Chapitre 9

     >> Not today, 21pilots.    



        Partie 1

7h.
La mélodie infernale de mon réveil retentit. Sous ma couette, je m'arme de courage pour passer un bras dans le froid matinal de ce mois de novembre, que contient ma chambre.
Je tire mon portable vers la couette, et cherche maladroitement la touche stop.
Quand le bruit cesse, la réalité me revient, ainsi que le programme de la journée.
Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, et une violente douleur me saisit l'estomac. L'angoisse.
Je sors comme une flèche de mon lit afin d'atteindre les toilettes à temps. Je vide mon corps d'un puissant jet. C'est répugnant. Un nouveau haut le coeur fait son apparition, et j' évacue une nouvelle fois.

Appuyée contre le carrelage froid de la baignoire, je ferme les paupières, et tente de calmer la tempête qui monte en moi. Inspirer, expirer. Je respire à fond. Je tremble de la tête aux pieds, mais ignore les secousses incontrôlables de mon corps, et me blinde.
Je me remets debout.

Je souffle bruyamment en voyant mon reflet dans le miroir de ma salle de bain. Je suis pâle comme la mort, un vrai zombie. Je glousse, au moins ils n'oseront pas m'approcher. Je respire à nouveau avec exagération et décide de prendre les choses en main.

- OK Nia ... Ne gâche pas tout, je me dis à moi-même en me contemplant dans la glace.

Je me déshabille et file sous la douche. Je me lave les cheveux, et l'odeur vanille de mon shampoing envahit la pièce. Après m'être lavée entièrement, je n'oublie pas de faire pénétrer sur ma peau, un lait corporel aux senteurs florales que ma mère m'a offert.
Je noue une serviette autour de ma chevelure, ainsi qu'autour de ma poitrine, et passe au maquillage.
Je ne fais ça pour être jolie, mais pour faire plaisir, je dois avoir l'air d'être heureuse d'y aller. C'est mon devoir.
Alors je m'empare de mon eye liner et trace une fine ligne sur mes paupières, et je finis le tout par une couche de mascara. Ça suffira amplement.

Quand je jette un nouveau coup d'œil à l'horloge, il est un peu de sept heures et demie. 
Je retourne en vitesse dans ma chambre pour m'habiller.

Assise sur mon lit, enveloppée de serviettes trempées, je fixe d'un mauvais œil les vêtements posés sur ma chaise de bureau.
Ça devient trop réel, ça va trop vite, beaucoup trop vite. J'ai du mal à suivre le mouvement. Il y a encore un mois j'étais dans le coma ...

Je me résous à avancer vers la pile de linge, puis après quelques secondes, me débarrasse d'un geste du coton mouillé.

Dix minutes plus tard, je suis prête. J'attends ma mère sur les marches de l'escalier.
Je porte un pull en laine bordeaux, la jupe noire achetée la veille, sur une bonne paire de collant de la même couleur. Des bottines à lacets type rangers, et mon ample veste en jean noir, viennent parfaire le tout. Quant à mes cheveux, eh bien ... Ils sèchent.

Je sors de mes pensées quand j'entends ma mère descendre les marches comme une furie.

-Vite Nia, on va être en retard !

Elle me lance les clés, que j'attrape en cours de vol, et fonce à la voiture. Aujourd'hui, c'est elle qui conduit, pour la simple et bonne raison, que j'ignore où ce trouve cet endroit fantastique qui est St-Peter HIGH-SCHOOL .

Nous prenons la grande route. Le trajet se déroule en silence, je ne me sens pas capable de parler, et ma mère n'est pas franchement du matin, elle préfère écouter la radio qu'engager la conversation. Et ça me va très bien .
Au bout d'une demi-heure environ, (nous sommes tombées dans la circulation), nous arrivons sur un parking peuplé de voitures en tout genre, et de lycéens. Nous nous garrons. L'angoisse monte en moi, et ma respiration se fait de plus en plus irrégulière. Ma mère me regarde de son siège.

- Respire, tout va bien se passer, ne t'inquiète pas. Pour commencer nous avons rendez-vous avec le proviseur, et ensuite tu intégreras les cours.

Je ferme les yeux, et suit le conseil de ma mère, je les rouvre au bout d'un instant.

- Prête ?
-Oui . Je dis, déterminée.

J'attrape mon sac, et nous sortons de la voiture.
Ma mère passe devant moi, et je suis son mouvement. La sonnerie retentit, et je suis soulagée de voir que le nombre d'étudiants à diminuer dans l'entrée. Avec un peu de chance, je ne croiserai personne après mon passage à l'administration. Avec un peu de chance...
                                


                                                                                   ***


- Madame James ?

Un homme élégant se tient devant une porte, et nous invite d'un sourire, et d'un mouvement de tête, à entrer dans son bureau. Nous nous levons de nos chaises d'attente et pénétrons dans la pièce.

- Asseyez vous, je vous en prie.

Nous nous exécutons. Je sens battre mon coeur à travers mes tempes.

- Tu es Nia ? Me demande-t-il d'une voix chaleureuse.

