Chapitre 44
>> Honest, Kodaline.
Mois de Mars,
Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Will. Nous avons investi l'immense villa des Hoover, les parents de Tomy. Nous sommes tous là pour l'occasion, à s'activer pour arranger la maison pour la soirée. Comme d'habitude, Thais prend les choses en main, ce qui agace Tomy, et qui est toujours très drôle. Pendant que nous sommes ici, Luke occupe Will à la plage, ils ont l'habitude de se retrouver pour surfer, donc il ne se doute de rien. Il pense qu'on se retrouve juste au diner du coin pour une soirée tranquille. Il est dix huit heures à présent, ils ne vont plus tarder. Avec les filles, nous allons nous préparer dans une salle de bain, et quand je ressors et descends les escaliers somptueux de la villa, je tombe sur lui. Les cheveux emmêlés par le vent et le sel, la peau colorée par les rayons du soleil. Il ne porte qu'un tee-shirt noir et un jean, mais il est magnifique. Quand il me voit, je vois ses lèvres s'étirer et je fond littéralement.
- C'est quoi tout ça ? Me demande-t-il alors que je m'approche de lui.
Je hausse les épaules en signe de réponse. Il se penche alors vers moi et m'embrasse délicatement, je ferme les yeux pour savourer ce moment.
- Tu es très belle ce soir, me souffle-t-il.
- Merci, je réponds avec un grand sourire.
Je m'apprête à lui tourner le dos pour rejoindre le reste du groupe dehors quand il me rattrape par le bras, et commence à me faire tournoyer, faisant danser ma robe blanche. Il m'entraîne dans une danse folle, et je ris sur le rythme de la musique qui retentit sur la terrasse.
- Will mais qu'est-ce qui te prend, je dis en riant.
- Je fais danser ma copine, c'est tout, répond-t-il sur le même ton.
Il me lâche la main et commence à danser en solo. Je me tords en deux tellement c'est hilarant.
- Tu es vraiment le pire danseur que je connaisse.
- Merci du compliment !
Je continue à l'observer se trémousser pour me faire rire. Il est adorable. Je secoue la tête, totalement sous le charme.
- J'aime beaucoup cette robe au fait, me lance-t-il alors qu'il revient vers moi pour m'entraîner à l'intérieur.
Je rougis en entendant ses mots.
Quand nous descendons sur la plage, le soleil commence à se coucher. Après avoir mangé plus que le raisonnable cette balade est plus qu'appréciable. Un vent frais nous picote les joues. J'adore la Californie, je songe. La mer chantonne une douce mélodie et c'est un régal pour mes oreilles. J'observe mes amis au loin. Sarah et Thais parlent des dernières tendances maquillage, les garçons chahutent dans le sable, et surtout, je le regarde, lui. Quand je repense à notre rencontre, ça paraît tellement loin. Il a tant fait pour moi. Je lui en serai à jamais reconnaissante. Je n'arrive pas à croire que j'ai réussi à me confier à lui. Il a été si compréhensif et un vrai soutien. Les dernières semaines n'ont pas été simples, l'apparition de Kiara dans ma vie a été perturbante. Je ressens pleins de sentiments contradictoires à son égard. Tellement. Je la déteste de ton mon être pour m'avoir fait autant souffrir... Mais quand je l'ai vu, tellement fragile, telle une feuille morte, ça m'a brisée de l'intérieur. Peut-être qu'un jour...
Je lève le nez, des milliers d'étoiles illuminent le ciel, et je souris. Quand je vois les étoiles, je ne peux m'empêcher de penser que tout va bien, que le monde est immense et que rien n'est perdu. Je me sens grande à l'intérieur, mon cœur prenant le contrôle de mon corps tellement il diffuse une telle chaleur au sein de mon être. Je suis forte et libre. J'aime cette sensation. C'est étrange, il y a quelques mois, j'aurais été terrifiée de me tenir sur le sable d'une plage, aujourd'hui, j'y trouve du réconfort, je me sens vivante.
Je me souviendrai toute ma vie de ce baiser dans le noir ce soir là, l'odeur de la fumée des bougies en tête, son sourire contre ma bouche. Et surtout des mots qu'il m'a chuchotée à l'oreille. Ce garçon mérite tout l'amour du monde, et de fêter encore des anniversaires tels que celui-ci toute sa vie.
