Dix-neuvième étage.
-je franchis la limite-
Ce qui pousse l'être humain à la violence n'est pas forcément au nom de quelque chose, ou de quelqu'un, ce qui pousse l'être humain à la violence, c'est la violence elle-même. C'est ma théorie en tout cas. Je dirais également que l'on se fait violence à soi-même, pour de multiples raisons: parce-que les sentiments se mettent en travers de notre chemin par exemple. Ou encore, parce-que l'épreuve de la vie nous mène à prendre des décisions plus lourdes de conséquence les unes que les autres. Parce-que c'est parfois de la légitime défense, aussi. Puis on se fait du mal, on fait du mal aux autres sans s'en rendre compte, sans le savoir, sûrement parce-que la violence agit comme une bombe: on appuie sur un bouton, on se déchire et le monde s'écroule autour de nous emportant tout sur son passage. Ça a toujours existé et finalement est-ce que ça s'arrêtera ? Jamais.
Se faire du mal, et faire du mal aux autres fait partie du quotidien et on ne l'acceptera jamais. Faire le mal, c'est mal, c'est pas bien, on est d'accord. Mais si le bien c'était de faire le mal, alors est-ce que ce serait bien de faire du mal, si le mal c'est bien ? Je vous embrouille, non ? Pour donner une image du désastre, il suffit de regarder sa baignoire, en l'occurrence la mienne. Cette fois-ci, la violence n'a pas eu lieu ici. Comme je l'ai dit, j'essaie de changer. A vrai dire, en ce moment je me cache dans ma baignoire, je me mets à l'abri de la violence dont j'ai été témoin à l'extérieur de cette pièce. Je ne mettrai décidément plus un pied en-dehors car la violence s'est déclinée en de petits atomes que la vie nous force à respirer, à ingérer. Ça nous colle à la peau, de partout, comme de la crasse que l'on devrait gratter. On devrait tous se laver de cette violence qui s'accumule à la surface de notre épiderme quotidiennement.
En parlant de l'extérieur, j'ai bien peur que là-bas ce soit un « bain de sang » si je puis dire, et cela sans mauvais jeu de mot. Je suis là, à me cacher, alors qu'habituellement le bain de sang j'y trempe dedans. Mais cette fois-ci je me préserve parce-que dehors deux hommes se battent, et c'est dur à dire mais Liam m'a fait promettre de ne pas bouger. Alors pour une fois, je l'écoute et je ne bouge pas. J'ai du mal à réfléchir, à reprendre mes esprits, pourtant la baignoire est mon lieu de prédiction pour réfléchir, mais je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. J'entends des cris, des phrases du genre « d'où tu sors connard ! » « pour qui tu travailles salaud » et aucun signe physique de Liam, il m'a juste laissé un portable au cas où.
Je suis terrifiée, aussi terrifiée qu'il y a quatre ans. Parce-qu'il est revenu, pas lui en personne mais il a envoyé quelqu'un d'autre. Pour moi. Mon père a envoyé quelqu'un me chercher, et Liam s'en occupe. Et j'ai terriblement peur. Il n'y a plus rien et j'ai peur, notre conversation a tourné court, c'est ce qu'il se passe en ce moment même, rien ne va plus, je suis déchirée. Je n'ai plus la foi, c'est ce que je ressens là, tout de suite. Il m'a dit qu'il reviendrait me chercher, je l'espère du plus profond de mon cœur. Et puis plus rien, aucun bruit, aucune insulte, juste une détonation qui marque la fin du combat. Comme une sonnette lors d'un combat de boxe sur le ring, signifiant que l'un d'eux est ko. Je prie pour que celui que je porte dans mon cœur ne soit pas celui étendu sur le sol. Mais si ce bruit vient de quelqu'un, il ne peut venir de Liam, car Liam n'a pas d'arme sur lui.
Et je pleure, parce-que tout ce qu'il me reste à faire c'est prier, m'accrocher au seul espoir qu'il me reste, et je me blottis au téléphone comme si ça pouvait changer quelque chose. Je me saisis de mes genoux dans l'attente, je me prépare à bondir sur celui qui ouvrira la porte, et j'émets l'hypothèse que si ce n'est pas la personne que j'attends, il se recevra un portable dans la gueule suivi de quelques objets que j'ai a portée de main : des shampoings, un rasoir, et ma colère.
J'entends le cliquetis de la porte, et celle-ci s'entrouvre, un souffle court mais lourd s'approche un peu plus de la porte qui finit par s'ouvrir pour de bon. Je serre le téléphone, et me munie du shampoing. Au moment où la porte s'ouvre, je jette ces deux objets, car en effet, ce n'est pas celui que j'attendais.
"tout le monde ment"- un inconnu.
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