- Oui, je réponds d'une petite voix.

Je jette un coup d'œil à ma mère, elle m'observe avec attention.

- Enchanté Nia, je suis Monsieur Hale, le proviseur du lycée. Toute l'équipe pédagogique et moi-même sommes ravis de t'accueillir dans notre établissement. Nous espérons que cette année scolaire se passera le mieux possible pour toi. Et surtout Nia, s'il y a le moindre problème, n'hésites pas à venir m'en parler.

Il me regarde dans les yeux, et sa voix se fait presque confidente. Je soupçonne alors ma mère d'avoir parler de mes problèmes avec cet homme, pendant l'inscription. Super. Il sort une feuille de papier d'un de ses tiroirs, et me le tend.

- Voici ton emploi du temps, je crois bien que les options que tu souhaitais ont été prises en compte.

- Merci, je prends la feuille.

- J'ai fait appel à une élève pour qu'elle te guide durant tes prochains jours, vous avez beaucoup de cours en commun, ce qui se révélera pratique, tu verras. Elle t'attend dans le couloir gauche, tu peux y aller, j'aimerais discuter avec ta maman.

Il me sourit gentiment, et je hoche la tête tout en me levant. Ma mère me caresse le bras et après un regard, je m'avance vers la sortie du bureau.
Je tiens fermement mon emploi du temps, et tente de me détendre. Je ne me sens pas prête à faire la connaissance de qui que ce soit, et encore moins d'être un boulet pour une parfaite inconnue. Je tourne la poignée et sors. Je regarde à gauche, commence à marcher dans le couloir. Personne.
Je m'assois alors sur une chaise, ne comprenant pas vraiment dans quoi je me suis engagée ... Encore une fois !

Le silence m' enveloppe et je me sens si seule dans ce couloir vide. Mais ai-je vraiment envie de ne plus être seule ?
Je n'ai pas le temps de répondre à ma propre question car un bruit rapide et sec me fait revenir au temps présent. Le bruit se rapproche, et au moment où j'arrive enfin à identifier le son, la propriétaire de ses talons compensés fait son apparition dans mon champ de vision. Elle court, des livres pleins les bras. Ses longs cheveux blonds se balancent dans son dos au rythme de ses pas. Quand ses yeux se posent sur moi, elle ralentit et souffle, soulagée.
Elle s'arrête à ma hauteur et me sourit.

- Toi, tu dois être Nia James ? Me questionne-t-elle, essoufflée.

J'acquiesce d'un mouvement de tête. Elle pose les livres sur une chaise et s'étire, l'air d'avoir atrocement mal au dos. Puis, après avoir passé sa chevelure sur son épaule droite, elle me présente sa main, et me lance d'un ton joyeux :

- Je me présente, je suis Thaïs Hastings.

Je serre sa main. Son nom me fait sourire, il me fait penser à un personnage d'une de mes séries préférées.

- Je vais m'occuper de toi, te faire visiter le lycée et tout ! Tu vas voir, tu vas te plaire ici !

Elle semble heureuse de sa mission. Elle doit être ce genre de fille populaire, aimée de tout le monde et qui adore s'occuper des nouveaux. Tout le contraire de moi, Nia James. Je pince les lèvres, cette rencontre ne me fait pas franchement plaisir ...

- Ce sont tes livres, m'explique-t-elle en désignant la pile de bouquins, viens je vais te montrer ton casier .

Elle me fait un bref signe de tête en direction du couloir en souriant. Je me dresse sur mes pieds, attrape ma béquille, et glisse des livres dans le creux de mon coude, mais aussitôt, Thaïs apparaît pour en prendre plus que la moitié . Je la regarde, surprise par son geste.

- Ça pèse une tonne ce truc ! M'avoue-t-elle en riant, et surtout en fixant la canne anglaise. Aller viens !

Je la suis dans le long couloir, en silence.

- On a de la chance, aujourd'hui on a le même emploi du temps ! Cool, non ?
Son enthousiaste est tellement ... Artificiel. J'esquisse un faible sourire. Elle m'observe, puis me sourit gentiment, elle hoche la tête d'un air entendu.

-Et voilà, c'est celui- ci ! Elle déclare en s'arrêtant devant un casier.

Elle l'ouvre, et me tend un petit paquet.

- Tiens, c'est le cadenas, tu as une feuille avec les conditions et le règlement aussi, et bien sûr il y a le code du cadenas !

Elle me dévisage à nouveau, et j'ai juste envie de disparaître sous terre . Elle fait la moue d'un air songeur, puis se reprend :

- Je vais t'aider, pose tes livres, on va faire le tri !

Quelques minutes plus tard, nous avons fini de ranger les livres dans le casier et d'étudier le planning, j'ai pris ce qui m'était nécessaire pour la journée, et ferme le vestiaire. Je plie soigneusement le papier contenant le code et le glisse dans mon sac.

