Chapitre 86 #Bonus Kaya ⊙
" Tu as eu besoin de moi, non ? " - Kaya Anderson
[Pdv : Kaya]
Orlane- Combien de grammes déjà ?
Kaya- Deux cent cinquante, je crois.
Elle fait volte-face, et me regarde d'un air interrogateur.
J'ai pas pu me retenir de rire bien longtemps quand j'ai vu l'état de son visage. J'ai dit, deux cent cinquante grammes de farine dans le saladier en plastique, par sur sa sale tronche.
Elle en avait partout, du nez jusqu'au sourcils, en passant par le menton.
Au début, elle a froncé ses sourcils justement, se demandant ce qu'il se passait, puis quand elle a finit par capter, elle s'est mise à rire à son tour. Notre fou rire a duré cinq bonnes minutes, et au moment où nous nous sommes arrêtées, elle m'a regardé d'un air désolé :
Orlane- J'aurais vraiment aimé rire et faire ces crêpes avec elle..
Orlane- Elle te manque à toi aussi pas vrai ? Me demanda-t-elle sûrement pour se rassurer.
J'hoche simplement la tête. Je déteste répondre la gorge nouée, j'ai l'impression que je vais me mettre à pleurer à n'importe quel moment. Et je hais pleurer en public, j'ai l'impression de me donner en spectacle.
Mais, c'est vrai. J'aurais adoré moi aussi faire ces crêpes avec elle. Je nous vois bien rigoler toutes les trois comme des tordues parce-qu'on ne sait vraiment pas cuisiner, et que la tête d'Orlane est plus qu'hilarante. En fait, aucune de nous trois ne sait cuisiner, et ça, ça craint un peu.
Mais on aurait essayé, et on aurait fait manger des trucs exécrables aux garçons pour rigoler. J'imagine la tête de mon père, ou même celle d'Harry lorsqu'ils dégusteraient ces trucs censés être des crêpes.
May nous aurait sûrement rejoint en cours de route pour rattraper la merde que l'on avait fait. Et au final, on aurait bien rigolé toutes les quatre.
Seulement là, on est deux. Nous deux juste. Et c'est pas vraiment pareil quand elles sont pas là.
Je déteste savoir que l'absence de quelqu'un me fait autant mal. Je déteste me savoir fragile, parce-qu'en réalité c'est ce que je suis, mais la vérité c'est que j'ai juste décidé de ne pas le montrer. Je déteste ça là, cette ambiance pourrie qu'il y a ici depuis que nous l'avons perdue.
Depuis que je suis au courant de notre histoire, de notre passé, c'est à dire depuis plusieurs années déjà, je m'étais mise en tête de la retrouver. C'était tout ce à quoi je pensais : la retrouver.
Pour tout avouer, je ne me rappelle pas trop des boîtes, vu que j'y suis allée qu'une seule fois, et j'étais super jeune. Carrie elle, elle a subit trois boîtes différentes, toutes les plus horribles que les autres. Et elle réussit encore à sourire et à prendre soin de nous. Quand j'ai su que c'était ma sœur, et que j'en avais une autre, Orlane, j'ai décidé de prendre les choses en main.
D'ailleurs, merci l'ordinateur de Derek. Faudra peut-être que je lui dise un jour de changer son mot de passe, c'est bien trop facile de taper « KayaCameron ».
Après mes fouilles, j'ai fait sortir Orlane de House of Time. Je l'ai aidé à vivre comme tout le monde au début, à recommencer sa vie, ça n'a pas été trop difficile je dirais. Pour être honnête, je comptais faire pareil avec Carrie. Je voulais qu'elle puisse vivre comme toute personne de son âge. Qu'elle puisse sortir, trouver un copain, exercer un métier, faire des choses classiques quoi, avoir une vie en somme. Aucune fille ne devrait subir ce que nous avons subit.
Malheureusement, on ne peut pas toujours sauver tout le monde. C'est ce que je me suis dit le soir où on l'a perdu dans cette putain de boîte de nuit.