**********
J'arpente les couloirs du lycée, la tête légère. Il fait beau aujourd'hui et les souvenirs de la veille me hantent encore. Que des bonnes raisons pour me sentir joyeuse. Je me dirige vers la salle d'histoire, en rentrant je suis contente qu'il y ait encore de la place. Je m'assois à une table, voisine de celle de Sarah, et surtout, deux rangs derrière celle de Will. Il m'adresse un sourire affectueux et je le lui rends. Le professeur fait son entrée, suivi par un homme qui m'est inconnue. Après avoir négligemment posé sa mallette sur son bureau, il s'adresse à nous.
- Bonjour tout le monde ! Avant de commencer le cours, j'aimerais vous présenter Monsieur Martin. Il travaille en tant que secouriste, et il a gentiment accepté avec ses collègues, de vous permettre d'assister à une initiation aux premiers secours cette semaine. J'arque un sourcil, aussi étonnée que les autres élèves, c'est quoi cette histoire encore... Vous regarderez donc dans vos emplois du temps, à quelle horaire, le secrétariat vous a planifié cet événement. Je laisse à présent la parole à Monsieur Martin.
L'homme, grand, la chevelure grise et taillée en brosse, fait quelques pas vers nous en décroisant les bras, ne restant plus en retrait. De son regard bleu, il transperce la classe.
- Bonjour les jeunes, donc comme vous l'auriez compris, je suis secouriste. Si on sensibilise autant à la pratique des premiers secours, c'est surtout à cause de certains événements qui se sont produits par le passé lors de diverses voyages scolaires organisés sur nos côtes. Mon cœur manque un battement et je sens très mal ce qu'il va se passer, un mauvais pré-sentiment me ronge l'estomac . Comme vous le savez sûrement, il s'assoit sur une table, puis reprend. L'année dernière, une partie des premières de l'an dernier, donc votre promotion, a eu la chance de participer à un stage de surf organisé par votre lycée et un lycée voisin...
Je n'écoute plus. Je suis figée jusqu'à l'os. L'histoire, je sais que je la connais déjà. C'est la mienne. J'étais à ce stage avec mon lycée, et j'ignorais que les élèves qui m'étaient inconnue venaient de St Peter High school. Pitié, pitié, faites que je me trompe... Il veut parler d'autre chose, s'il vous plaît, faites qu'il parle d'autre chose.
- Une jeune fille a en effet, subit un grave accident durant ce stage. L'homme se racle la gorge. Nous tairons le nom de cette élève, qu'elle soit scolarisée ici ou ailleurs. Seulement, d'après les informations que je possède, vous êtes autorisés à entendre le récit d'un élève qui était sur les lieux la nuit de l'accident, et qui a courageusement sauvée cette adolescente. Là, mon cœur est carrément par terre, et ma tête me tourne. J'ai le vertige et j'ai l'impression que les murs se resserrent sur moi. Je déglutis tout en cachant ma bouche de ma main lorsque je l'entends poursuivre avec horreur. Je connais particulièrement ce garçon, parce que j'ai la chance de travailler avec son frère aîné. D'ailleurs, si vous avez bonne mémoire, Théo Stone était votre moniteur. A l'entente de ce nom, mon sang se glace, et je suis au bord de l'évanouissement. Je transpire, je sens ma pulse à travers mes tempes. Ma gorge se serre et mes pensées fusent entre elles. Et là, je crois mourir, Monsieur Martin dirige son regard vers Will. Mon cœur stoppe net. Will, mon grand, tu viens ?
Je vois Will, devant moi, tendu à l'extrême. Il hoche lentement la tête et se lève. Quand il se tourne vers la classe, il est blanc comme un linge. Mon cœur bat à tout rompre et mes pensées partent dans tous les sens. J'ai du mal à respirer. J'ai envie de hurler, de me griffer jusqu'à m'échapper de mon corps. Quand il ouvre la bouche, toutes les cellules qui me constituent semble se détacher les unes des autres, je ne suis plus qu'un tas de molécules.
