Chapitre 19
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Il est 18h00 quand je franchis la porte de chez moi. Je retire ma veste et mes boots en un éclair, et monte les marches de mes escaliers quatre à quatre.
- Nia, tout va bien ?
- Oui, oui maman !
Je me dirige droit vers ma chambre, et m'écroule sur mon lit. Je me cache les yeux avec mon avant bras.
- Je hais les fêtes, je chuchote pour moi-même.
Je me redresse sur les coudes quand j'entends quelqu'un frapper à ma porte. Ma mère se tient sur le palier de ma chambre.
- Tout va bien ? Tu veux en parler ? Me demande-t-elle d'une voix douce.
Je lève les yeux au ciel, puis me rallonge sur mon lit. Je sens alors ma mère s'asseoir sur le rebord de mon matelas.
- Tu sais tout à l'heure... Je ne voulais pas que son souvenir te fasse de la peine... Je m'inquiète pour toi. Tu es ma fille et ... J'ai peur que ces deux accidents t'es affectée...
- Maman, je la coupe. C'est bon, t'inquiète pas, je vais bien. C'est du passé maintenant.
- Oui, mais tu ne me dis pas tout Nia, je le sens !
Son inquiétude me fend le cœur.
- Bon... Lâche-t-elle. Alors pourquoi es-tu dans un tel état ?
Je me redresse sur un coude, le buste tourné vers elle.
- J'ai accepté une invitation et ... Je ne suis pas sûre de vraiment vouloir y aller...
Un doux rire me parvient aux oreilles.
- C'est ce soir ?
- Ouais...
Elle replace une mèche de cheveux rebelles derrière mon oreille.
- Est-ce que... Quelqu'un d'important pour toi y sera ? Me demande-t-elle d'une voix bienveillante.
Je croise son regard bleu, puis détourne les yeux vers la fenêtre.
- Je ... Il y aura le groupe dont je vous parle mais...
Je bafouille, ne sachant que dire.
- Est-ce que, commence prudemment ma mère, il y aura un garçon nommé Will ?
Je soupire.
- Ouais, ça se pourrait bien... C'est lui qui m'a invitée.
Je ne la vois pas, mais je sais qu'elle sourit.
- Pourquoi tu ne l'aimes pas d'ailleurs ? Je lui demande en reposant le regard sur elle.
Ses traits se figent sous la surprise.
- Qu'est-ce qui te fait penser ça Nia ?
- Je sais pas, tu es distante et froide avec lui !
Elle glousse.
- Voyons Nia, je suis une mère louve, tu le sais. Je ne veux pas qu'il me vole ma unique fille ! Dit-elle en riant.
Je l'observe, et décide de ne pas relever pour le moment. Je me détends un peu et souris.
- Alors, Will ?
- Will... Je répète.
Elle prend mon oreiller et de ses doigts, lisse les plis.
- C'est marrant que vous vous soyez retrouvés au lycée... Il avait si bien pris soin de toi à l'hôpital.
- C'est vrai, j'admets.
Elle hausse un sourcil.
- Maman, je dis en souriant, on est... Je sais même pas si je peux dire qu'on est amis, disons que...
- Il t'a pris sous son aile, c'est ça ?
- Oui c'est ça... Je dis en un souffle.
Elle remet l'oreiller à sa place, puis s'allonge à mes côtés.
- Et tu le vis comment ? Me demande-t-elle.
Je réfléchis un moment. Elle m'observe avec attention. Je finis par dire :
- C'est étrange...
- Qu'est ce qui est étrange ?
Je soupire.
- Sa façon de vouloir... M'aider.
Elle esquisse un sourire et me caresse la joue.
- Ma puce... Je sais que ces derniers mois ont été très dur pour toi, et même si tu nous en a pas parlé, on sait que la vie dans ton ancien lycée a été dure depuis... Enfin tu sais... Alors aujourd'hui, tu as la chance d'avoir rencontré quelqu'un qui te tende la main, donc accepte le, d'accord ?
Je souris, et serre tendrement son poignet.
- Merci, maman.
Elle m'embrasse sur le front, puis se remet sur pied en frappant dans ses mains, d'aplomb.
- Bon ! Que vas tu mettre Cendrillon ?!
- Maman, je souffle, grognon, avant de m'écraser l'oreiller sur le visage.
***
Dans le miroir, je contemple mon reflet. Des images de moi, assise dans la baignoire de l'hôpital me reviennent en mémoire.
Je n'étais que l'ombre de moi même. Mon réveil semble loin à présent, pourtant il remonte à quelques semaines.
À présent, mes joues maigres ont laissé place à des pommettes rebondies, mes cheveux ont retrouvé leur éclat, et j'ai repris des couleurs. Mais ce qui me tient le plus à coeur, c'est l'absence de béquille à mes côtés.
