Huitième étage.
-pas grand chose à dire, si ce n'est le pire-
Depuis que l'on m'a annoncé le décès de mon oncle j'ai l'impression de subir un saut à l'élastique, ou de m'être faite embarquée dans des montagnes russes. J'ai la gerbe putain. La vie est un éternel recommencement, au début tu n'existe pas puis tu te retrouves dans une bulle, comme un orphelin. D'ailleurs tu ne sais pas ce que veut dire le mot "orphelin" à ce moment là. Puis tu grandis, et tu apparais, et si tu as de la chance, tu auras deux parents, ou un. Certains n'en n'ont aucun. Puis tu grandis, tu apprends, si tout se passe pour le mieux, tu fondes une famille qui en fondera une à son tour, puis tu crèves.
Tu crèves putain.
Essayer coûte que coûte d'être heureux dans la vie, c'est comme avoir des petites roulettes à ton vélo, ça n'est utile que pour ralentir. Ralentir l'arrivée jusqu'à la mort. En temps normal, je dirais que la mort est ma copine, mais cette fois elle m'a fait faux bond. Elle a retournée sa veste. Deux jours, qu'on est arrivé. Deux jours. Deux. Et je n'ai pas décroché un mot. Pas un. Et aucune larme n'a coulée. Zéro. Alors tu fais comme les autres, tu dis que tout va bien, que tout est au mieux. Mais non, tout va mal, tout n'est pas "bien" comme tu le prétends. Alors t'essaies d'oublier, mais à quoi bon ? Alors tu finis par pleurer, tu fais des crises de panique parce-que tu sais que ça t'arrivera un jour aussi. Et comme tout le monde tu finis par avancer. A vrai dire, c'est pas comme si on nous donnait le choix.
Comme je le disais précédemment, cela fait deux jours que je suis arrivée. Je n'avais pas déballé une seule de mes affaires, pas même un pyjama et ça faisait deux jours que j'avais les mêmes affaires sur moi. Mais j'avais pas envie. Mais je me devais aussi de le faire. Je balançais alors ma grosse valise sur mon lit, et ouvrit la fermeture éclair, qui avait finie par se bloquer dans un de mes tee-shirts. Commençant à râler, je persistais en refermant nerveusement, et en tirant de haut en bas afin que les deux puissent se détacher. En vain.
Carrie- Putain ! dis-je d'un ton énervé. Toujours un truc pour faire chier, bordel !
Assise sur la valise, je tirais de force sur le zip qui n'en faisait qu'à sa tête. Après plus de trois cent soixante-quatre essais, je me résignais à rester habillée comme ça, toute ma vie. Pas question de demander de l'aide. Depuis qu'on était arrivés, je ne leur avais pas adressé un seul mot. Ça serait pas correct, non ? Tant pis... Sérieusement ? Regarde toi, regarde comme tu es toute crasseuse, et dégoûtante, demande de l'aide, me souffla ma conscience.
Carrie- Non.
Ton ego surdimensionné te perdras.. Me répondit-elle du tac au tac.
Carrie- Fais chier. OOHH, QUELQU'UN PEUT M'AIDER ICI ? Criais-je.
Lana et Liam- Oui !? Disent-ils simultanément.
Lana montait les escaliers, après mon cri de détresse, et postée à l'entrée de la chambre, d'un air attendrissant elle m'avait lancé un sourire.
Lana- Besoin d'aide peut-être ?
Carrie- J'ai pas trop le choix, alors je dirais que oui.
Lana- Très bien, alors je pense pouvoir t'aider.
Carrie- Ouais. J'ai mon putain de tee-shirt coincé dans la fermeture éclair de ma valise.
Lana se dirigeait vers ma valise, et en moins de trente secondes, elle avait su l'ouvrir sans problèmes. Incroyable, pensais-je. Mais pas questions de restée figée devant elle pour si peu, c'est trop facile de jouer les héroïnes.
Carrie- C'est un de tes nombreux tours de magie que l'on t'a appris à l'armée et que tu comptes réaliser pour m'impressionner et me subtiliser mon frère plus facilement ? Lâchais-je.
Décidément je sais pas ce que j'ai mais j'ai très mauvais caractère. Pourquoi je fais ça ? Elle ne fait que m'aider après tout. Elle a répondu à ma demande je devrais être satisfaite. Il faudra malgré tout qu'elle s'y habitue, la pauvre. Je fus tout de même très surprise lorsqu'elle n'avait pas réagit. Quelle vicieuse, encore un comportement décent et sans bavure pour la voleuse de frère, elle m'agace. Lana redescendit les escaliers calmement et je suis sûre qu'elle va aller pleurer à Liam, comme toutes ces foutues filles. Je descendais à mon tour, histoire de confirmer mes soupçons. Liam était sur le canapé, tenant dans sa main gauche la télécommande et il tentait difficilement de garder en équilibre sur son torse un bol de pop-corn qu'il essayait malgré tout de sécuriser avec son autre main emplâtrée. Il s'est pas raté sur ce coup là. Quel imbécile. Ah oui, parce-que monsieur a réussi à se coincer la main dans la portière de la voiture lorsque l'on a du repartir de la dernière aire de repos où on s'était arrêtés pour les envies pressantes de madame j'ai nommé je-suis-très-agaçante-et-je-suis-un-gros-bidon-sur-pattes. Son cri était tellement strident qu'il aurait pu casser une vitre d'un des camions présents en même temps que nous sur l'aire d'autoroute.Peut-être que c'est pour ça qu'on s'est fait courser jusqu'à l'entrée de la ville par des motards. Ou bien parce-que j'ai crevé délibérément quelques roues de motos avant de repartir. Oups.
Carrie- Hey.
Liam- Salut. Dit-il la bouche pleine. Cha va ? enchaîna-t-il
Mis à part mon affreuse vision de sa bouffe mâchée entre ses dents, je dirais que j'ai connu mieux.
Carrie- Oui super. Déclarais-je calmement m'aidant d'un sourire aussi faux que le cuir du canapé.
Liam- C'est pas super hein.
Carrie- De quoi ?
Liam- Tout ce qui se passe en ce moment.
Carrie- J'ai pas envie d'en parler, dis-je
Et puis d'abord pourquoi il me dit ça, maintenant. Il sait très bien que j'ai pas envie d'en parler c'est pas si compliqué.
Liam- Je sais que c'est dur pour toi mais je suis ton frère tu peux me faire confiance, je sais qu'en temps normal tu n'es pas bien pendant cette période, car oui il faut le dire le décès de tonton nous a fait un choc...Mais je n'imagine pas combien ça doit te peser d'ajouter ça, au fait qu'aujourd'hui, ça fait quatre ans. Jour pour jour. Que maman et moi avions cru que nous t'avions perdue à tout jamais.
"rien que la peur de perdre l'autre est douloureuse"-Marc Levy
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