Chapitre 80 ⊙
«J'ai vu autant d'humanité chez les animaux que d'animosité chez les humains» - Nekfeu
De retour dans la voiture, j'avais réfléchi à la façon dont tout aurait pu changer si j'avais pu lire dans les pensées. C'est vrai, si j'avais ce pouvoir, j'aurais certainement découvert les magouilles de Fisher rien qu'en le regardant droit dans les yeux. J'aurais pu savoir dès le début que Tatum était impliqué. Et par dessus tout j'aurais eu la possibilité de savoir ce que Zayn s'était mis à penser à partir du moment où nous étions reparti.
Ce n'est pas de mon ressort, et je ne peux pas agir sur le fait qu'il puisse en penser quelque chose, que cela soit bon ou mauvais, mais j'avais la certitude que lui-même ne savait pas ce qu'il devait en penser. Alors j'avais continué à fixer la route comme si c'était devenu important de savoir où nous allions, comme si notre destination était une surprise. Rien de tout cela n'était vrai et je savais précisément où nous allions : nous roulions littéralement en direction de la mort.
J'avais toujours pensé que si je réussissais à sauver des vies, à faire pleurer le minimum de personnes, ça rachèterait la mienne. Malheureusement pour moi, je n'ai fait que m'empourprer dans un espèce de cercle vicieux, ce jeu où le serpent finit par se mordre la queue. Vous savez sur ces vieux téléphones, sa queue s'allongeait au fur et à mesure qu'il mangeait et métaphoriquement j'étais devenue ce serpent qui accumulait chaque jour un nouveau problème. Et plus ma « queue » devenait longue, plus j'avais de risque de me la mordre.
Je mange symboliquement des tonnes de problèmes en sachant pertinemment qu'au bout du compte, une seule erreur de ma part suffirait pour tout faire foirer. Et c'est la seule chose que j'ai réussi à faire : tout foirer.
Qu'importe ce qu'il devait advenir désormais, je m'étais installée dans une bulle d'ignorance, d'indifférence, prête à affronter n'importe quelle possibilité de fin de vie, tant que j'obtenais, justement, cette chose à laquelle je tenais tant au départ : la fin de ma vie. Sauf que.
Si nous passons le fait que rien ne se passe exactement comme prévu dans toute ma vie et que nous venions directement au problème, je dirais que ce n'est presque plus surprenant à ce stade là, que je me retrouve encore et toujours face à moi-même. Face à ces putains de souvenirs qui me font souffrir, merci la vie.
J'avais, sans doute par erreur, fait attention à ce que faisait Zayn juste à côté de moi, et sûrement pour combler le vide qui pesait lourd désormais entre nous, il avait appuyé sur ce petit bouton prévu pour activer la musique dès que nous le touchons. C'était la pire erreur qu'il n'ait jamais faîte depuis que je le connais. Il voulait juste détendre l'atmosphère, ça devait sûrement lui peser, mais la bulle que je m'étais créé éclata soudainement lorsque le son émit par la radio parvint jusque mes oreilles. Je n'avais jamais été autant consternée, autant choquée d'entendre cette chanson. Oui celle-là.
Le poste radio grésillait parfois, c'en devenait presque gênant et en même temps ça rendait la situation tellement authentique. Je n'aurais jamais crue l'entendre à nouveau, et pourtant, elle était là. Cette chanson.
« It's a new done, it's a new day, it's a new life for me, and i'm feeling good ».
Le poste avait rendu la voix de Nina Simone grésillante, et ça m'énervait de savoir que ça aurait énervé Liam s'il avait était ici, avec nous dans la voiture. J'avais alors tapé violemment sur le dessus du poste, comme il le faisait, parce-que c'est comme ça qu'il le faisait, et c'est sûrement comme ça qu'il le fait encore.
Carrie- C'est comme ça que l'on fait chez nous, lorsque rien ne fonctionne, on tape, on se bat presque avec le poste.
Zayn- Hm, je sais... Tout le monde se bat contre quelque chose, pas vrai ?
J'avais hoché la tête en comprenant ce à quoi il faisait référence en disant cela, du moins j'imagine qu'il faisait référence à toutes ces choses contre lesquelles je me suis battue. On s'est battus tout notre vie, honnêtement. Mais la différence entre nous deux c'est que, je me bats contre mes souvenirs, contre mon père, contre mon enfance, contre l'injustice, contre moi-même, contre des tas d'autres choses. Et lui se bat seulement pour notre amour en ce moment, rien de plus, rien de moins, il se bat pour nous. Et j'ai l'impression que ça cause est presque plus noble que toute celles que j'essaie de combattre.