Le temps a passé si vite ! Dans deux semaines c'est Noël. J'ai loupé tellement de choses, des jours et des jours...
Je souffle et contemple une dernière fois mon reflet avant de disparaître par la porte d'entrée.
Une fois assise sur le siège conducteur, je claque la portière. Dans le rétroviseur, j'arrive à percevoir ma tresse qui me tombe sur l'épaule gauche, et les épais traits d'eye liner dessinés sur chacune de mes paupières. Je vois également sans mal, mon pull vert sapin dissimulé sous ma veste noire.
Je boucle ma ceinture, et tourne la clé. Le moteur démarre.
Je me guide dans les rues de la ville à l'aide de la voix du GPS. Je n'arrive pas à croire que me rendes à cette fête. Sérieux, moi, Nia ?
Je respire un bon coup, et décrispe mes mains du volant. J'ai tellement été coupée du monde, harcelée, malmenée par les gens qui m'entouraient ces derniers mois qu'à présent, je ne comprends pas comment je suis capable de me rendre à une quelconque fête.
Il faut que je détourne mon attention de ces pensées ou je vais finir par faire demi-tour.
Je repense alors à la conversation que j'ai eu avec ma mère il y a un peu plus d'une heure. Will m'a prise sous son aile, c'est vrai. Mais quelque chose me tord l'estomac en pensant à cela. Ne suis-je qu'un objet à réparer pour lui ? Est-il encore trop tôt pour parler d'amitié ? Et moi, serais-je capable un jour de le considérer comme un ami ? Après tout ce que j'ai traversé...? Pourrais-je réellement lui faire confiance ? Ou restera-t-il un bouclier ? Parce que c'est ce qu'il est pour moi aujourd'hui, et cela je l'ai su la semaine dernière, la première fois où je me suis rendue chez lui et où il a fissuré mon être. Depuis cette nuit, sur la plage où il m'a sortie de l'eau. Car c'est ce qu'il fait, il me sort de l'eau. La preuve, où je vais ? A une soirée, où des gens s'y retrouvent, sûrement des étrangers, tous peuplés histoires, et dont je devrais me protéger. Mais me voilà.
Je conduis machinalement, écoutant le GPS quand quelque chose sur le bord de la route me pousse à me garer. Je descends précipitamment de voiture et me rapproche à pas rapides de l'animal. Un chien est allongé sur le trottoir, une de ses pattes pliée en un drôle d'angle. Il tente de se relever mais retombe brusquement sur le béton en émettant un bruit aiguë. Mon cœur se serre.
- Hé... Salut toi, je chuchote en m'accroupissant le plus lentement possible. J'évite les gestes brusques, et me rapproche doucement de lui. Je tends la main vers lui afin qu'il puisse me sentir. Il s'exécute, et se rallonge. Il s'agit d'un chien dont j'ignore la race, mais sa petite taille me permettra de le déplacer facilement jusqu'à la voiture.
Je le caresse gentiment, et place mes mains sous lui de façon à avoir une meilleure position pour le porter. Je suis surprise de constater qu'il se laisse faire aussi docilement. Je le soulève avec délicatesse et attrape ses pattes inférieures d'une main. De l'autre, je tiens ses côtes, en espérant ne pas heurter sa patte blessée qui se balance bizarrement dans le vide, le long de mon bras. Je me dirige vers la voiture, et ouvre du mieux que je peux la portière. J'installe mon nouveau compagnon sur le siège passager. Une fois que nous sommes tous deux bien installés, je sors mon portable d'un geste vif de la poche de ma veste, et cherche l'adresse du vétérinaire le plus proche. Mon petit ami aboie en entendant un klaxon près de nous, et je sursaute. Je place une main sur mon cœur et respire. C'est bon, tout va bien. Je fais circuler la liste des vétérinaires de la ville, et clique sur l'adresse de celui qui me paraît le plus proche d'où je suis. Je la rentre dans mon GPS et démarre le véhicule. Le chien bouge un peu au début, et je m'efforce de le maintenir en place. Une chose est sûre, ce chien est adorable, il ne se rebelle pas et est d'un calme olympien.
- Doucement boule de poils, tu vas te faire mal, je lui dit, en espérant le calmer.
Je prends un virage et jette un coup d'œil à l'animal. C'est alors que je remarque qu'il ne porte pas de collier. Comment je vais faire pour savoir à qui il appartient ? Je roule encore quelques minutes quand l'insigne d'une clinique vétérinaire apparaît devant moi. Par chance, je trouve facilement une place où me garer. Je descends de voiture et la contourne pour récupérer le chien blessé. Au moment où je tire sur la poignée, une voix m'arrête net dans mon action :
- Nia ?
