnson et moi c'était impossible. Qu'on le veuille ou non, que l'on s'aime ou non, nous n'étions pas fait pour être ensemble.

Alors cette fois-ci je le repoussais vraiment, et il comprit. Il embrassa mon front avant de sortir de l'appartement me laissant seule avec mon désespoir. Comment allais-je pouvoir vivre avec tout cela sur ma conscience ?

***

« Mais t'étais passé où Madison ! s'exclama Jonathan en me trouvant assise au salon. On t'a cherché partout, je me suis fais un sang d'encre !

-J'étais fatigué. Je n'avais pas envie de rester.

-T'aurais pu nous prévenir au moins ! Je t'aurais raccompagné.

-Je voulais que tu t'amuses alors j'ai appelé Johnson pour qu'il vienne me chercher. Désolé de t'avoir inquiété.

-C'est ma faute, intervint Alex. Elle m'avait dit de te prévenir, j'ai dû zappé. »

Sur ses mots, il s'en alla dans sa chambre. Jonathan soupira et vint s'asseoir près de moi.

« Ne me fais plus jamais un coup pareil. »

Il tenta de m'embrasser mais je tournai la tête comme si je ne l'avais pas remarqué. Il fronça les sourcils mais ne fit aucune remarque. Ce soir, je n'étais pas prête pour cela. Ce soir, je n'avais qu'une envie me jeter sur mon lit pour ne jamais en sortir. C'est d'ailleurs ce que je fis quelques instants plus tard, et cette fois je m'endormis profondément sans difficulté en pensant aux trois garçons qui me hantaient, à me demander lequel des trois j'aimais vraiment.

Mais bien sûr, la réponse était évidente.

***

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