Chapitre 31

>> Everything, LifeHouse ( Boyceavenue Cover)
Merci thelatestbeliever de m'avoir fait découvrir cette chanson, elle m'a accompagnée tout le long de l'écriture de ce chapitre ! ❣ Bonne lecture ;)



- Nia ... ?

Will, habillé uniquement d'un pantalon de jogging en coton gris, tiens la poignée de la porte d'une main ferme, comme par besoin vital de se retenir à quelque chose. De l'autre, il joue avec ses cheveux emmêlés. Ses yeux pleins de sommeil m'observent comme si je n'étais qu'une illusion. Mon cœur s'est arrêté de battre et je serre de toutes mes forces la laisse rouge de Noel.

Je le trouve incroyablement beau. Je ne sais comment j'arrive à détourner les yeux de sa peau nue pour trouver le courage de planter mon regard dans le gris des siens. Ils me font penser au ciel, celui que j'aime tant, quand les nuages se rassemblent pour ne faire qu'un et ne laisser aucun rayon de soleil m'effleurer la peau. Oui, celui-ci, doux et mélancolique. Et j'y succombe.

Il finit par lâcher la porte, et fait un pas vers moi. Il rit doucement, de son rire que je ne peux me passer et qui réveille ce je ne sais quoi au fond de mon être. Ses lèvres roses et charnues forment un sourire timide, et je soupire quand sa fossette reprend sa place au creux de sa joue. Il m'a tellement manquée , en l'espace de quelques jours il a creusé un tel vide, un tel puit dans mon cœur, que s'en est douloureux de le voir ici, si proche de moi. Comment avais-je pu penser une seule seconde pouvoir l'oublier ?

Il pose ses mains de part et d'autre de l'ouverture de la porte, et penche son corps vers le mien. Il se mordille légèrement la lèvre inférieure, mal à l'aise.

- Hey, chuchote-il.

Le son de sa voix me fait frissonner. Un large sourire apparaît sur son visage quand son regard se pose sur mon compagnon à quatre pattes.

- Salut bonhomme ...

Il s'accroupit pour caresser le chiot, qui est tout heureux de tant d'attention. Je l'observe, attendrie. Et là, je ressens que quelque chose se brise en moi.

- Pourquoi tu pleures ? Me demande-t-il d'une voix douce, la tête relevée vers moi.

Je m'essuie immédiatement les yeux avec ma manche.

- Rien, ne t'inquiétes pas, ces larmes là, font du bien.

Ma voix perce l'atmosphère. Will fronce les sourcils et se redresse lentement. Il pose une main sur mon coude. Il est si proche que je peux sentir le parfum qui le caractérise. J'aime tellement cette odeur, celle qui me rassure à chaque fois que je m'écroule.

- Qu'est ce que tu fais ici, Nia ? Me glisse-t-il à l'oreille.

Sa voix. Jamais elle ne m'avait fait autant d'effet. Ne pas l'avoir entendue pendant un temps, m'a rendue accro. Je déglutis sous la tension.

- Je ne sais pas ... Je lâche. Je ... Je ... Je vais y aller, si tu ...

Ses doigts touchant ma peau me coupe dans mon enchaînement incohérent de mots. Il relève mon menton avec une infinie douceur. Je plonge alors mon regard dans le sien, si beau et lumineux.

- Tu peux rester.

Je baisse les yeux, même si sa main m'empêche de retrouver le contrôle de ma tête, au sens propre et au figuré.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée Will ... J'ai tellement à te dire ...

Je ferme les yeux sous l'assaut du mouvement de ses doigts qui remontent le long de ma joue. Je suis prise au piège, je le sais.

- Est-ce que tu vas bien ?

Sa question me parvient aux oreilles sous la forme d'un murmure, elle me fait oublier ce que je viens de dire et elle me fait monter les larmes aux yeux. Savoir qu'il se soucie encore de moi, malgré ce que j'ai fait, me procure une telle émotion ... C'est indescriptible. Violent et délicat à la fois.

>> Tu ne vas pas bien ... Conclut-il en retirant sa main de mon visage et en faisant demi-tour. Je ne peux le contredire et encore moins le retenir. Ses mouvements sont si rapides. Son soudain retrait laisse un froid sur ma peau, et je reste figée. Il va s'asseoir sur son canapé et enfile un pull. Puis, il joint ses mains sur ses genoux, et jette un coup d'oeil à l'endroit où je me trouve. Il pousse un soupir et revient vers moi.

