PDV Gabriel

Tout mon corps tremble, je suis énervé, ce que je vois me retourne l'estomac, je n'ai qu'une envie ... le tuer ... le tuer pour ce qu'il est en train de faire.

Ses vas et viens sur Wyatt, son râle bestial, m'indiquant qu'il prend son pied, alors que moi, je suis comme figé, incapable de bouger le petit doigt pour aider mon petit-ami, qui se fait détruire par son agresseur, incapable de bouger pour lui faire payer à cette raclure ce qu'il est en train de faire.

" Tu veux participer ? Quand il y en a pour un, il y en a pour deux !" me balance-t-il, avec son sourire de pervers et son regard sombre rempli de plaisir qu'il vient de prendre.

Mon âme-sœur tourne la tête vers moi mais, me regarde sans me voir, ses yeux sont désarmants, voilés, perdus, il ne réagit pas, son corps bouge en fonction des assauts de son agresseur, il est en état de choc, comme dans une bulle où rien ne peut l'atteindre, un endroit où son esprit est au calme et serein mais son corps est ici. Mon cœur se serre à cette vue d'horreur, alors que je suis toujours là sans pouvoir rien faire.

"Je comprends mieux Gab ! C'est un super coup ! J'avais oublié à quels points, il était si bon de le baiser aussi durement" dit-il, tout en continuant de ravager mon oméga.

" A voir ton regard, tu n'as pas eu droit à cela encore, n'est-ce pas ?" continue-t-il, avec son sourire de victoire, continuant à se mouvoir sur lui.

" Et vu dans l'état qu'il est, tu ne risques pas d'y avoir droit de sitôt !", rigole-t-il, si fort que son rire fait écho dans toute la pièce.

" Ça te gêne que je sois sur lui, à profiter, à le baiser comme une chienne qu'il est ! J'avais eu un avant-goût, il y a 5 ans, mais là c'est encore mieux, hhhuuuummm !" dit-il en prenant son pied, une nouvelle fois.

Je n'en peux plus de voir ce spectacle d'horreur et avant qu'il ne continue, j'arrive de nouveau à bouger, la colère aidant à me dégager et je lui saute dessus et lui arrache la carotide de mes dents, mais quand je me retourne, Diane est là, un couteau à la main, juste derrière Wyatt. Elle l'attrape par le cou et lui tranche la gorge ... Je hurle de toutes mes forces, le prénom de mon âme-sœur perdue et pleurant toutes les larmes de mon corps.

Je me sens secoué dans tous les sens, je me débats comme un beau diable, ne supportant pas qu'on me touche. Puis doucement, j'ouvre les yeux et vois mon père face à moi, je peux lire dans son regard qu'il est inquiet pour moi.

" Du calme fils, ce n'est que moi ! Tu faisais un cauchemar" me dit-il.

" Oui, je ... ça va aller !" lui répondis-je.

" Tu es sur ? Tu veux en parler ?" insiste-t-il.

Après un long moment d'hésitation, mon père se lève, mais je me redresse et lui attrape le poignet et lui fait signe de se rassoir. Il se place juste en face de moi et me regarde intensément, attendant que je parle. Je déglutis plusieurs fois avant de lui raconter mon cauchemar qui est en partie vrai pour la moitié. Mes mains tremblent sans que je ne puisse les contrôler. Je sens des larmes se former dans mes yeux mais je les retiens, le plus que je peux, puis je commence à raconter à mon père, mon sombre rêve.

" Je ... Je revoyais ... Wyatt se ... se faire ... violer par Nathan, et ... et il était tellement mal ... je ne pouvais plus bouger ... et les paroles de Nathan ... Je ... je l'ai tué mais ... mais Diane est arrivée par derrière et ... elle avait un couteau ... et elle a ... tué Wyatt ..." avouais-je, en larmes, tellement mon tourment m'avait retourné.

" Ce n'est qu'un mauvais rêve ... du moins pour une partie. Pour l'autre Nathan est bel et bien mort, tu l'as tué fils, tu as vengé l'outrage de ton oméga. Sache qu'Arthur et Demi ne t'en tiennent pas rigueur, ils ne se doutaient pas que Nathan était aussi malade. Pour Diane, elle est enfermée à Polyclinique d'Ithaca, c'est un asile et elle y a toute sa place. Elle ne ressortira pas de sitôt", essaie de me rassurer mon alpha.

