Chapitre 25

>> Bones, Griffin Peterson

Il est plus de quatre du matin quand la voiture de Will se gare devant chez moi. La maison est plongée dans l'obscurité,tout comme la rue. J'ouvre la fenêtre, et une brise vient jouer avec mes cheveux. C'est si calme. Comme si le temps venait de s'arrêter.

- Bonne nuit, me souffle Will, derrière moi.

- Bonne nuit à toi aussi Will, je lui souhaite entre deux bâillements. Et merci pour tout.

- Il y a pas de quoi Nia, réplique-t-il d'une voix sereine.

Je le regarde une dernière fois, et sors de la voiture.Je reste debout, devant le véhicule, et compte jusqu'à trois. Un.Deux...

- Nia, attends !

Il sort de la voiture et claque la portière. Je ne peux m'empêcher de rire, il est si prévisible.

- Ta cheville, j'avais oublié, je vais te porter !

Il arrive à ma hauteur, confus et ... Je ne sais comment décrire ce je ne sais quoi qui me fait sentir bien quand je le vois, à ce moment précis.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? Me demande-t-il, la tête penchée sur le côté, perplexe.

Je souris et hausse les épaules. Il les hausse à son tour et me soulève d'un seul mouvement.

***

- Ma chambre est à l'étage, je chuchote.

Dans l'obscurité, Will sonde le séjour de son regard gris, et entreprend de monter les escaliers. Il me serre un peu plus fort contre lui, afin que je ne me cogne pas une nouvelle fois la tête. Je retiens mon souffle. Le plancher grince, une fois les marches gravies. Il s'immobilise et fait une grimace. Je pouffe.

- Elle est où ta chambre ? Me demande-t-il dans un murmure.

- Au fond du couloir, je réplique sur la même totalité.

Will se déplace dans le couloir, le plus silencieusement possible. Quand nous passons devant la chambre de mes parents, je lui donne un coup de coude, et pose mon index sur mes lèvres. Il hoche la tête.

Will ouvre la porte de ma chambre, allume la lumière,et referme vite derrière lui, afin que la lumière ne réveille pas mon père et ma mère. Il s'approche de mon lit, soulève la couverture et m'y glisse dedans. Puis il s'assoit sur le matelas.

- C'est bon, t'es bien là ?

Je ramène la couette sur mon menton, et acquiesce.

- Ok, je vais y aller alors ... Me prévient-il.

Cependant, il n'en fait rien, il détaille ma chambre du regard.

- Elle est bien vide cette chambre... Murmure-t-il.

Je retiens ma respiration et dis en un souffle :

- C'est la chambre d'amis.

Il me jette un regard, intrigué. Il entre-ouvre les lèvres, comme s'il allait dire quelque chose, mais se ravise, et se lève. Il s'appuie contre le mur, près de la porte. Et sous la couette, il ne peut voir le sourire nostalgique qui passe sur mon visage. Tant mieux.

- Bonne nuit, Nia.

- Bonne nuit.

Et il s'en va.

Je guette le moindre bruit de sa part, et quand j'entends la voiture s'éloigner dans le quartier, je retire vivement la couette de mon corps. J'étouffe. Je souffle. Me redresse. Passe ma main dans mes cheveux. Je fais le tri dans mes émotions. Je sors de mon lit, et malgré mon pied blessé, je me dirige vers ma fenêtre. Je l'ouvre, et fais quelque chose que je n'ai pas fait depuis des mois, cela date d'avant l'accident. Je m'installe à la fenêtre, la jambe gauche pendant le vide, j'appuie ma tête contre le mur, et incline mon visage vers le ciel.

J'ai le cerveau en ébullition. Toutes les images de la soirée repassent en boucle dans ma tête, même celles de la journée.Tout s'enchaîne, du sourire de Will à l'hôpital quand il m'a vu passer la porte du petit salon où il performait, à son regard à la soirée, sa voix froide et distante comme son comportement,son rire chez Andy, à son étreinte dans mon escalier. Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ? Ce garçon est en train de prendre une place importante dans ma vie, et ça, je ne suis p as sûre que ça me plaise.

***


- Nia, à vous ! Quels sont les symptômes d'une réaction inflammatoire ?

Je me redresse sur ma chaise, et me lance :

- Il y a la rougeur, la douleur, la chaleur et l'oedème.

Le professeur approuve.

- Bien, mademoiselle James !

J'expire et me concentre de nouveau sur mes notes de biologie.

- Hé ! Me lance une voix.

Je me retourne vers elle, et croise le regard bleu de Thaïs.

- On déjeune ensemble ce midi ?

- Yep.

***

Nous posons nos plateaux en un même mouvement, et on s'installe face à face.

- Quelle matinée ! Le prof de chimie va me rendre folle !

Je glousse, c'est vrai que ce type est un grand malade. Elle croque dans son morceau de carotte, puis se penche vers moi :

- Alors, à ce qu'il paraît vous vous êtes rapprochés avec Will ? Dit-elle sur un ton malicieux.

Mon sang ne fait qu'un tour et je manque de m'étouffer avec mon eau.

- Qquooi ? Je bégaie.

Elle rit.

- Vous êtes tout le temps ensemble, et connaissant Will, c'est pas son genre...

- Salut les filles !

Sarah s'installe à notre table, et semble épuisée.

- Je sors du cours de gym, mon dieu qu'ils arrêtent de nous torturer !

Elle pose ses coudes sur la table, et se tourne vers moi.

- Nia ! Qu'est-ce qui t'es arrivée t'es rouge comme une tomate ! S'exclame-t-elle.

