Chapitre 40
>> Mirage, Alexe . ( un peu de français, ça ne fait pas de mal )
- Ca va ?
« Il t'aime ». Ces mots tournent en boucle dans ma tête. Plus ils tournent, plus leur sens me frappe. Plus j'étouffe. « Il t'aime ». Je me prends la tête à deux mains et respire profondément, les coudes posés sur les genoux. Je ne peux pas entendre raison, ce n'est pas possible. Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que j'entende ces trois petits mots de la part de son frère aîné. Il doit se tromper. Il ne peut pas m'aimer. Il peut être attaché à moi, mais pas m'aimer de cette façon. Je me souviens avoir traversé les mêmes émotions, quelques mois plus tôt. Quand il m'avait embrassée. Je sais qu'il m'aime, mais l'entendre m'est juste insupportable. Je panique totalement.
>> Nia, regarde moi !
La voix de Théo me sort en un éclair de mes tourments et je tourne le visage vers le sien. Une incompréhension palpable se dessine sur ses traits. Je détourne le regard, cette vision m'est bien trop familière, même si le visage en face du mien n'est pas celui qui me hante. Ses yeux bleus me percent, comme s'il essayait de lire en moi. Ce regard si différent de celui de Will.
>> Tu fais une crise de panique, calme toi, respire. M'encourage Théo.
Je secoue énergiquement la tête. Je ne peux pas. Je ne peux pas. Mes poumons me brûlent et je tremble de tous mes muscles. La zone sous mes genoux et mes coudes semblent devenir du coton. De la sueur froide coule le long de ma nuque et mes yeux me piquent.
>> Respire. Souffle.
Je lui obéis. Lentement je prends une inspiration. Et j'expire en un souffle tremblant. Mon ventre se décrispe petit à petit et mon dos se détend. Je respire, doucement.
>> Voilà, c'est ça.Tu peux te lever ?
Je teste mes appuis, et finis par me mettre debout. Théo me tient un bras. Il vient se planter devant moi.
>> Je comprends pourquoi tu ne le lui as pas dit maintenant .... Murmure-t-il en une grimace. On va rentrer d'accord ?
Je hoche la tête.
- Tu lui diras rien, hein ? Je chuchote.
- Ca sera notre secret, ok ?
**********
Lorsque nous arrivons sur le palier de la porte, je fais une pause. Je respire doucement, puis je me tourne vers Théo.
- Théo, attends. Je le retiens alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte.
Il me regarde en laissant tomber son bras le long de son corps. La musique de la fête d'anniversaire nous parvient aux oreilles.
- Comment ...
- Je sais qu'il t'aime ? Devine-t-il.
J'acquiesce. Il sourit timidement.
- Il n'a jamais regardé quelqu'un de la façon dont il te regarde.
Ma respiration se stoppe net sous l'influence de ses mots.
>> Même pas Madison. D'ailleurs elle n'aurait pas dû venir, si tu veux mon avis.
Et il ouvre la porte, la musique s'intensifie. Me laissant seule. Avec mon cœur qui bat à mille à l'heure.
**************
Allongée dans ce grand lit, j'observe l'horizon à travers la fenêtre. Le soleil se lève. J'entends les invités partir, s'éclipser alors que la soirée touche à sa fin. Les rires me montrent que l'anniversaire d'Eleanor a été une réussite. Je suis contente pour elle. Elle a été si accueillante avec moi, bien que je me sois absentée une petite heure avec son petit ami. Quand je suis rentrée, ils faisaient un karaoké, ce qui m'a fait retrouver le sourire. Will chantait un refrain à tue-tête de sa magnifique voix avec deux autres garçons. Je ne l'ai pas quitté des yeux, cherchant à assimiler le fait qu'il m'aimait. Puis, nous avons dansé, rit, dégusté le gâteau d'anniversaire et Eleanor a découvert ses cadeaux. Je me suis retirée vers trois heures du matin, quand le sommeil semblait pointer le bout de son nez. Mais, cela fait quelques heures que je suis étendue sous la couette, et je ne dors toujours pas. La porte s'ouvre et j'entends Will entrer dans la salle de bain de la chambre. L'eau coule dans le lavabo, sous la douche. Je continue de fixer les teintes de rose et d'orange à travers la vitre. Et je sens le matelas s'affaisser sous le poids de Will après qu'il ait fermé la porte de la salle de bain. Je garde les yeux clos, faisant semblant de dormir à poings fermés, alors qu'il passe un bras autour de ma taille et m'attire contre lui. Il dépose un baiser sur ma tempe et resserre son étreinte. Le sommeil s'empare de moi dans la minute.
Quand j 'ouvre les yeux, l'agitation dans la chambre met mes sens en alerte. Je jette un coup d'œil par dessus la couette et voit Will en train de sortir tous les vêtements chauds qu'ils trouvent des valises.
- Tu fais quoi ?
Son regard lumineux se pose sur moi.
- Bonjour à toi aussi !
- Bonjour.
Je me redresse et m'assois contre la tête de lit.
- Bien dormi ? Me demande Will, un grand sourire aux lèvres.
- Ca peut aller, il est quelle heure ? Je demande entre deux bâillements.
- Onze heures.
Je hoche la tête.
- Tu fais quoi ? Je redemande.
- Je prépare tes affaires, répond-t-il comme si c'était la chose la plus normale du monde.
- Pourquoi ?
Un sourire malicieux se dessine sur son visage.
- Regarde par la fenêtre.
**************
Le froid me saisit les joues alors que je passe la porte de l'immeuble et descends les escaliers. Je plisse les yeux devant une telle luminosité, devant tout ce blanc. En effet, la neige s'étend à perte de vue, recouvre le béton et les véhicules à l'arrêt. Cette vue m'est tellement rare, je suis plus habituée aux plages de sable chaud sans fin de la Californie. Je remets en place mon bonnet et mes gants quand je reçois un coup, puis un rire sonore se fait entendre dans la rue. Je me retourne et voit Will. Mort de rire. Les gants salis de neige blanche.
