>> Meet me in the Hallway, H.S

Le corps de Will se tend face à ma question. Il penche sa tête en arrière, respirant l'air humide de cette nuit. Puis, il passe une main dans sa chevelure, avant de tourner le visage vers moi. A l'expression de son regard, les battements de mon coeur s'accélèrent, et mon souffle se coupe. Je perçois ses pupilles bouger lorsque son regard se balade sur mon visage. Il pince les lèvres. Qu'est-ce qu'il va dire ? Cette attente me semble insoutenable, et je ne sais pas pourquoi. Mon sang pulse à travers mes tempes. Je sais que quoiqu'il dira, ça va tout bouleverser. Mais il ne dit rien. Au lieu de répondre à ma question, il se lève.Oui, il se lève, et s'en va.

Je reste interdite, à fixer ses chaussures s'éloigner sur le trottoir. Il se moque de moi, là ? Il tourne à gauche,s'enfonçant dans une rue, et je ne le vois plus. Je me remets immédiatement sur pieds et me lance à sa poursuite. Ce mec est vraiment bipolaire, me souffle ma conscience, et pour une fois, je suis bien d'accord avec elle.

Je cours à petites foulées, et emprunte la même rue que lui. Il est à présent à quelques mètres de moi, sa capuche sur la tête.

- Will ! Je l'interpelle. Arrêtes- toi !

Mais il n'en fait rien. Il continue sa marche, insolente et lasse.

- Tu te fous de moi !? Je m' indigne.

Je passe devant lui, et stoppe ma course. En me voyant,il semble surpris de voir une telle émotion dans mes yeux. Je suis en colère. Il m'agace. Nous continuons de marcher, lui, droit devant lui, et moi suivant ses mouvements, en marchant à reculons.

- Qu'est-ce que tu fais, bon sang ? C'est quoi ton putain de problème ce soir ? Dis-moi ! Tu sais quoi, non t'es pas jaloux, t'es juste con !

Il ne réagit toujours pas, et je sens mon sang me fouetter les veines . Je le pousse, mes mains sur son torse.

- Mais dis quelque chose ! Will !

Alors je lâche tout. Mes jambes cessent leur mouvement,et il me rentre dedans. Il anticipe de me contourner, mais je le saisis par le bras. Il fait volte-face et se retrouve contraint de m'écouter.

- Will, ça fait plus d'une semaine, une petite semaine que j'ai accepté d'être ton amie. C'est bien ce que tu voulais, non ? Alors pourquoi tu es comme ça !

- Nia, calme toi.

Il pose ses mains sur mes épaules, tentant ainsi de m'apaiser. Je me dégage immédiatement de son étreinte. Je me prends la tête à deux mains.

- Ne me touche pas ! Je m'écris.

Puis, je laisse tomber mes bras le long de mon corps.

- Tu sais quoi, je comprends rien, et j'en ai marre. Tu me donnes mal à la tête. T'es vraiment un abruti.

Il décroise les bras, et s'avance vers moi, au moment où je m'apprête à faire demi-tour.

- Nia ...

- Non, Will.

C'est à son tour de me saisir le bras.

- Ok, tu veux que je t'explique ? Sa voix est ferme, sèche, et je ne suis pas sûre de vouloir entendre la suite.

Je hoche la tête.

- Il y a que... Et merde ! S'exclame-t-il

Il lâche mon bras, et commence à faire les cent pas sur la largeur du trottoir, les mains derrière la nuque. Je l'observe, totalement perdu... Je comprends alors ce qu'il a dû ressentir l'autre nuit à la plage, ça me fait flipper de le voir dans cet état.

- Will ... Je dis prudemment.

Il expire avec force, si bien que ses poumons doivent être entièrement vidés. Il revient vers moi, et s'immobilise.

- Ok, tu veux pas que je te pose de questions sur ton passé ? C'est bien ça ?

Je fronce les sourcils.

- Quoi ?

Il repose ses mains sur mes épaules.

- Eh bien là, c'est pareil. Tu ne me poses pas de questions,me dit-il d'une voix à la fois douce et ferme.

Je recule.

- Nia, c'est pour ton bien, ok ?

Mon coeur manque à battement, et l'air se fait rare.C'est quoi ce bordel. D'une voix presque inaudible, j'arrive à articuler :

- Je vais chercher Jason, pour qu'il me ramène.

Et je m'éloigne en courant. Je le laisse planté là.

Mes pieds foulent le bitume, et le vent me fouette le visage alors que je retourne sur les lieux de la fête. Mes pensées vont dans tous les sens. Qu'est-ce qu'il me cache bon sang ? Je passe une main devant mon visage, comme pour m'en débarrasser. Ce ne sont pas mes affaires. Mais, il a bien dit que c' était pour mon bien ? Alors ça me concerne. Seulement, une petite voix dans ma tête, me souffle de ne pas m'en mêler, et je l'écoute. Cependant, une chose est sûre, je ne veux plus que Will m'approche.

Il a tout gâché. Cet après midi était magique, j'ai adoré chanter avec lui pour les enfants de l'hôpital, et il a fallu qu'il se transforme en abruti ce soir. Je serre les dents.

Je tourne à droite pour rejoindre la rue par où je suis arrivée. Mon pied droit glisse, entraînant le gauche, et je m' étale de tout mon long sur le trottoir. Je me redresse vivement,si vite que la tête me tourne. Je m'appuie sur mes mains pour me remettre sur pieds, mais je retombe aussitôt. Ma cheville me fait mal. Je croise mes bras sur mes genoux, et m'y cache le visage. Je craque.