Au moment où je me tourne vers mon guide, la sonnerie se déclenche. Une boule se forme dans ma gorge. Des élèves par dizaines sortent de tous les coins. Je regarde paniquée toute cette foule et prie pour partir le plus vite possible d'ici. Thaïs semble avoir entendu ma prière car elle m'entraîne dans les couloirs à la recherche de notre salle de classe.
Au passage, elle me fait visiter les locaux, ce qui me permet de me concentrer sur autre chose, ignorant ainsi les regards trop curieux.

- J'ai prévenu tous les profs qu'aujourd'hui je m'installais à côté de toi, pour t'aider.

Cette révélation me fait chaud au cœur, en fait cette fille est plutôt gentille .

- Merci, je murmure.

Thaïs me regarde en souriant de toutes ses dents, ses yeux brillants de joie.

- Ah mais tu parles ! Rit-elle. Je commençais à me poser des questions. Je comprends que tu sois stressée, mais ne t' inquiètes pas, je suis là. Si tu as une question, ne te gênes pas pour me la poser, d'accord ?

- OK .

- Je te présenterais mes amis à la pause, je ferai en sorte que tu t'intègres.

Mon cœur manque un battement en entendant ces mots, ça fait si longtemps que je ne m'intègre plus, que je veux être transparente, ou plutôt qu'on m'y oblige.
Alors la perspective de la rencontre avec les amis de la blonde, ne m'enchante guère ...

- La salle d'Histoire est juste ici. Viens on va s'installer.

Elle se dirige vers le fond de la classe, et m'invite à m'asseoir à ses côtés. La salle est vide pour le moment. Les élèves doivent prendre leur temps. Thaïs se penche vers moi, et me glisse à l'oreille :

- J'ai pensé que tu apprécierais être au fond, pour pouvoir observer les autres.

-Merci .

Je crois bien que j'ai souri, soulagée. Décidément, j'avais de la chance d'être tombée sur elle. Elle me fait un clin d'oeil et porte son attention sur la femme qui vient de faire son entrée.

- Madame Evans !

La femme relève la tête de son sac et nous regarde. Lorsqu'elle nous a identifiées, un large sourire se dessine sur son visage fin.
Elle se dirige vers nous, ou plutôt, vers moi.
D'une voix mélodieuse, elle me dit :

- Tu es Nia je suppose, je suis ravie de t'avoir dans mon cours, je suis Helen Evans, ton professeur d'Histoire . Si tu as la moindre difficulté, fais moi signe !

- D'accord, merci.

- Bien. Elle nous contemple l'une et l'autre, puis un éclair passe dans ses yeux foncés. Dis donc qu'est-ce qu'ils font les autres ?!

Elle tourne la tête vers sa montre, puis se dirige à grandes enjambées vers la porte. Thaïs éclate de rire, et je l'imite, elle semble surprise par ma réaction, je souris.

Après que Madame Evans ait fait un appel sonore dans le couloir, une trentaine d'élèves arrive dans la classe.
Aucun ne semble faire attention à moi, tant mieux. Sauf deux .
Apparemment on aurait piqué les places de deux garçons ...
L'un d'eux souffle et se dirige vers une autre table, l'autre en revanche, se dirige droit sur nous, un sourire aux lèvres. Il est blond, la peau bronzée, et des yeux verts perçants, plus clairs que les miens.

- Salut ! Lance-t-il joyeusement.

- Salut Tomy ! Lui répond ma voisine sur le même ton, je te présente Nia.

- Salut Nia, je suis Tomy, c'est cool qu'on ait cours ensemble.

Tomy s'installe devant nous, tout en gardant le buste rivé vers notre table. T'emménages dans la région ? Première fois en Californie ?

Je nie de la tête.

- Non, j'ai toujours vécu ici, je réponds timidement.

Thaïs et lui me fixent, interloqués. Heureusement pour moi, Madame Evans, commence son cours. Les questions ce sera pour plus tard.

- Bonjour à tous ! Qui manque-t-il aujourd'hui ? Veuillez me donner les noms de famille s'il vous plaît.

Les élèves se regardent entre eux, je baisse la tête dans l'espoir de passer inaperçue ... Un élève, un brun aux larges épaules lance de sa place :

- Stone et McRing ! Ils sont à l'entraînement de foot M'dame !

- Sean y est ?

- Bah ouais, c'est le co-capitaine !

- Ah ouais, je pensais qu'il était à la compète de natation...

- Bon ça suffit ! Vous êtes dans mon cours ! Sortez vos livres et de quoi écrire ! Vous m'avez dit ? Monsieur Stone et McRing ? Très bien. Ah oui, avant de commencer, j'aimerais vous présenter notre nouvelle élève, Nia James, je compte sur vous pour l'aider un maximum à rattraper les cours, et à s'intégrer !

En entendant ceci, ma respiration se bloque et mes joues s'empourprent, surtout quand tous les regards suivent la direction de celui de Madame Evans.
Plusieurs murmures circulent dans la salle, ainsi que des regards interrogateurs, je les devine sur moi, la tête baissée.

À mon grand soulagement, le cours commence enfin, et les murmures sur mon compte cessent.
Je pense alors que jusque là, la journée se déroule bien mieux que je m'y attendais.



Voilà pour la première partie du chapitre 9 !
Avis ? 😊

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