Chapitre 44 ⊙
« Notre passé agit sur notre présent. Nos choix agiront sur notre futur. Rien ne définit le genre humain, tant que celui-ci n'a pas prit le mauvais chemin. » - Carrie Holmes
Ses paroles raisonnent dans ma tête, encore et encore. Je n'ai pas pu répondre, je n'ai pas pu sortir un mot de ma bouche. J'ai souris et fais mine de me rendormir sur son torse, alors qu'il caressait toujours mes cheveux dans l'attente d'une réponse. J'espère qu'il ne l'a pas mal pris mais...
« Je t'aime » quoi. Ce mot pèse trop lourd dans ma conscience pour lui livrer face à face, les yeux dans les yeux, une parole aussi importante.
A notre départ vers l'agence, je sens qu'une mini-tension est présente. Je me sens mal vraiment, de devoir faire semblant de ne pas me rappeler de ce qu'il m'a dit ce matin, à cinq heures. Je fais mine d'être normale mais au fond je suis vraiment vraiment mal.
Il m'a dit ça sincèrement, avec sa mine de petit garçon et ce sourire qui le caractérise si bien. Lorsque je n'ai rien répondu, ce sourire là, oui ce sourire que j'aime tant s'est affaissé et a fait place à un sourire de façade, sans signification.
Je m'en veux tellement, j'aurai voulu lui répondre au moins un « moi aussi » ou quelque chose dans le genre, un truc qui fasse l'affaire, mais j'ai fais pire. Je n'ai rien dit.
D'habitude c'est lui qui installe le silence entre nous deux, mais là ce silence qui pèse lourd dans la voiture personne n'a décidé de l'installer, il s'est installé tout seul. Lors du trajet il ne m'a jeté aucun regard. Je le sais parce-que je n'ai pas arrêté de le fixer du coin de l'œil.
Il s'est assis sur un bord de la banquette, moi sur l'autre et le vide nous séparait. Le vide et le silence, voici ce qui a métaphoriquement comblé l'espace entre nous deux. Le vide et le silence.
J'ai une boule dans la gorge, et ma face est si blanche que l'on dirait que je suis malade. Lorsque la voiture s'arrête je devine que nous sommes arrivés, Zayn sort immédiatement de la voiture à peine arrêtée, et referme la porte aussi sec. Bon, je vois que je vais passer de mon côté finalement.
Je souris à Morgan et Tatum qui nous suivent, mais alors que Tatum accélère le pas afin de rattraper Zayn, Derek se saisit de mon bras et me chuchote :
Derek- Vous vous êtes disputés...
Carrie- Non, je... Dis-je en baissant la tête.
Derek- Carrie, on me l'a fait pas à moi, j'ai une femme et deux enfants je te rappelle.
Je fais une moue gênée, tordant ma bouche de droite à gauche avant de plisser les yeux.
Carrie- Je crois que j'ai fais une connerie...
Derek- Dis toujours.
Carrie- Euh.. Dis-je en mordant ma lèvre.
Carrie-Hier soir j'ai fais un cauchemar dis-je en chuchotant.
Carrie- Et... Je me suis réveillée comme à mon habitude, perturbée... Et il se trouve qu'en me consolant, il.. Il m'a dit « Je t'aime ».
Derek- Ouhh, souffla-t-il en se frottant la barbe
Carrie- Et... Et en fait j'ai juste souris, sans rien répondre. J'ai fais mine de me rendormir.
Derek- Oh non Carrie ! Cria-t-il sûrement outré.
Carrie- Chut... Moins fort merde ! C'est pas ma faute ! Dis-je en chuchotant un peu plus fort.
Carrie- Tu sais très bien que c'est plus fort que moi ce genre de mots !
Derek- Oh merde Carrie... T'es vraiment la reine des gaffeuses putain. Bon écoute rejoins May, dans la salle en entrant à droite, elle t'attend. Moi je vais voir Tatum et je vais me renseigner, voir ce qu'il en pense..
Carrie- Je... Non ne te sens pas obligé.
Derek- SuperDerek toujours à la rescousse.