Je sais que son absence nous fait tous souffrir, mais le pire ça a été de voir l'état de Zayn se dégrader de jour en jour. Au début, il essayait de faire comme si tout allait bien, comme tout le monde d'ailleurs. Puis il a commencé à boire, à s'énerver pour un rien, et il a finit par ne plus dormir. C'est là, à ce moment précis, que c'est devenu vraiment horrible. Autant pour lui que pour nous, il était et il est toujours insupportable. Je le comprends malgré tout.
Alors avec les autres, on a décidé tout d'abord de limiter le nombres de bouteilles présentes dans le bar. On en cache le maximum pour qu'il ne finisse pas ivre mort.
On ne peut pas l'empêcher de boire non plus, j'imagine qu'il ferait bien pire s'il n'y avait pas d'alcool. On le laisse faire parce-qu'on ne peut pas réellement lui faire la morale, ou ne serait-ce que des reproches. Ça doit être dur de croire qu'on est le seul fautif.
Je veux dire, il sait pas si elle va revenir, il sait rien, il sait même pas si elle est vivante. Aucun d'entre nous ne le sait bien évidemment, mais j'imagine que c'est lui qui endure le plus de choses. Même si on ressent tous une certaine douleur face à son départ, on la ressent pas de la même façon que lui.
J'en connais des forts qui auraient agis comme des faibles, et des gens d'apparence moins forte qui sont hyper solides mentalement. C'est une question de tempérament je suppose.
Moi, je pense que je suis le genre de personne très peu expressive. J'essaie de faire abstraction de son absence, comme une habitude à prendre alors qu'Orlane elle, elle est super expressive. Elle est toujours là pour me rappeler que même si j'essaie de faire genre que je vais bien, en réalité rien ne va. On est mal, on le sait tous. Mais ça fait deux mois maintenant qu'elle nous a échappé et on ne peut pas faire grand chose.
J'ai jamais été très tactile avec Carrie, car comme moi, c'est pas trop son truc non plus. Mais on a passé de supers moments ensemble. De la première fois où je l'ai rencontré dans cette cabine à ce magasin, jusqu'à nos soirées souvent remplies de fou rires. J'ai adoré rire jusqu'à en pleurer, j'ai aimé la savoir heureuse parce-qu'au départ c'était ça mon objectif.
Le bonheur des autres fait le mien, c'est presque triste à dire.
C'est marrant mais je suis même pas capable de trouver mon propre bonheur intérieur. Comme quoi, je suis pas vraiment indépendante, puisque mon bonheur dépend du leur. La savoir mal me rend mal forcément, et je le sais.
Pour oublier que je vais mal, je me mens, je nous mens, je le sais putain. Mais si j'étais aussi réaliste que je le prétends, ça ferait un moment que j'arrêtais d'espérer qu'elle revienne. C'est bien de rêver de temps en temps, même si ça nous paraît peu probable. J'espère tout de même au fond de moi-même, qu'elle débarquera à la maison un de ces jours avec sa nonchalance habituelle, et son caractère de merde.
En fin de compte, on se ressemble beaucoup toute les deux. Y a beaucoup de choses que l'on pense mais que l'on ne fait pas, et beaucoup de choses que l'on dit mais qu'on ne pense pas. La plupart du temps on estime devoir parler pour faire du mal. C'est vrai, on doit toujours plonger les autres dans notre propre malheur, comme si c'était nécessaire, comme si faire du mal aux autres, ça nous permettait de nous sentir moins seule.
Je n'ai pas toujours été comme cela. Faut dire que jusque mon adolescence, j'étais bien et sans complexe. Je me sentais bien parce-qu'à cet âge là, on ne se soucie pas des autres, ni de soi-même, on vit seulement pour vivre, pour être heureux. J'avais un petit frère, j'étais heureuse c'était clair comme de l'eau de roche. J'avais l'impression que plus rien n'allait m'atteindre, parce-que j'avais tout ce dont j'avais besoin. Une famille, et une vie.
Puis je suis passée par la phase discrimination. J'étais bouboule, « une grosse » comme ils disaient. Au collège, on me demandait si c'était pas trop dur de marcher avec toute ma graisse. Je devais « rouler » apparemment. Certains me surnommaient « McGros », en référence au célèbre fast-food.