- Ok ... Alors, d'abord je n'étais pas vraiment au courant de cette intervention... Euh... Son regard est fuyant, et se pose partout, sauf sur moi. Je suis en plein cauchemar. Ouais, ok... Euh... Il passe sa main dans ses cheveux, puis dans sa nuque, totalement déstabilisé, et je suis sur le point d'exploser. Mon frère a travaillé cet été pour ce stage de surf... Je l'ai aidé à tenir le groupe, je tenais la cabane qui contenait les planches et parfois j'allais surfer avec les plus expérimentés...
- Parle nous de l'accident William...
- Fred, je crois pas que ....
- Will .
Je suis leur échange, terrifiée par ce que j'entends. Mes mains tremblent.
- D'accord... Une nuit, il y avait cette fille... A présent, son regard ne me quitte plus, j'en ai la chair de poule. A son regard, je ressens la peur me broyer les intestins. Qu'est-ce que le garçon dont je suis amoureuse me fait en ce moment ? Elle... Elle a eu un accident, j'étais dans le coin à ce moment là, je m'occupais de mes affaires, quand... Je l'ai entendu crier, alors je suis arrivée sur la plage et .... Nia ! Nia !
Je cours dans le couloir. Les larmes me dégringolent sur les joues, et j'ai mal à en vomir, à vouloir disparaître, à mourir. Ce n'est pas possible. J'ai mal compris. Non, non, non! Ma vue est tellement brouillée que je vois mal ma trajectoire et je me cogne violemment contre une rangée de casiers.
- Nia ! Will accourt vers moi, totalement paniqué.
Je me redresse et m'apprête à fuir quand il me bloque le passage.
- Dégage ! Je hurle, ma gorge est tellement serrée, que seul un son strident en sort. Je tremble comme une plume flottant dans le vent, les larmes coulent, roulent comme une tempête. J'étouffe, mon corps me paraît bien trop étroit à présent, j'ai besoin d'air. De ses mains, il me bloque les épaules.
- Regarde moi Nia.
- Tu étais là ! Tu étais là ! Vas-t-en ! Je le pousse de toutes mes forces loin de moi, hurlant comme une folle. C'est, c'est ... C'est toi... Je dis plus bas, c'est toi, qui m'a sauvée ! Je termine, les mots déformés par la souffrance. Pourquoi ? Pourquoi tu m'as rien dit ? Pourquoi tu as gardé ça secret ?
- Nia, calme toi, je peux tout t'expliquer.
- Je veux pas, je veux plus te voir ... C'était quoi pour toi, hein, un jeu ?
- Nia ... S'il te plaît, donne moi une chance de tout t 'expliquer.
- Dégage ! Je serre mon poing sur mon front. C'est pas en train d'arriver, impossible, tout allait bien. Je le regarde dans les yeux, et la douleur que j'y vois me broie le cœur. Je suis quoi pour toi, hein ? Un jouet ? Tu t'es bien marré à me réparer, c'est ça ? Tu t'es dit que ça allait être drôle de jouer les sauveurs anonymes jusqu'au bout ! Est ce que ... Je prends une profonde respiration, secouée par mes sanglots. Je crois je vais devenir folle. Est-ce que tu comptais me le dire un jour ?
Ses yeux le trahissent.
Je m'effondre le long des casiers. Mes pleurs et mes mots déchirent le temps qui semble s'être figé dans le couloir du lycée St Peter. La douleur est si forte qu'elle me déchire en deux. Je ne peux pas croire ce que je suis en train de vivre. Je cache mon visage avec mes paumes, me protégeant du monde extérieur et de la vérité un court instant. Je sens ses mains chaudes m'encercler les poignets, je hais mon corps pour les frissons qui le parcours à son contact si doux.
- Nia, laisse-moi tout t'expliquer.
Je l'entends s'asseoir à même le sol, et je sens ses genoux heurter les miens.
- Ecoute moi, je t 'en prie.
Je ne dis rien, j'attends qu'il parle et il s'exécute. Et il me tue.... Lentement et sûrement.