Et il s'en va en courant, un poing en avant vers l'agence, montant les quelques marches quatre par quatre.
Quant à moi, je me dirigeais alors dans la même direction, mais d'une façon plus neutre, et suivis les instructions de Derek : « A l'entrée à droite ».
Je passais alors les grandes portes coulissantes, me précipitant vers la droite. Une porte en bois foncé était maintenant face à moi, j'imagine qu'il faut que je toque. Soudainement je me dit que si je me suis trompée de salle, je vais me sentir encore plus mal.
Finalement c'est May qui vient m'ouvrir, toute seule dans la salle, elle m'accueille avec un large sourire, et m'offre une accolade. On trouve dans la petite pièce seulement un bureau en bois foncé, deux chaises, un ordinateur, et un drapeau des États-Unis accroché sur une armoire en bois foncé pareil.
Je souris timidement en m'installant sur le fauteuil situé en face de celui de May, et elle s'installe aussi en me souriant à son tour.
May- Alors ? Comment tu trouves ce bureau ?
Carrie- Simple, un peu trop même.
May- Ton frère a parié que tu allais dire ça !
Carrie- Mon frère est ici ?
May- Oui, il va nous rejoindre par conférence dans une heure et demi, en attendant que je te poses des questions.
Carrie- Tu vas me faire passer un interrogatoire ? Dis-je affolée.
May- Non, non...Ne t'affoles pas. C'est toi qui va me poser des questions techniquement, on va engager un dialogue, comme deux simples amies, mais dans le bureau de ton frère. Il m'a dit que tu avais besoin d'en savoir plus, et je trouve que c'est normal, après tout ta vie a beaucoup changé en si peu de temps.
Carrie- Ah.. C'est le bureau de mon frère... Alors beaucoup de choses s'expliquent.
May- En riant, Tu vas t'en remettre j'en suis sûre ! Bon est-ce que il y a quelque chose que tu veux savoir ?
Carrie- Oh, oui. Pleins.
May- Alors allons-y.
Les mains de May se croisèrent d'abord et elle répondit à chacune de mes questions, les écrivant en suite toutes sur une feuille de papier. C'est peut-être la troisième feuille qu'elle entame. Elle note tout. Mes questions, mes attitudes, mes réactions, mes mouvements, mes expressions de visages, absolument tout.
J'ai posé beaucoup de questions sur le déroulement de nos journées, un tas de détails sans importance. En fait j'attendais le bon moment pour poser cette question qui traînait dans ma tête depuis un bon bout de temps :
Carrie- Racontes-moi l'histoire de Zayn.
May- Je n'en ai pas le droit.
Carrie- Il sait toute mon histoire, pourquoi je ne peux pas savoir la sienne ?
May- S'il sait toute ton histoire ce n'est sûrement pas moi qui lui ai dit. Je ne sais pas s'il est prêt à ce que tu le saches.
Carrie- C'est si grave que ça ?
May- Aussi grave que ton passé, oui.
Carrie- Pourquoi je ne le supporterai pas alors ?
May- Parce-que tous tes souvenirs seront chamboulés.
Carrie- Mais May, s'il te plaît, tu es mon amie, j'ai besoin de savoir !
May- Ok, attends quelques minutes.
Je la vois envoyer un texto, tapoter sur son clavier aussi vite que l'éclair, avec une mine assez triste, elle attend la réponse avec impatience. Au bout de deux minutes, elle reçoit un autre message, et à la vue de celui-ci elle jette son téléphone de manière nonchalante.
May- Je m'en fous, après tout tu es ma pote, et si je me fais virer je n'aurais qu'à dire que tu m'a forcé.
J'imagine qu'ils lui ont répondu non alors.
May- Écoute c'est compliqué, tu lui en demanderas plus quand tu seras prête à lui parler, et surtout quand lui le sera. Mais voilà, Zayn est un garçon très attachant, très souriant et cela depuis peu. Il n'a pas toujours été comme ça. D'après l'analyse de certains psychiatres, il a subit un choc émotionnel lié à l'enfance, et il était possible qu'il arrête de parler, de sourire et finisse par sombrer dans toute sorte de délinquance. Seulement il a comme survécu -
Carrie- Survécu à quoi ? Merde j'aime pas le suspens.