La main toujours sur la poignée, le dos tourné à mon interlocuteur, j'essaie d'identifier la voix masculine.
- Nia James ? Retente la voix.
Je me décide enfin à lui faire face. Je tombe alors nez à nez avec le propriétaire de la voix, que maintenant j'arrive à replacer dans mon esprit.
- Hé Jason ! Je dis avec un peu trop d'enthousiasme.
Ma voix semble tellement fausse qu'elle m'arrache une grimace.
- Qu'est ce que tu fais ici ? M'interroge-t-il, en s'appuyant le plus normalement du monde, contre le mur de la clinique.
Mes yeux suivent le mouvement des ses mains. Cherchant et allumant d'une flamme vive une cigarette, qu'il coince ensuite entre ses lèvres. La fumée s'échappe de sa bouche. Je le fixe pendant un moment jusqu'à ce qu'il hausse les sourcils, me montrant ainsi qu'il attend une réponse de ma part.
- Euh... Je passe mes doigts sur mes tempes, puis écarquille les yeux. Le chien !
- Hein ?
Je me tourne rapidement vers la portière et l'ouvre à la volée. Le chien a dû vouloir me suivre ou se déplacer, car il est dans une position plus que maladroite. Je me penche et le prends délicatement dans mes bras. Je referme la portière d'un coup de hanche, et enclenche la fermeture de l'automobile à l'aide de la clé. Je croise le regard de Jason. Il semble perdu, puis un éclair passe dans ses yeux.
- Merde ! Qu'est ce qu'il lui ait arrivé ?
Il jette sa cigarette sur le sol, et se dirige droit sur nous à grands pas. Il se situe à présent à une vingtaine de centimètres de moi, et je peux sentir un mélange d'eau de toilette et de cigarette émaner de lui. Il caresse avec soin le petit chien, et je l'observe, stupéfaite, de sa douceur.
- Je... Ce n'est pas mon chien, je l'ai trouvé sur le rebord de la route, il a dû se faire renverser, je lui explique.
Il me regarde, sérieux, et acquiesce. Ses yeux sont d'un noir intense, et je suis surprise de n'avoir pas remarqué leur beauté auparavant.
- Viens, entre vite .
Il avance vers la porte d'entrée en verre de la clinique vétérinaire, couverte de plusieurs affiches mettant en scène des animaux, ou donnant des informations concernant les vaccins et l'alimentation.
Je le suis à l'intérieur.
- Papa ! S'exlame-t-il. Papa ! Répète-il d'une voix plus forte.
Je fronce les sourcils. Un homme, la cinquantaine, ressemblant fortement à Jason et Sarah, fait son apparition dans l'accueil. Je fais alors le lien.
- Oui, Jason ? Lui demande son père.
Jason se tourne vers moi.
- Je te présente Nia, une pote de Sarah, elle a trouvé un chien blessé dans la rue, tu peux faire quelque chose ?
Le brun me pointe du doigt, et je me sens un peu ridicule quand je réalise que je tente, malgré moi, de me cacher derrière le petit chien.
Le vétérinaire ajuste ses lunettes sur son nez, et s'approche de moi.
- Bonjour, je dis .
- Bonsoir Nia, commence-t-il, il analyse la blessure de l'animal, qui s'agite un peu dans mes bras. Tu as bien fait de venir, et c'est très attentionné de ta part d'avoir pris en charge ce chien. Tu me suis ?
Je hoche la tête.
Nous traversons par la suite un couloir, et il me guide vers un bureau, Jason me suit de près.
- Chut, tout va bien, je chuchote à la boule de poils.
Arrivés dans la pièce, le docteur me fait signe de déposer le chien sur une table d'examen, avant de fermer la porte derrière Jason. Celui-ci prend place à mes côtés sur les chaises alignées le long du mur.
Après quelques minutes d'observations, le père de Jason m'annonce qu'il va garder l'animal pour la nuit, faire le nécessaire pour le soigner, et prendre contact avec ses propriétaires au plus vite. J'accepte et il me promet de me donner des nouvelles, je peux même revenir en début de semaine prochaine.
Je dis au revoir à mon nouvel ami, et sors de la clinique, accompagnée par Jason.
Je m'appuie contre le capot de ma voiture, les bras croisés sur la poitrine, me protégeant ainsi du froid.
- Alors comme ça votre père à une clinique ?
- Ouais, et ma mère l'aide, c'est une passion familiale, m'explique-t-il.
Je souris.
- Tu veux devenir vétérinaire aussi ?