Elle pose une main sur mon front.

- Non tu n'as pas de fièvre, tu es sûre que ça va ?

Thaïs explose de rire, et je ne sais plus où me mettre.

- Sarah tu es trop mignonne ! S'esclaffe la blonde.

Sarah m'observe, et m'interroge du regard.

- Quoi ? Il se passe quoi là ?

Je pince les lèvres, complètement gênée. Je supplie Thaïs du regard de ne pas rendre les choses encore plus pénible pour moi. Elle comprend, et esquisse un léger sourire.

- Rien, ne t'inquiète pas. Alors Tomy ?

C'est pas vrai, elles vont vraiment parler que des garçons ? Mais je suis curieuse d'entendre la réponse de Sarah, Tomy m'a fait de la peine samedi soir.

Sarah joue avec ses pâtes du bout de sa fourchette.

- Bah ... On s'est disputé ... Finit-elle par avouer.

Je pose ma main sur la sienne.

- Je ne sais pas sur quoi vous vous êtes disputés mais... Tomy n'était pas dans son assiette samedi soir.

Je rougis encore plus quand les yeux bleus et noirs de mes deux amies me fixent. Elles ont l'air surprise de ma prise de parole. Sarah se tourne vers moi, le regard triste et je m'en veux immédiatement d'avoir ouvert la bouche. Elle pose une main sur mon bras et me dit, sincère :

- Je suis contente que tu sois là, Nia.

- Moi aussi, affirme Thaïs.

Je baisse la tête, embarrassée. Je cligne des paupières pour chasser de futures larmes. Je déteste être aussi sensible.

- Salut !

Nous relevons toute les trois la tête pour accueillir Luke et ... Will.

Luke s'installe en face de Sarah, et Will à ses côtés,ainsi je ne le vois pas. Luke me sourit, puis fronce les sourcils.

- Nia, ça ne va pas ? Tu es en colère ou ...

Et là, on a perdu Thaïs, elle part dans un énorme fou-rire. Je la fusille du regard. Surtout que je sens le regard de Will sur moi.

***

- Salut...

Je serre mes livres un peu plus fort contre moi, et ferme la porte de mon casier. Les yeux gris de Will me scrute.

- Hey, je le salue à mon tour.

Il semble songeur, et je regarde ailleurs, ayant du mal à supporter son regard sur moi. Depuis ce week-end, je m'interroge de plus en plus sur notre relation. J'ai l'impression d'avoir passé un an à ses côtés, alors que ça ne fait que quelques semaines.J'ai du mal à accepter qu'il soit si proche de moi, toujours disponible. Nous sommes amis, mais j'ai tellement peur qu'un jour, je lui raconte des choses, je lui livre une part de moi, et qu'il me déçoive par la suite. Je ne me le pardonnerai pas. Ca devient de plus en plus dur pour moi, à mesure que je me rends compte qu'il occupe une place dans ma vie, bien plus essentielle que je ne le pensais. Je ressens le besoin de me protéger, il vient beaucoup trop prés, et cela, trop vite.

Je repose mon regard sur lui, il capte le mien et inspire profondément. Je sens qu'il s'apprête à dire quelque chose, mais la sonnerie retentit dans le couloir. Je regarde mes pieds, respire, puis à nouveau son visage. Le monde s'agite autour de nous mais j'ai l'impression qu'aucun son nous entoure, comme nous ne parlons pas, ni lui, ni moi. Je crois qu'il a compris, qu'il voit la barrière que je viens de dresser entre nous. Il expire.

- On devrait aller en cours non ?

Il pince les lèvres et enfonce ses mains dans ses poches. Je hoche la tête.

- Ouais...

Nous nous dirigeons vers notre classe, en silence, à deux mètres l'un de l'autre. Loin de notre proximité quand il me portait. Nous entendons que le bruit de ma béquille dans le couloir de St-Peter High School. Je me mords la lèvre, et une boule se forme au creux de mon estomac. Je me sens mal pour lui... Il ne doit pas comprendre mon attitude.

- Will ?

J'ai lâché ça, alors que je ne sais absolument pas quoi lui dire. Super ...

Il incline le visage vers moi.

- Oui ?

Je soupire et tout en continuant à marcher, je lui lance avec un sourire timide :

- Rapproche-toi, je vais pas te manger.

Le coin de sa bouche se relève et il s'approche de moi,ainsi son bras frôle le mien. Je fais de mon mieux pour cacher mon trouble. Il est si grand et si proche, que je peux sentir son parfum.

- Je suis désolée, si je t'ai paru froide ...

Il me donne un coup de coude.

- Ne t'inquiète pas.

Et je l'imite en souriant. Décidément, oui, il a pris une place si importante dans ma vie, que je ne peux rester sans lui. Cela marque le début de mes futurs problèmes, car je sais que ce ne sera pas simple.

***

Mes futurs problèmes ont également commencé ce soir-là, quand mon père est rentré dans ma chambre, suivit de près par ma mère. J'ai fermé mon livre d'histoire et les ai regardé, l'un et l'autre, s'asseoir sur mon lit. Mon coeur s'est emballé. J'ai ressenti la panique m'envahir à la vue de leurs expressions.

Cela remonte à quelques minutes. Je n'ai pas bougé. La panique a laissé place à une colère sourde. Oui, ce ne sera pas simple.

Voilà pour ce nouveau chapitre ! Vous a-t-il plu ?

Votez
Abonnez vous
Commentez !

Insta : Sofeatherbooks

À bientôt ❣

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top