>> Wait, Griffin Peterson

Les yeux rivés sur le mur blanc du service des urgences de l'hôpital, j'attends qu'on me prenne en charge. Ma cheville a triplé de volume, et j'ai vraiment mal au crâne à cause du coup que je me suis affligée tout à l'heure.

J'ai appelé mes parents un peu plus tôt, dans la voiture, ils pensaient que je le faisais pour les prévenir que je rentrerai plus tard que prévu de la fête, eh bien dans un certain cas, je vais rentrer plus tard. Mais je ne suis pas entourée d'adolescents alcoolisés qui dansent à en avoir le vertige sur une musique assourdissante, je suis seule, dans un couloir froid et sans vie de l'hôpital, subissant le bruit infernal des machines et des pas des infirmiers et médecins .

Je reviens sur ce que j'ai dit, je ne suis pas seule, je viens de tourner la tête et j'aperçois Will, deux gobelets dans les mains. Il prend place à mes côtés et m'en offre un.

- Tiens, ton thé.

Je saisis le gobelet chaud, et le serre dans mes deux mains. 
Je soulève le couvercle et incline le visage de manière à humer les effluves de thé. J'esquisse un sourire.

- Merci Will.

Il hoche la tête en buvant quelques gorgées de son café.
Puis, il pose ses avants bras sur ses cuisses, le gobelet entre ses mains. Ainsi, il me rappelle la première fois que je l'ai vu, c'est la même posture. Ses cheveux sont en bataille, et son sweat, froissé. Je m'en veux un peu qu'il se sente obligé de rester avec moi, alors qu'il est presque deux heures du matin. Mais il a insisté, il a affirmé que s'il m'emmenait, c'était pour rester avec moi, et me ramener chez moi par la suite. Il m'a même assurée qu'il irait chercher ma voiture demain matin, alors garée sur le parking de la clinique vétérinaire du père de Jason. Je ne sais comment le remercier.

- Mademoiselle, c'est à votre tour, me déclare une voix de femme à l'autre bout du couloir.

Will s 'empresse alors de me prendre mon gobelet des mains et de le poser aux côtés du sien, sur une petite table basse. Puis, il m'aide à me mettre debout, et m'accompagne dans le cabinet en me permettant de m'appuyer sur lui.

                                        ***

Le médecin me bande délicatement le pied, je grimace un peu.

- Il va falloir reposer cette cheville Nia, quelques jours suffiront ne t'inquiètes pas, tu pourras passer Noël sur tes deux pieds, m'explique-t-elle gentiment.

Noël est dans deux semaines, à cette pensée, je ne peux m'empêcher de sourire, j'ai toujours aimé cette fête.

- Est-ce que tu possèdes déjà une paire de béquilles chez toi ? Me demande le médecin.

Un coup m'arrive en plein coeur.

- Euh ... Oui... Oui, je bredouille.

Je relève la tête et Will capte mon regard, installé sur une chaise au fond de la pièce. Il me sourit, d'un sourire discret et compréhensif. Mon coeur se gonfle à la vue de ce sourire. Oh Nia ressaisis toi, me souffle ma conscience, je cligne plusieurs fois des yeux et reporte mon attention sur le médecin.

                                            ***

- Comment tu te sens ? Me questionne Will, alors que je boucle ma ceinture.

- Bien, bien, Will, tout va bien, je le rassure.

Il hoche la tête, puis entreprend d'allumer la radio, mais au moment où sa main s'approche du bouton, mon ventre gargouille et ce son emplit la voiture. Je pose une main sur ma bouche pour cacher un gloussement. Will glousse lui aussi.

- Tu as faim ? Je t'emmène manger un bout ?

Je me mords la lèvre.

- Will, c'est vraiment adorable mais tu n'es pas obligé...

- Je t'emmène chez Andy, ça te va ? Me coupe-t-il un grand sourire aux lèvres.

Je secoue la tête, vaincue.

- Comment pourrais-je résister aux meilleures frites au fromage du monde ? Je m'exclame sur un ton théâtrale.

Il sourit de plus belle, et enclenche le moteur. Je l'observe, un léger sourire dessiné sur ma bouche, caché par l'obscurité.

- Moi aussi, je t'aime beaucoup William Stone, je murmure.

A son expression, je sais immédiatement qu'il m'a entendue, et c'était le but.

- Tant mieux Nia, tant mieux, glisse-t-il, une fossette scotchée à sa joue.

                                      ***

Et comme promis, une barquette de frites au fromage et un cheeseburger sont déposés devant moi, je remercie la serveuse et m'empresse de manger une frite. Je ferme les yeux, c'est trop bon cetruc. Je m'affale sur le dossier de ma chaise, tout en piquant toutes les deux secondes des frites.