" Je m'en veux tellement papa, c'est de ma faute ce qui est arrivé à Wyatt. Il a croisé Nathan, par ma faute. Je m'en voudrais toute ma vie" lui dis-je, tout tremblant, les larmes continuant de dévaler mon visage.

Mon père sentant mon malaise, à travers mes phéromones de tristesse, se rapproche de moi, pose une de ses mains sur les miennes et de l'autre il me caresse la joue et me dit.

" Je refuse que tu t'en veuilles, ce n'est en rien ta faute, Nathan était malade, le fait qu'il ait revu Morgan n'a rien arrangé, mais ça n'est certainement pas ta faute, mais la leur et celle de Diane !", me réplique-t-il énervé de cette situation.

" Comment va-t-il ?" reprend-il.

Me remémorant ma journée avec lui, son état second, son changement de pansement avec l'infirmière qui était très gentille, le moment ou Wyatt a rouvert ses magnifiques yeux bleus, ou il s'est cramponné à moi, ou il a respiré mon odeur et que je l'ai senti apaisé et serein. Ce moment où il a murmuré mon surnom, puis qu'il s'est blotti au plus près de moi et que je l'ai senti pleurer tout en me suppliant de rester avec lui. Ce moment où nos lèvres se sont effleurées chastement, ou il a par la suite répondu à mon baiser aussi lentement que le mien en soupirant d'aise. Ce moment où j'ai senti nos loups se retrouver, où ils ont réglé les battements de nos cœurs dans une parfaite harmonie, comme si nous n'étions qu'une seule et même personne, un seul et même loup. Ce moment où nous nous sommes allongés sur son lit que l'on s'est blottis dans les bras l'un de l'autre et que l'on s'est endormis jusqu'à pas d'heures tellement nous étions fatigués mais, bien et heureux de nous retrouver.

" Il fait toujours des cauchemars, il revit à répétitions son agression. Les calmants agissent un peu mais les seuls moments où il est calme et serein, c'est quand il est dans mes bras" lui affirmais-je, essuyant mes yeux rougis par les larmes.

Mon père me prend dans ses bras et me frotte le dos, ce geste est peut-être classique mais il est tellement apaisant pour moi. Même à mon âge un câlin de mes parents fait toujours du bien, encore plus en ce moment, dur pour moi, surtout psychologiquement.

" Tu devras bien prendre soin de lui, Gab ! Votre retour ne va pas être facile et même dur, je pense. Car il va passer par plusieurs étapes. Il aura des périodes de peurs intenses, il aura honte de ce qu'il lui est arrivé, il sera triste. Surveilles qu'il ne soit pas en dépression, il va être énervé pour un rien et puis calme par la suite. Il ne supportera pas que quiconque le touche, le frôle même toi. Surtout, il ne faut pas qu'il reste seul, sinon les idées noires arrivent et il peut se faire du mal. Mais je compte sur toi, pour être là pour lui. Je te fais confiance, fils !", m'explique mon Père.

" Il sort de l'hôpital, tout à l'heure, j'irai le chercher. Je crois que Tom aussi est sortant, alors j'irai avec Rory" dis-je à mon alpha.

" Ce sont de bonnes nouvelles. Sam et Max sont rentrés hier soir en taxi. Ils avaient l'air d'aller bien" m'explique-t-il, mais je vois dans son regard de l'inquiétude par rapport à son ami. Avec Sam, ils se connaissent depuis dix ans, une Meute en aidant une autre, des liens se créer et de ce lien parfois une amitié voit le jour, et ça a été leur cas.

J'ai appris de la bouche de mon père que depuis 5 ans, il savait où était Wyatt et avec qui. Mais sachant qu'il était entre de bonnes mains et devant laisser le temps au temps, il ne m'a jamais rien dit pour le protéger et moi aussi. Pendant ses conversations avec Sam, il a su ce qui était arrivé à Wyatt mais il n'a jamais trouvé de preuve ou autre pour savoir qui étaient les auteurs de cette agression. Il a tout de suite pensé à Diane et Brad et c'est pour cela qu'ils les avaient mis sur écoute et que le Meute surveillait leurs moindres gestes. Mais bon rien, aucun signe, jusqu'à ce que j'arrive à New-York avec ma sœur.

Je comprends mieux pourquoi avec ma mère, ils ont littéralement sauté de joie quand je leur ai fait part du fait que j'étais muté dans une caserne de l'Upper-East-Side. Ils savaient qu'il était là-bas. Tout comme Yaël n'a pas retrouvé Wyatt par hasard, mon père lui avait conseillé ce bar et bien évidemment, il savait que mon petit-ami y était pianiste, puisque Sam, lui donnait régulièrement des nouvelles. Mon père et ma mère ayant toujours apprécié Wyatt, comme un fils, c'était normal pour eux de le protéger comme tel.