May- Il était là bas Carrie. Dit-elle franchement.
Carrie- Comment ça là-bas ?
May- Cette boîte dont tu rappelles dans tes cauchemars, le sol boueux, la corde accrochée autour de tes poignets, et ces hommes qui entrent et qui sortent, ces cris de jeunes filles...
Les paroles de May se fondent dans le décor et je revois soudainement ces situations défiler devant mes yeux, le sol penche mais mes cauchemars refont surface d'un coup. J'ai cette image dans ma tête.
Cette boîte sombre, ces filles accrochées comme moi et ... Et ce petit garçon dans le fond à gauche, éclairé par la faible ampoule suspendue au plafond, il me regarde.
Ses yeux bouffis, le menton tremblant. J'entends mon rythme cardiaque, et mon souffle s'accélérer. Je reconnaîtrais ce regard entre mille. Cette façon de fixer les gens, de faire passer des messages rien qu'avec le regard.
J'entends son cœur résonner avec le mien, et la voix de May se dissiper de plus en plus pour ne laisser place qu'à la boîte.
J'entends les cris des filles, et un seul enfant ne bouge pas, ne s'exprime pas. Lui. Les gouttes coulant du plafond tombent en même temps que nos larmes sur nos joues. Nos yeux ne se lâchent plus et je l'entends me chuchoter ce « Je t'aime » auquel j'ai tant eu de mal à répondre ce matin. Bordel de merde, il était là. Zayn était là, dans ce putain de local, dans cette boîte.
Mon cauchemar s'efface et j'aperçois May avec de grands yeux, me regardant d'un air interrogateur. Je secoue ma tête, cligne plusieurs fois des yeux et me lève subitement. Je jette mon sac, et sors de la pièce en vitesse.
Je cours, je cours, je cours à m'en essouffler, je cours à en perdre la tête, à en perdre haleine.
Ce bâtiment est si grand, mais mon courage est tel que je serais capable de monter les douze étages en apnée s'il le fallait. Je dois le retrouver. Je ne peux pas le laisser.
Mes jambes avancent toute seule, et j'entends May crier derrière moi. Mais je ne peux pas le laisser. Pas après ce qu'il m'a caché.
Ma tête regarde de tous les côtés, dans toutes les pièces dont la porte est ouverte. J'aperçois au loin Tatum, posté devant une salle, j'imagine qu'il est là.
J'accélère et crie, à en perdre la voix, le nom de celui qui m'a fait sortir de cet enfer. Ce regard que je connais tellement bien se pointe devant la porte à son tour. Je cours encore il me reste quelques mètres.
Je me projette dans ses bras avant de l'éteindre comme jamais je n'est étreins personne. Je pleure, je pleure.
Il resserre ses bras autour de mon dos et je resserre les miens autour de son cou. Je pleure bruyamment, reprenant mon souffle.
Je relève ma tête et poste mon visage en face du sien, nos souffles s'entremêlent et nos yeux ne se lâchent plus. J'ai envie de l'embrasser maintenant, ici, et pour toujours, je veux que tout s'arrête.
Ma vie, sa vie, le monde, tout doit s'arrêter.
Je tente de chuchoter quelque chose mais je suis tellement essoufflée et paniquée que mes paroles sont incompréhensibles. Je recommence une deuxième fois, en prenant mon inspiration :
Carrie- Tu.. Tu étais là bas.. Dis-je une larme perlant sur ma joue.
Zayn- Comment tu-
Carrie- Écoute Zayn, je t'aime. Bien sûr que je t'aime, sans hésiter, sans réfléchir, je serai prête à tout. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, tu comprends ? Je t'aime. Dis-je en hachurant mes mots.
« Je t'aime » que je lui ai dit. « Je t'aime ».
Et tout ce qu'il a su répondre c'est un sourire. Juste un sourire.
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N'hésitez pas à laisser un commentaire, j'espère que vous avez aimé ce chapitre ! Gros bisous xx Chloé
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