Honnêtement, quand je regarde quelques photos de moi plus jeune, à cette époque là, j'étais enrobée certes, mais pas grosse. C'est leurs insultes qui me rendaient grosse et sale, c'est ce que pensaient les autres qui m'importaient le plus au final. J'ai cru à leurs insultes, jusqu'à m'en détruire de l'intérieur.
Fini la joie et tout ça, je me suis renfermée sur moi-même et j'ai plongé dans la bouffe encore plus qu'avant. Je mangeais bien au départ, puis j'ai finis par trop manger. C'est à ce moment précis que je suis devenue la grosse que tout le monde voulait que je sois.
Est-ce que c'est normal d'avoir à se justifier par rapport à son poids ? Je veux dire, si je me sentais bien, c'est quoi le problème ? Y a quoi de différent dans le fait que j'étais enrobée ? Le soucis chez les jeunes, c'est que si on ne porte pas de slim, ou je ne sais quoi d'autre, on est différent. Mais en quoi être heureuse me rendait horrible ? Je voulais juste vivre, comme je le voulais.
C'est exactement ce que fait la société à ces moments là. A partir du moment où l'on ne rentre pas dans un moule, on est forcément en marge des autres, et on se fait discriminer. Comme si ça pouvait régler les problèmes. Plonger ceux qui sont heureux dans le malheur, pour pouvoir se dire qu'on est pas le pire. C'est exactement ce qu'ils ont fait de moi.
Et quand plus tard, j'ai perdu du poids, je me sentais plus du tout heureuse parce-que j'avais l'impression de ne pas profiter, de ne pas être moi. On m'obligeait à rentrer dans ce moule d'après moi. Mais c'était bien plus que ça parce-que c'était une question de santé à ce moment là, plus d'apparence physique. Ça devenait dangereux quand même.
Puis je m'y suis fait, c'est vrai qu'aujourd'hui quand j'en croise certaines, quand je vois comment elles sont devenues... Quand je vois comment certains garçons me rejetaient à l'époque par rapport à mon poids, et que maintenant ils me courrent après, je me dis que j'ai bien fait de maigrir.
Et maintenant, ceux qui ne me reconnaissent pas et qui se permettent même de me draguer, je les rejettent aussi gentiment qu'eux le faisaient avec moi à l'époque, en prétextant juste devoir aller au fast-food auquel ils me comparaient au collège. C'est vrai quoi, c'est pas comme ça qu'ils m'appelaient à l'époque ? Ils avaient ce besoin de me refouler non ? Alors je n'ai fait que leur rendre la monnaie de leur pièce. Je me venge à ma manière, je reprends le bonheur que je leur ai laissé, et c'est ça le plus important non ?
Bon j'avoue, ça n'a pas marché avec certaines personnes. J'avoue, y a qu'à Jake. J'ai pas pu refuser quelques trucs, mais ça c'est une autre histoire. (NDA : L'autre histoire c'est Where mdr, raie aie aie la Kaya)
Bref, pourquoi je parle de tout ça ? Ah oui, elle me manque c'est certain.
Kaya- Tu as besoin de moi, non ?
Orlane- J'ai besoin de toi, en effet. Tu crois qu'elle nous aurait aidé elle aussi ?
Kaya- Je crois pas, j'en suis sûre. C'était ce que préférait faire Carrie non ? Aider les autres, c'était son fort.
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DOUBLES UPDATES, ET J AI PAS MIS LONGTEMPS A L'ECRIRE, A PEINE DEUX HEURES !
Bon pour un bonus je me suis pas trop cassée la tête, du coup vous apprenez des trucs sur Kaya ralala, et sur Jake:)))))))))) Je veux pas spoiler mais quand j'ai écrit ce chapitre je me suis dit y a un bon truc à faire là. OUAAAAIS ! Hâte de finir Blind pour commencer à poster Where !:)) Voilààà, commentez, votez comme d'hab, si vous avez des questions faites vous plaisir, et à la prochaaaine;) Xx Chloé, heureuse de n'avoir plus que deux jours et demi de cours.
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