Je me bats contre la défaite pendant que lui se bat pour quelque chose, en faveur de quelque chose, et je n'y prête même pas attention en vérité. Parce-que tout ce que j'essaie de faire c'est tout contrôler, tout détruire, pour que tout s'arrête, au prix de ma vie certes, mais jusque là il n'y avait pas de causes plus importante que celle-ci : son bonheur, c'est tout ce qu'il lui reste.
Ses deux mains s'étaient posées sur le volant qu'il tenait de manière plus détendue, et il m'avait regardé tout en ralentissant, jetant de temps en temps un coup d'œil vers la route bien évidemment.
Zayn- C'est cette chanson que Liam passait en boucle dans son vieux tacot, et c'est celle qui passait encore quand...
Carrie- Quand on s'est rencontrés pour la première fois, le coupais-je.
Il avait plissé les lèvres comme pour confirmer que ce que je venais de dire était exact.
Exactement douloureux, douloureusement exact.
Gênée, je m'étais juste contentée d'abaisser le regard et de m'occuper à faire tout autre chose qui n'était sans grande importance, je l'avoue, j'essayais de dissimuler ma gêne. Il fallait que je me donne de la contenance.
Le temps filait à une vitesse folle, et le soleil levant de ce matin n'était devenu que soleil tout court. Il faisait chaud pour un mois qui était censé clore l'été et qui visait à nous préparer pour l'automne, et j'avais été obligé de baisser le pare soleil pour ne plus me faire aveugler par les rayons puissant de cet astre brûlant.
Je reconnaissais la route, et ça, plus ou moins depuis le début. Celle-là sans doute plus que le reste car c'était la première que j'avais emprunté en sortant du hangar.
La première vraie, grande route. Tout le reste n'est que chemin boueux ou caillouteux, un peu comme ceux que nous avons empruntés lorsque nous sortions de la maison, mais ceux là étaient un peu plus plats que ceux que nous allions emprunter dès à présent.
Des frissons et la chair de poule s'étaient développés à la lisière de ma peau, au fur et à mesure que nous nous approchions. J'avais oublié à quel point c'était dur, et je pensais -comme toujours- pouvoir surmonter ça, encore une fois.
A l'entrée d'une petite colline, Zayn appuya violemment sur le frein et me regarda intensément comme si c'était la dernière fois. C'était la dernière fois en fait.
Il avait peur, ça se lisait dans ses yeux, il avait peur pour moi, et j'avais peur aussi, mais peut-être qu'il se faisait plus de soucis que moi, parce-qu'il avait l'air complètement paniqué à l'intérieur mais paradoxalement l'extérieur de son corps ne dégageait rien de particulier, pas de signe de stress, ni même de gestes qui le trahissent d'habitude. Il ne s'est ni trituré les doigts, ni gratté l'arrière du crâne, il m'a juste regardé, droit dans les yeux. Quand je vous dis que parfois les mots ne servent à rien.
C'était bien plus puissant, son regard n'avait jamais été aussi fort, jamais aussi intense, jamais aussi communicatif qu'en ce moment même. Et putain ce que je m'en voulais de devoir le regarder comme cela pour la dernière fois.
Zayn- Tu es sûre ?
Carrie- Sûre et certaine, je suis prête Zayn.
Zayn- Ok.
Il avait appuyé sur l'accélérateur violemment, et avait démarré en trombe, on entendait les cailloux rebondir contre la carrosserie, parfois ils se coinçaient dans les jantes des roues, un peu comme nous en ce moment même, prisonniers dans cet engrenage.
Notre ascension s'arrêta bientôt et nous voilà de retour sur un terrain d'abord plat, puis vague et nous avions atteint la zone industrielle, légèrement goudronnée, avec juste en son milieu le hangar que j'avais quitté il y a de cela une semaine pile. Nous y étions parvenu, et c'était l'heure.
[Pdv : Extérieur]
Tout juste lorsque les deux jeunes adultes commençaient à gravir la petite colline, des équipes policières de Santa-Monica avaient pénétrés dans Hampstead Heath. Grâce aux quelques relations -pourtant maigres- de Liam, il avait réussit à les convaincre d'intervenir car il disait avoir obtenu ces informations d'une « source sûre ». Les équipes lourdement armées étaient au cœur des bâtiments défrichés du parc.
Au départ rien ne laissait présager quelconques victimes, ou trafic d'être humains, mais c'est au sous-sol, lorsque l'un d'entre eux entendit une petite voix les supplier de les aider que tout s'était éclaircit. En quelques coups de pieds, ils avaient démontés les portes d'une cinquantaine de boîte, un réseau tout entier venait d'être découvert et si ça ne s'arrêtait qu'ici, la suite n'aurait été que banale. Lors de l'évacuation d'une centaine de jeunes filles, certaines plus jeunes que d'autres, ils avaient découvert que quelqu'un avait fait le ménage avant eux.
