Vingt-deuxième étage
-j'accepte-
Celle qui m'avait conquise lors de son court passage dans ma voiture vient de passer son deuxième jour ici. Au début j'ai cru qu'elle était "factrice" parce-qu'elle nous a apporté une lettre. Puis voyant qu'elle restait manger j'ai fini par me dire que c'était la copine de Zayn. Ce n'est que quelques heures après que j'ai compris que ce n'était pas tout à fait sa copine.. C'était sa collègue de travail, apparemment en quittant son job il y a quelques jours, il a rapidement trouvé un job ici, à Santa Monica. C'est ce qu'il a dit à mon frère en tout cas.
Si je résume désormais ma situation à moi, je dirais que je n'ai ni le droit de sortir, ni le droit de regarder la télévision sans que l'un des deux garçons soit à mes côtés. Je suis prisonnière de mon château, et je n'ai pas de prince charmant qui puisse venir à mon secours. Au vu de ma réaction à la suite des annonces sur mon père, Liam a finit par avouer que de toutes façons nous n'avions pas le choix. J'ai donc suivi ces deux-là et je me retrouve avec trois abrutis assis autour d'une table comme s'ils se connaissaient depuis vingt ans. Et moi je vis encore une fois dans le mensonge. J'ai prévu donc de m'informer par moi-même et de la questionner. Et comme la plupart de mes questions ricochent sur le sujet de Zayn, j'en apprendrais par la même occasion sur sa personne. Deux en un.
Je lui ai alors demandé ce qu'elle faisait simplement, et elle m'a répondu qu'elle était agent et qu'elle travaillait avec Zayn. Sa seule passion c'était son travail et le skate, et madame parfaite ne s'était cantonné qu'à cela. Lorsque je lui ai demandé si elle avait de la famille ici, elle m'a juste répondu que son travail lui prenait beaucoup de temps. Lorsque je disais famille j'espérais savoir si elle avait un petit-ami, pas de chance pour moi elle est beaucoup trop forte pour contourner les questions.
Au bout d'une heure, je réalise enfin que je n'en sais pas plus qu'avant, elle n'a répondu qu'à l'aide de réponses bateaux.
May avait finit par partir vers une heure et demi, après le repas donc, ce qui me laisse environ cinq ou six heures de marge avant qu'elle ne revienne. Je vais en profiter pour questionner le gars mystérieux qui nous héberge mon frère et moi. D'ailleurs en parlant de Liam, après que May soit partie il est lui aussi parti chercher un job car nous sommes trois et un seul d'entre nous ramènera la paye à la fin du mois. Ce qui me laisse tout le champ libre pour en savoir un peu plus sur Zayn. Avec lui ce sera tout ou rien...
Sortant de la douche, une serviette sur les cheveux et le nez dans mon téléphone je regarde une vidéo de celui qui vient de quitter la maison il y a quelques heures. Une vidéo de nous deux petits, avec maman. Soudainement, je heurte Zayn qui après m'être rentré dedans, s'était mis à rire.
Zayn- Dis donc madame "j'ai-des-biscottos-en-bois-quand-je-sors-de-la-salle-de-bain", c'est qu'on a de la force quand on veut.
Carrie- Dis donc monsieur "je-ne-décroche-que-des-mots-de-quatre-lettres-dans-ma-vie" c'est qu'on a de l'humour tout d'un coup, dis-donc.
Il rit et pose sa main sur son épaule avant de mimer une fausse douleur à celle-ci et soupira:
Zayn- Ouh ! Ce que j'ai mal ! Je me tords de douleur, mon dieu faites que l'on me sauve aaah, y a-t-il un docteur dans la salle...
Il me cherche et se fout littéralement de moi, je déteste ça. Sans réfléchir je me jette sur lui à toute vitesse, je n'ai moi-même pas compris pourquoi je faisais cela. Je m'efforce de ne pas crier mais cela ne servirait à rien puisque je finirai par craquer au bout de quelques minutes. Je n'arrive pas à lutter contre lui. Il rit aux éclats lui aussi et je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il ne m'a jamais autant parlé depuis que « j'habite » chez lui.
Il se mît soudainement à me soulever par les jambes afin de me porter sur son dos jusqu'au canapé mais nous n'arriverons pas jusque là car je perds mon téléphone en route. J'arrache un autre genre de cri, plutôt celui qui ne fait pas rire, et le beau brun me pose immédiatement au sol. J'accoure vers l'objet que je viens de faire tomber et m'assois par terre.
Lorsque je clique sur l'écran, la vidéo de Liam et moi est toujours en marche. Sur celle-ci, il doit peut-être avoir onze ans, moi peut-être neuf. Nous dansons parce-que c'est la seule chose pour laquelle nous sommes plus ou moins doués ensemble. Il a l'air tellement heureux et souriant, on entend même le rire de ma mère dans le fond, et la musique grésille. Une larme m'échappe et je vois du coin de l'œil Zayn s'accroupir en face de moi. Il doit me prendre pour une folle, c'est sur. Surprise, je découvre qu'au lieu de cela, il m'essuie la joue à l'aide de son pouce et me relève le menton, en me fixant dans le blanc des yeux pour la troisième fois en moins de deux jours. Je lis un sentiment de compassion. Mais... Mais. Je n'ai pas besoin de pitié.
Juste de réconfort.
