Chapitre 30


>> Save yourself, Kaleo.

Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, avec une seule idée en tête : "Je n'irai pas".

Je n'ai pas pleuré, je crois que l'ai assez fait. C'est terminé. Je ne vais pas laisser les autres me gâcher la vie. Je les laisse derrière moi. Même si ce n'est que temporaire, car je sais que tout revient au galop. Mais en ce jour de Noël, j'ai décidé une chose, c'est fini.

Ils m'ont pris assez de choses comme ça. Et il est hors de question que je me retrouve à nouveau en face de l'un deux. Je resterai donc en Californie.

Mais ce n'est pas ce qui m'a uniquement occupée l'esprit, je mentirai.

Je me suis questionnée sur ce que je voulais. Ce que je voulais vraiment. Souhaitais-je réellement me renfermer et laisser les autres gagner ? Et j'ai compris que rester seule ne résoudrait rien, bien au contraire, je resterai sur mes peurs et tout pourrait devenir bien pire. Alors, oui, j'ai pensé à Will. Je dis que j'ai pensé à lui, mais en fait, son image ne me quitte jamais. Je suis attirée par lui comme un aimant et une aiguille. Mais j'ai tellement de mal à l'accepter... J'ai si peur de prononcer mes sentiments à voix haute, de faire confiance au point de me permettre de rire, de sourire, d'être heureuse car je suis effrayée. Parce que j'ai tout simplement peur de ne jamais y arriver. J'ai peur de réaliser un beau jour, que, tout ça, ne marchera pas,  que je ne pourrais jamais être celle qu'il aimerait que je sois, la fille qui n'est pas cassée, qui est réparée et dont toutes les pièces sont assemblées à nouveau. Plus je pense à lui, plus tout me revient en mémoire, toutes ces fois où il a été là, à m'aider, à me redresser. Comment fait-il pour supporter tout ça ? Serait-il juste une seconde possible que quelqu'un puisse avoir des sentiments pour une personne aussi instable ? J'ai du mal à saisir. Pourquoi m'avoir embrassée ? Pour faire diversion, comme je lui avais demandé ? En pensant à cela, une épine se plante dans mon cœur, ce serait si cruel ... Pourquoi ? J'ai besoin de réponses.

Pourtant ce serait si égoïste de ma part, de penser à ses mains  sur ma peau, à ses lèvres contre les miennes, à sa voix, son rire, à son regard... Ce serait si égoïste de rentrer dans sa vie. Il n'a pas besoin de tout ce bordel non plus. Finalement ce serait injuste envers lui.  J'ai besoin de réponses.

Je passe un pull par dessus mes épaules, quand ma mère frappe à ma porte :

- Tu es prête ?

Je glisse ma main dans mes cheveux emmêlés.

- Maman, je ne viens pas.

Son visage se décompose.

- Co...Comment Nia ?

Je me redresse tout en prenant une grande inspiration.

- J'ai besoin d'être seule, je ne viens pas.

Elle se rapproche de moi.

- Mais, il n'en est pas question, tu viens !

Je remue la tête de gauche à droite, et m'assois sur mon lit, je lui explique calmement :

- Non, je ne peux pas. Je crois que ... Après tout ce qui s'est passé, j'ai le droit de rester un peu seule. Je ne demande que ça. J'ai besoin d'une pause.

Elle me regarde comme si j'avais perdu la raison.

- Mais enfin Nia !

- Non. Tu peux appeler le psy si t'as te fait plaisir, mais non, je n'irais pas.

***

Il pleut, et il fait froid. C'est si rare dans cet Etat, j'ai l'impression que le temps se lie à mes émotions. Au moins un qui me comprend. Je glousse presque à cette pensée enfantine.

Je pousse la porte en verre de la clinique vétérinaire, et suis parcourue de frissons  quand l'humidité de ma peau rencontre  l'air chaud de l'accueil.

- Il y a quelqu'un ? Je demande, un peu timidement.

- Je suis là !

Jason apparaît, le chiot dans ses bras.

- Salut ! me lance-t-il sur un ton enjoué,  à des kilomètres de son ton habituel.

- Salut.