- Soirée de merde ! Je hurle dans mes bras.

Des bruits de pas me parviennent aux oreilles. Oh non...

- M'approche pas Will ! Je dis d'une voix forte. Ne m'approche pas !

Mais bien évidemment, il ne m'écoute pas. Il vient s'agenouiller devant moi.

- Nia, où tu as mal ? Me demande-t-il, inquiet.

Il pose sa main sur mon genoux.

- Ne me touche pas ! Je m'exclame à nouveau.

- Ok, ok.

Il recule, les mains devant lui, comme s'il se rendait.Il s'assoit en face de moi.

- Je suis désolé.

- Tu l'as déjà dit, je lui lance sèchement.

Je m'essuie le visage avec ma manche.

Je sens que ma cheville commence à gonfler, j'anticipe alors d'enlever ma chaussure. Au moment de la retirer, un coup de poignard traverse mon pied. Je gémis. Will se rapproche de moi instantanément.

- Ok, ça suffit les conneries, je vais te porter, je t'emmènes à l'hôpital, me souffle Will en passant ses bras sous mes jambes .

- Non Will ! Je m'indigne, en lui tapant l'épaule.

Une fois que je suis dans ses bras, et qu'il commence à marcher, il me glisse à l'oreille:

- Tu te souviens de ce matin à l'hôpital, où tu t'es réveillée dans le petit salon ? Tu ne voulais pas que je t'aide. Et qu'est-ce que j'ai fait ?

- Tu m'as aidée... Je chuchote.

- Voilà Sherlock. Maintenant je t'emmène te faire examiner la cheville, me dit-il d'une voix ferme.

Il marche en silence. Je le détaille, sa mâchoire, ses yeux clairs, sa bouche, sa fossette qui apparaît quand il me surprend.

- Tu ne regardes toujours rien, pas vrai ?

Je souris.

- Non, cette fois, j'ai pas peur de te dire que c'est toi que je regarde.

Son sourire s'élargit.

- Oh, et qu'est-ce qui a changé dans ce cas ? Me demande-t-il, taquin.

Je souris de plus belle, quand je me rends compte que ce n'est pas le moment.

- Will... Je murmure.

Son sourire disparaît.

- Oui ?

- Pourquoi c'est aussi compliqué ? Pourquoi on est obligé de cacher des choses ? Je demande exaspérée.

Il inspire, puis expire. Je sens le mouvement de son torse sous mes mains. Je m'attends à ce qu'il redevienne étrange et distant, mais au lieu de ça, il sourit. La fossette réapparaît.

- Parce qu'on ne pourrait plus faire peur à l'autre, me glisse-t-il avec un clin d'oeil.

Je lui tape l'épaule.

- Will ... Sérieusement, pourquoi tu t'es comporté comme ça avec moi ?

Il me jette un regard, puis se lance, mon coeur s'arrête:

- Pour Tomy, tu as raison, c' était de la jalousie, et crois moi, j'en suis pas fier.

J'arque un sourcil.

- Oh, vraiment ? Je lance sur un ton provocateur. Et pourquoi tu étais jaloux ?

Il souffle.

- Je sais pas, peut être que ... Je veux te garder pour moi ? Me confie-t-il avec un petit sourire .

Je le fixe, ne sachant que dire.

- Pour être franc, j'ai l'impression qu'avec moi, tu te sens obligée de rester sur tes gardes car je connais une part de ton passé. Alors quand je t'ai entendu rire avec Tomy, je me suis sentie stupide, comme si tu pourrais jamais te lâcher avec moi.

J'en ai le souffle coupé. Du coin de l'oeil, il surveille ma réaction. Je finis par ouvrir la bouche :

- Et Jason ? Je l'interroge, la gorge sèche.

- Lui, c'est juste pas un mec à fréquenter, lâche-t-il le plus simplement du monde.

Il s'arrête, et sors de sa poche de son jean, la clé de sa voiture. Un bip retentit dans la rue. Je crois entendre de la musique, mais ce bruit semble loin. Il ouvre la portière côté passager, et me glisse à l'intérieur. Il me rejoint dans la voiture, et démarre le moteur.

Nous gardons tous deux le silence jusqu'à ce que nous stoppons à un feu rouge, où je brise le silence pesant :

- Qu'est-ce que je représente pour toi ?

Ma voix semble si peu assurée que je grimace.

Will tourne la tête dans ma direction, et je me mords la lèvre, mal à l'aise.

La lumière verte du feu se reflète sur son visage, et il appuie sur l'accélérateur. Je regrette aussitôt cette question,elle fait partie des questions qui me touchent le plus. Cette question, je me la suis posée en allant à la fête, suite à la conversation que j'avais eu avec ma mère. Ne suis je qu'un objet à réparer pour lui ?

Au bout de quelques minutes, interminables, il répond enfin à ma question :

- Nia James, une fille bien plus forte qu'elle ne le pense. Et je l'aime beaucoup cette fille.

Je souris.

- Merci, d'avoir répondu à ma question, Will.

Cette réponse me convient bien plus que je ne l'aurais cru.

J'espère que ça vous a plu ! À bientôt ! N'hésitez pas à commenter, j'adore lire vos commentaires, et à voter, les étoiles font toujours plaisir ! À très bientôt ! ❣

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