Chapitre 34 ⊙

« Je suis amoureuse des sentiments » - Carrie Holmes

J'ai tout vérifié sur moi, peut-être une vingtaine de fois.

J'ai tout réarrangé au moins cinq ou six fois, j'ai tourné autour de mon lit et fais les cent pas.

Je ne sais pas si je suis prête à affronter ce qu'il se passe à l'extérieur, ça doit faire un ou deux mois que je n'ai pas mis un pied dehors sans y être obligé. Je ne sais même pas quel jour on est, je suis déboussolée.

Je ne devrais pas avoir peur, je suis déjà sortie de chez moi auparavant, mais je ne sais pas. Aujourd'hui tout a changé.

Ma vie, ma situation, mes habitudes, ma ville et mon entourage. J'ai clairement la boule au ventre, car aujourd'hui je ne fais pas que sortir. Dans cinq minutes ma vie est mise en danger. Et ça je ne l'avais pas réalisé avant de m'être faîte coursée aux côtés de Zayn par les cubains la dernière fois. Je n'avais même pas réalisé la grosseur du problème avant d'être immergée dans une situation concrète. Je ne savais pas et je n'en sais pas plus finalement.

Bizarrement je me dis que je dois avoir chopé une sorte « d'euphorie du danger », et ça me plaît d'être stressée, oui ça me plaît. Non pas le fait que je pourrais au cours d'une situation périlleuse y laisser ma vie, mais je me dis que sans ça, je n'aurais jamais rencontré May, ou Zayn..
Je crois que c'est le seul point positif dans ma vie, et je tente de me rassurer avec le peu qu'il me reste.

J'attrape le cadre photo que Liam m'a passé en sortant de l'hôtel, c'est une photo de Lana, mon frère, ma mère et moi. Devant les escaliers de la maison. Je caresse la photo avant de sourire. J'ai carrément la nausée mais rien que de les voir en photo me donne une raison valable de rester ici. Plus je suis loin d'elles, et plus je les protège, voilà le deal.

Zayn rentre soudainement dans ma chambre et je repose le cadre sur ma table de chevet avant de me retourner dans un mouvement maladroit. Je lisse deux-trois fois la robe qu'il m'a acheté, avant de toussoter et de relever mes cheveux. J'ai la gerbe mais je tente de sourire une énième fois. Il est là, grand et beau, vêtu d'un costume et d'un nœud papillon, j'ai envie de crever sur place.
On reste tout deux bloqués, les yeux dans les yeux, et puis il finit par sourire. Voilà: il sourit. Je ne m'en rends pas compte tout de suite, parce-que je suis encore là, bloquée, mon cerveau s'est mit en mode « reste niaise devant lui et ouvre la bouche comme une abrutie ». Il est tellement beau, à en couper le souffle.

Je me dis que si j'avais le choix entre gerber et gerber, et si la solution s'offrait à moi, je dirais que gerber est une possibilité. Seulement je n'ai pas le temps de penser à vomir, Zayn me remets très rapidement les idées en place :

Zayn- Déstresses et ferme ta bouche, on va partir, dit-il le sourire aux lèvres.

Carrie- Je...

Zayn- Prends ton arme et attache là avec l'élastique blanc autour de ta jambe. Prends ce couteau et mets le dans ton sac. Tu vas devoir garder ces deux objets en plus de ton téléphone, toujours sur toi, et quand tu dors, le flingue tu le mets sous l'oreiller. Me coupa-t-il

Carrie- Euh... Ok..

Zayn- On y va. Me chuchota-t-il

J'ai pas le temps de réfléchir, du moins je ne l'ai plus.
Je fonce dans les escaliers au bras de Zayn, je n'ai pas non plus le temps de tout comprendre, mas nous sommes à présent assis sur la banquette arrière d'une voiture assez luxueuse, un genre de quatre-quatre. Putain mais je croyais qu'il fallait paraître normal. Personne ne paraît normal avec une bagnole assez coûteuse, un chauffeur, des vitres teintées et un beau-gosse servant de faux petit ami. Personne merde.

Le silence pèse lourd comme chaque trajet passé avec Zayn, et je voudrais bien combler le vide entre nous mais la seule chose qui m'occupe en ce moment c'est ce qu'il va arriver. J'ai pas envie de prendre de risques, mais normalement tout devrait bien se passer. Détends toi Carrie, tu vas juste au restaurant, avec tes amis, sans soucis, philosophie. Hakuna Matata.
Putain, mais on prend toutes ces précautions pour si peu, c'est fou non ?

Je ris et souris seule, disons que je me détends discrètement. Je ne pensais pas avoir ris fort, mais Zayn tourne la tête lorsque je souris comme une idiote. Et là, en ce moment même, je me sens vraiment mal. Je détourne une nouvelle fois les yeux, il me fout la pression ce con.

Tout à coup, sa cuisse vient se coller à la mienne comme la dernière fois, et il m'attrape délicatement la main. Il caresse avec son pouce le dos de celle-ci avant de l'embrasser. Qu'est-ce qu'il fait bordel de merde. Il est imprévisible et c'est limite flippant.