Il transfert l'animal dans mes bras, et je le prends avec le plus de délicatesse possible.

- Coucou toi, je lui murmure à l'oreille.

Il se redresse alors en s'appuyant sur le creux de mon coude et me lèche le visage. Je ris et je surprends Jason à en faire autant.

- C'est vraiment cool de ta part de t'en occuper pour Noël.

- Il y a pas de quoi, c'est un peu mon chien, après tout ...

Il acquiesce.

- Oui, d'ailleurs, il faudrait songer à son avenir, il ne peut pas rester indéfiniment ici.

- Je sais ... Je lui réponds en contemplant tristement la boule de poils.

Jason m'avait touchée deux mots sur leurs vacances de fin d'année en famille, sur la plage l'autre jour, c'est pourquoi je m'étais tout de suite portée volontaire pour la garde du petit chien que j'avais apporté quelques semaines plus tôt.

Pendant une heure, nous bavardons de comment je dois m'en occuper  et c'est très agréable. J'ai le sentiment que nous avons brisé la glace et ça me soulage, mais je reste tout de même sur mes gardes avec lui. Puis, Sarah nous rejoins avec des boissons chaudes et des biscuits, car même si " il ne neige pas comme à New York, nous devons fêter Noël comme il se doit".

J'ai également envoyé un message à mes parents pour leur souhaiter un bon séjour, et à nouveau un joyeux Noël. Je culpabilise un peu de priver ma famille de ma présence pendant les fêtes, mais c'est comme ça, ils devront s'y faire.

Après leur avoir dit au revoir, et les avoir serré dans mes bras, comportement peu habituel pour moi, je quitte les jumeaux et sors de la clinique. Le chiot, alors baptisé depuis une heure " Noël", se dandinant à mes côtés.

- Joyeux Noël, Nia !

***

Il doit être midi, quand Noël et moi, nous arrêtons sur le banc d'une plage. Je suis totalement émerveillée devant la vie et l'énergie de ce petit être, j'en suis folle. Je le hisse sur mes genoux et retire les grains de sable de ses pattes. Avec sa truffe noir, et les tâches caramels dans sa fourrure blanche, il ressemble à une peluche. Je fond littéralement.

Je suis contrainte de stopper ma séance de câlins avec la boule de poils, quand je sens mon portable vibrer dans la poche de ma veste. Un numéro inconnu s'affiche sur l'écran, je décroche tout de même, craignant une urgence.

- Allô ? Je dis.

- Allô, Nia c'est toi ?

Mon sang se glace quand je reconnais sa voix. Mon cœur bat de façon désordonnée et mes poumons me brûlent.

- Nia ? C'est moi...

Je raccroche vivement d'une main tremblante. Fourre mon téléphone là où il était il y a seulement une minute. Je me pince l'arrête du nez et secoue la tête. Elle n'a pas osé ? Elle va me rendre vraiment folle, elle ne peut pas donc me lâcher ?

- C'est rien, c'est rien, c'est rien, je répète.

Je souris, d'une grimace tremblante, à Noël qui me fixe  de ses yeux de biche, les miens embués de larmes. Je caresse l'animal, son contact me rassure et me calme.

Pourquoi m'avoir appelée, ce n'était donc pas suffisant de ne pas me voir auprès de mes parents ? Il lui fallait donc constater par elle -même la peur et les dégâts qu'elle avait installé chez moi ? Je la hais. Oh oui, plus que tout, je la hais. De tout mon être.

***

Je jette un œil à Noël, à mes pieds, au bout de la laisse rouge que je tiens d'une main molle. Il remue joyeusement la queue et me donne le courage nécessaire pour frapper le bois de l'épaisse porte acajou. Je respire profondément en attendant qu'on m'ouvre. Le sang battant dans mes tempes. Des pas se font entendre à l'intérieur et se rapprochent de l'entrée, accélérant ainsi, davantage les battements de mon cœur. La porte s'ouvre et j'ai la sensation que je vais m'écrouler.

- Nia ... ?

Un chapitre assez court ! J espère qu il vous a plu ! Encore une fois n'hésitez pas à commenter ! Je vous aime et je vous remercie pour tout ! Bisous ❤

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