- Nia ?

Je lève la tête. Will tient des deux mains sont soda,et cherche à capter mon regard.

Je lui fais signe de poursuivre, mordant dans mon burger à pleine dent.

- Tout va bien entre nous ? Me questionne-t-il d'une voix grave.

J'avale une bouchée, lentement, afin de chercher  ce qui l'a poussé à poser cette question.

- Oui, bien sûr, pourquoi cette question ?

Il prend une frite, et s'affale à son tour sur sa chaise, les bras croisés.

- Ce soir, c'était bizarre ... Non ? Me demande-t-il avec une petite moue.

J'éclate de rire.

- Ca, tu peux le dire !

Lorsque je cesse de rire, je remarque une certaine gêne chez Will. Je souris.

- Hé, on en parle plus, ok ?

Il relève la tête tout sourire.

- Ca me va !

Je tend ma main par dessus la table, et il me la serre.

- Je peux te piquer une frite ? Me questionne-t-il, une expression adorable sur le visage.

Je me penche vers lui, plisse les yeux.

- Même pas en rêve ! Mange les tiennes !

- Mais il y a pas de fromage sur les miennes ! Se plaint-il.

Je bouge mon index devant ses yeux.

-Non Will. Je réponds, catégorique.

Il fait mine de bouder et je glousse.

- Méchante ... Chuchote-t-il.

-Je t'ai entendue ! Je ris.

Il rit avec moi, et lorsque je guide ma main vers ma barquette pour  prendre une énième frite, Will est plus rapide que moi et m'en vole au moins trois.

- Will !

Il ricane en les fourrant dans sa bouche.

                                        ***

- Raconte moi un truc sur toi.

Nous sommes en train de manger nos parts respectives de cheese cake, et j'ai envie de l'entendre me parler. Will m'interroge du regard.

- Raconte moi un truc sur toi, je répète.

Il s'étire, puis pose les coudes sur la table, la tête en appuie sur ses mains.

Il pince les lèvres, et le regard dans le vague, il semble réfléchir à ma requête.

- Hmmm...

Je racle mon assiette, et relève la tête, la cuillère encore dans la bouche.

- Tu ressembles à un hamster comme ça, tu le sais ça ? Me taquine-t-il.

Je plisse le nez, puis lui tire la langue. Il se penche un peu plus vers la table, reprend un morceau de son dessert, puis commence :

- Quand j'étais plus jeune, ma mère m'emmenait moi et mon frère surfer sur les plages de Santa Barbara.

A l'évocation de se souvenir, je vois une lueur passait dans son regard.

- Je me souviens qu'elle angoissait à chaque fois qu'une vague énorme se préparait, je le savais car elle se levait, les mains sur les hanches, s'approchait de l'eau, prête à venir nous sortir de l'eau, finit-il, un léger sourire aux lèvres.

J'esquisse un sourire moi aussi.

- Tu avais quel âge ?

- 9 ans, et mon frère 15 ... Bien évidemment il avait plus de liberté que moi !

Il termine sa phrase avec le petit rire qui le caractérise.

- A toi, raconte moi quelque chose, m'encourage-t-il gentiment.

Je tousse, et tente de trouver une histoire. Je cherche un souvenir heureux de mon enfance, mais tous sont liés à une personne et je ne veux pas l'évoquer. Alors je fouille un peu plus dans ma mémoire.

- Alors ... Je devais avoir 7 ans, et je participais au spectacle de fin d'année de mon école. Will m'écoute avec attention, accompagné de ses fossettes. Je devais faire un tour de magie avec deux de mes camarades, tu sais celui avec le chapeau. Eh bien, on avait pas de véritable lapin, du coup on avait pris une peluche. Je devais mettre des carottes dans le chapeau posé sur une caisse, il était troué et je pouvais donc faire l'échange avec la peluche ...

- Et ? Me demande Will, impatient.

Mon sourire s'élargit.

- Quand j'ai passé ma main dans la caisse, j'ai senti une boule de poils toute douce, et surtout, vivante. Mes parents étaient dans le public et à leurs visages j'ai vite compris que c'était une surprise. J'ai sauté de joie. Ils m'avaient offert un lapin. Je l'ai vite pris dans mes bras, et j'ai totalement gâché le numéro !

Will applaudit, amusé.

- Super histoire !

Je lui fais ma plus belle révérence, sous ses yeux rieurs.

Voilà pour ce chapitre ! Il vous a plu ? La suite arrive bientôt !
Je vous annonce également que j'ai ouvert un Rantbook, je compte sur votre participation pour le faire vivre ! :)

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