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J'avais eu besoin de faire une pause car, rien que ces premières lignes demeuraient lourdes de souvenirs. Assise sur mon canapé, une tasse de café sur ma table basse, je poursuivis ma lecture. Je finis par voir que l'écriture du trois quart des pages du carnet bavait à cause des larmes que j'avais versées à l'époque. Je dis « à l'époque », mais ce n'est pas si loin après tout. Ce fut juste un long moment interminable à passer. Pardon, une longue année à passer. Mais qu'est ce que j'y pouvais ? Ni changer le passé pour me battre un peu plus ni me lamenter sur ce qui ressemblait à un passage difficile de ma vie.

La dernière fois, c'était les couleurs. Maintenant, je vais passer aux mots. Intéressants non ? En fait, il y a une heure, j'étais en cours de français et, comme quelquefois, notre professeur nous a demandé de faire quelques recherches sur le sens d'un poème de Victor Hugo. Nous avions donc droit aux dictionnaires. Mais, à cause de l'ennuie et de la fatigue, je me suis rabattue sur la lecture de quelques définitions n'ayant aucun rapport avec notre travail. Et vous ne devinerez jamais sur quels mots je suis tombée ! J'ai tout noté sur un bout de feuille que tu auras le plaisir de voir collé juste en bas, cher carnet.

Les voici ! :

Amitié : Sentiment d'affection entre deux personnes ; attachement, sympathie, qu'une personne témoigne à une autre.

Compassion : Vertu par laquelle un individu est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d'autrui, et poussé à y remédier.

Indifférence : Sentiment de quelqu'un qui ne se sens pas concerné, touché par quelque chose ou qui n'accorde aucun intérêt à quelqu'un.

C'est-à-dire que si tu n'éprouve pas d'amitié pour une personne, ne serai ce la moindre compassion envers elle, tu es totalement indifférent à ses problèmes ou à elle, tout simplement. Un exemple peut-être ? Quand tu passes devant une personne qui pleure et que tu ne lui demande pas si tout va bien ou comment elle se sent, tu y es indifférent. Oui, ça m'est arrivé. Même que celle qui m'est passée devant sans m'aborder pendant que mes larmes coulées est venue me voir à la fin des cours pour m'interroger sur la raison de mon chagrin d'il y a deux heures, un petit retard à peine perceptible, n'est-ce pas ? Non, simple curiosité, j'en suis sure. Je ne lui ai rien répondu mais maintenant, je me dis que j'aurai pu lui lâcher quelque chose comme : « Tu veux savoir ça maintenant pour dire à tes amies pourquoi Joyce Gautier de 3°E pleurait pendant la récréation de cet après-midi. Mais tout à l'heure, ça n'avait pas la moindre importance pour toi ! »

Les gens sont égoïstes, je l'ai appris grâce à elle. Ils ne culpabilisent pas de faire souffrir les autres, peu leur importe tant que ce ne sont pas leurs problèmes personnels. Ils sont indifférents aux souffrances d'autrui et se disent « Nous avons assez d'ennuis comme ça, pourquoi s'occuper de ceux des autres ? ». Culpabilisez plus, chers amis, et vous serez meilleurs ! C'est un simple conseil, personne n'est obligé de le suivre.

Un nom ? Est-ce que tu veux un nom, petit carnet ? Je peux te le dire car tu ne le répéteras à personne. Eva Marinier. Voilà ! Fais-en ce que tu veux.

Je ressors mes photos de classes de leurs papiers. Sixième, cinquième, quatrième et ... ah enfin la troisième. Eva, es-tu là ? Oui, juste à ma droite. Les cheveux bruns longs, la frange comme il en était à la mode à un moment, les yeux noirs, ce petit sourire collé sur tes lèvres, tes 1m77 et ta taille plus que fine te donnaient l'air d'être belle. Je ne peux rien dire, je ne me souviens pas de toi. La seule chose m'ayant permis de te reconnaître est le nom inscrit sur l'autre partie du dépliant.

Et à côté il y a moi. Cheveux noirs, un bleu profond dans mon regard, des lèvres fines mais aucun sourire ne l'embellissait. J'avais même l'air triste alors que les autres affichaient une joie sur leur visage. Une façade. Une façade que j'ai appris à construire au fil du temps. 

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