Toute une salle, pourtant destinée au repos des malfaiteurs, avait été remplie de corps, non pas de femmes, ou de filles, le local était rempli d'hommes d'origines diverses. Mexicaines, cubaines, américaines, françaises, tous tués par balle, sûrement surpris en pleine partie de cartes.
Liam les avaient éclairés sur le fait que ces locaux appartenaient à celui qui était censé protéger sa sœur et que celui-ci avait disparu de la surface de la Terre depuis qu'elle avait elle-même disparue. Le seul espoir pour les policiers était qu'au moins une des caméras ait pu filmer ce malheureux entrain de tuer ces hommes, ces femmes, ces enfants, ou tout du moins ne serait-ce qu'en abuser.
La grande équipe tenait là toutes les preuves pouvant montrer l'implication concrète de Ruiz, bien qu'on ait toujours su qu'il en était le fondateur, ainsi que celle de Fisher, et s'ils avaient réussi à démanteler qu'une partie, ils ne s'attendaient pas à pouvoir démanteler tous les réseaux d'Amérique.
Ce qu'ils ne savaient pas non plus, c'est que dans quelques années, tout cela ne serait que de mauvais souvenirs car tout cette machinerie mise en place par Ruiz à travers toute l'Amérique allait cesser, subitement.
Quand on trouve un morceau du puzzle, par la force des choses, on en trouve tout le reste.
Et c'était l'une des nombreuses pièces manquantes, et pas la plus faible, du grand puzzle qu'était le trafic d'êtres humains en Amérique, qui avait été trouvé.
Le chemin avait été long, l'attente dure, mais ce que se disaient tout ces hommes et ces femmes au service des États- Unis depuis de nombreuses années pour la plupart, c'est que le jeu en valait la chandelle.
Et c'était sincère, chacun d'entre eux pensait à toute les vies qu'ils avaient ou allaient sauver en faisant confiance à un homme, qui faisait lui-même confiance à cette fille, sa sœur, qui elle-même sans le savoir avait et allait sauver des milliers de vies.
[Pdv : Zayn]
J'avais redémarré la voiture toujours autant impressionné par cette fille à qui j'avais tenu tête maintes et maintes fois, du moins c'était plutôt elle qui me tenait tête m'enfin bon. Cette fille avec qui je m'étais disputé des dizaines de fois, avec qui j'avais eu une relation charnelle et passionnée, et avec qui je m'étais récemment déchiré, emporté violemment dans le tourbillon qu'était nos vies. Je ne savais pas quoi en penser pour tout dire.
Elle avait gardé le silence depuis qu'elle était remontée, et j'avoue m'étouffer un peu plus à chacune des secondes que nous passions dans le silence. Alors j'avais décidé de mettre de la musique, bêtement. Et en effet, c'était la chose la plus débile que je n'avais jamais faite de toute ma vie, et pourtant dieu sait à quel point j'ai été con depuis que je suis sur Terre.
En entendant les premières notes, j'ai tout de suite reconnu cette fameuse chanson. Celle-là.
« It's a new done, it's a new day, it's a new life for me, and i'm feeling good ».
Je sais pas si comme moi, entendre ces paroles l'a choqué, visiblement oui, puisqu'elle vient tout juste d'ouvrir grands ses yeux, captant à son tour ce que signifiait cette chanson pour nous. Mais tout devenait gênant, encore plus que tout à l'heure.
Je préférerais encore m'étouffer avec le silence comme je le faisais il y a quelques secondes en fait. D'un coup d'un seul elle s'était mise à taper sur le dessus du poste qui, je l'avoue, grésillait un peu et cette situation devenait encore plus gênante, presque bizarre.
Carrie- C'est comme ça que l'on fait chez nous, lorsque rien ne fonctionne, on tape, on se bat presque avec le poste.
Zayn- Hm, je sais... Tout le monde se bat contre quelque chose, pas vrai ? Avais-je dit sans trop réfléchir.
Sachant pertinemment quel impact ça aurait sur elle, je ne regrettais pas d'avoir dit le fond de ma pensée, même si ce n'était pas calculé au départ. Après un petit moment de réflexion, cette fois-ci, j'avais tenu à appuyer sur le fait que peut-être, par je ne sais quel miracle, c'était peut-être un signe pour qu l'on reste ensemble. Malheureusement pour moi, je ne pus pas m'exprimer jusqu'au bout puisqu'elle me coupa :
Zayn- C'est cette chanson que Liam passait en boucle dans son vieux tacot, et c'est celle qui passait encore quand...
