Vingt-troisième étage.
-son ombre me retient en otage-
Il faut partir. Je sais qu'il le faut. Mais je me sens mal d'avoir mêlé Zayn à toute cette histoire, car il va devoir quitter sa maison, son travail, alors j'imagine qu'il vient juste de les obtenir. Les deux. Tout ça est très récent, pour moi, pour lui, pour nous... Un peu comme ma venue dans sa maison finalement. Et je me sens mal de devoir le mettre en danger juste parce-que je suis rentrée dans sa vie.
Pourtant je me dis que si Zayn n'avait pas été mêlé à cette histoire je ne ferai plus partie de ce monde, ni moi, ni mon frère d'ailleurs. Ils nous a sauvé et je ne l'oublie pas. Je ne l'obligerai pas non plus à nous suivre, ça ne fait que six jours que l'on se connaît, et qui ferait confiance à une inconnue et son frère avec ce genre de problèmes?
Pas moi en tout cas.
Et s'il a la force de tout quitter pour nous, peut-être que j'aurai l'occasion de le sauver lui aussi. Je n'espère ne jamais devoir à le faire, mais ça serait normal de lui rendre la pareille. Si je dois le sauver c'est que par conséquent il sera en danger, et loin de moi toutes ces idées affreuses qui me viennent en tête. C'est si bizarre de ressentir ce genre de choses que lorsque l'on a frôlé la catastrophe. J'aurais jamais cru me sentir redevable envers quelqu'un jusqu'à aujourd'hui.
En bref, après la lecture de l'article, j'ai du mal à me ressaisir. Après quelques minutes de réflexion, me reste tout de même l'idée que j'aimerais bien contacter un jour ou l'autre celle qui l'a écrit. Juste pour savoir, juste pour voir, juste pour comprendre.
Et en même temps nous n'avons plus le temps désormais, et ça, elle doit le savoir aussi. Ceux qui nous pourchassent doivent surement être à nos trousses et cet article a mis le feu au poudre. Ce dossier brûlant qui intéresse désormais l'Etat entier, va devenir mon quotidien, mon histoire, dépeinte par d'autres personnes toutes plus à l'affût les unes que les autres. Et ce qui fait brûler d'envie les lecteurs me fait me consumer moi, à petit feu.
Zayn est immobile depuis une bonne trentaine de secondes, et Liam me fixe l'air de dire "qu'est-ce qu'on fait ?". Et bien, je serais tentée de dire que j'en sais rien, d'habitude c'est lui qui décide. Lui ou Zayn. Je me mets à la place de ce dernier et me dis que ça doit être dur de tout laisser ici maintenant, pour nous. Disons que jusqu'ici je ne pensais qu'à moi, qu'à ce qui allait m'arriver. Finalement c'est plutôt à nous trois que je devrais penser. Finalement, le beau brun se met à bouger et fouille dans sa poche. De celle-ci, il sort un téléphone portable et compose un numéro. Il appelle May. Il finit par s'éloigner de nous et j'en profite pour poser quelques questions à Liam.
Carrie- Je ne sais pas ce que je dois faire, comment je dois réagir, est-ce qu'on est danger ?
Bien sur que nous le sommes, seulement je veux que Liam me le confirme. Je veux l'entendre de sa bouche.
Liam- Ecoute Carrie... Oui, certainement. Seulement on ne doit pas s'attarder sur ce qui pourrait nous arriver mais sur ce qu'on doit faire, là maintenant. Ne nous occupons pas du futur alors qu'on ne connaît même pas le présent.
Carrie- Je suis désolée...
Liam- Ne t'excuses pas, on a pas le temps.
Il a employé un ton très sec à mon égard, pourtant je ne crois pas que ce soit entièrement de ma faute, je sais qu'il y a quelque chose qui le tracasse. Il ne doit pas apprécier Zayn plus que ça car il penche sa tête de façon à garder un œil sur le mystérieux garçon. D'ailleurs le concerné revient, il range son portable dans sa poche et se frotte les mains.
Zayn- On y va.
De ce fait nous rassemblons quelques affaires et nous repartons encore une fois, je suis partie de la maison avec la moitié de mes affaires, puis le quart et maintenant il ne me reste plus que le tiers.