Dans tout cela, la vie s'en est mêlée et a mit Morgan, Nathan, Tom et Max sur notre route, quelque peu caillouteuse et voilà ce que ça nous donne, un sacré bordel, rempli de haine et de jalousie mal placée et surtout beaucoup de méchanceté et de torture.

Après avoir pris une bonne douche chaude, qui m'a bien réveillé, je descends rejoindre ma famille pour le petit déjeuner. Tout le monde parle de tout et de rien, mes parents taquinent Tara et Yaël, qu'ils apprécient vraiment beaucoup, mais quelque chose m'interpelle. Seul dans son coin Rory, n'interagit pas avec nous dans nos conversations, chose inhabituelle avec lui, il a l'air loin et n'a pas l'air d'aller bien. Son visage est plutôt renfermé, triste, soucieux. Je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué car je vois mon père de temps en temps le regarder avec tristesse, il sait quelque chose que j'ignore, mais quoi ?

Au détour d'une conversation avec ma mère, mon père se tourne vers Rory et moi pour nous prévenir d'un changement dans notre retour.

" Au fait, les garçons, ne cherchez pas Samuel et Maxwell, ils sont repartis cette nuit pour New-York. Ils avaient besoin de se retrouver seuls après ces quelques jours de stress" nous dit mon père avec un sourire en coin qui en dit long. Nous nous regardons Rory et moi, nous nous sourions d'avoir compris le message sous-entendu de mon alpha.

Une fois le petit déjeuner pris et fini, je demande à Rory, s'il m'accompagne toujours et il me répond que oui. Nous sortons prendre la voiture direction l'hôpital pour aller chercher nos amis. Si moi, j'ai l'air pressé de retrouver Wyatt, je n'ai pas l'impression que Rory soit aussi enjoué de retrouver Tom.

"Quelque chose ne va pas, Rory? Tu as l'air bien pensif." lui demandais-je.

" Non, tout va bien ! Pourquoi ?" me dit-il.

" Tu as l'air soucieux, complètement ailleurs !" répliquai-je, inquiet.

" En fait ... Je ... J'ai demandé un renseignement à ton père et ... comment te dire ?" essaye-t-il, jouant avec ses doigts mal à l'aise. Je ne l'avais jamais vu comme ça auparavant.

" Vas-y balance, ne tourne pas autour du pot, crache !!!" le pressais-je, encore plus anxieux de ce qu'il doit me dire. Est-ce aussi mauvais que cela, pour qu'il ait du mal à le sortir.

" En fait ... il se trouve que ... j'ai trouvé mon âme-sœur ..." commence-t-il, angoissé.

" Mais c'est génial, qui est-ce ?" lui demandais-je, trop content pour lui, qu'il ait enfin trouvé sa moitié.

" Bah le problème est là en fait ..." me sort-il, détournant son regard du mieux.

" C'est qui ?" insistai-je, car là, il me fait vraiment flipper.

" Ce n'est quand même pas Morgan, rassure-moi ?" lui dis-je, complètement apeuré de sa réaction.

" Non, non, bien sûr que non, ça ne va pas la tête ou quoi ! C'est Tom !" réplique-t-il, du tac au tac, rougissant suite à son aveu qui est sorti trop vite à son goût je pense, au vu du regard qu'il envoie.

"Tom ! Ok et où est le problème ?" le questionnais je, ne voyant pas où était le souci.

" Tom est un alpha et moi aussi, ton père m'a confirmé que c'était très rare mais que c'était déjà arrivé par le passé, que deux alphas puissent être des âmes-sœurs ! Mais il a déjà du mal à encaisser ce qui lui est arrivé alors une âme-sœur alpha, il le refuse mais en même temps quand je suis avec lui, il ne me lâche pas et s'accroche. Je suis perdu en fait, complètement !" me confie-t'il, totalement déboussolé, sur ce qu'il doit faire ou pas avec Tom.

Le reste du chemin qui mène jusqu'à l'hôpital se fait dans un silence total et songeur. Rory a l'air vraiment perdu et de plus je le sens comme accroché aussi à Tom, et j'espère sincèrement qu'ils trouveront leurs chemins à deux, car il n'y a rien de pire que de perdre son âme-sœur.