Carrie- Quand on s'est rencontrés pour la première fois, me coupa-t-elle subitement.
Oui, effectivement. Et ça fait mal de se dire qu'elle n'en fait rien de plus, on dirait presque qu'elle n'en a plus rien à faire, sachant pertinemment ce qui allait se passer après, dans pas moins d'une heure, je commençais à réfléchir sérieusement à la façon dont tout cela pourrait tourner.
/Time/
Zayn- Tu es sûre ?
Carrie- Sûre et certaine, je suis prête Zayn.
Zayn- Ok.
/Time/
J'avais coupé le contact et nos deux corps étaient restés immobiles, comme si l'on entendait que l'un de nous dise quelque chose. Elle a finit par rompre ce dernier silence et a actionné l'ouverture de la portière. C'est ce moment précis que j'avais choisi pour la retenir, une dernière fois, parce-qu'au fond je savais qu'il y avait des risques pour qu'on ne se voit, ou encore pire, que l'on ne se touche plus.
Ma main s'était désespérément accroché à son avant bras, et son corps retomba lourdement contre le fauteuil de ma voiture. Elle avait refermé la portière une nouvelle fois et elle avait planté son regard dans le mien. Étrangement on y décelait une lueur de peur, pas celle qu'elle ressentait d'habitude envers son père non, celle-là, elle était pour moi.
Elle avait peur de ce que je m'apprêtais à lui dire. Et j'avais peur de ce que j'allais lui dire aussi, parce-qu'honnêtement chacun des mots qui sortaient de ma bouche n'étaient en aucun cas contrôlés, et je n'avais même pas réfléchi avant à ce que je pourrais bien lui dire pendant ce moment fatidique.
J'avais ouvert plusieurs fois la bouche avant de la refermer comme si tout ce que j'avais à dire m'était impossible à exprimer, comme si ça me brûlait les lèvres. J'avais besoin de crier, de pleurer, de rire, et de dire tout ce que je voulais, mais c'était trop pour le si peu de temps qu'il nous restait. J'avais trop d'informations, trop de sentiments à communiquer.
Alors je m'étais lentement rapproché de son visage devenu étrangement pâle, mes mains se détachant des siennes, et se posant de part et d'autres de son visage, je la fixais intensément, je me perdais dans ses iris, et tout ce qui était autour de nous n'était devenu que bourdonnement et qu'ombre opaque.
Sa lèvre inférieure, légèrement blessée était retroussée, saillante, et rosée, ses joues me brûlaient les mains, et nos souffles, tant nous étions près, s'étaient entremêlés pour ne former qu'un. Ils étaient saccadés, à vrai dire sans grand intérêt vu que nous aurions pu tenir toute une vie sans respirer tant nos regards étaient puissants l'un pour l'autre.
Son sourire, si cher à mes yeux, aurait pu illuminer la terre entière, il était radieux et rayonnant, comme tout son être de toute manière, ainsi que toute son âme, bien qu'elle est été souillé par ce chemin sombre qu'elle a été forcé de prendre.
Elle a toujours su trouver une solution, comme aujourd'hui, et elle est prête à tout, pour nous, pour moi. Mais elle nous abandonne, je ne l'oublie pas.
Mes lèvres effleurèrent les siennes, et dans un mouvement plus rapide que tous les autres, j'avais remonté mes lèvres au dessus de son nez et les avaient déposées sur son front. C'était tellement intense que je cru exploser dans la seconde où ma bouche se décollerait du haut de son crâne. Lorsque tout ça fut fini, je lu dans son regard de la surprise, comme si elle s'attendait à autre chose, elle était presque déçue. Mais je ne pouvais pas l'embrasser, pas en sachant que ce serait la dernière fois.
Un dernier regard et elle sortit de la voiture, pendant que je m'étais appuyé contre le volant de sorte à la voir jusqu'au bout, comme pour m'assurer qu'elle entrait bien dans le hangar. Elle avait poussé la porte sans me jeter un seul regard, pas un seul de plus, et ça y est, elle me quittait.
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Je devrais donner des cours pour être sadique.
Être sadique c'est dans mes veines.
HIII, salut mes bebz, j'espère que la rentrée s'est bien passée pour vous, moi ça va on s'habitue doucement mais sûrement. Voici mon nouveau chapitre, hyper poétique, je dois le dire, c'est les cours ça (ba Chloé retourn plusse souvant en court in c mieu kessia)
En tout cas, j'espère qu'il vous a plus, et cette fois-ci on échange les rôles, c'est à vous de me poser des questions ! Bisous la mif, je vous aime !
AH,et merci pour les 11,4 K je vous kiffe xx Cloclo la L 2000
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