- Ce soir là, à l'hôpital, ce n'était pas la première fois que je te voyais. Ce n'était pas la première fois non plus que je voyais la détresse dans ton regard. Et contrairement à ce que tu peux penser je ne l'ai pas vu dans ton regard cette nuit là, quand tu agonisais dans mes bras. Crois-moi, j'étais bien trop occupé à vouloir faire repartir ton cœur... Il s'arrête un moment, sa respiration est saccadée et j'ai la sensation que ses mots me brûlent la peau. En fait, je t'ai rencontrée quelques jours avant, tu ne t'en souviens pas, c'est sûr... Tu avais les cheveux mouillés, collés sur ton visage, une grande mèche devant les yeux. Tu te cachais, je comprenais pas pourquoi. Tu étais là, dans ta combinaison, derrière ta planche, dans cette cabane en bois blanche. Tu m'as donnée ta planche, sans faire attention à moi, et tu es partie. Je me souviens que tu m'avais laissé un drôle d'impression... Je sais qu'il sourit, je l'entends dans sa voix, et pour ça, j'ai envie de lui arracher les yeux. Je serre fort mes poings, mes ongles me rentrant dans la peau. Ca fait mal, et ça me soulage un court instant. Je t'ai sauvée ce soir là, je les ai vu... Te jeter à l'eau... J'ai couru comme un dingue sur le ponton, et j'ai sauté. Je t'ai vu te cogner à ce rocher, tu étais en train de couler quand je suis arrivé jusqu'à toi... Quand l'ambulance est arrivée, j'ai pas pu m'empêcher de te suivre à l'hôpital avec la caisse de mon frère. Cet hôpital était celui de ma mère, je n'y avais pas mis les pieds depuis sa mort. Mais je voulais être là pour toi, tu avais l'air si seule et après ce qui s'était passé... Tous les jours j'étais là, devant ta chambre, à demander des nouvelles aux infirmiers. En fait, c'est à ce moment là que j'ai commencé à faire du bénévolat et à jouer devant les enfants. J'ai même joué pour toi un jour, je ne sais pas quel miracle, un médecin m'y a autorisé...
- Stop, je dis en un murmure, je lève une main, la paume grande ouverte, pour appuyer mon propos. Arrête, je ne veux pas entendre ça.
- Nia ...
- Je t'ai dit d'arrêter ! Je relève la tête et plonge mon regard dans le sien. Je suis quoi pour toi bordel ? Nous, ça veut dire quoi ?
- Je suis amoureux de toi, mes sentiments sont réels...
- Putain ! Tais toi ! Je hausse la voix. Je ne comprends pas. Pourquoi tu m'as rien dit ? Tu avais peur de quoi ? Me dire que tu m'avais sauvée n'aurait pas été une catastrophe... Mais là... Mais là ... Je fonds en larmes.
- Je pouvais rien te dire Nia ...
- Pourquoi ? Je le supplie.
- Ca va te détruire, je peux pas ..
- Me détruire ? Me détruire ? Je ris presque à travers ma tristesse.
- Nia ...
- Dis moi ! Je dis fort.
Son regard se change, il se fait distant. Les coudes sur les genoux,il se prend le visage entre ses deux mains.
- Je peux pas.
- Tu me dois bien ça, je crache.
Il sort sa tête de sa cachette et me regarde dans les yeux.
- Je t'aime.
Je tourne la tête, presque par dégoût. Et je reviens vers lui.
- Si tu m'aimes vraiment, dis moi pourquoi toute notre histoire n'était qu'un mensonge.
Il prend une grande inspiration, et je sais que ces mots vont m'anéantir un peu plus.
- Ce soir là, quand tu t'es noyée... C'est moi... C'est ...
- Quoi toi ?
Il ferme les yeux avec force alors que mon angoisse monte de plus en plus.
- C'est moi qui ai eu l'idée de te mettre à l'eau.
Et soudain, mon monde s'écroule.
Hello mes lecteurs ! Ce chapitre est vraiment horrible, je sais ... Me frappez pas ! x) Cela va faire un an que j'ai imaginé ce chapitre, et pouvoir enfin l'écrire c'était wahou ... J'espère qu'il vous a plu quand même. Alors, dîtes moi, comment l'histoire va évoluer d'après vous ? A bientôt <3
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top