- Oh ça te fait rire, hein ? Je lui lance d'une voix menaçante en me penchant vers le sol pour faire à mon tour une boule de neige.
Son rire ne s'arrête pas, alors qu'il m'imite. Je riposte avant lui et son torse se retrouve recouvert d'une cascade de neige. Il écarte les bras, hausse un sourcil.
- Vraiment ?
- Vraiment ! Je réplique en gloussant.
Je crie et me mets à courir quand il se met à foncer sur moi. Mes pieds s'enfoncent dans la couche de neige et ça ralentie ma course, je me cache derrière une voiture comme une enfant.
- Non !
- Trop tard Mademoiselle !
Il me plaque contre son torse et me traîne vers le trottoir. Il nous fait chavirer et me barbouille le visage de neige.
- Bon ça suffit les gamins !
Nous tournons tous les deux la tête vers Théo et Eleanor qui nous rejoignent. Nous explosons de rire en nous regardant ensuite. Puis, Will se penche vers moi et m'embrasse délicatement. Sa chaleur me réchauffe. Ce baiser est de courte durée car une boule de neige de la taille de ma tête nous atterrit dessus. Nous nous redressons en un seul mouvement.
- J'avais prévenu ! Lance Théo, hilare.
Eleanor nous lance un regard, et pointe du doigt son amoureux. Ce geste aura pour conséquence une bataille de neige qui durera plus d'une heure où nos rires dérangeront tout le voisinage.
Bien au chaud dans un café, je savoure le déjeuner qu'Eleanor nous offre avant une visite de la ville. Je n'arrive pas à croire qu'on reparte demain ... Ce week-end a été bien plus court que je ne le pensais.
Ca a été une journée absolument génial, si on oublie les retrouvailles avec Madison. Pour une raison encore inconnue elle nous a accompagnés lors de notre balade dans Central Park. Le plus comique a été de voir sa tête quand Will ne lâchait pas ma main et me témoignait de son affection alors qu'elle lui parlait de leurs souvenirs en commun. Quelque part, ça m'a aussi fait de la peine pour elle. Je comprendrais qu'elle ait toujours des sentiments pour lui, et avec ma crise de panique d'hier soir, je ne pense pas avoir le droit de juger les sentiments qu'ils ont eu l'un pour l'autre.
A présent nous sommes que tous les deux. Marchant main dans la main dans la neige dans un recoin du parc. J'ai tellement aimé cet endroit que nous y sommes retournés après le dîner. Il fait nuit maintenant et les lumières de la ville m'éblouissent.
- J'arrive pas à croire qu'on reparte demain ... Je souffle.
- Alors ça te plait, ici ?
- Oh que oui ! Je lance avec un grand sourire.
Nous faisons encore quelques pas quand Will prend la parole :
- Je suis désolé, tu sais, pour Madison ...
Je le regarde, il semble sincèrement ennuyé.
- C'est rien Will, je t'assure. Quelque chose ne va pas ? Je lui demande alors qu'il ne répond pas.
Il expire bruyamment et son souffle se transforme en vapeur dans la nuit fraîche.
- On va s'asseoir, tu veux bien ?
Je fronce les sourcils, soudain inquiète.
- Ok...
Nous nous installons sur un banc, et j'attends patiemment qu'il parle. Il prend mes mains dans les siennes, et je suis de plus en plus inquiète par ce qu'il s'apprête à me dire. Il plonge son regard assombri par la nuit dans le mien, et j'ai le cœur au bord des lèvres.
- Je m'attendais pas à ce que Madison soit ici. Je ne l'avais pas revue depuis notre rupture l'été dernier... Je l'encourage à poursuivre d'un hochement de tête. Quand on a discuté hier sur le balcon, j'avais la sensation que ce n'était qu'une étrangère.... C'est horrible je sais mais ... J'ai essayé de me souvenir ce que ça faisait de la prendre dans mes bras, de l'embrasser, de ... Enfin, je me suis rendu compte, que tout ce que je ressentais quand j'étais avec elle n'a tout simplement rien à voir avec ce que je ressens quand je suis avec toi. Nia ...
Je le fais taire en écrasant mes lèvres sur les siennes. Pas prête d'entendre la fin de sa phrase.
- Je ressens la même chose, mais ne dis rien, s'il te plaît ... Je susurre tout contre sa bouche.
Il écarte les cheveux de mon cou avec ses mains, et juste avant de replonger dans notre baiser, il me brise en petits morceaux. Avec trois petits mots, il fissure tout mon être.
- Je t'aime.
Trois petits mots auxquels je vais désespérément me raccrocher le lendemain. Car quand je passerai le pas de ma porte, la main de Will fermement nouée autour de la mienne, la voiture attendant d'être déchargée de nos bagages, j'entendrais les voix rassurantes de mes parents, et ... Son rire.
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Voilà pour ce chapitre 40 ! Merci à tous ceux qui prennent le temps de me lire, je le fais pour vous ! Dans le prochain chapitre, il y aura des révélations et beaucoup beaucoup même trop d'amour ahah. Mais attention c'est loin d'être la fin de l'histoire, pleins d'autres chapitres se préparent. Je vous demande juste d'être patient. Mon emploi du temps ne me permettant pas d'écrire autant que je le voudrais. Je vous fais de gros bisous et merci de continuer de suivre l'histoire de Nia et Will. Je vous remercie tous, même ceux qui pensent que je les vois pas, mais je vous vois ahah. N'hésitez pas à voter et à commenter pour me témoigner de votre soutien ! <3
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