Il n'a rien dit de plus, il a juste tenu ma main. Je me suis sentie encore plus mal car si j'avais été la Carrie d'avant, j'y aurai sauté dessus. Seulement un truc a changé chez moi, et j'ai peur de ce que ça peut provoquer.
Ma vie est tellement bizarre, que je serais capable d'imaginer que ce mec m'a jeté un sort et m'a envoûté pour que je sois à sa merci. C'est d'ailleurs ce que je suis entrain de faire, et le pire de tout c'est que c'est pas impossible.

Seulement ce qui rend Zayn plus humain c'est qu'il à l'air d'avoir des sentiments. Ils sont pas explicites mais ils se voient. En fait ce mec est mon double. Littéralement.
J'ai pas envie de demander au chauffeur combien il nous restait avant d'arriver. J'ai peur qu'il pense me gêner aussi près de moi soit-il. Et j'avoue ça me gêne, mais j'aime bien. Putain, je suis super indécise comme fille.

Zayn- Tu es très jolie, me chuchota-t-il dans l'oreille.

Calme. Reste calme.

Carrie- Pardon ? Dis-je l'air de rien.

Zayn- Tu es magnifique ce soir, répéta-t il en s'éloignant de moi.

Carrie- Merci, dis-je toute gênée.
Carrie- Où on va ?

Zayn- C'est un secret...

C'est vraiment nécessaire le suspens ?

Carrie- Dis moi... Reprenais-je après un court instant.
Carrie- Est-ce que tu vas me laisser ?

Zayn- Comment ça te « laisser » ?

Carrie- Est-ce que tu vas m'abandonner ?

Zayn- Non pourquoi voudrais-tu que je t'abandonne ?

Carrie- Je sais pas, dis-je en souriant.

Son étreinte se resserre autour de ma main et je lui rend la pareille.

On se tient la main, on s'accroche à nos destins comme s'accrocherait aux parois n'importe quel homme au bord du gouffre. On lutte pour vivre, pour respirer, pour se toucher et pour parler. J'ai du mal à croire que d'autres personnes vivent pire que ce que l'on a vécu, je sais pas. J'ai même du mal à croire que Zayn soit peut-être comme moi.

Aussi différents que l'on puisse être tout nous rapproche, absolument tout. Et si la vie n'avait pas de but et n'était qu'une épreuve à traverser, alors l'épreuve de la vie se gagne avec force de notre côté. On est dans la merde alors que certains chient dans des toilette en or, est-ce que c'est juste ? Non.
Pourtant c'est cette putain de vie qui décide de tout à notre place, et nous n'avons rien choisit. Je n'ai pas choisis ma famille, ni la situation dans laquelle je suis embourbée, j'ai passé mon temps à chercher des réponses sans pouvoir en trouver la solution.

Pourtant c'est simple : le problème est sa propre solution. Si la vie te poses problème c'est parce-qu'à force de chercher la solution à ce problème, tu te crées toi-même d'autres problèmes supplémentaires. Un cercle vicieux, un endroit truffé de pièges à loups, un merdier... Donnez-y le nom que vous voulez.

Est-ce que c'est logique ? Non. Pourtant c'est la vie. Et la vie est illogique.

Je n'ai pas choisi d'avoir été kidnappée, violée, et mutilée par des hommes sous les ordres d'un autre se désignant comme être « mon père ». Je n'ai pas choisi de fuir, de me faire pourchasser par des cubains, de vivre toutes ces merdes qu'aucun d'entre nous ne devrait subir sur Terre. Déjà, je n'ai même pas choisi de vivre alors.

Pourtant je suis là, ici. J'ai survécu non sans séquelles. Et apparemment je ne suis la seule. Zayn est là lui aussi.
Je ne sais pas ce qu'il a enduré mais lui sait ce que j'ai vécu. C'est peut-être pour ça qu'il est là, me tenant la main. Il me soutient et c'est tout ce que j'attends dans ce monde. Un putain de compagnon, camarade, appelez ça comme vous voulez aussi, j'ai juste besoin de lui.

Je suis menottée à son âme et prisonnière de ses mains. C'est le seul genre de violence que je puisse accepter dans cette misérable vie. Nos chemins se sont croisés, ils seront sûrement semés d'embûches mais si je le traverse à ses côtés rien ne pourra nous arrêter.
Ça fait un moment que je réfléchis et, tant pis, je n'ai rien à perdre à part ma fierté. Ses putains de lèvres sont trop belles pour rester intactes et si je pouvais y laisser mon empreinte je le ferais sans hésiter.
Et c'est alors sans hésitation en effet que je m'exécute.

J'ai envie de crier tout ce que je sais, de faire sortir ces machins qui me courent dans le ventre, d'exploser de joie lorsqu'il me rend le baiser que je lui ai procuré. Alors voilà, je peux le dire : je l'ai embrassé.

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Heeyy, désolée pour le retard j'ai des examens en ce moment, je vous remercie pour tout le bonheur que vous me procurez vraiment, n'hésitez pas à me suivre sur Twitter @ArnaudChloee et parlez de ma fiction autour de vous ! Laissez un petit commentaire ça me ferai énormément plaisir de voir qui lit ma fiction :) Lot of love xx Chloé.

Decidement un de mes chapitres fav apres correction ! 😍 Xx chloe

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