- Rentre. Rentre, s'il te plaît.

Je n'ai pas le temps de répondre qu'il me prend la main et retire la laisse prisonnière de celle-ci. Il emmène Noël dans l'appartement et je les suis en fermant la porte derrière nous. Il détache le collier du chien et pose l'équipement sur un meuble. Il me fait ensuite face. Il replace une mèche folle derrière mon oreille avec délicatesse, et je chavire à nouveau.

Tout est tellement différent maintenant. Mais je ne dois pas oublier la promesse que je me suis faite. Je dois le protéger. Je ne pourrais dire pourquoi je me suis réfugiée chez lui, mais, après l'appel de Kiara, le visage de mon bouclier m'est instantanément apparu et à partir de là, je n'ai pas pu contrôler mes pas, qui m'ont menée ici. Chez lui. Will.

Je serre avec douceur sa main, encore logée sur ma peau et pince les lèvres.

- Will ... Je souffle.

Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien et je peux sentir sa respiration sur ma bouche.

- Oui ... ?

Je le regarde droit dans les yeux , et je peux voir à la lueur de ses prunelles, qu'il a compris ce que j'essaie en vain de lui dire. Il retire donc vivement sa paume, et comme il y a quelques minutes, s'éloigne de moi.

Je ferme les paupières et me mords la langue. Je la fais ensuite claquer en tentant de calmer mon menton tremblant. J'en ai marre d'être aussi émotive. J' ouvre brusquement les yeux quand j'entends une porte se fermer avec violence et force. Noël se réfugie sous le canapé et je m'aventure à pas rapides vers la chambre de Will.

Je prends une grande inspiration, n'ayant pas vraiment conscience de mes gestes et actes, et cogne doucement mon index plié contre la porte blanche. J'attends un peu, mais aucune réponse ne me parvient.

- William ? Je tente.

Toujours rien. Les battements de mon cœur accélèrent quand mes doigts se posent sur la poignée. J'ouvre la porte. La pièce est plongée dans une semi-obscurité.

- Vas-t-en. C'est ce que tu veux, alors pars. Je ne te retiens pas. Enfin ... Je ne te retiens plus Nia ...

Allongé sur son lit, les yeux au plafond, il crache les pires mots que j'ai entendu de ma vie. Je me mords à nouveau l'intérieure de la bouche, et le goût métallique du sang vient me piquer la langue. J'ai besoin d'une distraction.

>> Je t'ai dit de partir.

Sa voix est un comme une lame de couteau, glaciale et j'ai le cœur qui flanche. Comment ... ? Je suis dans le flou total.

Je m'avance dans sa chambre et marche à pas lents, jusqu'à son lit. Mes genoux rencontrent le matelas. Je m'assois alors avec précaution, redoutant une nouvelle attaque de sa part. Mais il reste dans la même position, muet.

- Will ...

- Stop ! Arrêtes !

Il se relève, et s'adosse au mur. Je sursaute.

- Mais ... Will ... Je bégaie d'une voix tremblante.

Je l'observe passer une main dans sa chevelure et inspirer bruyamment. J'ai le cœur serré et la gorge en feu. Mais qu'est-ce qu'il se passe là ? J'ai la tête qui tourne.

Il pousse sa tête en arrière, mais son regard est toujours rivé vers le mien. Puis, ses paupières se referment et je peux voir ses cils s'effacer par la force de celles-ci. Ses bras puissants reposent sur ses genoux pliés.

- Je pensais que tu avais changé d'avis ... Ses paupières demeurent toujours closes, mais se détendent. Putain ... Je pensais que tu étais prête, à apprendre à aller mieux ... Mais non, tu es toujours aussi ...

- Aussi quoi Will ?

Des gouttes épaisses roulent le long de mes joues, sans que je ne puisse les arrêter. J'ai mal. Il me fait du mal. Je voudrais remonter ou stopper le temps, là. Tout de suite. Maintenant. Je comprends pas ce qu'il dit, je suis totalement perdue ... Je redoute ce qu'il va répondre, mais sa réponse est si évidente, même moi je la connais.

- Aussi brisée ... Finit-il par dire entre deux inspirations.

J'ouvre la bouche et gémis presque. Je plaque une main contre celle-ci et sanglote, les yeux fermés avec force et douleur. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Il n'a pas osé. Je m'attrape les cheveux à deux mains et respire violemment. Je sors de l'obscurité brouillée par mes larmes et fixe la couette. Comment, mais comment peut-il me faire ça ? Ce n'est pas Will, ce n'est pas possible ! Pas lui ! Non !