Je n'ai plus rien, même pas de quoi m'habiller pour une semaine, j'espère qu'on pourra s'arrêter là-bas afin de nous acheter deux-trois trucs, juste de quoi nous changer.
Tout va très vite et en moins de trois heures nous avons tout emballé, et tout chargé dans la voiture.
Lors du trajet le téléphone de Zayn sonne, et c'est moi qui décroche. C'est May. Encore.
Elle me demande de mettre le haut-parleur et nous indique une adresse où l'on pourrait passer quelques jours, une planque quoi. Il n'y a que deux chambres, et c'est encore un taudis. Zayn s'est dévoué pour dormir sur le canapé et je vais pouvoir avoir une chambre de quatre mètres carrés à moi seule. Quel plaisir. La demoiselle, nous a aussi précisé qu'elle passerait manger le soir et qu'elle repartirait avec Liam à l'agence pour lui trouver un petit boulot. Je sens que c'est dur pour lui de me savoir seule avec Zayn pourtant il va falloir qu'il le fasse. Je sais qu'il ne lui fait pas confiance mais maintenant nous n'avons plus le choix il faut avancer.
Lorsque May raccroche Zayn allume une cigarette. Ce que j'en ai envie. J'essaye d'inhaler un maximum de fumée mais c'est horrible, six jours sans tirer. Étonnement, Liam s'en grille une aussi.
Carrie- Qu'est-ce que tu fais ?
Il me répond après avoir soufflé la fumée:
Liam- Je fume, ça se voit pas ?
Carrie- Mais, tu n'as pas fumé jusqu'à maintenant.
Liam- Bien sûr que si. Pas devant toi c'est tout. C'est la seule chose qui était autorisé quand je faisais mon service militaire. Et ne me dis pas que tu l'as jamais fait, je te vois respirer comme un mammouth. Cependant je ne t'en donnerai pas. Pas avant que tu sois stable.
Stable ? Pourtant jusque ici j'ai été calme, pas de drogue, ni d'alcool. Juste une baignoire et un téléphone. Je ne suis accro qu'à ces deux choses. Ce n'est pas toxique à ce que je sache. Une seule chose me hante, désormais. Les boîtes. Ces petites boites...
En quelques sortes Zayn nous retient par le col, s'il décide de nous lâcher nous sommes foutus. Non seulement parce-qu'il nous héberge, qu'il est le seul à porter une arme, et qu'il est en contact avec May, qui nous donne toutes les informations possibles pour nous sauver. En dépliant mes affaires je sens que la porte de ma chambre s'ouvre. C'est lui, debout devant le matelas qui me sert de lit. Il referme la porte derrière lui et s'appuie contre celle-ci. Liam est parti avec May après le dîner et il ne reste plus que nous deux. Je sais qu'il me regarde et je ne sais pas si je dois me retourner et lui faire face ou continuer à faire comme s'il n'était pas là. Mais lui non plus ne bouge pas, donc je finis par me retourner parce-que je ne sais plus résister. A l'envie de savoir, pas à lui... Je me redresse et m'appuie sur la vieille armoire dans laquelle je viens de ranger le peu d'affaire qu'il me reste.
Carrie- Besoin d'aide ?
Il me tend un paquet de clopes, sans un mot. Il y a un post-it collé dessus. Il y est inscrit : "Tu n'as pas le droit d'y toucher. Tu le pourras seulement lorsque je te décevrai, ou que l'on te décevra, et/ou que tu auras peur"
Je le remercie d'un sourire croyant qu'il en avait fini et qu'il allait repartir. Il me fixe dans le blanc des yeux et je ne peux m'empêcher de fixer ses belles prunelles noisettes à mon tour. Son regard me saisit. Il arrête ce manège au bout d'une minute, sourit et ressort de ma chambre sans rien dire, comme s'il ne s'était rien passé. Pourtant je me sens soufflée, comme s'il avait pris mon âme avec lui. Je me retourne, regarde le paquet qu'il vient de me fournir et le cache derrière mes tee-shirts. Du moins les trois qui sont empilés à côté de mes deux jeans. J'appuie ma tête contre l'armoire et souris comme une idiote. Il a réussi son tour de force: capturer mon âme, et mon cœur, sans dire un mot.
« une âme seule ne chante et ne pleure » -proverbe provençal.
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