Dix-septième étage.

-personne ne t'aime à ma manière-

[Pdv: May Maxwell]

Je dois avouer que je ne suis pas trop à l'aise dans cette voiture. Je parle un peu plus que ça d'habitude. Mais là je ne connais personne alors je me tais. La fille assise à côté de moi n'a vraiment pas l'air commode. Enfin je dis ça mais, je n'ai pas encore vu son visage, elle n'a même pas osé tourner la tête lorsque je suis rentrée dans la voiture. La fille qui conduit elle, ELLE à l'air sympa. Tout comme le gars assit devant moi, il est plutôt mignon en plus.

Sans dire un mot, je m'appuie donc sur le rebord de la vitre, pose mon coude, et regarde dehors, au loin. Qu'est-ce que j'aime admirer la beauté de ce qui nous entoure, vraiment. J'aime pouvoir faire du skate, sentir le vent dans mes cheveux, respirer l'air ambiant et pousser de toutes mes forces avec mon pied droit, afin d'atteindre une vitesse telle que le frottement du vent sur mon tee-shirt me procure une sensation de chatouilles. J'aime l'extérieur, j'aime l'aventure, j'aime le monde, j'aime la vie.

Mais parfois la vie dont on a toujours rêvé nous file entre les doigts, l'aventure dont on a tant espéré les résultats ne nous procure rien au final, et nous sommes obligés de mettre un terme à ce jeu. Ma mère me disait toujours, qu'il y a "un temps pour le plaisir et un temps pour le travail." En tout cas je ne sais pas si le « travail » va m'apporter quelque chose mais en tout cas l'auto-stop, plus jamais pour ma part ! J'ai du changer trois fois de voiture et malgré le fait qu'il y ait à côté de moi une fille dont je ne vois toujours pas le visage -car cette fois-ci c'est moi qui suis tournée- j'essaye de « m'auto-rassurer ».  Je suis assise dans une voiture avec des gens à peu près normaux, d'après ce que je vois en tout cas. J'aurai très bien pu tomber sur des violeurs en série, des tueurs à gages, des découpeurs de corps ou je ne sais quoi d'autre.Là je suis plutôt tombée sur des « je-ne-te-montrerai-jamais-ma-face » en série. A ce jeu de mot je me mis à pouffer, et c'est à ce moment précis que la fille s'adresse à moi.

La fille- Dis, j'ai une question.

Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'elle enchaîne:

La fille- Qu'est-ce que tu ressens lorsque tu es dans ta baignoire ?

May- Je me repose, j'aime prendre un bain chaud avec des bougies et des pétales de roses, avec de la mousse rose et des paillettes et...

La fille- Wow, tu parles trop. Je t'ai pas demandée comment tu le prenais, mais qu'est-ce que tu ressentais ? Fondamentalement à quoi te sers ton bain ?

L'Homme- Carrie... dit l'homme l'air désespéré.

May- Je réfléchis. Oui lorsque je prends mon bain, je réfléchis. Dis-je en le coupant.

J'ai l'impression qu'un écran imaginaire vient de s'installer sur le front de la fille avec écrit en rouge dessus « BONNE RÉPONSE ». Elle esquisse un sourire et finit par tourner la tête avec un air de satisfaction et recommença son « observation du paysage ». Je crois que je lui ai donné la réponse qu'elle attendait. Je ne sais pas pourquoi mais je lui ai fait plaisir. Étrangement, je me sens soudainement mieux. C'est assez bizarre comme approche de demander à quelqu'un qu'est-ce qu'il ressent lorsqu'il est dans son bain. Elle ne m'a même pas demandé mon nom, elle ne m'a même pas soufflé un bonjour ou bien un signe de politesse tout de même. La seule chose que je sais sur elle  désormais c'est qu'elle est mal polie et qu'elle s'appelle Carrie. Et pour être honnête ça me convient très bien jusque là.

Une fois arrivée dans le bon quartier je devrais m'empresser d'appeler ce jeune homme, intégré dans notre programme il y a peu, c'est Paolo qui me l'a suggéré. C'est dans ce nouveau programme que j'ai moi aussi été muté, c'est ma nouvelle mission. D'où tout ce calvaire en auto-stop. Je débute un nouveau programme de protection.

"quand on veut dresser sa conscience, elle vous embrasse tout en vous mordant" -Friedrich Nietzsche. 

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