Les paupières toujours closes, il ne me regarde pas. Je sens alors la colère bouillir en moi.

- Regarde moi ! Je hurle d'une voix claire.

Surpris par mon ton, il dirige ses iris grises sur mon visage mouillé et tacheté de rouge.

- Tu n'as pas le droit.

Je m'approche de lui, mes genoux touchant sa cuisse.

>> Tu es injuste. Tellement. Comment oses-tu ? Tu le sais très bien que je ne serais probablement jamais comme les autres filles. Oui, je suis brisée, en miettes. Je le sais et tu le sais ! Tu le sais depuis le début !

Je me redresse sur mes genoux et écarte les bras.

Tu me l'as même dit. Tu m'as dit que tu serais patient et que tu comprenais. Tu as menti, pas vrai ? C'était quoi ton but ? Hein ? Tu sais quoi, ne répond surtout pas, je ne veux rien entendre de ta part ! Tu n'es pas celui que je croyais et je suis ... Putain, tellement dégoutée !

Je pleurs à chaudes larmes et ma voix se casse un peu plus.

>> J'ai mal, tellement ... Et cette fois, c'est toi qui en est la cause ! Mais tu sais quoi ...

- Nia ...

Son visage exprime une telle douleur que je me stoppe net dans mon discours déchirant. Il balaie la pièce du regard, puis le repose sur moi. Son intensité me trouble et m'emporte loin.

>> Je suis un con, ok ? Ca me fait tellement mal de te savoir aussi ... Brisée. Il hésite sur le mot et j'avale ma salive. Je ne sais pas pourquoi mais ... Dans ma tête je pensais que, peut- être, comme tu étais revenue ... Je pensais que je te faisais du bien, je veux te faire du bien. L'autre jour, quand je t'ai embrassée et que tu es partie ... J'ai tout gâché. Mais ... Quand je t'ai vue devant la porte tout à l'heure ... ? Je me sens tellement nul Nia ... Il fait une pause et oh mon dieu que j'aime l'entendre parler ainsi. Je me sens nul, parce que tu comptes pour moi. Je ne sais pas comment tu fais d'ailleurs, mais merde, Nia ! C'est toi, juste toi, et ça ... Je veux que tu ailles bien ! Je ne supporterai pas de te voir aussi mal encore un Jour de plus ! Et je ne supporterai pas que tu ne veuilles pas de moi ... J'ai aussi besoin de toi. Tu n'imagines pas à quel point ... Et ça me tue de ne pas arriver à te faire sentir bien.

Ses mots se répercutent dans chacune de mes cellules, mon sang tape, tente de se frayer un chemin dans mes veines. Je respire avec difficulté. Mes yeux ont cessé de libérer des larmes. Je suis paralysée par tout ce qu'il a dit. Il me bouleverse. Il me met en colère. Il me fait le détester. Il me fait l'aimer. Toutes ces émotions qui se bousculent à l'intérieur de moi, il les ressent aussi. C'est pour cela qu'entre nous, c'est électrique, qu'on explose toujours et qu'on s'équilibre. Qu'il me soutient et que je le challenge. Il tient à moi, a peur de me perdre, aussi bien physiquement qu' emotionnellement. Et lui aussi a explosé. Je n'ai pas su l'écouter. Voir ce qu'il ressentait. Je ne pensais pas que je représentais autant pour lui. Je ne croyais n'être qu'une poupée cassée qu'il voulait réparer pour pouvoir jouer. Je n'avais juste pas compris que j'étais une pièce essentielle dans le monde qu'il s'était construit. Et j'apprends​ à l'aimer un peu plus.

- Nia, s'il te plaît ...

- Oui, je reste. Parce que j'ai plus que besoin de toi, je te le promets. Toi. Pour toi. Je ne te repousse plus. Et je te crois ... J'irais mieux, je te le jure et grâce à toi.

Je lâche tous ses mots si vite que je l'entends presque rire. Nous bougeons tel un même corps pour que les nôtres soient aussi proches que possible. La tête sur son torse, je le laisse me prendre la main.

- On a besoin de faire peur à l'autre, hein ? Je lui dis à voix basse, lui rappelant ses propres mots.

- Plus jamais Nia, plus jamais. C'est promis. On arrête et on reste.

J'ai écrit ce chapitre dans la nuit, dans le but de révéler les sentiments de Will, j'espère qu'il vous a plu ! Commentaires sont la bienvenue ! Gros bisous 💋💕

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