Ces gestes attendrissants me provoquent des frissons, je n'avais jamais ressenti ça auparavant. Pour la première fois je me rends compte qu'il m'apprécie. Pourtant il n'a rien dit. Rien prononcé. Tout ce qu'il aurait voulu dire s'est exprimé par ses gestes, son regard. Puis il finit par couper ce silence entre nous:
Zayn- Quand je serai gros et vieux, que mes enfants penseront que je ne suis qu'une blague parce-que je raconterai maintes et maintes fois les mêmes histoires, j'aimerai qu'ils continuent à m'aimer comme toi tu aimes ton frère ou ta mère. Juste pour ce que vous avez vécu et les souvenirs que vous avez de vous étant plus jeunes. Il continue plus calmement, je n'ai rien pu partager car je n'ai que très peu de souvenirs de moi et ma sœur sous la main, ni même de mes parents. Alors pardonne-moi si je t'ai fait du mal en faisant tomber la seule chose qui arrive encore à vous relier tous les trois. S'excuse-t-il.
C'est vrai, de ma plus tendre enfance jusqu'à mes six ans, j'ai tout oublié, toute mon enfance, je n'ai rien qui puisse me relier à ma maman clairement. Seulement des flashs de temps en temps. Il n'y a que dans ce téléphone que je peux garder une trace de tout ce que l'on a vécu à partir de ce jour-là, jusque maintenant. J'oublie parfois mes bons moments avec Liam car à mes treize ans, j'ai fait beaucoup de tri dans mes souvenirs.
Symboliquement, tout ce dont je n'avais plus souvenir, j'ai réussi à le transposer du vieil appareil photo de ma mère à mon smartphone, et ça a été la meilleure "thérapie" qu'il soit jusque maintenant. Pourtant je me sens coupable d'avoir montré à Zayn que j'étais faible.
Il n'a apparemment pas beaucoup de souvenirs avec sa sœur, il n'en a pas non plus avec sa famille. On dirait Liam sous certains aspects.
Je ne sais tout de même pas pourquoi il s'excuse, il a réussi à me faire rire pendant quelques instants, et seules quelques personnes ont ce privilège, croyez-moi. D'ailleurs, en parlant de personne à privilège, Liam revient. Il a fait vite. Il n'a pas du trouver un job qui lui convenait.
Lorsqu'il ouvre la porte, assez violemment tout de même, je vois à son visage que rien ne va. Il jette sur la table un journal et nous ordonne de lire la page numéro vingt. Lorsque j'ouvre celle-ci, voici ce que je lis :
" La police fédérale de Santa Clara a émit jeudi soir un mandat d'arrêt international à l'encontre de Carlos Ruiz, baron de la mafia cubaine. (voir photo ci-contre) Depuis son évasion le 23 Janvier dernier, les troupes de polices sont sur les traces de l'homme le plus influent et dangereux que l'Amérique est connu. Carlos Ruiz, ex-dealer rapidement devenu baron d'une mafia cubaine a instauré une dictature au sein de son groupe dans lequel ont fleuries activités et trafics illicites.
Son ex femme, Lydie Holmes reste aujourd'hui marqué par ces années et est toujours dans l'effroi du retour de son ancien époux. « Au début tout allait pour le mieux, dit-elle, on était heureux dans notre petit maison et on rêvait de futur ensemble. Pourtant à la naissance de notre première enfant il a changé. Il disait qu'il ne voulait pas que nos enfants grandissent dans un taudis et qu'il allait y remédier.» Le résultat est tel que Carlos quitte son travail pour se consacrer au trafics de rue. Il devient alors très vite une main qu'il faut embrasser et un leader incontournable. « Je savais ce qu'il faisait, mais j'ai fermé les yeux , nous confie Lydie. Même quand il a commencé à devenir violent envers moi, je suis restée avec lui. Il me frappait, souvent et il devenait parano. J'ai fini par fuir de peur qu'il s'attaque ensuite à mon enfant. Je savais qu'il n'allait pas nous laisser tranquille, alors on a changé de ville et on a essayé de refaire notre vie. Pour être sûre qu'il ne retrouverai pas notre trace, ma fille a été contrainte à changer de nom »
Le 5 Juillet 2011, après quelques années de fuite, et après le premier rapt de sa fille où l'on soupçonnait déjà Carlos Ruiz d'en être l'auteur, il ordonne à ses hommes de main de l'enlever une nouvelle fois, Megan à l'époque, était âgée de 13 ans. Les forces de l'ordre réussirent malgré tout à retrouver la trace de la fillette et à arrêter Carlos Ruiz et ses sbires une bonne fois pour toutes grâce à un mystérieux homme qui aurait déjà aidé auparavant la petite fille et sa mère à s'échapper de leur lieu de captivité ( il aurait par la suite trouvé la mort dans un accident de voiture peu de temps plus tard).
A l'heure où vous lisez cet article, Carlos Ruiz a bel et bien réussi à s'échapper de la Prison d'État de Santa Monica alors qu'il allait être déporté à la prison d'État de Pelican Bay en Californie. Nous ne savons pas où se situe le malfaiteur, mais il est très probable qu'il ait déjà quitter l'Etat. Si vous le percevez merci de bien vouloir nous contacter au 555-7298 et de NE SURTOUT PAS INTERVENIR DE VOTRE PROPRE CHEF."
Article rédigé par Sasha Styles rédacteur en chef pour OneMag.
J'ai appris que mon père s'était évadé il y a quelques semaines, lorsque je suis partie de chez ma mère. Si le journal passe un avis de recherche c'est qu'ils ont sûrement du avoir écho du danger que représentait celui-ci. Et je ne suis plus en sécurité nulle part, pas même ici chez Zayn. Nous sommes traqués par une centaine d'hommes. Une centaine de personnes sous ses ordres. Étrangement, la vidéo de Liam et moi dansant au rythme de la musique s'arrête automatiquement. Le monde s'arrête. Mon monde s'écroule. Aujourd'hui je réalise à quel point le danger nous guette.
« il est temps d'ouvrir les yeux »- un inconnu
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