Il sourit à son tour, et hoche la tête. Je découvre alors une nouvelle facette de la personnalité de Jason, et je l'aime bien, celle qui se soucie du bien être des animaux. Je ne m'attendais pas à ça en partant de chez moi, je glousse en pensant à ces péripéties.
- Eh bah... Je ne pensais pas tomber sur toi ce soir, et encore moins... Je désigne du menton le clinique de sa famille, dont l'insigne éclaire la rue de sa lumière bleue. C'est alors que je remarque que la nuit s'est installée.
À travers l'obscurité, je perçois une ombre passée sur son visage. Il passe sa main sur le toit de ma voiture.
- Si tu savais le nombre d' hasards autour de toi qui n'en sont pas vraiment... Me glisse-t-il.
Je fronce les sourcils.
- Qu'est ce que tu veux dire ? Je le questionne, intriguée.
Il se rapproche encore de moi. À présent, il est à un mètre de moi.
- Ouvre juste bien les yeux, c'est un conseil, et ne fais pas confiance à n'importe qui, continue-t-il.
Je resserre mes bras autour de mes côtes, méfiante.
- Pourquoi tu me dis ça ?
Il sourit faiblement, puis, baisse la tête et suit des yeux son pied qui joue avec le béton. Je veux savoir ce qu'il essaie de me dire. Sait-il quelque chose sur moi, sur mon passé ? Je dois savoir.
Mais il change tellement vite de sujet, que mes interrogations sont rapidement noyées.
- Je te dépose à la fête ? Me propose-t-il, l'air de rien.
- Euh...
Il esquisse un sourire, et désigne ma voiture d'un mouvement de tête.
- Tu peux la laisser ici, je te ramènerai à elle après la soirée.
Je le dévisage, sur mes gardes.
- Comment tu sais que je m'y rends d'abord ? Je demande sur la défensive.
Il sourit davantage, dévoilant ainsi ses dents. Il se décolle de l'automobile et fait demi-tour.
- Allez, viens James !
Je souffle bruyamment et me décolle à mon tour de ma voiture. Résignée.
Je suis Jason dans la rue, plongée dans la nuit. Le cuir de sa veste brille à la lumière des lampadaires. Mes pieds hésitent à imiter les siens, après tout, c'est Jason, et je n'ai jamais su lui faire confiance depuis que je le connais. De plus, il y a cette histoire entre Will et lui, ce qui m'incite à davantage me méfier.
Mais je dois avouer que la situation m'arrange un peu, je ne sais où se trouve le lieu de la fête, et cette histoire de chien m'a secouée. Et je dois admettre que ne pas arriver seule à la soirée me rassure.
Jason n'est pas si méchant que ça après tout, il a toujours été plus ou moins correct avec moi. Ce soir j'ai même découvert une autre facette de sa personnalité, celle qui montre qu'il n'est pas si froid.
Nous arrivons devant une voiture noire, je ne saurais dire de quelle voiture il s'agit. Il m'ouvre la portière côté passager. Je suis surprise par ce geste, et le détaille du regard. Un sourire sur son côté droit se dessine, et je note qu'aucune fossette ne creuse sa joue. Je secoue la tête quand je réalise que je pense à Will, et m'enfonce dans le véhicule.
Je finis de boucler ma ceinture quand Jason prend place à côté de moi. Une forte odeur de tabac est présente dans notre espace, et je me retiens de tousser. Il démarre la voiture, et sort du petit parking où elle était garée.
***
Nous roulons depuis un moment quand je me décide à prendre la parole. Il coupe alors la radio. Tourne le visage vers moi une fraction de seconde.
- Qu'est ce que tu voulais dire tout à l'heure, sur les hasards qui n'en sont pas ?
Je lâche, déterminée à avoir ma réponse.
Ses doigts se crispent sur le volant, et ses épaules se tendent. Sa réaction me rend nerveuse. Mon cœur s'emballe.
- Écoute Nia, tout va bien, OK ? Je disais ça comme ça !
Sa voix pourrait faire penser qu'il est détendu, cool, mais son corps démontre le contraire. J'angoisse un peu plus. Mais je sais que je n'obtiendrai rien de plus de sa part. Et ai-je vraiment envie de savoir ? Entendre des choses remontant à une période sombre de mon existence ?
Alors, OK, tout va bien.
- OK.
***
Dans la nuit froide de l'hiver, la musique me parvient aux oreilles alors que nous marchons sur le béton humide, côte à côte.
Une maison envahie de monde, et diffusant de la lumière se dresse devant nous. En même temps que les battements de mon cœur, s'affolent.
Et le voilà ! Le chapitre 19 ! Enfin ! J'espère qu'il vous a plu ! J'ai fait de mon mieux pour l'écrire malgré mon emploi du temps chargé ! Je vous des bisous et à la prochaine !
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